- 31 janv. 2014, 12:54
#829091
J’ai longuement hésité à écrire mon histoire, et puis, je me suis dit que ça ne pourrait que me faire du bien de de la partager. Je suis restée un an et huit mois avec cette personne. C'était mon premier vrai copain. J’ai 23 ans et lui 25.
C’est drôle car je me souviens que dès les premières semaines de notre relation, au moment où je me demandais encore ce que je foutais avec lui, je sentais déjà que malgré tout si cette histoire venait à se terminer, ça me ferait mal, très mal. Parfois, je me dis que j’aurais dû me protéger et ne pas me lancer dans ce genre de relation. Mais en même temps je n’aurais jamais su ce que c’était d’aimer véritablement quelqu’un, au point de donner tout ce qu’on peut donner, et parfois sans retour.
Je mentirais si je disais qu’il n’y a pas eu de bons moments, qu’il n’y a pas eu d’amour, qu’il n’y a pas eu de tendresse ni de projets. Non, je ne peux pas dire ça. Nous avons passé une merveilleuse première année. Si belle que j’ai vraiment cru que c’était lui : ses promesses, nos projets, nos moments, etc. Il était très attaché à la religion, et la pratiquait parfois un peu à l’extrême à mon goût (je suis athée) mais je suis quelqu’un de tolérant et je pense que dans ce genre de sujet, on a chacun sa façon d’aborder les choses. Bref, tout allait pour le mieux. On était devenu des membres à part entière dans la famille de l’un et l’autre. Un vrai petit conte de fée.
Et puis la chute, du jour au lendemain. Il s’éloignait. Je ne comprenais pas mais je le sentais. Je le sentais partir. Quand on était ensemble, c’était génial, de super moments. Quand on ne se voyait pas – pendant la semaine – c’était nul. Plus de messages, plus d’attentions, plus de projets. J’étais déroutée. Qu’est-ce que j’avais fait de mal ? Est-ce qu’il ne m’aimait plus ? Ça a duré deux-trois mois comme ça. Et malgré tout, toujours pas d’explications. « Ce n’est pas toi, c’est moi. Parfois, je me pose des questions mais toi, tu es parfaite. Bien sûr que je t’aime ». Et puis un jour, après une énième tentative pour comprendre ce qu’il pensait, le mot est tombé. « Je me pose des questions sur ma vocation. Quand je suis avec toi, je me sens bien, je sais que je t’aime, que j’ai envie d’être avec toi. Quand tu n’es pas là, mes questions reviennent et je ne pense plus forcément à toi ». Par vocation, j’entends « suis-je amené à devenir prêtre ». Ah oui, ça peut paraître bizarre, mais comme quoi ça arrive. Je crois que ce jour-là je me suis pris la gifle de ma vie.
On s’est quitté une première fois car ce n’est plus vivable pour nous deux. Pour moi qui voyais mon petit monde s’effondrer, et pour lui qui était perdu au milieu du sien. Quelques jours plus tard, il revenait, et me promettait qu’il était sûr cette fois-ci, c’est avec moi qu’il voulait construire quelque chose, et il était sûr que la prêtrise n’était pas pour lui. Comment ne pas lui faire confiance ? Je l’aimais.
Les premiers temps, tout semblait changer. Il était là, semblait redevenir l’homme dont j’étais tombée amoureuse : attentionné, drôle, généreux et aimant. Mais l’illusion n’a pas duré, et nous sommes retombés rapidement dans la même boucle qu’auparavant : quand on est ensemble, tout va bien, quand on ne l’est plus, rien ne va plus. J’ai perdu du poids, ma joie de vivre, les gens me trouvaient triste, je suis devenue parano, je l’étouffais. Bref, je n’étais plus moi. Mais lui s’en foutait. Il vivait sa vie et ne souciait pas vraiment de ce que je ressentais. Plusieurs fois, j’ai essayé de lui dire, mais c’était toujours la même chose : « Mais non, tu te fais des films, tout va bien, je suis bien avec toi ». Je vivais mal toute cette situation mais je n’avais pas le courage de partir. Puisqu’il disait que tout allait bien pourquoi ne pas le croire ?
Cette situation a duré jusqu’à une réflexion de trop. On était en vacances ensemble en Espagne et je sentais que ça n'allait pas. Je l’ai mis une fois de plus face à nos problèmes et cette fois-ci, il a craqué et m’a avoué qu’il ne savait plus où il en était : ses sentiments pour moi, sa vocation, sa vie. Notre relation était clairement remise en question, et j’ai compris à ce moment-là que c’est terminé, mais que ça l’était déjà depuis longtemps. On est rentré en France et on s'est séparé.
