- 24 nov. 2014, 00:54
#970479
Bonjour, je suis nouveau sur ce forum, un coeur brisé de plus.
Je m'appelle Cédric, j'ai 26 ans, et j'ai perdu ma copine, âgée de 11 ans de plus que moi il y a bientôt deux mois, alors que notre histoire (qui a duré deux mois) s'annonçait prometteuse.
Voilà mon histoire :
Audrey et moi nous sommes rencontrés sur une communauté de dessinateurs par le plus grand des hasards. Nous avons commencé à discuter un peu, mais très rapidement, une grande confiance, un lien très fort s'est instauré entre nous. A mesure que nous parlions, nous nous sommes rendus compte que nous avions beaucoup de choses en commun, et des sentiments ont fini par naitre. Durant le premier mois, nous avons beaucoup parlés, et nous nous sommes entraidés pour identifier et franchir nos peurs. Cette situation était éprouvante pour nous deux, et malgré les nombreux hauts et bas, nous étions vraiment bien tous les deux.
J'ai pendant longtemps été un garçon très introverti, timide, qui n'osait jamais prendre d'initiatives, mais la rencontre avec cette fille m'a vraiment donné des ailes, et j'ai pris, en l'espace de deux mois, énormément confiance en moi. Elle a complètement transformé ma vie.
Malheureusement, la distance qui nous sépare n'était pas là pour nous aider (j'habite en Midi-Pyrénées, elle dans les Vosges). Mais après une longue réflexion, le lien qui nous unissait était vraiment trop fort, alors nous avons décidés de prendre le risque de se rencontrer. Comme Audrey semblait craindre de faire tout le trajet pour une rencontre qui peut-être ne fonctionnerait pas en vrai, j'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai décidé d'affronter ma phobie sociale/agoraphobie pour prendre le train et venir la voir.
La rencontre (2 jours et demi) ne s'est pas passée comme on l'espérait, nous nous sentions mal à l'aise, comme si nous nous vampirisions nos énergies respectives, nous nous posions plein de questions.
En définitive, Audrey a insisté pour que je parte plus tôt.
Mais le matin de mon départ, tout a littéralement basculé, le malaise avait disparu, et comme par magie, nous avons ressentis un véritable coup de foudre. Nous étions sur un petit nuage, et nous ne voulions plus nous quitter.
Ainsi, par la suite, nos sentiments grandissaient, malgré des fluctuations toujours présentes, nous étions heureux, profondément amoureux l'un de l'autre.
Comme tous les couples, nous avions des disputes. Un jour nous étions tellement mal, qu'elle a voulu que l'on se sépare, alors nous avons tentés de nous dire adieu... mais très vite, nous nous sommes manqués, nous nous sentions vides, et nous sommes revenus l'un vers l'autre, toujours plus amoureux à mesure que nous franchissions ces moments difficiles, dont nous sortions grandis.
Seulement voilà, il y avait un hic. Nous soufflions, elle comme moi, beaucoup le chaud et le froid. Nous avions des comportements parfois incohérents, passant de l'amour fou au doute le plus total en un rien de temps. Ce n'était pas normal.
Dans ses moments de doutes, Audrey devenait persuadée qu'il ne s'agissait pas d'amour, et quand elle était heureuse c'était le contraire.
En tout cas, une chose est certaine, nous ressentions mutuellement quelque chose de fort, d'intense, et ce n'était clairement pas qu'une simple amitié. Pour moi, il s'agissait bel et bien d'un amour profond et sincère.
Mais tout au long de notre relation, Audrey se dévalorisait sans cesse. De temps à autres, elle essayait de m'envoyer vers d'autres femmes (j'ai fait de même pour elle une fois au début), ou bien elle me disait : "tu sais, d'ici notre rencontre tu vas peut-être rencontrer quelqu'un". Même lorsque j'étais en route pour aller enfin la rencontrer, que je lui ai parlé d'une jeune femme avec qui j'ai discuté cinq minutes parce qu'elle m'avait vu dessiner, elle m'a presque reproché de ne pas lui avoir demandé son numéro, alors qu'elle était heureuse d'enfin pouvoir rencontrer l'homme qui faisait battre son coeur. C'est complètement contradictoire.
Mais systématiquement, elle se sentait jalouse.
Alors un jour, alors qu'elle m'avait refait le coup une fois de trop, j'ai décidé de lui faire croire que j'avais vraiment obtenu un RDV, pour voir comment elle réagirait.
Sans surprise, elle en a été malade, elle était malheureuse d'apprendre ça, en pleurait, et a eu beaucoup de difficultés à se concentrer le temps de la journée qu'a duré ce manège. Et une fois le masque tombé, elle était soulagée d'apprendre que c'était faux.
Mais ce n'est pas tout, dès qu'elle en avait l'occasion, elle se plaignait de ne pas aimer son corps, sa poitrine est moche selon elle.
Et alors qu'un jour je la complimentais sur son magnifique visage :"j'aime tout sur ton visage, ton petit nez, ton sourire, tes yeux superbes et tout ce qui va avec." Lui disais-je.
Tout ce qu'elle a trouvé à me répondre c'est : "ouais, mes rides quoi".
Elle se plaignait aussi de ne pas se trouver intéressante. Malgré le fait que je lui ai dit que pourtant, elle était une prof hors du commun, complètement avant-gardiste, adorée de ses élèves (à tel point que certains anciens continuent de lui écrire après avoir quitté le collège pour prendre de ses nouvelles), admirée de ses collègues, son patron parle même de charisme m'a-t-elle dit... tout ceci ne suffisait pas à la convaincre qu'elle est intéressante.
J'avais beau lui dire que si elle n'était pas intéressante je ne serais jamais resté à parler avec elle aussi longtemps et je n'aurais jamais fait tout ce trajet pour la rencontrer, rien n'y faisait.
Parfois dans ces mauvais moments, elle me disait que ce que je voulais c'était seulement coucher avec elle. Bien sûr que j'en avais envie. Qui n'a jamais eu envie de ces choses-là avec l'élu(e) de son coeur ? Mais c'était un tout, j'avais envie d'elle dans sa globalité, pour ce qu'elle est, elle m'a totalement séduit.
Si ça n'avait été que pour du sexe, je n'aurais jamais traversé la France entière, attendu si longtemps et dépensé plus de 200 € alors que je peux trouver ça plus simplement.
Cependant, elle m'a reproché de ne parler que de moi... c'est en partie vrai. Je ne m'en étais jamais vraiment rendu compte, mais c'est une mauvaise habitude que j'ai gardé de l'époque où j'étais très renfermé. Je n'osais jamais poser de questions parce que je craignais que les gens (excusez-moi du terme), me renvoient chier. J'ai fini par me dire que ce que sont les gens ne me regardait pas, alors je restais replié sur moi-même, et c'est devenu une peur. Et une peur ne s'efface pas d'un claquement de doigts, alors quand j'ai commencé à vouloir à nouveau m'intéresser aux gens, j'ai fini par d'abord parler de moi sur un sujet dans l'espoir d'inciter mon interlocuteur à parler de lui à son tour. J'ose difficilement poser une question sans m'être d'abord "mis à nu" par peur d'être indélicat. Je préfère prendre le risque d'être rabaissé plutôt que d'indisposer la personne en face par une question maladroite.
