- 26 juin 2013, 00:23
#694565
Bonjour,
Voici donc mon histoire… Un long roman, mais j’espère que celui-ci sera éclairant pour pouvoir m’aider à recoller les morceaux de mon histoire qui a volé en éclat le 1er juin dernier.
Voir quelques messages plus bas pour ce qui voudraient une version courte.
On est en 2005. Je travaille depuis maintenant 5 ans. Je suis rentrée dans le train-train auto-boulot-dodo. J’évolue depuis le lycée dans un univers scientifique et technique majoritairement masculin, mais je n’arrive pas à me projeter dans une quelconque histoire avec un homme dans cet univers. L’homme qui partagera ma vie je l’imagine artiste. Comme un idéal que de toute évidence je ne rencontrerai pas dans la vraie vie. Je décide alors de m’inscrire sur un site de rencontre. Et dans le même temps, je décide d’acheter un appartement sur plan qui sera livré un an plus tard en 2006. Avec mon budget j’ai ciblé les communes autour de ma ville actuelle.
Je rencontre un premier homme, qui se sera l’histoire que d’un soir. J’avais tellement eu l’impression de toucher du doigt mon idéal, qu’à la suite de cette aventure, je suis tombée dans la spirale du harcèlement. Je l’appelais sans cesse. J’étais branché sans cesse sur son site internet, et c’est comme ça que j’ai découvert la femme qui partageait alors sa vie, et je l’ai harcelée elle aussi. Lui et elle ont porté plainte contre moi tour à tour. Je suis passée par la case gendarmerie, puis justice. Devant un délégué de parquet qui m’a juste fait un rappel à la loi, et mon casier judiciaire est donc resté vierge.
Entre temps, j’ai bien rencontré d’autres hommes toujours via ce site de rencontre, mais ça ne passait jamais au-delà de la première rencontre, et aucun ne trouvait grâce à mes yeux. Et puis un jour je tombe sur la fiche de C. Il se présente comme un écrivain. On se rencontre alors très rapidement. C’était le 19 juin 2005. Au premier coup d’œil, ce n’est pas vraiment le coup de foudre, pour ne pas dire la déception. Mais finalement le rendez-vous se passe bien, très bien, il me propose de venir boire un thé chez lui pour finir l’après-midi. Là s’est passé ce qui devait se passer, et puis ce jour nous ne nous sommes (étions) quasiment plus quittés.
Il est arrivé dans notre ville après le lycée, qu’il a fait des études de philosophie, il baigne dans le milieu associatif, il écrit mais n’a jamais été édité. A 32 ans, il ne gagne pas sa vie, il n’a jamais travaillé même pour un boulot alimentaire. En fait l’appart qu’il habite appartient à ses parents, et ils lui versent une pension alimentaire chaque mois. Il vit malgré tout chichement, il n’a pas de voiture, n’a jamais passé le permis de conduire, et il semble même braqué contre cette idée. Malgré tout au moment où je le rencontre, il finit une année universitaire, ses parents lui ont offert cette nouvelle opportunité, des études de management des entreprises. Là j’en déduis (mais là peut-être ai-je pensé avec mon schéma personnel) que ses parents espéraient le voir enfin rentrer dans le monde du travail.
Pendant quelques mois, donc nous faisons des navettes entre son appartement au centre-ville et le mien dans un autre quartier de la ville. Il vient chez moi ou retourne chez lui à vélo. Enfin, l’appartement que j’avais acheté un an auparavant est livré. C’en suit donc une période d’aller-retour entre son appartement en centre-ville, et mon nouvel appartement dans cette commune à une dizaine de kilomètres. Là je prends les choses en main. A vélo c’est plus aussi gérable au quotidien, je prends donc les choses en main, et les soirs où nous décidons de dormir chez moi, je passe le chercher après mon boulot, et je le redépose avant d’y retourner le matin. Là, je découvre qu’il découvre ce phénomène des embouteillages du matin à la périphérie des villes. Clairement il est déconnecté de la vraie vie.
Certes, déjà à ce niveau, vous pouvez penser que nous formions un couple atypique. Mais notre couple fonctionnait parfaitement. J’aimais sa douceur, sa conversation, et je voyais en lui le père idéal pour mes futurs enfants. Malgré tout, il n’y avait jamais aucune discussion sur l’avenir. Sur un chez nous commun. Sur nos envies respectives d’enfants.
Toujours en 2007, fatigué des lettres de refus des maisons d’édition, C. décide alors de crée sa propre maison d’édition, sous le statut d’auto-entrepreneur. Il s’autoéditera donc, et il éditera d’autres auteurs, étant entendu que les aspects financiers sont secondaires dans son discours. Il œuvre avant tout pour les belles lettres, pour la satisfaction de voir naitre un objet culturel et non pour en vivre.
Alors un jour de 2007, je lui ai annoncé que j’arrêtais la pilule, et c’est passé comme ça, sans autre discussion, et rapidement, je suis tombée enceinte. Là plus question de continuer cette vie avec deux chez nous. S’offrait alors à nous plusieurs options : 1 – habiter mon appartement, mais il n’y avait qu’une seule chambre, et je ne sentais pas C. très enclin à venir vivre dans une commune certes bien équipée mais selon lui trop loin de tout et surtout de notre ville. 2 – habiter son appartement, mais je n’aimais pas cet appartement pour plusieurs raisons, c’était du très ancien, tout en enfilade pas très bien conçu à mon avis pour y faire une chambre d’enfant, et puis vivre au crochet de mes beaux-parents n’était pas une idée qui me réjouissait. 3 – vendre mon appartement pour en acheter un plus grand. C’est ce que nous avons commencé à faire, mais très vite, mon budget n’était clairement pas compatible avec le prix pratiqué dans la ville, et je ne le sentais pas très enthousiaste à l’idée passer la rocade. C’est alors que ces parents sont entrés en jeu, ils m’ont convaincu que vendre cet appartement que je venais d’acheter était une erreur, et pour préserver le mode de vie de C. ils ont décidé d’acheter un appartement pour nous. J’étais plutôt mal à l’aise avec ça. Mais j’ai fini par acceptée, persuadée que cette option serait provisoire, le temps que C. réalise qu’il allait devenir père qu’il lui faudrait revoir certaines priorités dans sa vie (gagner sa vie, passer son permis de conduire) et faire quelques concessions. Nous trouvons donc un compromis à ma demande : je mets mon appartement en location, et je leur reverse le loyer que je perçois.
