- 20 nov. 2016, 21:17
#1208757
Comme évoqué dans le sujet créé dans la partie "Présentez-vous" du forum (où je ne me présente pas vraiment, d'ailleurs), je ressens le besoin de coucher sur le papier ce que j'ai vécu, d'une part pour évacuer une certaine frustration - en espérant que ça fonctionne - et d'autre part pour bénéficier de vos avis, remarques, commentaires... Si vous avez le courage de me lire jusqu'au bout. En effet, je suis quelqu'un de très secret en ce qui concerne ma vie amoureuse, il est donc rare que je me livre sur ce domaine. De fait, j'ai beaucoup de choses à dire, avant d'en venir à ma situation actuelle.
D'un naturel déjà timide et réservé, mon adolescence n'a pas aidé à construire la confiance en moi nécessaire à établir des rapports aisés avec la gente féminine. Je vous laisse imaginer : culs de bouteille (à l'époque, les verres fin n'existaient pas, et ma myopie était déjà très avancée), acné ravageant mon visage, appareil dentaire. Rien de très attirant, donc, d'autant que je commis l'erreur de confier à un camarade de classe que j'aimerais bien sortir avec la plus belle fille de l'école, qui s'est empressé de le raconter. Résultat : quatre ans d'humiliations quotidiennes de la part de cette petite garce, bien épaulée par ses copines. Le petit binoclard déjà détesté à cause de sa réussite scolaire et devenu la risée de tous semblait être une proie facile, mais je ne me suis jamais laissé marcher sur les pieds et à force de distribuer des coups ici et là, je me suis rapidement retrouvé isolé.
Je me suis donc constitué une carapace pour ne pas tenir compte du regard des autres, et j'ai compensé l'isolation sociale par une confiance à toute épreuve en mes capacités, mettant un point d'honneur à détruire tout le monde sur le plan académique. Arrivé au lycée, je me suis donc retrouvé à fréquenter des "geeks", ce qui n'aide pas à acquérir de la popularité auprès de ces demoiselles. J'ai connu mon premier coup de foudre, mais je suis resté à ruminer mes sentiments sans rien dire jusqu'à temps que tout le monde s'en aperçoive, se foute de moi, et me mette la pression pour que j'aille la voir. Ce que j'ai fait un jour en plein milieu du self-service, en étant d'une nullité absolue, provoquant tout seul comme un grand une humiliation publique assez colossale.
Après ça, j'ai un lâché l'affaire pendant quelques années, avant de connaître un nouveau coup de foudre. Je travaillais alors en caisse dans le supermarché de ma ville, pour occuper mes vacances universitaires. Une belle rousse toujours souriante, avec des formes que je trouvais fort à mon goût. Pour la première fois, je réussissais à créer un lien, et mes sentiments allaient grandissant. Grâce à un stratagème plutôt élaboré de ma part, j'avais réussi à lui donner rendez-vous pour son anniversaire, de manière à lui offrir un cadeau confectionné de mes mains. Il s'agissait d'un scoubidou formant son prénom lettre par lettre (j'entends quelques rires moqueurs, ce n'est pas très gentil de votre part !), auquel j'avais ajouté une petite note laissant peu de place au doute quant à mes sentiments. Je n'avais pas osé rajouter le poème composé en son honneur, mais j'avais prévu lui déclarer ma flamme. Ce que je n'ai pas fait, car elle était radieuse et je ne voulais pas gâcher ce moment. J'ai eu une autre chance plus tard : elle m'avait laissé un message pour me proposer explicitement de sortir avec elle . Que je n'ai pas saisie, trop apeuré de ce soudain demi-succès. N'étant pas sur le même campus, l'occasion ne s'est pas présentée de nouveau, et je le lui ai reproché un soir où rien n'allait. Un beau coup de ma part, puisqu'elle m'a envoyé chier et que je ne l'ai jamais revue.