Je ne m'en étais jamais rendu compte, mais elle a raison, ça donne l'impression de ne pas s'intéresser aux autres, et je dois faire des efforts là-dessus. Je me souviens qu'à un moment, je me suis dit que je ne savais toujours pas quel était son métier. Il m'aurait simplement suffit de poser la question, mais je n'ai pas pu... c'est complètement idiot.
Je me suis toujours intéressé à elle, c’est juste que je ne savais pas le montrer. Sinon, pourquoi me serais-je embêté à lui faire des dessins spécialement pour accompagner ses cours d’Espagnol ? Et j’y prenais plaisir, autant à les faire, qu’à voir la joie que ces petites attentions lui apportaient.
Vous l’aurez compris, Audrey ne s'aime pas, elle a une mauvaise image d'elle-même et doit penser au fond d'elle qu'elle ne fait pas le poids face aux autres femmes, surtout aux yeux d’un jeune homme de onze ans de moins. Ce qui est complètement faux. Je ne l’ai pas choisie à elle pour rien.
Et je sais que son ex copain (qu'elle n'avait quitté que depuis un an) n'était pas tendre avec elle, jamais un compliment, toujours en train de la vanner, ça n'a pas dû l'aider à penser qu’elle pouvait réellement plaire.
Et pour en finir avec le résumé de notre relation, ceci nous amène au moment de la rupture.
Malheureusement, et c'est ce qui m'a fait le plus mal, c'est parce qu'elle était convaincue que je finirais de toutes manières par la quitter pour une plus jeune, qu'elle ressentait de plus en plus le "gouffre générationnel" entre nous (gouffre complètement futile puisque mentalement on est exactement sur la même longueur d'onde, et que la différence n'est que physiologique).
Elle a donc préféré ne pas profiter de cette histoire pour ne pas souffrir de la rupture qu'elle pensait inévitable. Alors que, de son propre aveu, je l'ai totalement séduite, jamais un homme ne la comprenais comme moi me disait-elle, jamais un homme ne lui avait fait ressentir un tel bonheur, je la rendais heureuse (combien de fois elle me l'a répété ça), je la rassurait, et c'était réciproque sur tous les points, même malgré les disputes (qui n'étaient pas si nombreuses au final, il s'agissait plus de moments de doutes). Je savais trouver les mots justes, je devinais ce qui lui plaisait, où et quand je devais m'arrêter, comme si on se connaissait depuis des années, et ceci, dès les premières semaines. C'est comme si on était réellement connectés psychiquement. On avait les mêmes idées au même moment, ressentait souvent la même chose au même moment et, chose déroutante, c'est comme si on arrivait à sentir quand l'autre allait nous contacter. Il m'est arrivé plus d'une fois de penser subitement à elle, de regarder mon portable et de recevoir un sms d'elle la seconde d'après. Je sais que ça peut paraitre tiré par les cheveux, mais ce ne sont pas des bêtises. En fait, elle me devinait, je la devinait. Bien sûr, on avait quelques légères différences, mais dans l'ensemble, c'est comme si on était comme une seule et même personne.
Mais bref, pour en revenir à ces "disputes", ces chauds/froids fréquents, ce n'était pas normal. Et elle-même l'a compris, mais pour elle, la réponse était claire : ce n'était pas de l'amour, elle ne m'aime pas, pensait-elle. Mais alors si tout ce que nous avons ressenti n'était pas de l'amour, alors qu'était ce ? Qu'est-ce que l'amour ? Elle m’a dit lors de notre dernière engueulade (la dernière fois que je lui ai parlé) être amoureuse de l’amour, mais à quoi bon si elle ne se donne pas l’occasion de le vivre en y mettant un terme parce qu’elle craint qu’il ne prenne fin ? A partir de quand commencera-t’elle alors à vivre pour elle ? A être heureuse ?
Va-t-elle attendre qu’il ne soit trop tard pour vouloir en profiter ?
C'est quand j'ai demandé, sans pourtant insister plus que ça, si on ne pouvait pas se voir un peu plus tôt parce qu'elle me manquait terriblement qu'elle a commencé à changer radicalement de comportement. Alors que deux jours plus tôt, elle mourrait d'envie d'être dans mes bras, là elle dit ne plus m’aimer. Pourtant, elle ne voulait pas me rayer de sa vie m’a-t-elle avoué.
Mais, effondré qu'elle veuille me quitter pour un crime que je n'ai pas commis et dont elle ne peut pas savoir si j'allais un jour le commettre, je lui ai alors dit que maintenant qu'elle avait pris mon coeur, c'était tout ou rien. Parce que je n'aurais pas supporté de la voir partir avec un autre. Et c'est à ce moment précis que ça a commencé à dégénérer. Comme si tout ce qu'on avait vécu n'avait jamais existé, je suis vite devenu l'homme à abattre qui l'a, selon elle, manipulé depuis le début.
Et alors là j'ai compris ce qui n'allait pas.
Je pense bien qu'il s'agit là d'une blessure d'abandon (elle a vécu un simili abandon dans sa jeunesse : se mère a été hospitalisée à plusieurs reprises durant les 3 premières années de la vie d'Audrey, donc très peu présente).
J'ai alors essayé de lui faire lire des articles sur le sujet, conseillé d'aller en parler à un psy, mais elle s'est complètement braquée, ne voulait pas lire les articles car elle était sûre de n'avoir aucun problème, j'étais devenu un fou à lier pour elle. Et j'avais beau lui dire que si elle avait vraiment raison elle n'avait rien à perdre à se renseigner là-dessus, rien à faire, un vrai mur. J'ai demandé des avis sur la situation à des amis sur la communauté, et tous étaient d'accord avec moi, et j'espérais qu'un effet de masse l'aide à prendre conscience de tout ça, mais rien à faire, elle a refusé d’aller voir, elle a déserté la communauté, tourné le dos à tout ce qu'elle aimait, aux gens qu'elle appréciait, avec lesquels elle s'amusait, semblant penser que je les manipulais eux aussi. Elle a eu un comportement excessif, puéril ... mais il serait mal placé de dire qu'elle a été la seule.
J'ai moi aussi eu un comportement excessif, j'ai cherché par tous les moyens à l'amener sur cette piste, dans l'espoir qu'elle comprenne d'où lui venait cette incapacité à vivre une relation sereinement. Comme si ma vie en dépendait.
En fait... si je suis tellement convaincu qu'elle souffre d'abandonnisme, c'est que j'en ai reconnu les symptômes... parce que je les ai moi-même. Je me suis reconnu dans son comportement.
