Kakahuet a écrit :Perso, moi j'ai une vie que j'aime, avec des passions (musique, photo) des relations sociales (amis, famille, connaissances) et j'ai vécu de belles choses dans ma lonnnngue vie et ce n'est pas fini...
Et je peux t'assurer que je ne me "conforme" pas vraiment à la société ...
Tu sembles pourtant avoir le même schéma de vie que la plupart des gens à notre époque. Tu as des passions, des amis, une famille, des connaissances, et sans doute un travail.
Il faut se demander "pourquoi c'est comme ça aujourd'hui, alors que pendant plusieurs centaines de milliers d'années d'histoire humaine, c'était différent ?". Est-ce qu'il y a 1000 ans, une personne pouvait dire qu'elle avait des amis, des passions, des connaissances ? J'en doute. Tout ça, ce sont des mots pour désigner des marchandises que l'on sélectionne selon nos préférences. Des amis-marchandises, des passions-marchandises, un travail-marchandise.
Pour faire court, je donnerai un seul exemple : comment se fait-il que l'on vit à côté de nos voisins, mais pas avec eux ? On part bosser le matin, et on dit bonjour à notre voisin quand on le croise dans la cage d'escalier, mais pourquoi on va chacun de notre côté faire des choses qui sont sans lien entre elles ? Même au sein d'un même foyer, le papa part faire de la maçonnerie pour la société X, la maman part faire de la comptabilité pour la société Y, et le petit dernier part à l'école pour se préparer, plus tard, à faire quelque chose pour la société Z. Ces gens-là ne vivent pas ensemble. Ils vivent les uns à coté des autres, ce qui n'est pas la même chose. Ça, c'est une nouveauté qui ne concerne que les derniers 0,1% de l'histoire de l'humanité.
Nous nous conformons tous à cette société, et nos tentatives d'émancipation (les passions, les amis, les voyages, etc) ne sont que des actes consommés qui nous donnent l'illusion de faire quelque chose de singulier et de sensé. En réalité, on ne fait que passer d'une marchandise à une autre selon l'évolution de nos goûts, des goûts qui ne sont que le fruit de notre environnement, et que l'on croit être les nôtres. Un jour, tout le monde aime la musique disco. Dix ans plus tard, tout le monde s'en fout de la musique disco et tout le monde écoute du rock. Encore dix ans plus tard, on passe encore à autre chose. Tous en même temps. En nous imaginant que c'est juste une coïncidence si on aime la même chose que tout le monde au même moment que tout le monde. On ne se dit pas "en fait cette musique, c'est sans intérêt, et le fait qu'elle n'intéressera le monde que pendant un court instant en est bien la preuve". On se dit plutôt "j'aime ça parce que
c'est génial". Qu'est-ce qu'on aimera dans dix ans ? J'en sais rien, mais je sais qu'une fois que tout le monde trouvera ça génial, moi aussi ça va m'intéresser.
Je ne dis pas ça pour critiquer qui que ce soit. Moi aussi j'ai un travail, je m'intéresse aux mêmes choses que tout le monde au même moment que tout le monde, et je dis bonjour à mon voisin quand je le croise dans la cage d'escalier, mais je suis pas foutu de retenir son prénom parce que j'ai des personnes-marchandises qui me correspondent mieux ailleurs.
Et je ne dis pas qu'il faille être malheureux, ni qu'essayer d'être lucide mène forcément à la dépression. C'est vrai que je ne suis pas un modèle de personne heureuse, mais je suis persuadé que je peux trouver un moyen de l'être, sans pour autant devoir mettre des œillères, et sans pour autant arrêter de pointer du doigt tout ce qui me semble louche.
Elieza78 a écrit :Quand aux psys, en général, ils ne sont pas là pur donner des réponses, mais pour donner les clés et les pistes de réflexion qui permettent a l'individu de trouver lui même les réponses.
Les psys sont là parce que quand est apparu le problème de la dépression de masse, il a bien fallu trouver une béquille pour contrebalancer le problème, en évitant soigneusement de se préoccuper de la cause. La cause n'étant évidemment pas "il n'y a pas de psys, donc les gens dépriment". L'apparition des psys n'est donc pas une solution, elle est un simple symptôme d'une société qui génère des millions d'individus dépressifs.
Elieza78 a écrit :Par ailleurs, la prescription de médicaments est très très loin d'être la norme.
Je ne te donne pas le lien car la dernière fois que j'ai mis une URL dans un message, mon message a été viré par un administrateur. Mais si tu cherches "statistiques antidépresseurs" sur Google, tu verras que 25% de la population française consomme des psychotropes sur prescription médicale (antidépresseur, anxiolytique, somnifère...). Je pense donc qu'on peut dire que la prescription de médicaments est très très fréquente.
Elieza78 a écrit :Quand a la "dépression de masse", problème très occidental s'il en est. Dans les pays ou ils crèvent la dalle, ils ont autre chose a faire que d'être dépressifs, crois moi.
En général, c'est grâce à nous s'ils crèvent la dalle. Souvent, on a été leur imposer notre mode de vie par la force. Maintenant que sur notre volonté, ils ont une économie, ils doivent soutenir la compétition économique avec des pays qui ont 50 ou 100 ans d'avance sur eux. Forcément, c'est pas simple pour eux. Mais on ne leur a pas laissé le choix. On a si bien réussi que désormais, il n'y a plus aucun risque que ces pays n'acceptent plus docilement la vie qu'on a choisie pour eux et contre laquelle leurs ancêtres se sont battus. Du coup ils doivent chercher à augmenter leur Produit Intérieur Brut, afin de générer assez de fric pour pouvoir manger. Même si techniquement, le PIB ne se mange pas.