Je l'ai longtemps regretté, car j'étais fou amoureux d'elle, et j'ai eu du mal à me remettre de ce fiasco alors que j'avais toutes les cartes en mains pour réussir. Et surtout, je commençais à me dire que je n'y arriverais jamais, en constatant qu'à plus de 20 ans je n'avais toujours pas la moindre expérience, pas même un simple contact. Je me suis donc enfermé dans mon style de vie solitaire et casanier, n'ayant toujours aucune envie de me mêler aux gens. J'ai même commencé à être fainéant dans mes études, me contentant du strict minimum puisque je franchissais les étapes sans efforts. Sauf qu'à force de me priver d'options, je me suis retrouvé éjecté du système universitaire. De manière injuste, mais il a fallu affronter la réalité de la situation : je devais trouver un travail.
Je me suis donc concentré sur cette tâche, passant par les petits boulots dégradants, ce qui a bien écorché mon égo, puisque je n'avais même plus ce sentiment de supériorité par rapport aux autres auquel me raccrocher. Et quand on ne s'aime pas, il est difficile de séduire, surtout quand on fuit de plus en plus les rapports sociaux. Après bien des pérégrinations, j'ai fini par obtenir un CDI, mais pas du tout en rapport avec mes études. C'est là que j'ai fait la rencontre d'une jeune femme ivoirienne, qui m'a beaucoup plu d'entrée. J'ai assez vite développé des sentiments pour elle, mais la situation était intenable : j'avais appris après coup qu'elle était mariée, et la voir au quotidien était plus une souffrance qu'autre chose. Pendant longtemps, je me suis interdit de tenter quoi que ce soit, parce que je voulais respecter certains principes. Mais après un voyage qui m'a permis de me découvrir, je me suis laissé aller à lui dire qu'elle me plaisait...
S'ensuivirent six mois d'un jeu du chat et de la souris que je ne connaissais guère, finissant par ma première relation sexuelle dans des conditions assez extravagantes. À 28 ans, il était peut-être temps, mais avec une femme mariée, peut-être pas. Jamais je n'aurais imaginé un seul instant devenir un amant, et c'est pourtant ce qui se produisit. De semaines en semaines, ce qui semblait n'être au début qu'un exutoire sexuel pour elle se transformait en quelque chose de concret, avec des projets. Malheureusement, au bout d'un an, son mari était muté dans une autre région et nous nous retrouvions séparés. Après quelques mois, il était question de ne plus se parler, car la distance devenait difficile à gérer.
Ce n'était que le début d'une succession de hauts et de bas. Elle décidait de reprendre la relation, ce à quoi je ne m'opposais pas, et elle faisait les efforts pour venir me voir. Puis, un an après être partie (deux ans après le début de notre relation), elle s'installait de nouveau par chez moi, avec des intentions de divorce plus prononcées qu'auparavant. C'était pour moi un signe que cela devenait de plus en plus sérieux, mais très vite elle demandait à son mari de revenir car sa fille lui manquait (un élément peu négligeable dans cette histoire). J'ai très mal vécu cette période, et n'étant plus sûr de la direction à prendre, je discutais ça et là avec d'autres femmes sur le net. Rien de bien méchant, mais j'étais perdu. Le hasard m'orientait alors vers une jeune femme d'une beauté époustouflante, et la première discussion glissait assez vite vers des sujets tendancieux. Moment éphémère mais sympathique, celle-ci devant aller en Allemagne pour poursuivre ses études.
Je poursuivais donc mon chemin avec mon ivoirienne, sans trop savoir où cela allait me mener. Et puis, au moment où la demoiselle devait rentrer en France, je la recontactais sur un coup de tête, car j'avais gardé son adresse mail. Je lui proposais une rencontre éventuelle pour son anniversaire, marquant sa majorité. Elle se rappelait bien de moi, et très rapidement nous échangions des textos sans pouvoir s'arrêter, découvrant multitude de points communs. Je compris très rapidement qu'elle correspondait en tous points à ma femme idéale, et une déferlante de sentiments m'envahirent alors, me bousculant de tous les côtés. L'évidence s'imposait : je devais être avec elle. Ce que je m'empressais de lui dire frontalement, l'apeurant totalement : comment gérer à 18 ans une telle déclaration d'un homme de 12 ans son aîné ?