Qui est le plus lâche ? Lui qui n’a pas eu le courage de partir pour réfléchir et faire ses choix tout en prenant le risque de me perdre. Moi qui n’ai pas eu le courage de partir pour le laisser réfléchir et me protéger tout en prenant aussi le risque de le perdre ? Je ne sais pas. Je me pose souvent la question. Je crois que son questionnement sur sa foi et sur son chemin de vie nous a éloigné petit à petit jusqu’à atténuer nos sentiments. Bien sûr à la fin, il y en avait encore mais ce n’était plus la même chose. Pour ma part, j’avais une certaine rancœur envers lui car j’avais l’impression qu’il avait joué avec moi, qu’il était revenu après notre première rupture en me faisant croire qu’il était sûr de lui alors qu’il ne l’était pas. Je pense que j’étais devenue de trop dans sa vie et que tant que j’étais là, il n’arriverait pas à avancer et à se poser les bonnes questions.
Cinq mois plus tard, voilà l’analyse que j’en fais. Une belle histoire peut-être inachevée. Mais c’est un mal pour un bien. Je suis triste encore parfois quand je pense à ce qu’on s’était promis, à tous ces moments qu’on avait pensé et qu’on ne vivra pas, et pour le reste. Mais je sais aussi qu’il est bien plus heureux sans moi, car il peut maintenant poursuivre son questionnement sans m’avoir dans les pattes entre guillemets. Et moi, je sais qu’il ne me rendait plus heureuse depuis longtemps, donc c’est mieux comme ça.
Malgré tout, je n’arrive pas à passer à autre chose. J’ai beau savoir que c’est mieux, j’y pense encore trop souvent, et ça me bloque dans pas mal de choses. On a pas vraiment de contact. C’est ponctuel. La dernière fois c’était parce que je devais lui renvoyer des affaires. On se voit à quelques soirées ou on se croise dans la rue mais clairement il ne m’adresse pas ou peu la parole. C’est comme si on ne s’était jamais connu. J’ai su par des amis qu’il poursuivait son questionnement de vocation et que visiblement il était vraiment à fond.
Combien de temps met-on pour « oublier » et arriver à tourner la page une bonne fois pour toute ?
C’est drôle car je me souviens que dès les premières semaines de notre relation, au moment où je me demandais encore ce que je foutais avec lui, je sentais déjà que malgré tout si cette histoire venait à se terminer, ça me ferait mal, très mal. Parfois, je me dis que j’aurais dû me protéger et ne pas me lancer dans ce genre de relation. Mais en même temps je n’aurais jamais su ce que c’était d’aimer véritablement quelqu’un, au point de donner tout ce qu’on peut donner, et parfois sans retour.
Je mentirais si je disais qu’il n’y a pas eu de bons moments, qu’il n’y a pas eu d’amour, qu’il n’y a pas eu de tendresse ni de projets. Non, je ne peux pas dire ça. Nous avons passé une merveilleuse première année. Si belle que j’ai vraiment cru que c’était lui : ses promesses, nos projets, nos moments, etc. Il était très attaché à la religion, et la pratiquait parfois un peu à l’extrême à mon goût (je suis athée) mais je suis quelqu’un de tolérant et je pense que dans ce genre de sujet, on a chacun sa façon d’aborder les choses. Bref, tout allait pour le mieux. On était devenu des membres à part entière dans la famille de l’un et l’autre. Un vrai petit conte de fée.
Et puis la chute, du jour au lendemain. Il s’éloignait. Je ne comprenais pas mais je le sentais. Je le sentais partir. Quand on était ensemble, c’était génial, de super moments. Quand on ne se voyait pas – pendant la semaine – c’était nul. Plus de messages, plus d’attentions, plus de projets. J’étais déroutée. Qu’est-ce que j’avais fait de mal ? Est-ce qu’il ne m’aimait plus ? Ça a duré deux-trois mois comme ça. Et malgré tout, toujours pas d’explications. « Ce n’est pas toi, c’est moi. Parfois, je me pose des questions mais toi, tu es parfaite. Bien sûr que je t’aime ». Et puis un jour, après une énième tentative pour comprendre ce qu’il pensait, le mot est tombé. « Je me pose des questions sur ma vocation. Quand je suis avec toi, je me sens bien, je sais que je t’aime, que j’ai envie d’être avec toi. Quand tu n’es pas là, mes questions reviennent et je ne pense plus forcément à toi ». Par vocation, j’entends « suis-je amené à devenir prêtre ». Ah oui, ça peut paraître bizarre, mais comme quoi ça arrive. Je crois que ce jour-là je me suis pris la gifle de ma vie.