Par chance ou parce qu’à bout de forces, il y a deux ans j’ai fini par accepter le fait que j’avais un problème, et accepté de me faire aider. Même sans savoir vraiment de quoi il s’agissait, j’ai pu y travailler dessus, et commencer à guérir. Mais le fait d’avoir vu ce même problème chez Audrey a tout fait ressurgir.
On était pratiquement identique tous les deux, on se comprenais à demi mot, on ressentait mutuellement des sentiments comme jamais on en avait connu, on avait la même philosophie, les même désirs (et une femme qui ne veut pas d'enfants, c'est rare donc c'est parfait pour moi), les mêmes peurs, et on avait souvent la même idée au même moment. Deux âmes soeurs en somme.
Même si les débuts ont été difficiles, on a fait des progrès incroyables ensemble, en l'espace de deux mois, et les chaud/froids étaient de moins en moins importants, alors que les sentiments grandissaient.
Malheureusement il semble qu'elle ai eu un temps de retard sur moi.
Même si mes angoisses se pointaient, je savais ce que c'était, grâce à ma psy, et j'étais optimiste. Contrairement à elle je n'ai jamais crains qu'elle ne me quitte, car malgré quelques reliquats de mes angoisses passées, j'avais beaucoup pris confiance en moi déjà avant notre rencontre.
Maintenant, avec le recul, je réalise que même si la majeure partie du problème vient d'elle, c'est moi qui ai déclenché la crise.
Voici ce qu'elle m'a dit quand elle a voulu arrêter :
"Bien malgré toi tu m’as poussée à me poser des questions cette dernière semaine et tu m’as mise face à mes responsabilités…
Déjà vendredi dernier, avec ton sujet de dispute (non, rassure toi, tu n’y es pour rien) : je n’ai pas envie d’avoir peur que tu sois attiré par une femme de ton âge, et ça arrivera. Je n’ai pas envie de lutter contre le signe des années qui passent, les rides, la gravité !! Mes peurs sont revenues mais pas pour que je les craigne, juste comme une évidence.
Ensuite, tu as eu l’impression qu’on était en froid au vu du peu d’échanges que nous avions, et en fait, j’ai remarqué que depuis lundi j’arrête pas de bosser alors que j’avais pas tant de boulot que ça, c’est moi qui me suis donnée un surcroit de travail. Le travail est devenu un refuge en quelques sortes, un moyen de fuir.
Ton insistance pour trouver une éventuelle solution afin que nous puissions nous voir durant ces 2 semaines, moi j’étais pas dans cet état d’esprit et c’était pas normal…
Et bien d’autres choses encore qui me poussent à me rendre à l’évidence : je ne pense plus à toi de manière amoureuse. [notez qu'elle me disait souvent qu'on devait essayer de ne pas trop penser à nous amoureusement le temps qu'on est en virtuel, pour ne pas en souffrir disait-elle].
Je prends chaque jour de plus en plus conscience des années qui nous séparent. Je lutte depuis vendredi, je me dis que je suis fatiguée, que c’est le contre coup mais, les jours ont passé et ce sentiment est toujours là et même de plus en plus présent. Je bloque même à l’idée de te redonner mon numéro de téléphone.
Il ne s’agit pas là d’un caprice mais bien d’une décision réfléchie. Je souhaite que nous en restions là. Je n’ai pas envie de te rayer de ma vie mais dans l’immédiat je pense qu’il serait bon que nous respections une certaine distance.
Si je t’en ai parlé aujourd’hui c’est parce que je sais que tu vas être bien entouré ce WE et que tu ne vas pas t’ennuyer.
Libre à toi de ne pas me comprendre, mais je souhaite que tu respectes ma décision. Tu peux me bloquer, faire ce que tu veux…
Mais en tous cas, je ne m’autorise pas le droit de souffler le chaud et le froid et je me suis vue vivre exactement la même chose qu’avec mon ex (toi dans mon rôle) et je ne le souhaite à personne."
Suite à ça je lui ai dit que je ne voulais pas qu'on reste juste amis, parce que ce serait trop dur pour moi, mais comme je ne voulais pas la perdre, j'ai essayé de lui faire comprendre qu'elle souffrait d'une angoisse et que c'est elle qui menait la danse, qu'il faudrait qu'elle voit un psy elle aussi, car ça pourrait l'aider.
Et elle m'a répondu :
"Le fait que tu me quittes pour une plus jeune était un exemple uniquement, pas la raison principale. La raison principale est le fossé générationnel que je ressens chaque jour davantage. Et chaque jour davantage aussi je vois de plus en plus de contraintes à notre relation. J'ai l'esprit occupé, c'est vrai mais j'ai confiance en moi en dépit de ce que tu penses. Les étapes par lesquelles tu es passé m'ont rappelé moi à quelques égards, c'est tout, et le déclic a été tes questions réponses à haute voix dont tu m'as fait part. Bien malgré toi tu m'a forcée à me poser des questions et réfléchir sur le bien fondé de tout ça et tout s'est imposé à moi comme une évidence. Je te remercie pour ces précieux conseils, mais je veux que nous en restions là, en tous cas moi j'en reste là. Nous ne serons pas amis et nous ne nous écrirons plus."
Elle ne me reprochais pas grand chose au final, mais c'est à partir du moment où j'ai dit que je ne voulais pas qu'on reste de simples amis ("c'est tout ou rien") que tout est parti en vrille. Elle ne voulait plus me parler, mais j'ai quand même essayé de l'amener à se renseigner sur les difficultés d'attachement, en gardant mon sang froid, parce que pour moi, ce n'était encore qu'un coup de froid passager (faut savoir que quand elle a voulu tout arrêter, elle venait de faire sa rentrée il y a 3 semaines, qu'elle devait assoir son autorité sur ses nouveaux élèves, et avait un voyage scolaire à organiser quelques jours après qu'elle ai voulu tout stopper.
Malheureusement, j'avais beau lui mettre les articles sous le nez, lui prouver ce que j'avançais, elle s'est complètement braquée, refusais catégoriquement de les lire, et de retourner sur la communauté sur laquelle j'avais demandé des témoignages de gens ayant vécu ça (je précise que je n'ai pas dévoilé qui elle était, on a toujours gardé notre couple secret là bas), j'ai pensé que ces témoignages et ses encouragements lui feraient prendre conscience de ce qu'elle a (car elle se serait franchement reconnue dans l'un d'eux), mais là aussi, elle a refusé d'aller voir et a déserté la communauté, alors qu'elle s'y sentait merveilleusement bien, qu'elle y avait de bon amis et elle s'éclatait. Le dessin était sa nouvelle échappatoire ça lui faisait du bien, elle commençait grâce à ça à ne plus fumer, et elle prenait son pied et évoluais de manière fulgurante quand c'est moi qui lui apprenais.
Elle a tout abandonné sur ce coup de tête. Elle a commencé à se montrer vindicative, incohérente, blessante.