Ma grossesse se déroule à merveille, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nous entrons dans ce nouvel appartement, un T3/4 de 70m2, nous y apportons quelques menus travaux de déco, deux chambres, une pour notre fille à naitre, une pour nous, et une pièce de vie amputée de quelques mètres carrés pour y glisser le bureau de C. Jamais au cours de ma grossesse ne sera évoquée la question du futur mode garde pour notre fille, aucune démarche n’est entamée que ce soit vers une nounou ou une crèche. Tacitement, j’en déduis que C. voudra mener de front et son auto-entreprise et son rôle de papa au foyer. Lorsque j’accouche en aout 2008, une trisomie 21 surprise est diagnostiquée sur notre fille. Finalement, au quotidien, cela ne remet rien en cause, C. sera le papa au foyer attentif que j’imaginais. Nous coulons des jours heureux.
En 2010, je tombe à nouveau enceinte (pour être franche, le sujet n’avait pas été abordé, on va dire que j’ai volontairement joué avec le feu en prenant ma pilule de façon anarchique, ne voulant pas une trop grande différence d’âge avec notre fille ainée). Mais cette grossesse était malgré tout une bonne nouvelle. Tout au long de celle-ci j’avais une idée qui commençait à faire son chemin : déménager. J’avais envie d’offrir une chambre à chacun de mes enfants. J’avais envie de quitter cet appartement que j’avais accepté tacitement en 2008 en pensant que ça serait du provisoire. J’avais envie de créer notre cocon rien qu’à nous, sans que la belle-famille n’ait d’influence. J’avais envie de prévoir cet investissement pour à terme ne plus avoir de loyer à payer et ainsi pouvoir aider ma mère qui aura peut-être besoin d’un coup de main financier pour ses vieux jours. Mais je n’abordais jamais le sujet ouvertement, persuadée que cette question, est une question qui arriverait fatalement sur la table. Cette envie s’est encore accrue lorsqu’à partir du mois de septembre 2010, je me suis retrouvée mise en arrêt prématurément à six de grossesse pour une suspicion de retard de croissance pour le bébé. Alors à l’appartement en continu, je me retrouvais obligée de cohabiter la journée avec la stagiaire qui travaillait alors avec C. Le bureau, coincé au beau milieu de notre petite pièce de vie, entre la partie salle et la cuisine, et les allers et venues au poste internet dans le salon, me bloquait. Je m’étais aussi découvert une soudaine passion pour la couture, mais je ne pouvais assouvir cette passion en journée. J’étais frustrée.
Au mois de novembre 2010, alors enceinte de 8 mois, au cours d’une promenade dans le quartier avec C. qui poussait la poussette de notre grande fille, nous avons pour la première fois de notre vie évoqué la question du nombre d’enfant que nous désirions. Et nous sommes tombés naturellement d’accord sur le chiffre 3. J’ai alors saisi cette perche pour glisser mon envie de déménager : « oui, mais là il faudrait que l’on déménage » et là il me répond « pas nécessairement ». Mon univers s’est alors écroulé. Je me suis demandé qu’est-ce qui pourrait le faire déménager, si même l’hypothèse d’un troisième enfant ne prenait pas. Comment pouvait-il ainsi mettre en dessus de tout son mode vie citadin, quitte à reléguer trois enfants dans une chambre de 10m2 ! Ça a été le tournant de notre histoire.
J’ai accouché en décembre 2010 de notre seconde fille. Les premiers mois, ça allait plutôt bien. Enfin comme un couple fatigué par l’arrivée d’un second bébé, sachant que notre fille ainée alors âgée de 2 ans ½ n’avait pas l’autonomie d’une petite fille de cet âge.
En avril 2011, mon congé maternité prenait fin. J’ai donc repris le chemin du travail. Là à mon retour, j’ai appris que j’avais été changé de projet. Il existait à mon départ des remous dans l’organisation, remous que j’espérais aplanis à mon retour après huit mois d’absence. Mais ça n’était pas le cas (vive les multinationales et leur lenteur). J’ai eu beaucoup de mal à me remettre dans le travail. Je ne me sentais pas à ma place dans ce projet, et j’ai commencé une longue descente. Je pensais encore à ce projet de maison, me disant que si on lançait ce projet, je trouverais un sens à mon travail. Mais je n’avais même pas ça. Les tensions sont allées grandissantes. Je pétais un câble de plus en plus souvent. Je mettais de plus en plus la pression à C. quant à ce déménagement. J’en voulais de plus en plus à sa famille de l’avoir ainsi couvé en dehors des réalités de la vie.
Il a alors émis l’idée d’aller voir une psy. Il l’a choisi au hasard dans l’annuaire. Nous y sommes allés, mais là ça a été ma fête. En gros, je suis un mouton de la société de consommation qui veut sa petite maison comme tout le monde (pour info, je n’ai jamais vécu en maison, ça n’a jamais été une fin en soi pour moi, mais cette option me semblait la plus facile pour pouvoir y aménager l’espace de travail de C. indépendant de notre espace de vie, sachant que lui ne voulait pas entendre parler d’une solution alternative, qui aurait été un appartement de famille que j’achèterais et à proximité, un studio que ses parents achèteraient pour son espace professionnel), je suis rongée par mes préconçus judéo-chrétiens (il faut porter sa croix, la vie ne doit pas être facile), je n’ai rien à dire quant au mode de fonctionnement de ma belle-famille, et moi faut que j’arrête de penser qu’il faudra peut-être un jour subvenir au besoin de ma mère. Bref, je suis sortie de là anéantie, et je n’ai pas voulu y remettre les pieds.
Les tensions continuaient, jusqu’à ce mois de septembre 2011, où j’ai complètement craqué, il a appelé un ami pour me conduire au CHU, puis chez mon médecin. J’ai eu droit à des antidépresseurs, et à un mois et demi d’arrêt de travail pour dépression. Mon médecin m’a aussi aiguillé vers une psy, chez qui nous sommes allés ensemble. Là elle a compris que l’argent était un fossé entre nous. Elle a émis l’idée de la mise en place d’un compte joint, mais lui ne voulait pas. « Cette dame elle est bien gentille, mais ce qu’elle nous donne ce sont des pistes qu’on n’est pas obligés de suivre ». Les rendez-vous suivant seule avec elle ont tournés court, je sentais chez elle une approbation de mes projets, comme si mes projets étaient le bon sens, et que je n’avais nullement besoin d’une psychothérapie pour un projet qui est somme toute naturel chez les couples normaux. A mon retour au travail, nouvelle réorganisation, changement de chef, et ma nouvelle chef préconise un bilan de compétences.