On s’est quitté une première fois car ce n’est plus vivable pour nous deux. Pour moi qui voyais mon petit monde s’effondrer, et pour lui qui était perdu au milieu du sien. Quelques jours plus tard, il revenait, et me promettait qu’il était sûr cette fois-ci, c’est avec moi qu’il voulait construire quelque chose, et il était sûr que la prêtrise n’était pas pour lui. Comment ne pas lui faire confiance ? Je l’aimais.
Les premiers temps, tout semblait changer. Il était là, semblait redevenir l’homme dont j’étais tombée amoureuse : attentionné, drôle, généreux et aimant. Mais l’illusion n’a pas duré, et nous sommes retombés rapidement dans la même boucle qu’auparavant : quand on est ensemble, tout va bien, quand on ne l’est plus, rien ne va plus. J’ai perdu du poids, ma joie de vivre, les gens me trouvaient triste, je suis devenue parano, je l’étouffais. Bref, je n’étais plus moi. Mais lui s’en foutait. Il vivait sa vie et ne souciait pas vraiment de ce que je ressentais. Plusieurs fois, j’ai essayé de lui dire, mais c’était toujours la même chose : « Mais non, tu te fais des films, tout va bien, je suis bien avec toi ». Je vivais mal toute cette situation mais je n’avais pas le courage de partir. Puisqu’il disait que tout allait bien pourquoi ne pas le croire ?
Cette situation a duré jusqu’à une réflexion de trop. On était en vacances ensemble en Espagne et je sentais que ça n'allait pas. Je l’ai mis une fois de plus face à nos problèmes et cette fois-ci, il a craqué et m’a avoué qu’il ne savait plus où il en était : ses sentiments pour moi, sa vocation, sa vie. Notre relation était clairement remise en question, et j’ai compris à ce moment-là que c’est terminé, mais que ça l’était déjà depuis longtemps. On est rentré en France et on s'est séparé.
Qui est le plus lâche ? Lui qui n’a pas eu le courage de partir pour réfléchir et faire ses choix tout en prenant le risque de me perdre. Moi qui n’ai pas eu le courage de partir pour le laisser réfléchir et me protéger tout en prenant aussi le risque de le perdre ? Je ne sais pas. Je me pose souvent la question. Je crois que son questionnement sur sa foi et sur son chemin de vie nous a éloigné petit à petit jusqu’à atténuer nos sentiments. Bien sûr à la fin, il y en avait encore mais ce n’était plus la même chose. Pour ma part, j’avais une certaine rancœur envers lui car j’avais l’impression qu’il avait joué avec moi, qu’il était revenu après notre première rupture en me faisant croire qu’il était sûr de lui alors qu’il ne l’était pas. Je pense que j’étais devenue de trop dans sa vie et que tant que j’étais là, il n’arriverait pas à avancer et à se poser les bonnes questions.
Cinq mois plus tard, voilà l’analyse que j’en fais. Une belle histoire peut-être inachevée. Mais c’est un mal pour un bien. Je suis triste encore parfois quand je pense à ce qu’on s’était promis, à tous ces moments qu’on avait pensé et qu’on ne vivra pas, et pour le reste. Mais je sais aussi qu’il est bien plus heureux sans moi, car il peut maintenant poursuivre son questionnement sans m’avoir dans les pattes entre guillemets. Et moi, je sais qu’il ne me rendait plus heureuse depuis longtemps, donc c’est mieux comme ça.
Malgré tout, je n’arrive pas à passer à autre chose. J’ai beau savoir que c’est mieux, j’y pense encore trop souvent, et ça me bloque dans pas mal de choses. On a pas vraiment de contact. C’est ponctuel. La dernière fois c’était parce que je devais lui renvoyer des affaires. On se voit à quelques soirées ou on se croise dans la rue mais clairement il ne m’adresse pas ou peu la parole. C’est comme si on ne s’était jamais connu. J’ai su par des amis qu’il poursuivait son questionnement de vocation et que visiblement il était vraiment à fond.
Combien de temps met-on pour « oublier » et arriver à tourner la page une bonne fois pour toute ?
Modifié en dernier par Tructructructruc le 31 janv. 2014, 15:30, modifié 1 fois.