C'est là que j'ai commencé à perdre les pédales et à la harceler pour qu'elle veuille bien se remettre en question, à m'en rendre malade. Vu que la méthode douce ne fonctionnait pas, j'ai décidé d'y aller comme une brute en appuyant là où ça fait mal (ça ne m'a pas amusé), dans l'espoir qu'elle comprenne.
J'ai récupéré son numéro (je l'avais effacé suite à une première séparation (2 jours) mais je l'avais toujours dans l'historique des appels, j'aurais pu le récupérer n'importe quand mais j'ai préféré lui laisser le choix de me le rendre ou non après cette première séparation) pour qu'on ai une explication. Elle était très aigrie, m'a reproché de lui avoir fait mal parce que je l'ai manipulée (???), disait qu'elle ne m'aimait pas, que tout ce qu'elle avait ressenti n'était pas de l'amour (mon oeil) j'essayais de la piéger, pour lui mettre ses contradictions sous le nez (comme "tu me gonfle, je ne t'aime pas" suivi plus tard d'un "tu me laisse complètement indifférente").
Elle perdait les pédales, incapable de me donner de contre-arguments valables. Les seules choses sur lesquelles elle avait raison sont deux de mes défauts : parler d'abord de moi (qu'elle a transformé en "tu ne parles que de toi"), et mes questions sur moi-même (défaut qu'elle possède aussi). Ca me rends malade parce que le premier s'arrangeait petit à petit avec le temps sans que j'en ai conscience, alors que le second, mes séances chez la psy m'avaient beaucoup aidé. Ces questionnements n'apparaissaient qu'en cas de fatigue et j'avais entrepris de réguler mon rythme de sommeil pour être plus en forme.
Mais le fait qu'elle me faisait la remarque sur ce défaut (voir me faisait du chantage (la raison de notre première séparation) à chaque fois qu'il se manifestait n'avait pour effet que de l'amplifier. Ce qui est bête, c'est qu'elle avait tendance à le déclencher d'elle même, en me reprochant de faire des projets pour l'avenir (du moins des esquisses).
Bref voilà, maintenant, elle a complètement coupé les ponts, elle a changé son numéro de téléphone (j'ai beaucoup insisté je dois dire, je sais que c'était une erreur), et je ne connais pas son adresse.
Dans un dernier espoir, j'ai essayé d'envoyer une lettre à ses parents (elle habite chez eux) via un détective privé qui m'a coûté un bras pour leur expliquer la situation, leur donner ma version de l'histoire. Mais ils n'ont même pas accepté la lettre. Audrey a dû leur sortir tout un baratin sur moi pour s'assurer de leur soutien.
Je n'ai plus le choix que de me résigner .
Ca me rends malade, je comprends pourquoi tout ceci est arrivé, mais je suis impuissant. Ma volonté était de lui venir en aide, et voilà que je passe pour le méchant.
Le pire que c'est qu'il y a eu des signes avant coureurs. Elle m'avait dit au début de notre relation qu'elle avait du mal à faire des rencontres parce qu'elle se méfiait des hommes, et m'avait également dit qu'elle savait que si elle venait à prendre peur d'une manière ou d'une autre, elle se réfugierait dans son travail et ferait tout pour se convaincre qu'elle n'a pas besoin de moi. Et c'est exactement ce qui s'est produit.
Je m'en veux de ne pas l'avoir compris plus tôt, mais j'avais déjà pris tellement confiance en mes capacités, tellement confiance en elle que ça ne m'avait pas inquiété. Sa conviction que je le la quitterai, je pensais que ça lui passerais.
Ce que j'en pense, c'est qu'au fond d'elle, elle m'aime, qu'elle a envie de vivre cette histoire, mais le cumul de la reprise du boulot, plus tout le stress provoqué par les peurs qu'elle a réussi à franchir (et elles sont nombreuses : peur de l'avis de ses parents, peur d'assumer ses sentiments, etc. Je sais que c'est éprouvant, ça été pareil pour moi mais j'avais une longueur d'avance).
Je pense qu'on avait tous les deux besoin d'une bonne pause, pour récupérer, mais j'ai craqué, et le fait qu'elle dise qu'elle veuille en rester là alors qu'on avait presque tout franchi ensemble, épuisé, j'ai vu ça comme un abandon de sa part. Ca m'a fait peur, alors j'ai répliqué en lui disant que c'était tout ou rien, sans réfléchir, c'est là qu'à été je pense, ma plus grosse erreur. Erreur qui je pense, l'a mise elle aussi face à ce qu'elle redoutait le plus, que je l'abandonne. Je me souviens encore quand je lui disait : "le jour où je 't'insulterais, c'est que je ne voudrais plus de toi", ce à quoi elle me répondait : "j'aime pas quand tu dis ça : que tu ne voudrais plus de moi".
Donc pour moi, ce "tout ou rien" l'a profondément blessée, elle a dû se sentir rejetée, et je m'en veux de m'être laissé dominé par ma peur, alors que jusqu'ici j'avais bien résisté.
Je pense souvent qu'elle finira par revenir, parce que cette complicité incroyable, gâchée par une phobie, entaché par un ou deux malheureux défauts qui peuvent s'arranger grâce à ma psy, ça me rends dingue. J'ai du mal à croire qu'elle puisse oublier tout ce bonheur et ne pas le regretter. Certes le début était difficile, mais les bons moments (plus fréquents que les mauvais heureusement) étaient tellement intenses, et nous arrivions tellement bien à franchir nos difficultés que ça promettais d'être grandiose. Nous n'avons pu profiter de quelques heures dans le réel en toute sérénité. Nous nous étions seulement embrassés le coin de la bouche, caressés, pris dans les bras, mais rien que ça, c'était déjà fantastique, ces quelques heures ont été les plus belles de mon existence, comme pour elle.
On ne devait pas se revoir avant fin octobre à cause de son boulot. Nous n'avons rien eu le temps de faire, et elle a tout plaqué avant même d'avoir vraiment "consommé" notre amour. Et le fait qu'elle ai rompu derrière un écran, en préparant son coup à l'avance en me demandant de ne pas lui écrire de la journée pour avoir le courage de le faire et ne pas subir, c'est ignoble. Je suis certain qu'elle m'aurait eu en face, elle aurait fondu dans mes bras.
Mais maintenant que je suis contraint d'accepter ce silence radio, et qu'il n'y a qu'elle qui peut me recontacter, je suis dans le doute, j'ai peur qu'elle refuse d'admettre ses erreurs, c'est pour ça que des avis extérieurs me feraient du bien.
A votre avis, vous pensez qu'elle reviendra ?
Elle est consciente de ses travers, et ici ils se sont manifestés de manière exacerbée et ont foutu en l'air une histoire prometteuse... j'espère qu'elle regrettera son geste, et qu'elle acceptera de se donner une seconde chance. Car malgré le fait qu'elle me dise que que c'est réfléchis, il ne fait aucun doute que sa décision est biaisée par ses angoisses.
