- 14 nov. 2015, 20:42
#1098607
Bonjour,
je me présente. Sarah, 29 ans, en couple depuis 6 ans, larguée pour une autre il y a une semaine.
Que je vous explique. (S'il vous plaît, pas de remarque sur la "spécificité" qu'il s'agisse d'une relation homosexuelle, j'ai aussi été avec des hommes, elle aussi, pour moi ce sont des relations identiques, et il n'y a pas de différences dans le sens où nous sommes d'ailleurs dans une structure "dominant / dominée" plutôt stéréotypée, et qui est si néfaste...)
J'ai rencontré ma petite-amie il y a 6 ans, quand nous étions étudiantes. Nous avions toutes les deux 22 ans, on s'est découverte une entente incroyable sur le plan sexuel, et rapidement amoureux, car avec un besoin de stimulations intellectuelles intenses, un besoin de se cultiver, de s'élever mutuellement, bref, c'était magique.
On a emménagé ensemble au bout de même pas six mois, et parce que nous avons eu très vite des difficultés financières, nous avons passé des années difficiles ensemble. Justement, nous surmontions tout à deux, sans pour autant avoir jamais assez d'argent pour vivre décemment. Mais nous étions bien. On passait de supers moments. Régulièrement, on avait des "crises". Parce qu'elle avait peur de l'engagement, qu'elle aimait séduire, elle me trompait (plusieurs fois au début de notre relation, avec des gens importants pour elle), ou commençait une relation ambigüe (deux fois, durant des mois) que je finissais toujours par découvrir. Et notre relation devenait houleuse. Et puis la douleur intense passée, je la trompais aussi, jusqu'à m'engager émotionnellement avec quelqu'un d'autre, deux ans durant, tout en continuant ma vie de couple, comme si de rien n'était. Sauf que j'étais "absente". Négligente des besoins d'attention de ma partenaire, infecte au quotidien, obsédée, insomniaque, et quand la personne a dit stop, finalement en dépression, sous traitement. Je faisais comme si de rien n'était, ne lui disait pas tout, lui en livrais des bribes. À cause de sa peur de l'abandon, elle a tout accepté. À peine avions nous parfois une discussion sur le fait que nous ne faisions plus l'amour (depuis 2012, en gros, alors qu'on est en couple depuis 2009). Au début de moins en moins, et finalement plus du tout.
Professionnellement, elle progressait, moi non. De son obligation à arrêter ses études en master de droit pour travailler, a découlé le choix courageux d'intégrer une grande école de cuisine pour maintenant être sous-chef dans un restaurant gastronomique renommé. De mon côté, je l'ai suivie. À Paris, puis dans une autre ville, pour ses opportunités professionnelles. Après avoir eu de grandes difficultés à terminer mes études, j'ai trouvé un CDD dans la culture, puis un autre, puis un troisième, et moi voilà au chômage, depuis un mois.
C'est le moment où je découvre que tout a changé, à mon insu. Elle me parle mal depuis quelques semaines, et aux longs week-end à s'ennuyer à deux, a succédé un évitement minutieux, où elle a toujours autre chose à faire, des amis à voir... chez qui dormir...
J'ai vu un texto. Elle a nié, puis reconnu. Une autre fille, depuis un mois, plus ou moins. J'ai quitté la maison pendant trois jours, elle m'a demandé de rentrer. On a un bébé chien de 9 mois, elle m'a dit qu'ils étaient tristes, sans moi. En rentrant, j'ai découvert qu'elle avait fait venir la fille chez nous, en mon absence, à peine 12h après mon départ, quand j'étais, moi, en miettes. Alors ça a explosé. Et elle m'a quittée. M'a dit qu'elle avait essayé d'arrêter de voir la fille, mais que c'était plus fort qu'elle. Qu'elle ne voyait pas comment il était possible que ça reparte entre nous, qu'elle ne pense pas que ce soit possible. Qu'elle n'a pas l'ENVIE d'essayer. Qu'elle n'a plus de désir. Par contre, elle a envie de voir l'autre. Elle a envie de l'autre.
J'ai eu le coeur brisé, j'ai senti toute ma vie s'effondrer. Toutes mes protections tomber. Tous mes rêves, tout mon présent, tout mon futur. Notre futur. Parce que cela fait bien longtemps que je n'imagine la vie qu'avec elle. Je pensais qu'on vieillirai ensemble. Je le savais, je le voulais.
La nuit suivant la rupture, elle n'est pas rentrée. Elle m'a laissée 24h seule avec nos souvenirs, chez nous, à l'agonie, et elle a passé la nuit avec la fille. Sur répondeur. J'ai crû mourir.