Les mois suivants furent assez compliqués à gérer, pris entre deux feux que j'étais Je tentais de convaincre ma nouvelle conquête de nous laisser une chance, et pendant ce temps j'étais incapable de quitter celle qui ne faisait rien pour que son divorce soit prononcé rapidement, par peur de me retrouver totalement seul après tant de galères. La situation n'allait pas en s'arrangeant quand mon portable fut fouillé, mettant au jour mon secret, et provoquant une nouvelle rupture. L'occasion d'indiquer que j'étais libre, mais cela ne suffisait pas à rassurer l'élue de mon coeur.
C'est à cet instant-là que les évènements se sont enchaînés d'une manière assez brutale, versant cette fois-ci dans le drame : j'apprenais que mon ex était enceinte suite à notre nuit d'adieu. Coup de panique, mon monde tremblait devant cette annonce. Mais je reprenais vite mes esprits. Nous étions séparés, elle avait déjà suffisamment d'éléments contre elle pour perdre la garde de sa fille avec son infidélité, il était donc pour moi impossible qu'un enfant vienne au monde dans ces conditions. Je lui en faisais part, tout en lui indiquant que je lui laissais le choix. Elle finit par s'accorder sur cette option, et se fit avorter. C'était la bonne décision à mon sens, mais j'aurais pu être père et je venais surtout de lui infliger une souffrance indicible.
Bien entendu, dans un esprit de totale honnêteté avec ma jeune marocaine, je lui expliquais la situation. Une tactique peu payante, puisqu'elle culpabilisait alors, pensant qu'elle était responsable de cet avortement. J'étais en train de tout perdre... Mais je voulais aller au bout des choses avec elle, et quelques semaines plus tard je prenais le train pour aller la voir, alors qu'elle me disait de ne pas le faire. Arrivé sur place, je l'appelais, et je comprenais rapidement que quelque chose n'allait pas. Je ne sais pas comment j'eus cette intuition, mais c'est avec horreur que je mettais le doigt sur la cause de son état. Elle venait de vivre un enfer que beaucoup trop de femmes subissent, et je rentrais chez moi totalement abattu.
Je commis alors l'erreur de me remettre avec mon ex, tout en restant en contact avec celle que j'aimais réellement, afin de la soutenir dans l'épreuve qu'elle traversait. Il fut bien évidemment difficile de le faire accepter à mon ex - ce qui est d'ailleurs on ne peut plus logique -, et cela ne manquait pas d'amener des conversations très désagréables, sans compte une confiance inexistante. Pourquoi nous nous sommes alors entêtés à continuer, je ne sais pas, même s'il arrivait qu'on passe de très bons moments en week-end, loin de tout. Mais elle se mit alors à jouer de ma culpabilité par rapport à ce que je lui avais fait subir, et à demander de plus en plus de choses qui me coûtaient cher. Une participation pour acheter une voiture, la réparation de cette même voiture car elle n'avait pas pris d'assurance et avait eu un accident, etc... Tant et plus que j'avais l'impression d'être un pigeon.
Cela fut confirmé le jour où elle débarqua chez moi, il y a de ça bientôt trois ans. Elle venait m'annoncer qu'elle quittait définitivement la maison conjugale, le divorce étant presque acté. Mais surtout, elle venait de signer un bail pour louer un appartement et elle avait besoin que j'avance le premier loyer et la caution. Stupéfait et en colère de ne pas avoir été consulté, je lui annonçais alors qu'elle n'aurait l'argent qu'à la seule condition que l'on signe un contrat de prêt, pour être sûr d'en revoir la couleur. La dispute pris alors des proportions gigantesques, chacun balançant à l'autre des horreurs. Suite à cela, je prenais mon courage à deux mains pour rompre une énième fois, cette fois-ci de façon définitive. Le jour où je suis allé la voir pour terminer les choses proprement fut une épreuve assez difficile.