J’ai donc suivi ce bilan de compétences au cours de l’année 2012. Bien entendu, le pendant personnel a eu aussi sa place dans ce bilan. On a trouvé chez moi un profil artistique (tiens donc !) mais contrebalancé par un profil très rationnel. Et en gros, on conseille aux personnes comme moi de s’épanouir et dans le travail et dans les loisirs pour trouver un équilibre. C’est déjà ce que je faisais ! La couture avait pris une place de plus en plus importante dans ma vie. Je cousais à la maison (sur un plan de travail coincé comme on peut dans notre pièce de vie déjà bien réduite par le bureau de C.), et je passais mes journées de désœuvrement au travail à surfer sur les blogs de couture, enviant ces femmes qui montaient leur entreprise suite à une naissance, mais sans doute parce qu’elles pouvaient se reposer en partie sur le salaire de leur mari. Le bilan de ce bilan était que je pouvais me réorienter vers les métiers du web, mais alors sacrifier une bonne partie de mon salaire, et ça je ne pouvais m’y résoudre, vu que j’étais la seule à faire chauffer la marmite, et que C. ne voulait pas se remettre en question pour étudier la possibilité d’un rééquilibrage entre nous. Il me disait que j’étais une grande fille, que si je le voulais changer de bout c’était mon problème et que perdre 500€ par mois n’était pas un problème. Là j’ai vite fait le calcul, déjà que sa mère me prenait le choux en affirmant que j’étais une enfant gâtée qui devrait se contenter de ce qu’elle a, que les filles n’avaient nullement besoin d’une chambre chacune, qu’elles avaient déjà un beau jardin (on n’a pas la même définition, ce qu’elle appelle un « jardin » est une terrasse), etc… j’ai décidé d’arrêter de leur payer le loyer de 460€, et je l’ai avertie par sms de ma décision.
Fin 2012, après encore d’autres tentatives pour le pousser à accepter ce compromis de déménagement (en arguant qu’on chercherait un endroit proche des écoles, bien desservi par les bus, qu’il pourrait continuer à travailler pour son entreprise même si elle ne lui rapportait pas grand-chose, en allant toute seule voir un constructeur pour m’assurer de la faisabilité du projet, etc…), il a fini par me promettre d’y réfléchir en 2013, mais que là en 2012, c’était pas possible, qu’il était fatigué, qu’il n’avait pas ni l’énergie ni le temps pour déménager, que nos disputes sur le sujet lui pompait aussi du temps et de l’énergie, qu’il était en train de poser des jalons professionnels qui porteraient leur fruit en 2013 (mais je n’ai jamais su de quels jalons il parlait). Je disais que ce temps perdu à se disputer aurait pu être mis à profit à se poser, à se questionner sur la question du où ? quelle commune aurait pu trouver grâce à ses yeux, quelle commune non. « Est-ce que je t’ai déjà déçu, est-ce que je n’ai pas tenu mes promesses jusque là, si je te dis 2013, c’est 2013 ? » Alors j’ai calmé le jeu, jusqu’à la fin de l’année 2012, et l’harmonie est revenue.
Début 2013, par contre, j’ai lancé le projet. J’ai commencé par mettre en vente mon appartement dès le début du mois de janvier, sachant pertinemment que tant que cet appartement ne serait pas vendu, de toute façon rien ne pouvait être lancé, mais qu’on aurait pu enfin aborder cette question du où ? Et là ça a été l’escalade. Je l’ai senti de plus en plus fragile, de plus en plus irascible même avec les filles, lui qui était pourtant un papa doux et attentionné, son visage était décomposé, on lisait la haine sur lui. Il m’a appris qu’il lui arrivait de s’effondrer comme si son corps lâchait de trop de pression. J’ai aussi appris que sa maison d’édition marchait encore plus mal qu’en 2012, sans doute parce qu’il n’arrivait pas à se concentrer. Mais ça je l’ai su après, parce que pour s’entretenir de la bonne ou mauvaise santé de son entreprise, il préférait en parler avec son père.
Un jour en déposant ma petite à la crèche, il remarque un panneau avec les coordonnées d’une association pour le maman blues. Il prend contact avec cette association ainsi qu’une autre association domicilié au même endroit mais spécialisé dans l’échange, la parole. Il rencontre là un psy (retraité bénévole) et le soir il me raconte que je devrais prendre contact avec lui. Je suis sceptique, je n’ai pas voulu entendre la psy n°1, lui n’a pas voulu entendre la psy n°2, mais bon j’y vais quand même. On va ensemble à ce rendez-vous, on me donne longuement la parole pour présenter ma version de l’histoire. Et là encore, ce monsieur abonde dans mon sens, légitime mes envies/besoins, et cherche un terrain d’entente entre nous deux, moi calmer mes colère et lui accepter l’idée d’un changement. A la sortie même topo que pour la psy n°2 « Ce monsieur il est bien gentille, mais ce qu’il nous donne ce sont des pistes qu’on n’est pas obligés de suivre ». Et il me dit en avoir marre de m’entendre toujours ressasser les mêmes sujets déménagement, sa famille, son boulot que je discrédite, etc…
Mi-mai, à nouveau il m’annonce avoir été voir quelqu’un, une conseillère conjugale que je vais devoir rencontrer. Au téléphone, je fais part à cette dame de mes doutes, que j’ai l’impression qu’il est à la recherche de la personne qui l’approuvera lui et pas moi… Mais j’y vais quand même, toute seule pour mon premier rdv, re-état des lieux, la dame me dit m’avoir entendu, et rendez-vous est pris à 3 pour le 7 juin. Mais clairement, son discours a changé, il évoque la séparation, mais je ne veux pas l’entendre, je veux croire que cette nième tierce personne pourra nous rapprocher.
Le 18 mai (mais je n’arrive pas à me refaire l’agenda dans ma tête, et je ne sais pas si ce rdv avec cette conseillère conjugale correspond à avant ou après ce week-end du 18 mai), il part seul à l’anniversaire d’un vieux pote qu’il n’a pas vu depuis des lustres. J’ai refusé d’y aller suite à une nième dispute, du coup il y va tout seul. J’apprendrais après que ce week-end entre vieux potes la revigoré, il a réussi lui le taiseux à se confier, à parler de son couple qui va mal, et qu’il s’est alors discrètement rapproché de la sœur de son pote, présente à cette soirée. A son retour, il est effectivement mieux, son visage n’est plus tiré, je mets ça sur le compte de cette soirée. Je me remets en mode gentille petite femme, je reprépare des petits plats le soir… je retente aussi un rapprochement physique, mais là il se répond pas favorablement à mes ardeurs. Qu’importe ça reviendra je me dis.
Dernière semaine de mai, il m’apprend qu’il ira à un festival du livre à une centaine de kilomètres de là à la fin de la semaine. Départ le samedi 1er juin, retour le lundi 3 juin. Ça m’embête un peu pour le lundi, je vais devoir faire une petite journée au boulot pour assurer l’école, la crèche, mais là encore, je me dis que c’est pour la bonne cause, qu’il va revoir aussi des potes dans cette autre ville, qu’il en a besoin en ce moment. Mais bon, ces idées de séparation planent encore, mais je ne veux pas y croire.