Pardon pour ce pavé monstrueux, j'espère que tout est clair.
Je m'appelle Cédric, j'ai 26 ans, et j'ai perdu ma copine, âgée de 11 ans de plus que moi il y a bientôt deux mois, alors que notre histoire (qui a duré deux mois) s'annonçait prometteuse.
Voilà mon histoire :
Audrey et moi nous sommes rencontrés sur une communauté de dessinateurs par le plus grand des hasards. Nous avons commencé à discuter un peu, mais très rapidement, une grande confiance, un lien très fort s'est instauré entre nous. A mesure que nous parlions, nous nous sommes rendus compte que nous avions beaucoup de choses en commun, et des sentiments ont fini par naitre. Durant le premier mois, nous avons beaucoup parlés, et nous nous sommes entraidés pour identifier et franchir nos peurs. Cette situation était éprouvante pour nous deux, et malgré les nombreux hauts et bas, nous étions vraiment bien tous les deux.
J'ai pendant longtemps été un garçon très introverti, timide, qui n'osait jamais prendre d'initiatives, mais la rencontre avec cette fille m'a vraiment donné des ailes, et j'ai pris, en l'espace de deux mois, énormément confiance en moi. Elle a complètement transformé ma vie.
Malheureusement, la distance qui nous sépare n'était pas là pour nous aider (j'habite en Midi-Pyrénées, elle dans les Vosges). Mais après une longue réflexion, le lien qui nous unissait était vraiment trop fort, alors nous avons décidés de prendre le risque de se rencontrer. Comme Audrey semblait craindre de faire tout le trajet pour une rencontre qui peut-être ne fonctionnerait pas en vrai, j'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai décidé d'affronter ma phobie sociale/agoraphobie pour prendre le train et venir la voir.
La rencontre (2 jours et demi) ne s'est pas passée comme on l'espérait, nous nous sentions mal à l'aise, comme si nous nous vampirisions nos énergies respectives, nous nous posions plein de questions.
En définitive, Audrey a insisté pour que je parte plus tôt.
Mais le matin de mon départ, tout a littéralement basculé, le malaise avait disparu, et comme par magie, nous avons ressentis un véritable coup de foudre. Nous étions sur un petit nuage, et nous ne voulions plus nous quitter.
Ainsi, par la suite, nos sentiments grandissaient, malgré des fluctuations toujours présentes, nous étions heureux, profondément amoureux l'un de l'autre.
Comme tous les couples, nous avions des disputes. Un jour nous étions tellement mal, qu'elle a voulu que l'on se sépare, alors nous avons tentés de nous dire adieu... mais très vite, nous nous sommes manqués, nous nous sentions vides, et nous sommes revenus l'un vers l'autre, toujours plus amoureux à mesure que nous franchissions ces moments difficiles, dont nous sortions grandis.
Seulement voilà, il y avait un hic. Nous soufflions, elle comme moi, beaucoup le chaud et le froid. Nous avions des comportements parfois incohérents, passant de l'amour fou au doute le plus total en un rien de temps. Ce n'était pas normal.
Dans ses moments de doutes, Audrey devenait persuadée qu'il ne s'agissait pas d'amour, et quand elle était heureuse c'était le contraire.
En tout cas, une chose est certaine, nous ressentions mutuellement quelque chose de fort, d'intense, et ce n'était clairement pas qu'une simple amitié. Pour moi, il s'agissait bel et bien d'un amour profond et sincère.
Mais tout au long de notre relation, Audrey se dévalorisait sans cesse. De temps à autres, elle essayait de m'envoyer vers d'autres femmes (j'ai fait de même pour elle une fois au début), ou bien elle me disait : "tu sais, d'ici notre rencontre tu vas peut-être rencontrer quelqu'un". Même lorsque j'étais en route pour aller enfin la rencontrer, que je lui ai parlé d'une jeune femme avec qui j'ai discuté cinq minutes parce qu'elle m'avait vu dessiner, elle m'a presque reproché de ne pas lui avoir demandé son numéro, alors qu'elle était heureuse d'enfin pouvoir rencontrer l'homme qui faisait battre son coeur. C'est complètement contradictoire.
Mais systématiquement, elle se sentait jalouse.
Alors un jour, alors qu'elle m'avait refait le coup une fois de trop, j'ai décidé de lui faire croire que j'avais vraiment obtenu un RDV, pour voir comment elle réagirait.
Sans surprise, elle en a été malade, elle était malheureuse d'apprendre ça, en pleurait, et a eu beaucoup de difficultés à se concentrer le temps de la journée qu'a duré ce manège. Et une fois le masque tombé, elle était soulagée d'apprendre que c'était faux.
Mais ce n'est pas tout, dès qu'elle en avait l'occasion, elle se plaignait de ne pas aimer son corps, sa poitrine est moche selon elle.
Et alors qu'un jour je la complimentais sur son magnifique visage :"j'aime tout sur ton visage, ton petit nez, ton sourire, tes yeux superbes et tout ce qui va avec." Lui disais-je.
Tout ce qu'elle a trouvé à me répondre c'est : "ouais, mes rides quoi".
Elle se plaignait aussi de ne pas se trouver intéressante. Malgré le fait que je lui ai dit que pourtant, elle était une prof hors du commun, complètement avant-gardiste, adorée de ses élèves (à tel point que certains anciens continuent de lui écrire après avoir quitté le collège pour prendre de ses nouvelles), admirée de ses collègues, son patron parle même de charisme m'a-t-elle dit... tout ceci ne suffisait pas à la convaincre qu'elle est intéressante.
J'avais beau lui dire que si elle n'était pas intéressante je ne serais jamais resté à parler avec elle aussi longtemps et je n'aurais jamais fait tout ce trajet pour la rencontrer, rien n'y faisait.
Parfois dans ces mauvais moments, elle me disait que ce que je voulais c'était seulement coucher avec elle. Bien sûr que j'en avais envie. Qui n'a jamais eu envie de ces choses-là avec l'élu(e) de son coeur ? Mais c'était un tout, j'avais envie d'elle dans sa globalité, pour ce qu'elle est, elle m'a totalement séduit.
Si ça n'avait été que pour du sexe, je n'aurais jamais traversé la France entière, attendu si longtemps et dépensé plus de 200 € alors que je peux trouver ça plus simplement.
Cependant, elle m'a reproché de ne parler que de moi... c'est en partie vrai. Je ne m'en étais jamais vraiment rendu compte, mais c'est une mauvaise habitude que j'ai gardé de l'époque où j'étais très renfermé. Je n'osais jamais poser de questions parce que je craignais que les gens (excusez-moi du terme), me renvoient chier. J'ai fini par me dire que ce que sont les gens ne me regardait pas, alors je restais replié sur moi-même, et c'est devenu une peur. Et une peur ne s'efface pas d'un claquement de doigts, alors quand j'ai commencé à vouloir à nouveau m'intéresser aux gens, j'ai fini par d'abord parler de moi sur un sujet dans l'espoir d'inciter mon interlocuteur à parler de lui à son tour. J'ose difficilement poser une question sans m'être d'abord "mis à nu" par peur d'être indélicat. Je préfère prendre le risque d'être rabaissé plutôt que d'indisposer la personne en face par une question maladroite.