Libre, je n'attendais pas longtemps pour proposer de nouveau à l'autre demoiselle de réellement me donner une chance, maintenant qu'elle était en meilleur état. Cette fois-ci, elle acceptait, mais nous devions encore patienter car elle était aux États-Unis. Je devais aller la chercher à l'aéroport pour qu'elle passe le week-end de son retour chez moi, mais elle eut de nouveau une peur panique de me voir. Le lendemain matin, j'essayais d'avoir des explications mais rien n'était cohérent. Agacé, et plus déterminé que jamais, je prenais ma voiture pour aller la chercher à 370kms de chez moi, sans même prendre de chargeur de téléphone ou des vêtements de rechange. Malgré ses protestations pendant que j'étais sur la route, je ne reculais pas, car je voulais forcer le destin. Prise au dépourvu, elle n'avait plus d'autre choix que de se bouger pour me voir, deux ans et quelques après notre première discussion.
C'était un beau jour de mai, il y a deux ans et demi, et le plus beau jour de ma vie. Quand je l'ai aperçue pour la première fois, à demi cachée derrière un arbre, mon coeur s'est emballé et j'ai su que mes sentiments pour elle étaient réels depuis le début. Cette rencontre fut magique, tendre et douce à la fois, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Elle voulait que je rentre le soir même, je tenais à la revoir le lendemain et elle finit par accepter. Ce fut encore plus incroyable, entre câlins et baisers passionnés. Nous nous sommes revus la semaine suivante, puis celle d'après. La quatrième rencontre fut bien moins joyeuse : elle venait d'apprendre qu'elle était victime d'une rechute de son cancer du foie.
Nouveau coup dur, auquel je fis face en lui assurant aussitôt que cela ne changeait rien, et qu'il était hors de question que je l'abandonne. J'avais tellement voulu cette relation que je ne pouvais pas la quitter à la première difficulté. Dans un premier temps, elle acceptait cette situation, avant de m'écarter car elle voulait se concentrer sur elle pendant sa maladie. J'étais tout de même là pour elle par textos interposés, et elle finit par vouloir me revoir deux mois plus tard. Alors en phase de rémission, elle entrait à l'Université. Je ne me faisais pas prier, et notre relation prenait un tournant plus sérieux. Pendant plusieurs mois, les moments passés ensemble furent d'une intensité incroyable, et notre complicité toujours plus étroite. Vint une opération pour venir à bout de la tumeur, et nous semblions sur la voie royale du bonheur.
Mais l'année dernière ne fut pas spécialement un bon tournant. Nouvelle rechute au mois de mai, cette fois plus sérieuse, avec un autre organe atteint. Une hospitalisation de plus de six mois, sans aucune possibilité pour ma part de la visiter. Je lui ai donné toute mon énergie pour la soutenir dans cette terrible épreuve, étant un soutien de tous les instants au point de m'oublier pour être joignable le plus souvent possible. Malheureusement, personne ne peut prédire les effets de la maladie sur une personne, et elle m'a annoncé au mois de décembre dernier qu'elle souhaitait arrêter notre relation, alors qu'elle était enfin guérie. Elle souhaite vivre sa vie de jeune adulte, se recentrer sur elle pour se reconstruire et rattraper le temps perdu.
Je ne peux pas lui en vouloir de cette décision. Ce n'est pas parce que je suis un asocial qui a passé la plus grande partie de sa vie seul que je dois la jalouser de cette envie de faire des expériences, et surtout j'imagine que toutes ces épreuves l'ont profondément chamboulée. Il n'en reste pas moins que toutes les promesses se sont envolées, et que je ne récolte pas les fruits de ma patience. Ça fait bientôt un an, et j'ai toujours du mal à tout réconcilier. Mais j'ai enfin décidé de couper le contact avec elle, l'ayant gardé au début pour tenter de rester un ami. Chose impossible puisque je suis intimement convaincu qu'il s'agit de mon âme soeur.
Je me rends surtout compte que je suis dans une position délicate, car je n'ai pas l'impression que ces deux uniques relations m'ont réellement construit. Avec le recul, cela fait presque sept ans que je suis dans la tourmente de relations bien trop compliquées, démesurées et pas nécessairement saines. À bientôt 35 ans, je me donne l'impression d'être encore un gamin émotionnellement parlant.
