Coucou ma Janysse,
Je suis désolée d'écrire des mots un peu durs, mais je voudrais te montrer que tu possèdes tous les atouts dans tes mains pour aller mieux, pour aller bien.
Janysse a écrit :
Je me compare tout le temps, j'en suis consciente, je m'en rends compte mais je n'arrive pas à m'arrêter. Je me sens en compétition pour tout, tout le temps. Je le sais. Je ne sais pas comment faire pour que ça s'arrête.
Quand j'étais plus jeune, je ressentais pareil, tout le temps en compétition car je voudrais m'affirmer, avoir une place importante, je voudrais que les gens me reconnaissent. Mais cette envie et le fait de la réaliser m'ont pompé énormément l'énergie. Et je n'étais rarement sereine. J'avais un mal être d'être effacée, moquée, même méprisée. Pendant 15 ans (presque la moitié de ma vie), je vivais dans l'esprit compétitif permanent. Malgré le fait que mes efforts ont souvent été bien récompensés par les réussites mais au fond de moi, j'étais fragile et peureuse. A moindre échec d'examen, concours ou moindre déception d'amitié, d'amour, j'étais effondrée. Au lieu de prendre le temps et la force pour bâtir et nourrir la confiance en moi-même de manière solide, saine, équilibre, je me suis bannie en me disant comme quoi j'étais nulle, extravagante, bizarre, moche
Jusqu'au moment où je suis partie du Viet Nam, sortie de mon monde d'enfance - ado, la découverte de nouveau continent, des choses, des gens que je connaissais pas, je me suis également éloignée de l'idée de compétitivité. J'ai compris que le monde est vaste, qu'on est tous différent et l'on porte tous en soi une importance. Je pense que ça fait une partie de devenir mature, de mener la vie dans une grandeur, une responsabilité, une indépendance et une capacité d'assumer le bonheur ainsi que le malheur.
Janysse a écrit :
Je fais ce que je peux pour me soutenir moi-même, et je suis arrivée à un moment de ma vie où je ne m'écroule plus toute seule. Je me suis longtemps sentie coupable de vouloir du soutien des autres, de chercher l'amour, de chercher de la compagnie. Mais c'est normal, aucune vie n'est menée en solo, je cherche du soutien dans un partenaire parce que j'ai du mal à le trouver ailleurs. Je le trouve en moi bien sûr, de plus en plus, mais j'ai besoin, comme tout être humain, d'être épaulée un peu ailleurs, nous ne sommes pas des îles, nous sommes en relation. Et je crois que ce covid de merde nous rend la chose plus criante encore, nous sommes faits pour être en relation les uns avec les autres... Je comprends qu'il s'agit de ne pas tout attendre des autres, mais je crois que j'en suis plus là, je ne sais pas...
Tout d'abord, j'ai l'impression pourtant, peut-être que je me trompe, que tu ne fais pas encore tout ce que tu peux pour te relever, que tu n'utilises pas toutes tes ressources. La Janysse qu'on lit sur le forum depuis des années, elle est fragile mais elle accumule année par année des outils, des moyens, de force pour s'en sortir à chaque crise d'angoisse, d'amour, d'amitié, d'études. Tu es tout à fait capable, j'en suis certaine, de te mettre debout toute seule, sans avoir besoin de faire le recours aux autres.
Janysse a écrit :Deux jours plus tard, faits de cauchemars et de larmes à n'en plus pouvoir, à pleurer dans mon café, pleurer dans mon sommeil, pleurer de douleur... Je sais maintenant à quoi ça ressemble, un regret qui vous transperce de part en part, qui vous donne la nausée, des cauchemars, qui vous meurtrit jusqu'au fond de l'âme. Encore un qui me quitte.
En lisant ces phrases, même si on se dit que ton monde s'écroule pas, mais il est encore sacrément secoué, comme à chaque séparation plus ou moins d'amour. Veux - tu ne plus vivre ces pleurs à fond, ces cauchemars, et cette âme meurtrie? Si oui, gérer ses émotions est, il me semble, plus urgent que gérer la séparation d'une histoire que tu ne sais même pas d'amour ou de sécurité.
vouloir du soutien des autres, de chercher l'amour, de chercher de la compagnie,
je cherche du soutien dans un partenaire parce que j'ai du mal à le trouver ailleurs,
'être épaulée un peu ailleurs En te lisant, franchement, j'ai pas l'impression que tu veux être épaulée juste "un peu ailleurs". Mais au contraire, peut-être (et j'espère) que j'ai tort, je trouve que tu as la tendance de chercher à être épaulée pas seulement "juste un peu" ailleurs. Relisant ton échange avec Selma: "
J'ai aimé la sécurité et la stabilité, j'aimais le sentiment de plénitude, la sensation que quelqu'un était là "to have my back", pour me rattraper si je tombais. J'ai compris avec ma psy cet hiver que je n'avais pas dans ma vie ce soutien émotionnel de mon entourage, je ne le trouve pas dans ma famille, ni dans mes amitiés en ce moment, ma "meilleure amie" étant toute impliquée dans son couple, loin géographiquement et ses mots impuissants à me réconforter. Je ne connais pas assez mes nouvelles connaissances pour m'appuyer sur elleux, me sentir soutenue. Il est donc normal que je cherche ce soutien dans une relation amoureuse." Je voudrais encore une fois te demander: Qu'est ce que t'as cherché en toi pour t'appuyer sur toi-même d'abord?