Le samedi donc il part. Avant son départ il évoque encore la séparation, je pleure. Il me touche l’épaule et alors je le repousse en lui disant que je ne veux pas de geste de tendresse, si ne m’aime plus, que moi je l’aime, et il me répond « c’est notre relation que je n’aime plus ». Après une heure ou deux, je le rappelle en pleurs. Il est fuyant au téléphone, il m’annonce qu’il n’est pas seul qu’il ne sera pas joignable ce week-end. Là je suppose qu’il voit des copains. En fin d’après-midi, je décide conformément à mon engagement de poster la newsletter pour son site internet. Je profite de l’occasion pour l’appeler sous le prétexte de lui demander quelle illustration il souhaite pour cette newsletter. Répondeur. Je poste donc avec une illustration que je choisis, et je le rappelle pour lui dire ce que j’ai choisi. Répondeur. Là l’envie d’aller voir ces mails a été plus forte que moi, il mémorise toujours ses mots de passe pour ne pas avoir à les retaper. J’entre donc dans sa messagerie, à la recherche d’un mail qu’il aurait pu envoyer à un pote, à un frère, à sa mère ? Je voulais savoir ce qu’il pouvait raconter de nous. Mais en fait de trouvaille, je découvre un mail de réservation pour une chambre d’hôtel, deux nuits, dans une autre ville que celle où je le croyais parti pour ce salon du livre, pour deux personnes et le mot de passe « sophie » (j’ai changé le prénom). Là mon sang ne fait qu’un tour, je ne connais de pas « sophie » et pas de trace dans les autres mails. Je vais alors voir une seconde messagerie, puis une troisième et là le coup de grâce. Je découvre alors qu’il a eu une aventure discrète avec elle à ce week-end anniversaire. Son nom de famille me fait réaliser que ce doit être la sœur de celui qui fêtait ses 40 ans. Qu’il a tenté de la recontacter après, et qu’elle a répondu favorablement à sa demande, et qu’ils ont programmée cette petite escapade à deux. Elle habite à 700km, ils ont donc choisi un point de chute à mi-distance pour chacun. Je suis anéantie.
J’appelle une amie qui me conseille de l’appeler pour lui proposer de venir le rejoindre avec les filles le dimanche dans la ville où il est censé être. Mais bien sûr répondeur. J’entame des recherches sur google avec les nom et prénom de cette « sophie » et je découvre alors son métier, orthophoniste (ça me blesse tellement étant donné que notre fille ainée est suivi depuis l’âge de 6 mois par une orthophoniste dans le cadre de la prise en charge de la trisomie), son âge (31 ans, j’en ai 37 et lui 40). Je n’arrive pas à trouver le sommeil, alors je tente le numéro de téléphone que j’ai trouvé sur google. Pas de doute, c’est sa messagerie, elle n’a pas changé de numéro depuis. Le dimanche je passe mon temps à les appeler, à appeler l’hôtel pour qu’il me passe leur chambre. Ils ne décrochent jamais. J’ai la rage, la tristesse chevillés aux tripes. Je m’en veux de ne pas avoir été à cet anniversaire, je me refais le film.
Le lundi, je dois assurer pour les filles, le boulot. J’arrive en larmes à l’école, en larmes à la crèche. C’est tout mon univers qui s’écroule. Je réalise que c’est la fin de l’année, que je ne sais pas de quoi demain sera fait, que je dois parer au plus pressé pour avoir un mode de garde pour cet été pour la grande, un mode de garde le jeudi pour la petite à la crèche que son papa gardait ce jour-là, ainsi que le mercredi, puis pour la rentrée prochaine. Le soir je passe les chercher et je décide de les déposer chez ma mère, et de rentrer à l’appart attendre son retour. Il n’a pas décroché le téléphone du lundi. Puis vers 19h, un sms, il rentre d’ici deux heures, passe en coup de vent à l’appart et file dormir chez un pote. Je l’attends, son retour finit de m’achever : il a les traits reposé, le teint halé de celui qui a profité du beau temps, il est souriant, me dit qu’il va pas faire la tronche parce que je la fais, que rire n’est pas pénalement répréhensible. Je suis dans une rage folle et je pars rejoindre les filles chez ma mère.
Toute la première semaine pas de nouvelles, je vis au jour le jour, je préviens ma chef de mes difficultés à venir. Elle sera conciliante sur mes horaires jusqu’à septembre, le temps de me retourner. Le midi je profite de ma pause pour rentrer à l’appart chercher des fringues pour les filles, le nécessaire. Lui doit passer à d’autres heures. Je déverse ma colère en peinturlurant des murs à la peinture à l’eau des filles (des cœurs, des « sophie la pute »), je fais mille connerie, je trouve les coordonnées de personnes qui peuvent être les parents de cette « sophie » et je laisse un message sur leur répondeur pour cracher sur leur fille (je saurais après que j’avais visé juste, j’étais bien tombé sur ses parents). Je m’interroge sur la suite des évènements, dois-je rentrer à l’appart ? Me trouver un autre logement ? Qu’est-ce que lui fait ? Le samedi, j’ai rdv pour visiter un appart, mais mon budget est serré avec encore l’emprunt de mon appartement qui n’est toujours pas vendu depuis janvier, l’appartement ne me plait, mais alors je réalise que n’importe quel appartement ne me plairait pas, et je décide de rentrer au domicile conjugal, non sans être passée par une avocate pour connaitre mes droits : le contrat avait été signé en 2008 à mon nom exclusif. Je fais résilier son contrat d’assurance (la seule dépense qu’il assurait) et assure l’appartement à mon nom. Ma belle-mère apprend par l’assurance que je suis rentrée et manque de s’étrangler. Je pense que lui comme ses parents pensaient que j’avais partir et qu’il allait récupérer le logement.
Depuis, pouif… la chronologie s’emmêle dans ma tête. Il y a eu ce rdv avec la conseillère conjugale où j’étais une pauvre fille anéantie sous les yeux de C. qui lui restait droit dans ses bottes. J’ai découvert qu’il s’est présenté à cette conseillère comme un homme battu psychologiquement. Mes vieux démons du harcèlement on refait surface, j’ai flingué une semaine son site internet en le remplaçant pour un texte sans équivoque. J’ai piraté ses comptes facebook et mail, comme dans l’énergie du désespoir. Je lui ai tout rendu finalement. Je l’ai inondé de mails, de sms, etc… Mais je prends conscience que j’ai pris la le risque de le perdre à jamais. Je n’arrive pas à croire qu’une envie aussi légitime que d’avoir un chez nous plus adapté à notre mode de vie ait pu nous conduire à cet échec. Là c’est très tendu ! Il va rompre officiellement le pacs, la garde des filles est houleuse.
Je suis malheureuse, je veux le reconquérir, qu’on remette les choses à plat. On me dit de vivre pour moi, de mener à bien sans lui ce projet de maison, mais je n’en ai pas le cœur, c’est AVEC lui que ces projets avaient un sens, pas sans lui.
