- 03 févr. 2015, 03:56
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Hello Life 2015,
Oui, ça m'est arrivé, mais ça commence vraiment à dater. J'avais 19 ans, donc ça remonte à 26 ans (juillet 89), soit 5 ans avant que je connaisse celle pour qui je suis ici.
J'étais en école militaire (à Saumur). Un soir, je devais partir "en java" avec un de mes copains: je me change en civil, puis je passe le prendre dans sa chambrée. Son armoire était ouverte, et collée à l'intérieur de la porte, j'aperçois la photo d'une jeune fille, très belle. Je commence à le charrier, mais en fait, j'étais assez jaloux, car j'ai aussitôt "flashé".
Seulement, il m'a vite avoué qu'il s'agissait de sa sœur. Elle se prénommait Céline. Cela m'a travaillé jusqu'à la fin de la semaine. Coup de chance, le week-end suivant, nous avions droit à une "perm".
Je remontais chez moi en Lorraine, et lui repartait dans sa famille près de Bordeaux. Après lui avoir demandé son accord, je le chargeais de lui parler de moi, de lui remettre une photo de moi, et de lui demander si elle acceptait que je lui écrive.
Je n'y croyais absolument pas, mais le lundi suivant, de retour à l'école, il m'apprenait qu'elle était d'accord, et que ma photo lui avait d'ailleurs plu. C'est comme ça que cette relation a commencé. Et très vite, nous échangions des lettres tous les jours.
Arrive septembre, fin de l'année d'études militaires, et réception des familles pour la remise des diplômes et des galons, avant l'entrée en régiment dans notre nouvelle carrière.
Nos parents respectifs sont venus, et elle avait accompagné les siens. Nous avons tous passé la soirée ensemble, puis lorsque les parents sont partis passer la nuit à l'hôtel (le lendemain, chacun rentrait chez soi, et pour tout le monde, la route était longue), son frère, elle et moi-même avons continué la fête.
Premiers baisers, et derniers avant longtemps.
Une semaine après, mes camarades de promotion, son frère et moi-même étions "dispatchés" dans nos régiments respectifs. Céline était repartie sur Bordeaux, poursuivre ses études (elle avait un peu plus de 17 ans), et moi j'avais été affecté dans un régiment à 30 kms de chez moi, en Lorraine. Inutile de dire qu'il était impossible d'avoir une relation normale.
Alors comme pendant les mois précédents, nous avons continué à nous écrire chaque jour. Rarement moins de 7 ou 8 pages. Je commençais même à l'appeler au téléphone 2 fois par semaine. Je ne pouvais pas me permettre plus: à cette époque, il n'existait que les cabines téléphoniques, et les communications coutaient un bras.
Nous avons tenu ainsi jusqu'en décembre. Puis ses parents m'ont invité à passer la semaine de nouvel an chez eux. Ce fut une des plus belles semaines de ma vie. Nous avions la permission de dormir dans le même lit, à condition de rester "chastes". Sa mère y tenait pour deux raisons:
- elle approchait des 18 ans, mais ne les avait pas encore
- ils avaient perdu son jeune frère d'une malformation cardiaque quelques mois plus tôt, mais ça ne faisait pas un an (je pense que c'est aussi pour ça que ses parents ont laissé cette situation se prolonger: pour lui changer les idées).
Nous avons donc été "sages", bien que très très amoureux. Sauf que le premier janvier, manque de bol, elle eut ses règles. Et cela tacha les draps. Sa mère se convainquit que l'on avait fauté (alors qu'il y a longtemps qu'elle n'était plus vierge), et m'a mis à la porte.
Mais avant de reprendre le train, nous avons réussi à lui arracher la promesse que si nous étions toujours "ensemble", étant donné qu'elle serait majeure, ils l'aideraient à poursuivre ses études à partir de la rentrée suivante en Lorraine.
C'est ainsi que nous avons poursuivi notre relation par courriers/appels téléphoniques interposés, pendant des mois, jusqu'en avril.
Une relation virtuelle de plus de 8 mois, entrecoupée d'une nuit et d'une semaine où nous avons été ensemble.
Malheureusement, lorsqu'on a entre 18 et 20 ans, l'adage qui dit "loin des yeux, loin du cœur" est encore plus vrai. Lentement mais surement, j'ai fini par me lasser. On est vraiment trop bête lorsqu'on est jeune, et j'ai fini par l'abandonner. Internet est arrivé 5 ans trop tard, sinon je suis pratiquement certain que nous serions ensemble à l'heure actuelle.
Et lorsque j'ai connu ma femme 5 ans plus tard, celle-ci s'est débarrassée des centaines de lettres et de photos que j'avais précieusement gardé
Je l'ai retrouvée sur internet, via FB, il y a quelques mois. Elle a trois filles magnifiques, dont les deux plus jeunes sont son portrait au même age. Elle a réussi et poursuit la carrière à laquelle elle se destinait à l'époque. A priori, elle serait célibataire, mais maintenant que je sais quelle est la souffrance qu'on endure lorsqu'on est abandonné, et donc ce que j'ai du lui faire subir, je m'interdis de la recontacter. Tant pis pour moi, je n'avais qu'à être moins c** à l'époque.