J'ai fait au mieux pour condenser ce que j'avais envie de raconter, je félicite ceux qui auront eu le courage de tout lire et de me répondre. Il y a peut-être des points à détailler ou éclaircir, dans ce cas n'hésitez pas à me demander. Maintenant que j'ai écrit ce que j'avais sur le coeur, autant aller au bout de l'idée !
D'un naturel déjà timide et réservé, mon adolescence n'a pas aidé à construire la confiance en moi nécessaire à établir des rapports aisés avec la gente féminine. Je vous laisse imaginer : culs de bouteille (à l'époque, les verres fin n'existaient pas, et ma myopie était déjà très avancée), acné ravageant mon visage, appareil dentaire. Rien de très attirant, donc, d'autant que je commis l'erreur de confier à un camarade de classe que j'aimerais bien sortir avec la plus belle fille de l'école, qui s'est empressé de le raconter. Résultat : quatre ans d'humiliations quotidiennes de la part de cette petite garce, bien épaulée par ses copines. Le petit binoclard déjà détesté à cause de sa réussite scolaire et devenu la risée de tous semblait être une proie facile, mais je ne me suis jamais laissé marcher sur les pieds et à force de distribuer des coups ici et là, je me suis rapidement retrouvé isolé.
Je me suis donc constitué une carapace pour ne pas tenir compte du regard des autres, et j'ai compensé l'isolation sociale par une confiance à toute épreuve en mes capacités, mettant un point d'honneur à détruire tout le monde sur le plan académique. Arrivé au lycée, je me suis donc retrouvé à fréquenter des "geeks", ce qui n'aide pas à acquérir de la popularité auprès de ces demoiselles. J'ai connu mon premier coup de foudre, mais je suis resté à ruminer mes sentiments sans rien dire jusqu'à temps que tout le monde s'en aperçoive, se foute de moi, et me mette la pression pour que j'aille la voir. Ce que j'ai fait un jour en plein milieu du self-service, en étant d'une nullité absolue, provoquant tout seul comme un grand une humiliation publique assez colossale.
Après ça, j'ai un lâché l'affaire pendant quelques années, avant de connaître un nouveau coup de foudre. Je travaillais alors en caisse dans le supermarché de ma ville, pour occuper mes vacances universitaires. Une belle rousse toujours souriante, avec des formes que je trouvais fort à mon goût. Pour la première fois, je réussissais à créer un lien, et mes sentiments allaient grandissant. Grâce à un stratagème plutôt élaboré de ma part, j'avais réussi à lui donner rendez-vous pour son anniversaire, de manière à lui offrir un cadeau confectionné de mes mains. Il s'agissait d'un scoubidou formant son prénom lettre par lettre (j'entends quelques rires moqueurs, ce n'est pas très gentil de votre part !), auquel j'avais ajouté une petite note laissant peu de place au doute quant à mes sentiments. Je n'avais pas osé rajouter le poème composé en son honneur, mais j'avais prévu lui déclarer ma flamme. Ce que je n'ai pas fait, car elle était radieuse et je ne voulais pas gâcher ce moment. J'ai eu une autre chance plus tard : elle m'avait laissé un message pour me proposer explicitement de sortir avec elle . Que je n'ai pas saisie, trop apeuré de ce soudain demi-succès. N'étant pas sur le même campus, l'occasion ne s'est pas présentée de nouveau, et je le lui ai reproché un soir où rien n'allait. Un beau coup de ma part, puisqu'elle m'a envoyé chier et que je ne l'ai jamais revue.
Je l'ai longtemps regretté, car j'étais fou amoureux d'elle, et j'ai eu du mal à me remettre de ce fiasco alors que j'avais toutes les cartes en mains pour réussir. Et surtout, je commençais à me dire que je n'y arriverais jamais, en constatant qu'à plus de 20 ans je n'avais toujours pas la moindre expérience, pas même un simple contact. Je me suis donc enfermé dans mon style de vie solitaire et casanier, n'ayant toujours aucune envie de me mêler aux gens. J'ai même commencé à être fainéant dans mes études, me contentant du strict minimum puisque je franchissais les étapes sans efforts. Sauf qu'à force de me priver d'options, je me suis retrouvé éjecté du système universitaire. De manière injuste, mais il a fallu affronter la réalité de la situation : je devais trouver un travail.