Voici donc mon histoire… Un long roman, mais j’espère que celui-ci sera éclairant pour pouvoir m’aider à recoller les morceaux de mon histoire qui a volé en éclat le 1er juin dernier.
Voir quelques messages plus bas pour ce qui voudraient une version courte.
On est en 2005. Je travaille depuis maintenant 5 ans. Je suis rentrée dans le train-train auto-boulot-dodo. J’évolue depuis le lycée dans un univers scientifique et technique majoritairement masculin, mais je n’arrive pas à me projeter dans une quelconque histoire avec un homme dans cet univers. L’homme qui partagera ma vie je l’imagine artiste. Comme un idéal que de toute évidence je ne rencontrerai pas dans la vraie vie. Je décide alors de m’inscrire sur un site de rencontre. Et dans le même temps, je décide d’acheter un appartement sur plan qui sera livré un an plus tard en 2006. Avec mon budget j’ai ciblé les communes autour de ma ville actuelle.
Je rencontre un premier homme, qui se sera l’histoire que d’un soir. J’avais tellement eu l’impression de toucher du doigt mon idéal, qu’à la suite de cette aventure, je suis tombée dans la spirale du harcèlement. Je l’appelais sans cesse. J’étais branché sans cesse sur son site internet, et c’est comme ça que j’ai découvert la femme qui partageait alors sa vie, et je l’ai harcelée elle aussi. Lui et elle ont porté plainte contre moi tour à tour. Je suis passée par la case gendarmerie, puis justice. Devant un délégué de parquet qui m’a juste fait un rappel à la loi, et mon casier judiciaire est donc resté vierge.
Entre temps, j’ai bien rencontré d’autres hommes toujours via ce site de rencontre, mais ça ne passait jamais au-delà de la première rencontre, et aucun ne trouvait grâce à mes yeux. Et puis un jour je tombe sur la fiche de C. Il se présente comme un écrivain. On se rencontre alors très rapidement. C’était le 19 juin 2005. Au premier coup d’œil, ce n’est pas vraiment le coup de foudre, pour ne pas dire la déception. Mais finalement le rendez-vous se passe bien, très bien, il me propose de venir boire un thé chez lui pour finir l’après-midi. Là s’est passé ce qui devait se passer, et puis ce jour nous ne nous sommes (étions) quasiment plus quittés.
Il est arrivé dans notre ville après le lycée, qu’il a fait des études de philosophie, il baigne dans le milieu associatif, il écrit mais n’a jamais été édité. A 32 ans, il ne gagne pas sa vie, il n’a jamais travaillé même pour un boulot alimentaire. En fait l’appart qu’il habite appartient à ses parents, et ils lui versent une pension alimentaire chaque mois. Il vit malgré tout chichement, il n’a pas de voiture, n’a jamais passé le permis de conduire, et il semble même braqué contre cette idée. Malgré tout au moment où je le rencontre, il finit une année universitaire, ses parents lui ont offert cette nouvelle opportunité, des études de management des entreprises. Là j’en déduis (mais là peut-être ai-je pensé avec mon schéma personnel) que ses parents espéraient le voir enfin rentrer dans le monde du travail.
Pendant quelques mois, donc nous faisons des navettes entre son appartement au centre-ville et le mien dans un autre quartier de la ville. Il vient chez moi ou retourne chez lui à vélo. Enfin, l’appartement que j’avais acheté un an auparavant est livré. C’en suit donc une période d’aller-retour entre son appartement en centre-ville, et mon nouvel appartement dans cette commune à une dizaine de kilomètres. Là je prends les choses en main. A vélo c’est plus aussi gérable au quotidien, je prends donc les choses en main, et les soirs où nous décidons de dormir chez moi, je passe le chercher après mon boulot, et je le redépose avant d’y retourner le matin. Là, je découvre qu’il découvre ce phénomène des embouteillages du matin à la périphérie des villes. Clairement il est déconnecté de la vraie vie.
Certes, déjà à ce niveau, vous pouvez penser que nous formions un couple atypique. Mais notre couple fonctionnait parfaitement. J’aimais sa douceur, sa conversation, et je voyais en lui le père idéal pour mes futurs enfants. Malgré tout, il n’y avait jamais aucune discussion sur l’avenir. Sur un chez nous commun. Sur nos envies respectives d’enfants.
Toujours en 2007, fatigué des lettres de refus des maisons d’édition, C. décide alors de crée sa propre maison d’édition, sous le statut d’auto-entrepreneur. Il s’autoéditera donc, et il éditera d’autres auteurs, étant entendu que les aspects financiers sont secondaires dans son discours. Il œuvre avant tout pour les belles lettres, pour la satisfaction de voir naitre un objet culturel et non pour en vivre.
Alors un jour de 2007, je lui ai annoncé que j’arrêtais la pilule, et c’est passé comme ça, sans autre discussion, et rapidement, je suis tombée enceinte. Là plus question de continuer cette vie avec deux chez nous. S’offrait alors à nous plusieurs options : 1 – habiter mon appartement, mais il n’y avait qu’une seule chambre, et je ne sentais pas C. très enclin à venir vivre dans une commune certes bien équipée mais selon lui trop loin de tout et surtout de notre ville. 2 – habiter son appartement, mais je n’aimais pas cet appartement pour plusieurs raisons, c’était du très ancien, tout en enfilade pas très bien conçu à mon avis pour y faire une chambre d’enfant, et puis vivre au crochet de mes beaux-parents n’était pas une idée qui me réjouissait. 3 – vendre mon appartement pour en acheter un plus grand. C’est ce que nous avons commencé à faire, mais très vite, mon budget n’était clairement pas compatible avec le prix pratiqué dans la ville, et je ne le sentais pas très enthousiaste à l’idée passer la rocade. C’est alors que ces parents sont entrés en jeu, ils m’ont convaincu que vendre cet appartement que je venais d’acheter était une erreur, et pour préserver le mode de vie de C. ils ont décidé d’acheter un appartement pour nous. J’étais plutôt mal à l’aise avec ça. Mais j’ai fini par acceptée, persuadée que cette option serait provisoire, le temps que C. réalise qu’il allait devenir père qu’il lui faudrait revoir certaines priorités dans sa vie (gagner sa vie, passer son permis de conduire) et faire quelques concessions. Nous trouvons donc un compromis à ma demande : je mets mon appartement en location, et je leur reverse le loyer que je perçois.
Ma grossesse se déroule à merveille, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nous entrons dans ce nouvel appartement, un T3/4 de 70m2, nous y apportons quelques menus travaux de déco, deux chambres, une pour notre fille à naitre, une pour nous, et une pièce de vie amputée de quelques mètres carrés pour y glisser le bureau de C. Jamais au cours de ma grossesse ne sera évoquée la question du futur mode garde pour notre fille, aucune démarche n’est entamée que ce soit vers une nounou ou une crèche. Tacitement, j’en déduis que C. voudra mener de front et son auto-entreprise et son rôle de papa au foyer. Lorsque j’accouche en aout 2008, une trisomie 21 surprise est diagnostiquée sur notre fille. Finalement, au quotidien, cela ne remet rien en cause, C. sera le papa au foyer attentif que j’imaginais. Nous coulons des jours heureux.