Le matin, elle est rentrée, on a fait l'amour, elle m'a dit qu'elle était désolée. Qu'elle m'aimait. J'ai passé un entretien d'embauche ensuite, et j'en suis ressortie indifférente. Gagnante. La semaine qui a suivi, nous nous sommes retrouvées. Elle m'a dit : "Je ne me souviens pas t'avoir quittée", j'ai recommencé à y croire. Sauf que le week-end approche et que suite à une dispute violente (j'ai capté qu'elle lisait des textos de cette fille alors que j'étais à côté), elle m'a dit qu'on aurait jamais dû nier sa décision. Qu'elle ne comprenait pas pourquoi on l'avait fait, pourquoi on avait continué comme si de rien n'était... alors que c'est elle qui a instauré cette façade. Et là, elle m'a achevé en disant n'avoir fait ça que parce que j'étais trop malheureuse.
Si j'analyse les choses : d'un côté, elle est gagnante, talentueuse, impliquée, simple aussi, mais au fond : fragile, avec une immense peur de l'abandon, dont j'ai abusé, et qui aujourd'hui explique qu'elle me quitte pour quelqu'un. Elle a rebondi, mais a encore quelques scrupules à tout détruire.
Et de l'autre (moi) : une personne dépressive se raccrochant à l'autre pour avancer, plaçant tous ses objectifs dans l'accomplissement de ceux de l'autre, borderline car testant en permanence l'autre pour être assurée d'être aimée, jusqu'à être destructrice parfois. Mais je l'aime plus que ma vie. J'ai toujours haï la vie d'ailleurs, sauf partagée avec elle. Et puis aimant sa vie à elle, ensuite.
À minuit, elle va rentrer du travail, et me quitter encore, avant de la rejoindre, peut être pas ce soir, mais demain. Moi j'agonise... Je ne veux pas partir. Je ne veux pas partir loin de ma vie, qui est : elle, notre chien, notre petit cocon d'appartement construit à deux des mois durant, après tant d'années de galère, quand on se projetait ensemble. On parlait de se pacser. On parler d'acheter, plus tard, une maison. De partir pour Berlin. Aujourd'hui, elle ne veut même pas que j'achète une planche à découper pour la cuisine. J'ai peur de quitter la maison, et que ce soit définitif. Parce qu'elle a été trop loin dans la destruction de "nous" pour souhaiter nous reconstruire ensuite... non ? Et puis, il y a l'autre. Elle m'avait prévenue, au début. Qu'elle quittait toujours quelqu'un... pour quelqu'un d'autre.
je me présente. Sarah, 29 ans, en couple depuis 6 ans, larguée pour une autre il y a une semaine.
Que je vous explique. (S'il vous plaît, pas de remarque sur la "spécificité" qu'il s'agisse d'une relation homosexuelle, j'ai aussi été avec des hommes, elle aussi, pour moi ce sont des relations identiques, et il n'y a pas de différences dans le sens où nous sommes d'ailleurs dans une structure "dominant / dominée" plutôt stéréotypée, et qui est si néfaste...)
J'ai rencontré ma petite-amie il y a 6 ans, quand nous étions étudiantes. Nous avions toutes les deux 22 ans, on s'est découverte une entente incroyable sur le plan sexuel, et rapidement amoureux, car avec un besoin de stimulations intellectuelles intenses, un besoin de se cultiver, de s'élever mutuellement, bref, c'était magique.
On a emménagé ensemble au bout de même pas six mois, et parce que nous avons eu très vite des difficultés financières, nous avons passé des années difficiles ensemble. Justement, nous surmontions tout à deux, sans pour autant avoir jamais assez d'argent pour vivre décemment. Mais nous étions bien. On passait de supers moments. Régulièrement, on avait des "crises". Parce qu'elle avait peur de l'engagement, qu'elle aimait séduire, elle me trompait (plusieurs fois au début de notre relation, avec des gens importants pour elle), ou commençait une relation ambigüe (deux fois, durant des mois) que je finissais toujours par découvrir. Et notre relation devenait houleuse. Et puis la douleur intense passée, je la trompais aussi, jusqu'à m'engager émotionnellement avec quelqu'un d'autre, deux ans durant, tout en continuant ma vie de couple, comme si de rien n'était. Sauf que j'étais "absente". Négligente des besoins d'attention de ma partenaire, infecte au quotidien, obsédée, insomniaque, et quand la personne a dit stop, finalement en dépression, sous traitement. Je faisais comme si de rien n'était, ne lui disait pas tout, lui en livrais des bribes. À cause de sa peur de l'abandon, elle a tout accepté. À peine avions nous parfois une discussion sur le fait que nous ne faisions plus l'amour (depuis 2012, en gros, alors qu'on est en couple depuis 2009). Au début de moins en moins, et finalement plus du tout.