Je ne m'en étais jamais rendu compte, mais elle a raison, ça donne l'impression de ne pas s'intéresser aux autres, et je dois faire des efforts là-dessus. Je me souviens qu'à un moment, je me suis dit que je ne savais toujours pas quel était son métier. Il m'aurait simplement suffit de poser la question, mais je n'ai pas pu... c'est complètement idiot.
Je me suis toujours intéressé à elle, c’est juste que je ne savais pas le montrer. Sinon, pourquoi me serais-je embêté à lui faire des dessins spécialement pour accompagner ses cours d’Espagnol ? Et j’y prenais plaisir, autant à les faire, qu’à voir la joie que ces petites attentions lui apportaient.
Vous l’aurez compris, Audrey ne s'aime pas, elle a une mauvaise image d'elle-même et doit penser au fond d'elle qu'elle ne fait pas le poids face aux autres femmes, surtout aux yeux d’un jeune homme de onze ans de moins. Ce qui est complètement faux. Je ne l’ai pas choisie à elle pour rien.
Et je sais que son ex copain (qu'elle n'avait quitté que depuis un an) n'était pas tendre avec elle, jamais un compliment, toujours en train de la vanner, ça n'a pas dû l'aider à penser qu’elle pouvait réellement plaire.
Et pour en finir avec le résumé de notre relation, ceci nous amène au moment de la rupture.
Malheureusement, et c'est ce qui m'a fait le plus mal, c'est parce qu'elle était convaincue que je finirais de toutes manières par la quitter pour une plus jeune, qu'elle ressentait de plus en plus le "gouffre générationnel" entre nous (gouffre complètement futile puisque mentalement on est exactement sur la même longueur d'onde, et que la différence n'est que physiologique).
Elle a donc préféré ne pas profiter de cette histoire pour ne pas souffrir de la rupture qu'elle pensait inévitable. Alors que, de son propre aveu, je l'ai totalement séduite, jamais un homme ne la comprenais comme moi me disait-elle, jamais un homme ne lui avait fait ressentir un tel bonheur, je la rendais heureuse (combien de fois elle me l'a répété ça), je la rassurait, et c'était réciproque sur tous les points, même malgré les disputes (qui n'étaient pas si nombreuses au final, il s'agissait plus de moments de doutes). Je savais trouver les mots justes, je devinais ce qui lui plaisait, où et quand je devais m'arrêter, comme si on se connaissait depuis des années, et ceci, dès les premières semaines. C'est comme si on était réellement connectés psychiquement. On avait les mêmes idées au même moment, ressentait souvent la même chose au même moment et, chose déroutante, c'est comme si on arrivait à sentir quand l'autre allait nous contacter. Il m'est arrivé plus d'une fois de penser subitement à elle, de regarder mon portable et de recevoir un sms d'elle la seconde d'après. Je sais que ça peut paraitre tiré par les cheveux, mais ce ne sont pas des bêtises. En fait, elle me devinait, je la devinait. Bien sûr, on avait quelques légères différences, mais dans l'ensemble, c'est comme si on était comme une seule et même personne.
Mais bref, pour en revenir à ces "disputes", ces chauds/froids fréquents, ce n'était pas normal. Et elle-même l'a compris, mais pour elle, la réponse était claire : ce n'était pas de l'amour, elle ne m'aime pas, pensait-elle. Mais alors si tout ce que nous avons ressenti n'était pas de l'amour, alors qu'était ce ? Qu'est-ce que l'amour ? Elle m’a dit lors de notre dernière engueulade (la dernière fois que je lui ai parlé) être amoureuse de l’amour, mais à quoi bon si elle ne se donne pas l’occasion de le vivre en y mettant un terme parce qu’elle craint qu’il ne prenne fin ? A partir de quand commencera-t’elle alors à vivre pour elle ? A être heureuse ?
Va-t-elle attendre qu’il ne soit trop tard pour vouloir en profiter ?
C'est quand j'ai demandé, sans pourtant insister plus que ça, si on ne pouvait pas se voir un peu plus tôt parce qu'elle me manquait terriblement qu'elle a commencé à changer radicalement de comportement. Alors que deux jours plus tôt, elle mourrait d'envie d'être dans mes bras, là elle dit ne plus m’aimer. Pourtant, elle ne voulait pas me rayer de sa vie m’a-t-elle avoué.
Mais, effondré qu'elle veuille me quitter pour un crime que je n'ai pas commis et dont elle ne peut pas savoir si j'allais un jour le commettre, je lui ai alors dit que maintenant qu'elle avait pris mon coeur, c'était tout ou rien. Parce que je n'aurais pas supporté de la voir partir avec un autre. Et c'est à ce moment précis que ça a commencé à dégénérer. Comme si tout ce qu'on avait vécu n'avait jamais existé, je suis vite devenu l'homme à abattre qui l'a, selon elle, manipulé depuis le début.
Et alors là j'ai compris ce qui n'allait pas.
Je pense bien qu'il s'agit là d'une blessure d'abandon (elle a vécu un simili abandon dans sa jeunesse : se mère a été hospitalisée à plusieurs reprises durant les 3 premières années de la vie d'Audrey, donc très peu présente).
J'ai alors essayé de lui faire lire des articles sur le sujet, conseillé d'aller en parler à un psy, mais elle s'est complètement braquée, ne voulait pas lire les articles car elle était sûre de n'avoir aucun problème, j'étais devenu un fou à lier pour elle. Et j'avais beau lui dire que si elle avait vraiment raison elle n'avait rien à perdre à se renseigner là-dessus, rien à faire, un vrai mur. J'ai demandé des avis sur la situation à des amis sur la communauté, et tous étaient d'accord avec moi, et j'espérais qu'un effet de masse l'aide à prendre conscience de tout ça, mais rien à faire, elle a refusé d’aller voir, elle a déserté la communauté, tourné le dos à tout ce qu'elle aimait, aux gens qu'elle appréciait, avec lesquels elle s'amusait, semblant penser que je les manipulais eux aussi. Elle a eu un comportement excessif, puéril ... mais il serait mal placé de dire qu'elle a été la seule.
J'ai moi aussi eu un comportement excessif, j'ai cherché par tous les moyens à l'amener sur cette piste, dans l'espoir qu'elle comprenne d'où lui venait cette incapacité à vivre une relation sereinement. Comme si ma vie en dépendait.
En fait... si je suis tellement convaincu qu'elle souffre d'abandonnisme, c'est que j'en ai reconnu les symptômes... parce que je les ai moi-même. Je me suis reconnu dans son comportement.