En 2010, je tombe à nouveau enceinte (pour être franche, le sujet n’avait pas été abordé, on va dire que j’ai volontairement joué avec le feu en prenant ma pilule de façon anarchique, ne voulant pas une trop grande différence d’âge avec notre fille ainée). Mais cette grossesse était malgré tout une bonne nouvelle. Tout au long de celle-ci j’avais une idée qui commençait à faire son chemin : déménager. J’avais envie d’offrir une chambre à chacun de mes enfants. J’avais envie de quitter cet appartement que j’avais accepté tacitement en 2008 en pensant que ça serait du provisoire. J’avais envie de créer notre cocon rien qu’à nous, sans que la belle-famille n’ait d’influence. J’avais envie de prévoir cet investissement pour à terme ne plus avoir de loyer à payer et ainsi pouvoir aider ma mère qui aura peut-être besoin d’un coup de main financier pour ses vieux jours. Mais je n’abordais jamais le sujet ouvertement, persuadée que cette question, est une question qui arriverait fatalement sur la table. Cette envie s’est encore accrue lorsqu’à partir du mois de septembre 2010, je me suis retrouvée mise en arrêt prématurément à six de grossesse pour une suspicion de retard de croissance pour le bébé. Alors à l’appartement en continu, je me retrouvais obligée de cohabiter la journée avec la stagiaire qui travaillait alors avec C. Le bureau, coincé au beau milieu de notre petite pièce de vie, entre la partie salle et la cuisine, et les allers et venues au poste internet dans le salon, me bloquait. Je m’étais aussi découvert une soudaine passion pour la couture, mais je ne pouvais assouvir cette passion en journée. J’étais frustrée.
Au mois de novembre 2010, alors enceinte de 8 mois, au cours d’une promenade dans le quartier avec C. qui poussait la poussette de notre grande fille, nous avons pour la première fois de notre vie évoqué la question du nombre d’enfant que nous désirions. Et nous sommes tombés naturellement d’accord sur le chiffre 3. J’ai alors saisi cette perche pour glisser mon envie de déménager : « oui, mais là il faudrait que l’on déménage » et là il me répond « pas nécessairement ». Mon univers s’est alors écroulé. Je me suis demandé qu’est-ce qui pourrait le faire déménager, si même l’hypothèse d’un troisième enfant ne prenait pas. Comment pouvait-il ainsi mettre en dessus de tout son mode vie citadin, quitte à reléguer trois enfants dans une chambre de 10m2 ! Ça a été le tournant de notre histoire.
J’ai accouché en décembre 2010 de notre seconde fille. Les premiers mois, ça allait plutôt bien. Enfin comme un couple fatigué par l’arrivée d’un second bébé, sachant que notre fille ainée alors âgée de 2 ans ½ n’avait pas l’autonomie d’une petite fille de cet âge.
En avril 2011, mon congé maternité prenait fin. J’ai donc repris le chemin du travail. Là à mon retour, j’ai appris que j’avais été changé de projet. Il existait à mon départ des remous dans l’organisation, remous que j’espérais aplanis à mon retour après huit mois d’absence. Mais ça n’était pas le cas (vive les multinationales et leur lenteur). J’ai eu beaucoup de mal à me remettre dans le travail. Je ne me sentais pas à ma place dans ce projet, et j’ai commencé une longue descente. Je pensais encore à ce projet de maison, me disant que si on lançait ce projet, je trouverais un sens à mon travail. Mais je n’avais même pas ça. Les tensions sont allées grandissantes. Je pétais un câble de plus en plus souvent. Je mettais de plus en plus la pression à C. quant à ce déménagement. J’en voulais de plus en plus à sa famille de l’avoir ainsi couvé en dehors des réalités de la vie.
Il a alors émis l’idée d’aller voir une psy. Il l’a choisi au hasard dans l’annuaire. Nous y sommes allés, mais là ça a été ma fête. En gros, je suis un mouton de la société de consommation qui veut sa petite maison comme tout le monde (pour info, je n’ai jamais vécu en maison, ça n’a jamais été une fin en soi pour moi, mais cette option me semblait la plus facile pour pouvoir y aménager l’espace de travail de C. indépendant de notre espace de vie, sachant que lui ne voulait pas entendre parler d’une solution alternative, qui aurait été un appartement de famille que j’achèterais et à proximité, un studio que ses parents achèteraient pour son espace professionnel), je suis rongée par mes préconçus judéo-chrétiens (il faut porter sa croix, la vie ne doit pas être facile), je n’ai rien à dire quant au mode de fonctionnement de ma belle-famille, et moi faut que j’arrête de penser qu’il faudra peut-être un jour subvenir au besoin de ma mère. Bref, je suis sortie de là anéantie, et je n’ai pas voulu y remettre les pieds.
Les tensions continuaient, jusqu’à ce mois de septembre 2011, où j’ai complètement craqué, il a appelé un ami pour me conduire au CHU, puis chez mon médecin. J’ai eu droit à des antidépresseurs, et à un mois et demi d’arrêt de travail pour dépression. Mon médecin m’a aussi aiguillé vers une psy, chez qui nous sommes allés ensemble. Là elle a compris que l’argent était un fossé entre nous. Elle a émis l’idée de la mise en place d’un compte joint, mais lui ne voulait pas. « Cette dame elle est bien gentille, mais ce qu’elle nous donne ce sont des pistes qu’on n’est pas obligés de suivre ». Les rendez-vous suivant seule avec elle ont tournés court, je sentais chez elle une approbation de mes projets, comme si mes projets étaient le bon sens, et que je n’avais nullement besoin d’une psychothérapie pour un projet qui est somme toute naturel chez les couples normaux. A mon retour au travail, nouvelle réorganisation, changement de chef, et ma nouvelle chef préconise un bilan de compétences.