Je me suis donc concentré sur cette tâche, passant par les petits boulots dégradants, ce qui a bien écorché mon égo, puisque je n'avais même plus ce sentiment de supériorité par rapport aux autres auquel me raccrocher. Et quand on ne s'aime pas, il est difficile de séduire, surtout quand on fuit de plus en plus les rapports sociaux. Après bien des pérégrinations, j'ai fini par obtenir un CDI, mais pas du tout en rapport avec mes études. C'est là que j'ai fait la rencontre d'une jeune femme ivoirienne, qui m'a beaucoup plu d'entrée. J'ai assez vite développé des sentiments pour elle, mais la situation était intenable : j'avais appris après coup qu'elle était mariée, et la voir au quotidien était plus une souffrance qu'autre chose. Pendant longtemps, je me suis interdit de tenter quoi que ce soit, parce que je voulais respecter certains principes. Mais après un voyage qui m'a permis de me découvrir, je me suis laissé aller à lui dire qu'elle me plaisait...
S'ensuivirent six mois d'un jeu du chat et de la souris que je ne connaissais guère, finissant par ma première relation sexuelle dans des conditions assez extravagantes. À 28 ans, il était peut-être temps, mais avec une femme mariée, peut-être pas. Jamais je n'aurais imaginé un seul instant devenir un amant, et c'est pourtant ce qui se produisit. De semaines en semaines, ce qui semblait n'être au début qu'un exutoire sexuel pour elle se transformait en quelque chose de concret, avec des projets. Malheureusement, au bout d'un an, son mari était muté dans une autre région et nous nous retrouvions séparés. Après quelques mois, il était question de ne plus se parler, car la distance devenait difficile à gérer.
Ce n'était que le début d'une succession de hauts et de bas. Elle décidait de reprendre la relation, ce à quoi je ne m'opposais pas, et elle faisait les efforts pour venir me voir. Puis, un an après être partie (deux ans après le début de notre relation), elle s'installait de nouveau par chez moi, avec des intentions de divorce plus prononcées qu'auparavant. C'était pour moi un signe que cela devenait de plus en plus sérieux, mais très vite elle demandait à son mari de revenir car sa fille lui manquait (un élément peu négligeable dans cette histoire). J'ai très mal vécu cette période, et n'étant plus sûr de la direction à prendre, je discutais ça et là avec d'autres femmes sur le net. Rien de bien méchant, mais j'étais perdu. Le hasard m'orientait alors vers une jeune femme d'une beauté époustouflante, et la première discussion glissait assez vite vers des sujets tendancieux. Moment éphémère mais sympathique, celle-ci devant aller en Allemagne pour poursuivre ses études.
Je poursuivais donc mon chemin avec mon ivoirienne, sans trop savoir où cela allait me mener. Et puis, au moment où la demoiselle devait rentrer en France, je la recontactais sur un coup de tête, car j'avais gardé son adresse mail. Je lui proposais une rencontre éventuelle pour son anniversaire, marquant sa majorité. Elle se rappelait bien de moi, et très rapidement nous échangions des textos sans pouvoir s'arrêter, découvrant multitude de points communs. Je compris très rapidement qu'elle correspondait en tous points à ma femme idéale, et une déferlante de sentiments m'envahirent alors, me bousculant de tous les côtés. L'évidence s'imposait : je devais être avec elle. Ce que je m'empressais de lui dire frontalement, l'apeurant totalement : comment gérer à 18 ans une telle déclaration d'un homme de 12 ans son aîné ?
Les mois suivants furent assez compliqués à gérer, pris entre deux feux que j'étais Je tentais de convaincre ma nouvelle conquête de nous laisser une chance, et pendant ce temps j'étais incapable de quitter celle qui ne faisait rien pour que son divorce soit prononcé rapidement, par peur de me retrouver totalement seul après tant de galères. La situation n'allait pas en s'arrangeant quand mon portable fut fouillé, mettant au jour mon secret, et provoquant une nouvelle rupture. L'occasion d'indiquer que j'étais libre, mais cela ne suffisait pas à rassurer l'élue de mon coeur.