Par chance ou parce qu’à bout de forces, il y a deux ans j’ai fini par accepter le fait que j’avais un problème, et accepté de me faire aider. Même sans savoir vraiment de quoi il s’agissait, j’ai pu y travailler dessus, et commencer à guérir. Mais le fait d’avoir vu ce même problème chez Audrey a tout fait ressurgir.
On était pratiquement identique tous les deux, on se comprenais à demi mot, on ressentait mutuellement des sentiments comme jamais on en avait connu, on avait la même philosophie, les même désirs (et une femme qui ne veut pas d'enfants, c'est rare donc c'est parfait pour moi), les mêmes peurs, et on avait souvent la même idée au même moment. Deux âmes soeurs en somme.
Même si les débuts ont été difficiles, on a fait des progrès incroyables ensemble, en l'espace de deux mois, et les chaud/froids étaient de moins en moins importants, alors que les sentiments grandissaient.
Malheureusement il semble qu'elle ai eu un temps de retard sur moi.
Même si mes angoisses se pointaient, je savais ce que c'était, grâce à ma psy, et j'étais optimiste. Contrairement à elle je n'ai jamais crains qu'elle ne me quitte, car malgré quelques reliquats de mes angoisses passées, j'avais beaucoup pris confiance en moi déjà avant notre rencontre.
Maintenant, avec le recul, je réalise que même si la majeure partie du problème vient d'elle, c'est moi qui ai déclenché la crise.
Voici ce qu'elle m'a dit quand elle a voulu arrêter :
"Bien malgré toi tu m’as poussée à me poser des questions cette dernière semaine et tu m’as mise face à mes responsabilités…
Déjà vendredi dernier, avec ton sujet de dispute (non, rassure toi, tu n’y es pour rien) : je n’ai pas envie d’avoir peur que tu sois attiré par une femme de ton âge, et ça arrivera. Je n’ai pas envie de lutter contre le signe des années qui passent, les rides, la gravité !! Mes peurs sont revenues mais pas pour que je les craigne, juste comme une évidence.
Ensuite, tu as eu l’impression qu’on était en froid au vu du peu d’échanges que nous avions, et en fait, j’ai remarqué que depuis lundi j’arrête pas de bosser alors que j’avais pas tant de boulot que ça, c’est moi qui me suis donnée un surcroit de travail. Le travail est devenu un refuge en quelques sortes, un moyen de fuir.
Ton insistance pour trouver une éventuelle solution afin que nous puissions nous voir durant ces 2 semaines, moi j’étais pas dans cet état d’esprit et c’était pas normal…
Et bien d’autres choses encore qui me poussent à me rendre à l’évidence : je ne pense plus à toi de manière amoureuse. [notez qu'elle me disait souvent qu'on devait essayer de ne pas trop penser à nous amoureusement le temps qu'on est en virtuel, pour ne pas en souffrir disait-elle].
Je prends chaque jour de plus en plus conscience des années qui nous séparent. Je lutte depuis vendredi, je me dis que je suis fatiguée, que c’est le contre coup mais, les jours ont passé et ce sentiment est toujours là et même de plus en plus présent. Je bloque même à l’idée de te redonner mon numéro de téléphone.
Il ne s’agit pas là d’un caprice mais bien d’une décision réfléchie. Je souhaite que nous en restions là. Je n’ai pas envie de te rayer de ma vie mais dans l’immédiat je pense qu’il serait bon que nous respections une certaine distance.
Si je t’en ai parlé aujourd’hui c’est parce que je sais que tu vas être bien entouré ce WE et que tu ne vas pas t’ennuyer.
Libre à toi de ne pas me comprendre, mais je souhaite que tu respectes ma décision. Tu peux me bloquer, faire ce que tu veux…
Mais en tous cas, je ne m’autorise pas le droit de souffler le chaud et le froid et je me suis vue vivre exactement la même chose qu’avec mon ex (toi dans mon rôle) et je ne le souhaite à personne."
Suite à ça je lui ai dit que je ne voulais pas qu'on reste juste amis, parce que ce serait trop dur pour moi, mais comme je ne voulais pas la perdre, j'ai essayé de lui faire comprendre qu'elle souffrait d'une angoisse et que c'est elle qui menait la danse, qu'il faudrait qu'elle voit un psy elle aussi, car ça pourrait l'aider.
Et elle m'a répondu :
"Le fait que tu me quittes pour une plus jeune était un exemple uniquement, pas la raison principale. La raison principale est le fossé générationnel que je ressens chaque jour davantage. Et chaque jour davantage aussi je vois de plus en plus de contraintes à notre relation. J'ai l'esprit occupé, c'est vrai mais j'ai confiance en moi en dépit de ce que tu penses. Les étapes par lesquelles tu es passé m'ont rappelé moi à quelques égards, c'est tout, et le déclic a été tes questions réponses à haute voix dont tu m'as fait part. Bien malgré toi tu m'a forcée à me poser des questions et réfléchir sur le bien fondé de tout ça et tout s'est imposé à moi comme une évidence. Je te remercie pour ces précieux conseils, mais je veux que nous en restions là, en tous cas moi j'en reste là. Nous ne serons pas amis et nous ne nous écrirons plus."
Elle ne me reprochais pas grand chose au final, mais c'est à partir du moment où j'ai dit que je ne voulais pas qu'on reste de simples amis ("c'est tout ou rien") que tout est parti en vrille. Elle ne voulait plus me parler, mais j'ai quand même essayé de l'amener à se renseigner sur les difficultés d'attachement, en gardant mon sang froid, parce que pour moi, ce n'était encore qu'un coup de froid passager (faut savoir que quand elle a voulu tout arrêter, elle venait de faire sa rentrée il y a 3 semaines, qu'elle devait assoir son autorité sur ses nouveaux élèves, et avait un voyage scolaire à organiser quelques jours après qu'elle ai voulu tout stopper.
Malheureusement, j'avais beau lui mettre les articles sous le nez, lui prouver ce que j'avançais, elle s'est complètement braquée, refusais catégoriquement de les lire, et de retourner sur la communauté sur laquelle j'avais demandé des témoignages de gens ayant vécu ça (je précise que je n'ai pas dévoilé qui elle était, on a toujours gardé notre couple secret là bas), j'ai pensé que ces témoignages et ses encouragements lui feraient prendre conscience de ce qu'elle a (car elle se serait franchement reconnue dans l'un d'eux), mais là aussi, elle a refusé d'aller voir et a déserté la communauté, alors qu'elle s'y sentait merveilleusement bien, qu'elle y avait de bon amis et elle s'éclatait. Le dessin était sa nouvelle échappatoire ça lui faisait du bien, elle commençait grâce à ça à ne plus fumer, et elle prenait son pied et évoluais de manière fulgurante quand c'est moi qui lui apprenais.
Elle a tout abandonné sur ce coup de tête. Elle a commencé à se montrer vindicative, incohérente, blessante.
