J'ai cru comprendre qu'il y avait dans le coin des connaisseurs et connaisseuses de Mauss, de la théorie du don et du contre-don. J'ai beaucoup appris de ces lectures, et c'est même quelque chose que j'ai apporté et partagé dans la relation, tout comme la sociologie du couple et j'en passe d'autres des sciences sociales (pas forcément psychologue mais je m'y mets depuis peu..).
Et vous savez quoi ? Et bien l'intellectualisation ne m'a pas aidée ni à empêcher la rupture ni à vraiment mieux l'accepter. Et c'est l'un de mes grands apprentissages dans cette histoire, que l'intellect, le mental, ne donne pas le sens vécu des expériences. Tant bien même on pense pouvoir "objectiver" sa situation ou sa souffrance, pour moi ça s'est avéré être un leurre. L'expérience doit être pleinement traversée, ressentie et non intellectualisée, pour être intégrée (et je crois que Ashkenazy avait utilisé sensiblement la même formule, décidément, je te rejoins là-dessus aussi).
Parce que évidemment, autant que j'ai voulu m'en débarasser, le schéma social est souvent plus fort que les volontés individuelles. Pas que je veuille retirer à l'individu sa capacité à changer, mais je crois que société et individu sont intrinsèquement liés. Une sorte de configuration d'interdépendances.. Très eliasien comme théorie.. mais je m'égare.
Bref, je suis tout à fait d'accord avec vous concernant l'absence de violence qui ne fait de personne quelqu'un de "bon" dans l'absolu. Mais pour revenir à la dite phrase assassine, je crois que ce n'est pas à mon avantage que la citation occulte la fin de ma phrase. Je ne pensais pas user du fait de ne pas avoir été violent pour appuyer l'idée que j'aurais été quelqu'un de "bien". Ca tient à la formulation, à la réception et à l'interprétation de ce que j'ai voulu dire.
Ceci dit, je comprends bien que les femmes ici présentes s'en soient saisie. Pour moi, c'était parce que j'avais à ce moment (et je l'ai encore) un très fort sentiment de culpabilité, de ne pas avoir été à la hauteur de ses attentes, et je voulais écarter l'idée que vous puissiez penser que j'avais été violent avec elle sur le plan verbal et physique.. tout en n'écartant pas totalement l'hypothèse que j'avais pu faire preuve d'une autre forme de violence morale.
En réalité je crois que la plus.. disons .. sèche (parce que le terme de violence ne serait pas adapté pour mon ressenti).. d'entre nous deux dans les mots et les actes, c'était elle. De manière anedoctique, je me rappelle m'être fait secouer assez énergiquement et m'être fait crier dessus en plein milieu de la nuit parce que je ronflais un peu
. Aujourd'hui ça me fait rire, j'aimerai même quelle puisse encore le faire. Donc oui, je dois être un peu maso, c'est probablement inclu dans la posture d'exemplarité du grand sauveur (exemplarité illusoire, je m'entends).
Je me rappelle d'une phrase en particulier, qui montre peut-être à quel point j'en étais arrivé dans cette relation, notamment à la suite des évènements de cet été qui ont réveillés en moi le ressenti de deux expérience "similaires" (qui ne concernaient pas un père, mais tout de même une petite amie et une tentative de ma mère) : "la douleur et la culpabilité que tu ressens, je voudrais que tu ne l'ai jamais vécu, si seulement je pouvais la porter pour toi". C'est à la fois une volonté de sacrifice, c'est peut-être louable, mais c'est aussi affreusement égoïste de vouloir lui ôter son ressenti et SON expérience de cette douleur.
Je tourne peut-être encore un chouilla en rond (mais juste un peu hein..), mais je suis aussi preneur d'autres idées pour rattraper, sur le temps long, mon côté paternalisant avec elle. Il est plus que probable que je sois la seule personne à pouvoir trouver mes réponses à mon comportement et aux solutions que je peux y apporter dans le futur.. mais bon, sait-on jamais, des suggestions peut-être.
Malgré l'explosion de la dynamique de notre couple, pendant 10 ans il y a toujours eu quelque chose de fort entre nous et nous avons en quelques sortes grandis ensemble. J'ai déjà failli la perdre pour un autre, et je ne dis pas que j'aurai moi seul la prise sur notre histoire, elle décide tout autant que moi. Mais je veux ressortir plus grand de cette expérience. Par respect pour moi et pour elle, et parce que j'ai encore ce sentiment d'amour très fort. A ce moment précis, je ne ressens aucune jalousie, chaque chose est à sa place. J'espère qu'elle aussi pourra prendre le temps et le recul nécessaire pour grandir de cette expérience. Elle a toujours crains ne pas pouvoir vivre seule, et cette expérience de rupture et de next sans transition (évidemment qu'elle a pensée la séparation, mais elle n'a pas vécue seule) confirme sa crainte de mon point de vue. Le temps n'est certainement pas venu.
J'ai bien une analyse que le message de Blur m'a permis de mieux formaliser, concernant cette absence de transition mais elle n'a pas de valeur puisque ce n'est pas la sienne, pas son interprétation. Mais retrouver son indépendance en passant d'un ancrage affectif à un autre, me fait penser qu'elle a le sentiment de pouvoir maitriser sa reconstruction dans une nouvelle relation, sans toutefois dénouer son pendant "insecure". Mais encore une fois, c'est mon interprétation, pas la sienne et j'ai déjà trop "pensé pour elle".
Merci Janysse pour la référence BD, j'adore ça, et elle aussi d'ailleurs. Après une rapide recherche je sais déjà que je vais allonger ma liste pour mon prochain passage en librairie (bientôt j'espère).
Pour finir sur cette lancée littéraire, je pense aux dernières "planches" d'Emma sur la charge mentale. Toujours très simples et parfois caricaturales pour certains d'entre nous (les hommes) mais justes néanmoins sur le fait que nous sommes encore des seconds couteaux sur bien des aspects de la vie en commun.
(Il est possible que je revienne dans peu de temps sur les messages pour effacer la mention des épisodes traumatiques de l'un et de l'autre, peut-être trop personnels)