Professionnellement, elle progressait, moi non. De son obligation à arrêter ses études en master de droit pour travailler, a découlé le choix courageux d'intégrer une grande école de cuisine pour maintenant être sous-chef dans un restaurant gastronomique renommé. De mon côté, je l'ai suivie. À Paris, puis dans une autre ville, pour ses opportunités professionnelles. Après avoir eu de grandes difficultés à terminer mes études, j'ai trouvé un CDD dans la culture, puis un autre, puis un troisième, et moi voilà au chômage, depuis un mois.
C'est le moment où je découvre que tout a changé, à mon insu. Elle me parle mal depuis quelques semaines, et aux longs week-end à s'ennuyer à deux, a succédé un évitement minutieux, où elle a toujours autre chose à faire, des amis à voir... chez qui dormir...
J'ai vu un texto. Elle a nié, puis reconnu. Une autre fille, depuis un mois, plus ou moins. J'ai quitté la maison pendant trois jours, elle m'a demandé de rentrer. On a un bébé chien de 9 mois, elle m'a dit qu'ils étaient tristes, sans moi. En rentrant, j'ai découvert qu'elle avait fait venir la fille chez nous, en mon absence, à peine 12h après mon départ, quand j'étais, moi, en miettes. Alors ça a explosé. Et elle m'a quittée. M'a dit qu'elle avait essayé d'arrêter de voir la fille, mais que c'était plus fort qu'elle. Qu'elle ne voyait pas comment il était possible que ça reparte entre nous, qu'elle ne pense pas que ce soit possible. Qu'elle n'a pas l'ENVIE d'essayer. Qu'elle n'a plus de désir. Par contre, elle a envie de voir l'autre. Elle a envie de l'autre.
J'ai eu le coeur brisé, j'ai senti toute ma vie s'effondrer. Toutes mes protections tomber. Tous mes rêves, tout mon présent, tout mon futur. Notre futur. Parce que cela fait bien longtemps que je n'imagine la vie qu'avec elle. Je pensais qu'on vieillirai ensemble. Je le savais, je le voulais.
La nuit suivant la rupture, elle n'est pas rentrée. Elle m'a laissée 24h seule avec nos souvenirs, chez nous, à l'agonie, et elle a passé la nuit avec la fille. Sur répondeur. J'ai crû mourir.
Le matin, elle est rentrée, on a fait l'amour, elle m'a dit qu'elle était désolée. Qu'elle m'aimait. J'ai passé un entretien d'embauche ensuite, et j'en suis ressortie indifférente. Gagnante. La semaine qui a suivi, nous nous sommes retrouvées. Elle m'a dit : "Je ne me souviens pas t'avoir quittée", j'ai recommencé à y croire. Sauf que le week-end approche et que suite à une dispute violente (j'ai capté qu'elle lisait des textos de cette fille alors que j'étais à côté), elle m'a dit qu'on aurait jamais dû nier sa décision. Qu'elle ne comprenait pas pourquoi on l'avait fait, pourquoi on avait continué comme si de rien n'était... alors que c'est elle qui a instauré cette façade. Et là, elle m'a achevé en disant n'avoir fait ça que parce que j'étais trop malheureuse.
Si j'analyse les choses : d'un côté, elle est gagnante, talentueuse, impliquée, simple aussi, mais au fond : fragile, avec une immense peur de l'abandon, dont j'ai abusé, et qui aujourd'hui explique qu'elle me quitte pour quelqu'un. Elle a rebondi, mais a encore quelques scrupules à tout détruire.
Et de l'autre (moi) : une personne dépressive se raccrochant à l'autre pour avancer, plaçant tous ses objectifs dans l'accomplissement de ceux de l'autre, borderline car testant en permanence l'autre pour être assurée d'être aimée, jusqu'à être destructrice parfois. Mais je l'aime plus que ma vie. J'ai toujours haï la vie d'ailleurs, sauf partagée avec elle. Et puis aimant sa vie à elle, ensuite.
À minuit, elle va rentrer du travail, et me quitter encore, avant de la rejoindre, peut être pas ce soir, mais demain. Moi j'agonise... Je ne veux pas partir. Je ne veux pas partir loin de ma vie, qui est : elle, notre chien, notre petit cocon d'appartement construit à deux des mois durant, après tant d'années de galère, quand on se projetait ensemble. On parlait de se pacser. On parler d'acheter, plus tard, une maison. De partir pour Berlin. Aujourd'hui, elle ne veut même pas que j'achète une planche à découper pour la cuisine. J'ai peur de quitter la maison, et que ce soit définitif. Parce qu'elle a été trop loin dans la destruction de "nous" pour souhaiter nous reconstruire ensuite... non ? Et puis, il y a l'autre. Elle m'avait prévenue, au début. Qu'elle quittait toujours quelqu'un... pour quelqu'un d'autre.