Contrairement à toi qui pense qu'on n'est pas une île et que notre vie n'est pas faite pour mener en solo. Moi je pense que chacun de nous est un royaume qui flotte dans l'océan. On se croise, on s'ouvre l'un à l'autre, on peut se fermer à un moment donné, on a des choses à exposer, à cacher, à s'échanger, à nourrir, à tailler, à naitre, et à se faner, à renaitre, à mourir. J'aime beaucoup être en relation avec les gens, peu importe de connaissance, d'amitié ou d'amour, mais j'aime également être avec moi-même. Je pense pas que je suis seule donc je suis solo. Je suis seule mais je suis avec moi même et je suis bien.
C'est super d'avoir le soutien, l'écoute, la compagnie de la part de famille, d'ami, d'amour et c'est tout à fait normal d'aller le chercher. Mais à force de le chercher à tout prix, on est quelque part frustré n'ayant pas obtenir cela, ou pas à la hauteur qu'on voudrait...
Je relis ton écrit en septembre l'an dernier lorsque tu n'étais pas, il me semble, en couple, j'ai l'impression que tu semblais plus sereine, en plénitude:
Il y a quand même des jolies choses, des moments de gaité, de vraies bonnes nouvelles et des perspectives excitantes. J'ai une voiture maintenant, alors je peux aller à la plage toute seule, et passer deux heures à lire, me baigner, être juste avec moi et apprécier sincèrement ces moments de joie simple, seule avec moi-même. Je me suis fait plein de copaines depuis mon arrivée, des trentenaires célibataires pour la plupart, drôles à souhait, attentionné·es ; je sais que même si je suis parfois rongée par un sentiment de solitude, ces personnes sont pourtant bel et bien là, je ne suis pas seule au monde. On part en weekend ensemble, on fait des activités, des soirées, on est un petit groupe de potes. Et moi j'en ai toujours rêvé.
Janysse a écrit :
Ma psy dit que ça arrive. Qu'il y a une part d'aléatoire, que tout le monde ne trouve pas "le bon" ou "la bonne" comme ça du premier coup, que les ruptures sont aujourd'hui légion, que je suis normale. Je sais qu'il y a "quelque chose qui cloche". J'ai grandi dans la peur, dans l'insécurité, dans la violence, j'ai été humiliée, insultée, mal aimée, et aujourd'hui je ne sais pas aimer, je ne sais pas communiquer, je ne sais pas m'aimer. Je travaille dessus, j'y passe 130 euros par mois, je fais l'impasse sur d'autres choses qui me feraient plaisir, des cours de chant, de guitare, ou juste épargner. Je sais que je ne m'aime pas assez. Je fais ce que je peux, nous ne sommes pas tous nés avec les mêmes armes, les mêmes capacités. Je fais ce que je peux. Je crois aussi qu'un partenaire bon et généreux, patient et tendre, ça peut aussi aider à aller mieux, à s'aimer un peu mieux. Je ne lui demande pas de m'aimer à ma place.
Il y a toujours une attente Janysse, dans ta façon de penser, un petit espoir tissé vers ce garçon bon et généreux, patient et tendre pour que tu ailles mieux, pour que tu t'aimes un peu mieux. Non, Janysse, même sans lui ou pas encore lui, tu pourras par Toi - Même aller mieux, T'aimer mieux, même par Toi Seule.
D'ailleurs, ça me tique sur le monsieur Tendre, puis le garçon à Marseille, puis ce garçon au corps mou grand. Je ne sais pas si je suis trop dure, mais pourquoi j'ai l'impression que tu as la tendance d'accumuler tes histoires d'amour, sans vraiment prendre le temps pour les digérer proprement, simplement sans te torturer, sans te blâmer. J'ai l'impression que tu te jettes corps et esprit sur les garçons dont tu ne sais même pas si tu tomberais amoureuse. Chaque fois toujours avec autant d'espoir, d'attente, d'acharnement, euphorie, angoisse et souffrance. Je veux dire, que chaque fois toujours comme la première fois, désarmée.
Tu écris souvent ici que tu ne peux pas vivre sans chair à chair, sans les caresses, sans la chaleur du partenaire à chaque matin au réveil ou la nuit consolée. Pourquoi tu ne trouves pas déjà simplement un sex friend pour combler ce manque cruel physique, si c'est un besoin fondamental?
Perso, je n'approuve pas trop ce principe de sex friend, mais si on en a tellement besoin comme vital, pourquoi pas, et puis si cela ne fait pas mal à personne.
Tu dis que t'as grandi dans la peur, dans l'insécurité, dans la violence, avec l'humiliation, l'insulte, le mal aimée, et que tu ne sais pas aujourd'hui aimer, ni communiquer, ni t'aimer assez. Perso, je te trouve une capacité formidable de communication. Tu exprimes de manière magnifique tes ressentis, tes sensations, ce que tu vis. Exprimer lie à communiquer. Je ne crois pas que tu sais pas communiquer. Savoir aimer, ça s'apprend. On l'apprend toujours. Même les enfants nés d'amour, aimés peuvent souvent ne pas savoir bien aimer en grandissant.
T'es sur le chemin de maturité, Janysse. Tu as encaissé, tu as accumulé pas mal de vécus, d'expériences, de leçons, de théories, de pratiques aussi. Il arrive le moment où tu prends la confiance en toi, la responsabilité en toi de te prendre soin de toi, d'être responsable de toi - même (de tes bonheurs, de tes malheurs), de les assumer. Pense que t'es grande, t'es capable, tu peux!
Prends soin de toi et courage Janysse. Ce sont quelques mes pensées, je sais pas si je me trompe trop, mais au moins qui sait, cela pourrait te donner quelques pistes.
Bisous gros fabuleux ma jolie Janysse