C'est là que j'ai commencé à perdre les pédales et à la harceler pour qu'elle veuille bien se remettre en question, à m'en rendre malade. Vu que la méthode douce ne fonctionnait pas, j'ai décidé d'y aller comme une brute en appuyant là où ça fait mal (ça ne m'a pas amusé), dans l'espoir qu'elle comprenne.
J'ai récupéré son numéro (je l'avais effacé suite à une première séparation (2 jours) mais je l'avais toujours dans l'historique des appels, j'aurais pu le récupérer n'importe quand mais j'ai préféré lui laisser le choix de me le rendre ou non après cette première séparation) pour qu'on ai une explication. Elle était très aigrie, m'a reproché de lui avoir fait mal parce que je l'ai manipulée (???), disait qu'elle ne m'aimait pas, que tout ce qu'elle avait ressenti n'était pas de l'amour (mon oeil) j'essayais de la piéger, pour lui mettre ses contradictions sous le nez (comme "tu me gonfle, je ne t'aime pas" suivi plus tard d'un "tu me laisse complètement indifférente").
Elle perdait les pédales, incapable de me donner de contre-arguments valables. Les seules choses sur lesquelles elle avait raison sont deux de mes défauts : parler d'abord de moi (qu'elle a transformé en "tu ne parles que de toi"), et mes questions sur moi-même (défaut qu'elle possède aussi). Ca me rends malade parce que le premier s'arrangeait petit à petit avec le temps sans que j'en ai conscience, alors que le second, mes séances chez la psy m'avaient beaucoup aidé. Ces questionnements n'apparaissaient qu'en cas de fatigue et j'avais entrepris de réguler mon rythme de sommeil pour être plus en forme.
Mais le fait qu'elle me faisait la remarque sur ce défaut (voir me faisait du chantage (la raison de notre première séparation) à chaque fois qu'il se manifestait n'avait pour effet que de l'amplifier. Ce qui est bête, c'est qu'elle avait tendance à le déclencher d'elle même, en me reprochant de faire des projets pour l'avenir (du moins des esquisses).
Bref voilà, maintenant, elle a complètement coupé les ponts, elle a changé son numéro de téléphone (j'ai beaucoup insisté je dois dire, je sais que c'était une erreur), et je ne connais pas son adresse.
Dans un dernier espoir, j'ai essayé d'envoyer une lettre à ses parents (elle habite chez eux) via un détective privé qui m'a coûté un bras pour leur expliquer la situation, leur donner ma version de l'histoire. Mais ils n'ont même pas accepté la lettre. Audrey a dû leur sortir tout un baratin sur moi pour s'assurer de leur soutien.
Je n'ai plus le choix que de me résigner .
Ca me rends malade, je comprends pourquoi tout ceci est arrivé, mais je suis impuissant. Ma volonté était de lui venir en aide, et voilà que je passe pour le méchant.
Le pire que c'est qu'il y a eu des signes avant coureurs. Elle m'avait dit au début de notre relation qu'elle avait du mal à faire des rencontres parce qu'elle se méfiait des hommes, et m'avait également dit qu'elle savait que si elle venait à prendre peur d'une manière ou d'une autre, elle se réfugierait dans son travail et ferait tout pour se convaincre qu'elle n'a pas besoin de moi. Et c'est exactement ce qui s'est produit.
Je m'en veux de ne pas l'avoir compris plus tôt, mais j'avais déjà pris tellement confiance en mes capacités, tellement confiance en elle que ça ne m'avait pas inquiété. Sa conviction que je le la quitterai, je pensais que ça lui passerais.
Ce que j'en pense, c'est qu'au fond d'elle, elle m'aime, qu'elle a envie de vivre cette histoire, mais le cumul de la reprise du boulot, plus tout le stress provoqué par les peurs qu'elle a réussi à franchir (et elles sont nombreuses : peur de l'avis de ses parents, peur d'assumer ses sentiments, etc. Je sais que c'est éprouvant, ça été pareil pour moi mais j'avais une longueur d'avance).
Je pense qu'on avait tous les deux besoin d'une bonne pause, pour récupérer, mais j'ai craqué, et le fait qu'elle dise qu'elle veuille en rester là alors qu'on avait presque tout franchi ensemble, épuisé, j'ai vu ça comme un abandon de sa part. Ca m'a fait peur, alors j'ai répliqué en lui disant que c'était tout ou rien, sans réfléchir, c'est là qu'à été je pense, ma plus grosse erreur. Erreur qui je pense, l'a mise elle aussi face à ce qu'elle redoutait le plus, que je l'abandonne. Je me souviens encore quand je lui disait : "le jour où je 't'insulterais, c'est que je ne voudrais plus de toi", ce à quoi elle me répondait : "j'aime pas quand tu dis ça : que tu ne voudrais plus de moi".
Donc pour moi, ce "tout ou rien" l'a profondément blessée, elle a dû se sentir rejetée, et je m'en veux de m'être laissé dominé par ma peur, alors que jusqu'ici j'avais bien résisté.
Je pense souvent qu'elle finira par revenir, parce que cette complicité incroyable, gâchée par une phobie, entaché par un ou deux malheureux défauts qui peuvent s'arranger grâce à ma psy, ça me rends dingue. J'ai du mal à croire qu'elle puisse oublier tout ce bonheur et ne pas le regretter. Certes le début était difficile, mais les bons moments (plus fréquents que les mauvais heureusement) étaient tellement intenses, et nous arrivions tellement bien à franchir nos difficultés que ça promettais d'être grandiose. Nous n'avons pu profiter de quelques heures dans le réel en toute sérénité. Nous nous étions seulement embrassés le coin de la bouche, caressés, pris dans les bras, mais rien que ça, c'était déjà fantastique, ces quelques heures ont été les plus belles de mon existence, comme pour elle.
On ne devait pas se revoir avant fin octobre à cause de son boulot. Nous n'avons rien eu le temps de faire, et elle a tout plaqué avant même d'avoir vraiment "consommé" notre amour. Et le fait qu'elle ai rompu derrière un écran, en préparant son coup à l'avance en me demandant de ne pas lui écrire de la journée pour avoir le courage de le faire et ne pas subir, c'est ignoble. Je suis certain qu'elle m'aurait eu en face, elle aurait fondu dans mes bras.
Mais maintenant que je suis contraint d'accepter ce silence radio, et qu'il n'y a qu'elle qui peut me recontacter, je suis dans le doute, j'ai peur qu'elle refuse d'admettre ses erreurs, c'est pour ça que des avis extérieurs me feraient du bien.
A votre avis, vous pensez qu'elle reviendra ?
Elle est consciente de ses travers, et ici ils se sont manifestés de manière exacerbée et ont foutu en l'air une histoire prometteuse... j'espère qu'elle regrettera son geste, et qu'elle acceptera de se donner une seconde chance. Car malgré le fait qu'elle me dise que que c'est réfléchis, il ne fait aucun doute que sa décision est biaisée par ses angoisses.
Pardon pour ce pavé monstrueux, j'espère que tout est clair.