C'est à cet instant-là que les évènements se sont enchaînés d'une manière assez brutale, versant cette fois-ci dans le drame : j'apprenais que mon ex était enceinte suite à notre nuit d'adieu. Coup de panique, mon monde tremblait devant cette annonce. Mais je reprenais vite mes esprits. Nous étions séparés, elle avait déjà suffisamment d'éléments contre elle pour perdre la garde de sa fille avec son infidélité, il était donc pour moi impossible qu'un enfant vienne au monde dans ces conditions. Je lui en faisais part, tout en lui indiquant que je lui laissais le choix. Elle finit par s'accorder sur cette option, et se fit avorter. C'était la bonne décision à mon sens, mais j'aurais pu être père et je venais surtout de lui infliger une souffrance indicible.
Bien entendu, dans un esprit de totale honnêteté avec ma jeune marocaine, je lui expliquais la situation. Une tactique peu payante, puisqu'elle culpabilisait alors, pensant qu'elle était responsable de cet avortement. J'étais en train de tout perdre... Mais je voulais aller au bout des choses avec elle, et quelques semaines plus tard je prenais le train pour aller la voir, alors qu'elle me disait de ne pas le faire. Arrivé sur place, je l'appelais, et je comprenais rapidement que quelque chose n'allait pas. Je ne sais pas comment j'eus cette intuition, mais c'est avec horreur que je mettais le doigt sur la cause de son état. Elle venait de vivre un enfer que beaucoup trop de femmes subissent, et je rentrais chez moi totalement abattu.
Je commis alors l'erreur de me remettre avec mon ex, tout en restant en contact avec celle que j'aimais réellement, afin de la soutenir dans l'épreuve qu'elle traversait. Il fut bien évidemment difficile de le faire accepter à mon ex - ce qui est d'ailleurs on ne peut plus logique -, et cela ne manquait pas d'amener des conversations très désagréables, sans compte une confiance inexistante. Pourquoi nous nous sommes alors entêtés à continuer, je ne sais pas, même s'il arrivait qu'on passe de très bons moments en week-end, loin de tout. Mais elle se mit alors à jouer de ma culpabilité par rapport à ce que je lui avais fait subir, et à demander de plus en plus de choses qui me coûtaient cher. Une participation pour acheter une voiture, la réparation de cette même voiture car elle n'avait pas pris d'assurance et avait eu un accident, etc... Tant et plus que j'avais l'impression d'être un pigeon.
Cela fut confirmé le jour où elle débarqua chez moi, il y a de ça bientôt trois ans. Elle venait m'annoncer qu'elle quittait définitivement la maison conjugale, le divorce étant presque acté. Mais surtout, elle venait de signer un bail pour louer un appartement et elle avait besoin que j'avance le premier loyer et la caution. Stupéfait et en colère de ne pas avoir été consulté, je lui annonçais alors qu'elle n'aurait l'argent qu'à la seule condition que l'on signe un contrat de prêt, pour être sûr d'en revoir la couleur. La dispute pris alors des proportions gigantesques, chacun balançant à l'autre des horreurs. Suite à cela, je prenais mon courage à deux mains pour rompre une énième fois, cette fois-ci de façon définitive. Le jour où je suis allé la voir pour terminer les choses proprement fut une épreuve assez difficile.
Libre, je n'attendais pas longtemps pour proposer de nouveau à l'autre demoiselle de réellement me donner une chance, maintenant qu'elle était en meilleur état. Cette fois-ci, elle acceptait, mais nous devions encore patienter car elle était aux États-Unis. Je devais aller la chercher à l'aéroport pour qu'elle passe le week-end de son retour chez moi, mais elle eut de nouveau une peur panique de me voir. Le lendemain matin, j'essayais d'avoir des explications mais rien n'était cohérent. Agacé, et plus déterminé que jamais, je prenais ma voiture pour aller la chercher à 370kms de chez moi, sans même prendre de chargeur de téléphone ou des vêtements de rechange. Malgré ses protestations pendant que j'étais sur la route, je ne reculais pas, car je voulais forcer le destin. Prise au dépourvu, elle n'avait plus d'autre choix que de se bouger pour me voir, deux ans et quelques après notre première discussion.