J’ai donc suivi ce bilan de compétences au cours de l’année 2012. Bien entendu, le pendant personnel a eu aussi sa place dans ce bilan. On a trouvé chez moi un profil artistique (tiens donc !) mais contrebalancé par un profil très rationnel. Et en gros, on conseille aux personnes comme moi de s’épanouir et dans le travail et dans les loisirs pour trouver un équilibre. C’est déjà ce que je faisais ! La couture avait pris une place de plus en plus importante dans ma vie. Je cousais à la maison (sur un plan de travail coincé comme on peut dans notre pièce de vie déjà bien réduite par le bureau de C.), et je passais mes journées de désœuvrement au travail à surfer sur les blogs de couture, enviant ces femmes qui montaient leur entreprise suite à une naissance, mais sans doute parce qu’elles pouvaient se reposer en partie sur le salaire de leur mari. Le bilan de ce bilan était que je pouvais me réorienter vers les métiers du web, mais alors sacrifier une bonne partie de mon salaire, et ça je ne pouvais m’y résoudre, vu que j’étais la seule à faire chauffer la marmite, et que C. ne voulait pas se remettre en question pour étudier la possibilité d’un rééquilibrage entre nous. Il me disait que j’étais une grande fille, que si je le voulais changer de bout c’était mon problème et que perdre 500€ par mois n’était pas un problème. Là j’ai vite fait le calcul, déjà que sa mère me prenait le choux en affirmant que j’étais une enfant gâtée qui devrait se contenter de ce qu’elle a, que les filles n’avaient nullement besoin d’une chambre chacune, qu’elles avaient déjà un beau jardin (on n’a pas la même définition, ce qu’elle appelle un « jardin » est une terrasse), etc… j’ai décidé d’arrêter de leur payer le loyer de 460€, et je l’ai avertie par sms de ma décision.
Fin 2012, après encore d’autres tentatives pour le pousser à accepter ce compromis de déménagement (en arguant qu’on chercherait un endroit proche des écoles, bien desservi par les bus, qu’il pourrait continuer à travailler pour son entreprise même si elle ne lui rapportait pas grand-chose, en allant toute seule voir un constructeur pour m’assurer de la faisabilité du projet, etc…), il a fini par me promettre d’y réfléchir en 2013, mais que là en 2012, c’était pas possible, qu’il était fatigué, qu’il n’avait pas ni l’énergie ni le temps pour déménager, que nos disputes sur le sujet lui pompait aussi du temps et de l’énergie, qu’il était en train de poser des jalons professionnels qui porteraient leur fruit en 2013 (mais je n’ai jamais su de quels jalons il parlait). Je disais que ce temps perdu à se disputer aurait pu être mis à profit à se poser, à se questionner sur la question du où ? quelle commune aurait pu trouver grâce à ses yeux, quelle commune non. « Est-ce que je t’ai déjà déçu, est-ce que je n’ai pas tenu mes promesses jusque là, si je te dis 2013, c’est 2013 ? » Alors j’ai calmé le jeu, jusqu’à la fin de l’année 2012, et l’harmonie est revenue.
Début 2013, par contre, j’ai lancé le projet. J’ai commencé par mettre en vente mon appartement dès le début du mois de janvier, sachant pertinemment que tant que cet appartement ne serait pas vendu, de toute façon rien ne pouvait être lancé, mais qu’on aurait pu enfin aborder cette question du où ? Et là ça a été l’escalade. Je l’ai senti de plus en plus fragile, de plus en plus irascible même avec les filles, lui qui était pourtant un papa doux et attentionné, son visage était décomposé, on lisait la haine sur lui. Il m’a appris qu’il lui arrivait de s’effondrer comme si son corps lâchait de trop de pression. J’ai aussi appris que sa maison d’édition marchait encore plus mal qu’en 2012, sans doute parce qu’il n’arrivait pas à se concentrer. Mais ça je l’ai su après, parce que pour s’entretenir de la bonne ou mauvaise santé de son entreprise, il préférait en parler avec son père.
Un jour en déposant ma petite à la crèche, il remarque un panneau avec les coordonnées d’une association pour le maman blues. Il prend contact avec cette association ainsi qu’une autre association domicilié au même endroit mais spécialisé dans l’échange, la parole. Il rencontre là un psy (retraité bénévole) et le soir il me raconte que je devrais prendre contact avec lui. Je suis sceptique, je n’ai pas voulu entendre la psy n°1, lui n’a pas voulu entendre la psy n°2, mais bon j’y vais quand même. On va ensemble à ce rendez-vous, on me donne longuement la parole pour présenter ma version de l’histoire. Et là encore, ce monsieur abonde dans mon sens, légitime mes envies/besoins, et cherche un terrain d’entente entre nous deux, moi calmer mes colère et lui accepter l’idée d’un changement. A la sortie même topo que pour la psy n°2 « Ce monsieur il est bien gentille, mais ce qu’il nous donne ce sont des pistes qu’on n’est pas obligés de suivre ». Et il me dit en avoir marre de m’entendre toujours ressasser les mêmes sujets déménagement, sa famille, son boulot que je discrédite, etc…
Mi-mai, à nouveau il m’annonce avoir été voir quelqu’un, une conseillère conjugale que je vais devoir rencontrer. Au téléphone, je fais part à cette dame de mes doutes, que j’ai l’impression qu’il est à la recherche de la personne qui l’approuvera lui et pas moi… Mais j’y vais quand même, toute seule pour mon premier rdv, re-état des lieux, la dame me dit m’avoir entendu, et rendez-vous est pris à 3 pour le 7 juin. Mais clairement, son discours a changé, il évoque la séparation, mais je ne veux pas l’entendre, je veux croire que cette nième tierce personne pourra nous rapprocher.
Le 18 mai (mais je n’arrive pas à me refaire l’agenda dans ma tête, et je ne sais pas si ce rdv avec cette conseillère conjugale correspond à avant ou après ce week-end du 18 mai), il part seul à l’anniversaire d’un vieux pote qu’il n’a pas vu depuis des lustres. J’ai refusé d’y aller suite à une nième dispute, du coup il y va tout seul. J’apprendrais après que ce week-end entre vieux potes la revigoré, il a réussi lui le taiseux à se confier, à parler de son couple qui va mal, et qu’il s’est alors discrètement rapproché de la sœur de son pote, présente à cette soirée. A son retour, il est effectivement mieux, son visage n’est plus tiré, je mets ça sur le compte de cette soirée. Je me remets en mode gentille petite femme, je reprépare des petits plats le soir… je retente aussi un rapprochement physique, mais là il se répond pas favorablement à mes ardeurs. Qu’importe ça reviendra je me dis.
Dernière semaine de mai, il m’apprend qu’il ira à un festival du livre à une centaine de kilomètres de là à la fin de la semaine. Départ le samedi 1er juin, retour le lundi 3 juin. Ça m’embête un peu pour le lundi, je vais devoir faire une petite journée au boulot pour assurer l’école, la crèche, mais là encore, je me dis que c’est pour la bonne cause, qu’il va revoir aussi des potes dans cette autre ville, qu’il en a besoin en ce moment. Mais bon, ces idées de séparation planent encore, mais je ne veux pas y croire.
