Désolée d'envahir ton post Kay, mais j'avais envie de répondre à Déterminée, dont je "suis" l'histoire depuis le début.
déterminée a écrit :C'est exactement ça Kay, après la détresse, la colère, la rage la haine même qui permettent d'abdiquer et puis, au moment où l'on croit pouvoir enfin tourner la page, la tristesse, la détresse à nouveau qui nous montrent que malgré la colère, malgré la haine, on l'aime encore. Qu'on est encore dépendante de cet homme qui nous a trahie, qui nous a fait souffrir et qu'on déteste pour ça...
La perception que j'ai de ton post, Déterminée, c'est que tu voudrais une progression linéaire vers l'oubli et la capacité à autre chose, alors que non, c'est comme l'océan, il y a des vagues de blues plus grosses que d'autres, du ressac, des fois ça te noie, ça te bouscule... et ça repart. C'est fait de progressions qui te donnent des ailes (où tu crois que tu oublies) et de régression ou tu as l'impression qu'un élastique t'a ramené sans ménagement au point précédent. Et pourtant, chaque progression t'amène imperceptiblement un peu plus loin, et chaque régression (même si tu n'en as pas l'impression) est moins importante que la précédente.
déterminée a écrit :Alors, toi, tu l'as récupéré mais nous, celles vers qui il ne reviendra pas, comment allons-nous vivre avec ces sentiments contradictoires et intimement mélés ?...
En ayant foi en sa propre capacité à cicatriser, en acceptant la blessure de la souffrance, mais sans balancer du sel et du citron tous les jours dessus, pour l'entretenir. Imagine toi dans 20 ans : âgée, aigrie, bloquée dans le passé à remâcher ce qui a fait dévier une bonne fois pour toute le cours de ta vie. Cette perspective ne te fait pas peur ? Si tu me réponds que "oui", alors tu as tout bon, ça veut dire que tu veux éviter cela. Rien que ce doute que tu exprimes (comment allons-nous vivre ?), montre que tu as envie d'aller au-delà, de trouver et vivre pleinement un "après".
Pour ce qui est de la souffrance au quotidien, on n'a hélas pas de solution pour "endormir" ce qui fait mal, pour effacer ce qui semble être un long cauchemar. Tu vois, moi rien qu'avec mon histoire minable (celle qui m'a amenée ici) j'ai pas fait l'impasse totale : oui, je ne veux plus de lui, oui j'ai pas l'intention de le récupérer, mais je n'ai "pas vécu" un truc qu'il m'avait laissé entrevoir et ça me bloque un peu pour avancer. Pourtant cette histoire avait peu de prise dans la réalité et il s'est révélé être tout le contraire de ce qu'il affirmait. Est-ce que ça fait de moi une grande malade ? Je ne sais pas, mais je reste rêveuse quand je vois les gens ici arriver à zapper, à "tomber amoureux" tous les ans de quelqu'un d'autre : je les envie et en même temps... Je ne les envie pas. J'ai l'impression que le mot "amour" est dévoyé, galvaudé. Bon d'un autre côté, ne l'ai-je pas dévoyé moi-même, dans ma propre histoire ? Bref, je m’égare, mais tout cela pour dire que ton vécu à toi est celui d'une belle histoire d'amour lumineuse, de partage et de fusion, alors ta peine et ta révolte sont d'autant plus justifiées.
Si tu souffres, c'est bien de le dire, de le partager : ce n'est pas de la faiblesse, contrairement à ce que certains pourront sous-entendre, parce que n'oublions pas que, dans la vraie vie, il faut assumer et éviter de "déranger" trop longtemps les autres avec ses propres histoires : il faut assumer au travail, devant les enfants, les amis, etc. C'est une pression énorme. Alors si ici et avec une thérapeute tu peux te laisser aller, fais-le. Pour le reste, nul doute que tu assures vraiment au quotidien.
La route vers le "je vais mieux, je vais bien", c'est un parcours balisé, mais chaque étape, c'est toi qui la validera à ton rythme. Ne te punis pas d'être triste, de te sentir délaissée. : ce n'est pas en te faisant du mal que tu iras mieux. Si déjà tu arrives à faire abstraction de lui 30 mn dans une journée, c'est un progrès. Essaye de te revoir quelques mois auparavant et de "mesurer" tes progrès. Il faut aussi savoir regarder le chemin parcouru, pas que celui qui reste à parcourir.
9 mois c'est très peu pour retrouver des repères et une sérénité. Tu te fous une pression et des objectifs assez cruels : une heure après l'autre, un jour après l'autre se suffisent. Mais dans cette heure, il faut que tu fasses un truc vraiment bien, un truc sur lequel tu agis et qui te donne satisfaction : aujourd'hui ça ne t'apporte aucun réconfort ? C'est pas grave, tu l'as fait et demain ça te fera peut-être sourire. Ce truc n'est pas forcément spectaculaire, c'est juste un mieux qui peut être un truc de ménage que tu négliges (poignées de porte ou interrupteurs !), un gâteau particulier (j'avais remporté un concours de cupscake sur un blog, ils étaient dégueu mais très beaux en photos

)... Bref, des petits challenges qui t'occupent l'esprit, t'enrichissent personnellement et te permettent de faire tourner ton cerveau dans le constructif, au lieu du stérile.
Trouve toi des oasis de repos psychique, pour l'instant, tu n'as besoin que de ça.
Allez courage... Tu es ton meilleur remède aux aléas de la vie et l'être humain a des capacités d'adaptation insoupçonnées.