C'était un beau jour de mai, il y a deux ans et demi, et le plus beau jour de ma vie. Quand je l'ai aperçue pour la première fois, à demi cachée derrière un arbre, mon coeur s'est emballé et j'ai su que mes sentiments pour elle étaient réels depuis le début. Cette rencontre fut magique, tendre et douce à la fois, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Elle voulait que je rentre le soir même, je tenais à la revoir le lendemain et elle finit par accepter. Ce fut encore plus incroyable, entre câlins et baisers passionnés. Nous nous sommes revus la semaine suivante, puis celle d'après. La quatrième rencontre fut bien moins joyeuse : elle venait d'apprendre qu'elle était victime d'une rechute de son cancer du foie.
Nouveau coup dur, auquel je fis face en lui assurant aussitôt que cela ne changeait rien, et qu'il était hors de question que je l'abandonne. J'avais tellement voulu cette relation que je ne pouvais pas la quitter à la première difficulté. Dans un premier temps, elle acceptait cette situation, avant de m'écarter car elle voulait se concentrer sur elle pendant sa maladie. J'étais tout de même là pour elle par textos interposés, et elle finit par vouloir me revoir deux mois plus tard. Alors en phase de rémission, elle entrait à l'Université. Je ne me faisais pas prier, et notre relation prenait un tournant plus sérieux. Pendant plusieurs mois, les moments passés ensemble furent d'une intensité incroyable, et notre complicité toujours plus étroite. Vint une opération pour venir à bout de la tumeur, et nous semblions sur la voie royale du bonheur.
Mais l'année dernière ne fut pas spécialement un bon tournant. Nouvelle rechute au mois de mai, cette fois plus sérieuse, avec un autre organe atteint. Une hospitalisation de plus de six mois, sans aucune possibilité pour ma part de la visiter. Je lui ai donné toute mon énergie pour la soutenir dans cette terrible épreuve, étant un soutien de tous les instants au point de m'oublier pour être joignable le plus souvent possible. Malheureusement, personne ne peut prédire les effets de la maladie sur une personne, et elle m'a annoncé au mois de décembre dernier qu'elle souhaitait arrêter notre relation, alors qu'elle était enfin guérie. Elle souhaite vivre sa vie de jeune adulte, se recentrer sur elle pour se reconstruire et rattraper le temps perdu.
Je ne peux pas lui en vouloir de cette décision. Ce n'est pas parce que je suis un asocial qui a passé la plus grande partie de sa vie seul que je dois la jalouser de cette envie de faire des expériences, et surtout j'imagine que toutes ces épreuves l'ont profondément chamboulée. Il n'en reste pas moins que toutes les promesses se sont envolées, et que je ne récolte pas les fruits de ma patience. Ça fait bientôt un an, et j'ai toujours du mal à tout réconcilier. Mais j'ai enfin décidé de couper le contact avec elle, l'ayant gardé au début pour tenter de rester un ami. Chose impossible puisque je suis intimement convaincu qu'il s'agit de mon âme soeur.
Je me rends surtout compte que je suis dans une position délicate, car je n'ai pas l'impression que ces deux uniques relations m'ont réellement construit. Avec le recul, cela fait presque sept ans que je suis dans la tourmente de relations bien trop compliquées, démesurées et pas nécessairement saines. À bientôt 35 ans, je me donne l'impression d'être encore un gamin émotionnellement parlant.
J'ai fait au mieux pour condenser ce que j'avais envie de raconter, je félicite ceux qui auront eu le courage de tout lire et de me répondre. Il y a peut-être des points à détailler ou éclaircir, dans ce cas n'hésitez pas à me demander. Maintenant que j'ai écrit ce que j'avais sur le coeur, autant aller au bout de l'idée !