Le samedi donc il part. Avant son départ il évoque encore la séparation, je pleure. Il me touche l’épaule et alors je le repousse en lui disant que je ne veux pas de geste de tendresse, si ne m’aime plus, que moi je l’aime, et il me répond « c’est notre relation que je n’aime plus ». Après une heure ou deux, je le rappelle en pleurs. Il est fuyant au téléphone, il m’annonce qu’il n’est pas seul qu’il ne sera pas joignable ce week-end. Là je suppose qu’il voit des copains. En fin d’après-midi, je décide conformément à mon engagement de poster la newsletter pour son site internet. Je profite de l’occasion pour l’appeler sous le prétexte de lui demander quelle illustration il souhaite pour cette newsletter. Répondeur. Je poste donc avec une illustration que je choisis, et je le rappelle pour lui dire ce que j’ai choisi. Répondeur. Là l’envie d’aller voir ces mails a été plus forte que moi, il mémorise toujours ses mots de passe pour ne pas avoir à les retaper. J’entre donc dans sa messagerie, à la recherche d’un mail qu’il aurait pu envoyer à un pote, à un frère, à sa mère ? Je voulais savoir ce qu’il pouvait raconter de nous. Mais en fait de trouvaille, je découvre un mail de réservation pour une chambre d’hôtel, deux nuits, dans une autre ville que celle où je le croyais parti pour ce salon du livre, pour deux personnes et le mot de passe « sophie » (j’ai changé le prénom). Là mon sang ne fait qu’un tour, je ne connais de pas « sophie » et pas de trace dans les autres mails. Je vais alors voir une seconde messagerie, puis une troisième et là le coup de grâce. Je découvre alors qu’il a eu une aventure discrète avec elle à ce week-end anniversaire. Son nom de famille me fait réaliser que ce doit être la sœur de celui qui fêtait ses 40 ans. Qu’il a tenté de la recontacter après, et qu’elle a répondu favorablement à sa demande, et qu’ils ont programmée cette petite escapade à deux. Elle habite à 700km, ils ont donc choisi un point de chute à mi-distance pour chacun. Je suis anéantie.
J’appelle une amie qui me conseille de l’appeler pour lui proposer de venir le rejoindre avec les filles le dimanche dans la ville où il est censé être. Mais bien sûr répondeur. J’entame des recherches sur google avec les nom et prénom de cette « sophie » et je découvre alors son métier, orthophoniste (ça me blesse tellement étant donné que notre fille ainée est suivi depuis l’âge de 6 mois par une orthophoniste dans le cadre de la prise en charge de la trisomie), son âge (31 ans, j’en ai 37 et lui 40). Je n’arrive pas à trouver le sommeil, alors je tente le numéro de téléphone que j’ai trouvé sur google. Pas de doute, c’est sa messagerie, elle n’a pas changé de numéro depuis. Le dimanche je passe mon temps à les appeler, à appeler l’hôtel pour qu’il me passe leur chambre. Ils ne décrochent jamais. J’ai la rage, la tristesse chevillés aux tripes. Je m’en veux de ne pas avoir été à cet anniversaire, je me refais le film.
Le lundi, je dois assurer pour les filles, le boulot. J’arrive en larmes à l’école, en larmes à la crèche. C’est tout mon univers qui s’écroule. Je réalise que c’est la fin de l’année, que je ne sais pas de quoi demain sera fait, que je dois parer au plus pressé pour avoir un mode de garde pour cet été pour la grande, un mode de garde le jeudi pour la petite à la crèche que son papa gardait ce jour-là, ainsi que le mercredi, puis pour la rentrée prochaine. Le soir je passe les chercher et je décide de les déposer chez ma mère, et de rentrer à l’appart attendre son retour. Il n’a pas décroché le téléphone du lundi. Puis vers 19h, un sms, il rentre d’ici deux heures, passe en coup de vent à l’appart et file dormir chez un pote. Je l’attends, son retour finit de m’achever : il a les traits reposé, le teint halé de celui qui a profité du beau temps, il est souriant, me dit qu’il va pas faire la tronche parce que je la fais, que rire n’est pas pénalement répréhensible. Je suis dans une rage folle et je pars rejoindre les filles chez ma mère.
Toute la première semaine pas de nouvelles, je vis au jour le jour, je préviens ma chef de mes difficultés à venir. Elle sera conciliante sur mes horaires jusqu’à septembre, le temps de me retourner. Le midi je profite de ma pause pour rentrer à l’appart chercher des fringues pour les filles, le nécessaire. Lui doit passer à d’autres heures. Je déverse ma colère en peinturlurant des murs à la peinture à l’eau des filles (des cœurs, des « sophie la pute »), je fais mille connerie, je trouve les coordonnées de personnes qui peuvent être les parents de cette « sophie » et je laisse un message sur leur répondeur pour cracher sur leur fille (je saurais après que j’avais visé juste, j’étais bien tombé sur ses parents). Je m’interroge sur la suite des évènements, dois-je rentrer à l’appart ? Me trouver un autre logement ? Qu’est-ce que lui fait ? Le samedi, j’ai rdv pour visiter un appart, mais mon budget est serré avec encore l’emprunt de mon appartement qui n’est toujours pas vendu depuis janvier, l’appartement ne me plait, mais alors je réalise que n’importe quel appartement ne me plairait pas, et je décide de rentrer au domicile conjugal, non sans être passée par une avocate pour connaitre mes droits : le contrat avait été signé en 2008 à mon nom exclusif. Je fais résilier son contrat d’assurance (la seule dépense qu’il assurait) et assure l’appartement à mon nom. Ma belle-mère apprend par l’assurance que je suis rentrée et manque de s’étrangler. Je pense que lui comme ses parents pensaient que j’avais partir et qu’il allait récupérer le logement.
Depuis, pouif… la chronologie s’emmêle dans ma tête. Il y a eu ce rdv avec la conseillère conjugale où j’étais une pauvre fille anéantie sous les yeux de C. qui lui restait droit dans ses bottes. J’ai découvert qu’il s’est présenté à cette conseillère comme un homme battu psychologiquement. Mes vieux démons du harcèlement on refait surface, j’ai flingué une semaine son site internet en le remplaçant pour un texte sans équivoque. J’ai piraté ses comptes facebook et mail, comme dans l’énergie du désespoir. Je lui ai tout rendu finalement. Je l’ai inondé de mails, de sms, etc… Mais je prends conscience que j’ai pris la le risque de le perdre à jamais. Je n’arrive pas à croire qu’une envie aussi légitime que d’avoir un chez nous plus adapté à notre mode de vie ait pu nous conduire à cet échec. Là c’est très tendu ! Il va rompre officiellement le pacs, la garde des filles est houleuse.
Je suis malheureuse, je veux le reconquérir, qu’on remette les choses à plat. On me dit de vivre pour moi, de mener à bien sans lui ce projet de maison, mais je n’en ai pas le cœur, c’est AVEC lui que ces projets avaient un sens, pas sans lui.
Modifié en dernier par adadbje le 26 juin 2013, 10:46, modifié 1 fois.