Coucou tout le monde,
C'est le dernier jour des vacances pour moi et je fais le bilan de cet été mouvementé et émotionnellement difficile.
Après mes vacances en Cévennes je suis allée chez mes parents, et ce retour est toujours compliqué. Je vois ma mère vieillir (bientôt 70 ans), mon père être de plus en plus fatigué, je me sens en décalage complet avec eux, je n'arrivais pas à travailler, je me sentais juste angoissée d'être là. Alors j'ai beaucoup grimpé avec un binôme rencontré à la salle d'escalade locale et qui s'est avéré être le premier chéri de ma petite soeur (cette ville n'est pas grande !). Je suis rentrée chez moi, dans le Sud, au bord de la mer et retrouver mon chez moi et la mer m'a enfin apaisée.
J'ai beaucoup réfléchi aux relations dans lesquelles je me suis lancée ces dernières semaines. Vous le savez déjà, qui me lisez depuis tout ce temps, mais j'ai enfin regardé en face la succession de choix de merde que j'ai faits toute ma vie et que je continue de faire. Les gars bien, les gars gentils, je les laisse passer pour ne donner de l'importance qu'à ceux dont je sais dès la première seconde qu'ils vont me faire du mal parce que ce qu'ils me proposent ne me convient pas du tout. Alors j'ai proposé à un garçon rencontré sur une appli en juillet qu'on se revoie. Un garçon gentil, doux, malin, politiquement éduqué, conscients des enjeux cruciaux du féminisme et du patriarcat qui ronge les relations hommes-femmes, mais un garçon pour qui je n'avais pas eu de coup de coeur. Et puis il a voulu me revoir, et puis j'ai dit oui, et puis je me suis dit "donne lui une chance". Et nous avons passé une soirée d'une douceur infinie, et nous avons fait l'amour avec beaucoup de tendresse, exactement comme j'aime. Cette tendresse-là elle m'a fait du bien, elle a calmé l'angoisse et la haine qui remuaient au fond depuis plusieurs semaines. On va se revoir, mais pas tout de suite, dans quelques semaines, et c'est très bien ainsi.
Après cela, je suis partie une semaine faire de l'escalade avec une douzaine de personnes de mon club. C'était physiquement et mentalement hyper exigeant, difficile, et j'ai beaucoup pleuré d'angoisse et de fatigue. Je ne me suis jamais autant dépassée. Je ne me vois plus comme une fille fragile physiquement, je suis devenue forte et j'ai un mental d'acier. Je me sens capable de gravir des montagnes, d'ailleurs c'est littéralement ce que j'ai fait pendant une semaine, des voies de 300 mètres de long/haut, et je me sens aussi capable de les soulever, les montagnes. L'amitié et la camaraderie au sein du club me rendent très heureuse et viennent remplir les trous laissés par les histoires qui m'ont brisé le coeur. Elles les remplissent différemment : lentement, doucement, avec plus de force que les histoires romantiques qui n'ont été que des feux de paille.
Pendant cette semaine, une amie m'a aidée à comprendre ce qui s'était passé avec mon copain de l'escalade au bord de la rivière. Au moment précis où il m'a dit "je suis amoureux d'une fille", j'ai décidé de coucher avec lui, d'y aller, pour me faire du mal, parce que ça me rassure, parce que c'est ce que je connais de mieux. Parce que je cherche encore et encore à confirmer mon schéma, celui qui dit que Janysse elle est baisable mais pas digne d'être aimée, que Janysse est toujours celle qui aime mais pas celle qu'on aime. Je me suis raconté, et je lui ai raconté, et j'ai continué à me raconter après, que ça m'était égal, que je ne voulais que du sexe et de la tendresse mais ça n'est pas vrai.
Cet homme était présent à la semaine d'escalade, nous avons grimpé ensemble, partagé de bons moments de joie. Et puis comme annoncé dans un de mes messages je lui ai dit qu'il fallait qu'on reparle de ce qui s'était passé. Je lui ai dit que je l'avais mal vécu, que je m'étais sentie utilisée, que je n'avais pas aimé ce moment de sexe, qu'il m'avait rendue triste, que ç'avait été violent. Je lui ai dit tout ça, et on en a parlé, il était désolé, dans l'écoute, compréhensif, dans la communication. Il a dit que pour lui non plus ça n'avait pas été exceptionnel, qu'on s'était emballés, etc etc. Bon. Je ne pouvais pas tout lui balancer là. J'ai dit qu'on s'était loupés, qu'on s'était mal baisés alors que ça aurait pu être chouette. Mais je ne sais pas en réalité si ç'aurait pu être chouette, sachant qu'il aime une autre femme et que moi je cherche à me faire baiser pour me faire du mal auprès de garçons qui ne m'aimeront jamais. Je ne lui ai pas dit ça. Il a voulu insister pour me demander mais qu'est-ce que tu cherchais exactement en me proposant un rencard ? J'ai botté en touche. J'ai dit que je ne voulais pas de relation amoureuse avec lui, avec qui que ce soit. Mais ce n'est pas vrai. Il me plaît, et j'espérais que quelque chose était possible avec lui, et que ce quelque chose soit une relation amoureuse, romantique, peut-être même ou surtout, une relation de couple. Mais je ne pouvais pas l'admettre devant lui, je m'étais déjà suffisamment humiliée comme ça (et puis j'avais essayé de l'embrasser au début de la semaine dans un moment d'émotion, et il m'avait recadrée).
Voilà je l'écris ici et c'est la première fois que je me le formule aussi clairement : j'aurais aimé vivre une relation amoureuse avec G. Mais il est amoureux d'une autre fille, et tout ce qu'on sera, c'est des bons copains. Cette conversation nous a fait du bien mais quelque part j'aurais préféré qu'il se comporte en parfait connard parce que ça aurait été plus facile pour moi de me dire "bon c'est un connard tu perds rien", alors que ce mec est une crème, qu'il est malin et gentil et attentionné et beau à crever et la part blessée de mon être me dit avec beaucoup de méchanceté "ben oui tu croyais quoi ? Qu'un mec comme ça pouvait être pour toi ? Ben non, tu ne mérites pas ce genre d'homme, tu n'es pas assez bien pour ça, tu es trop nulle pour être aimée". Et j'aimerais sortir de ce cauchemar.
J'en ai marre de m'humilier auprès d'hommes qui ne veulent pas de moi. J'en ai marre de me dire toutes ces choses atroces. J'en ai marre de faire des choix de merde parce que j'ai trop peur de... de quoi ? Je ne sais même pas.
Hier soir j'ai retrouvé un copain de la grimpe, celui sur lequel j'avais un méga crush et maintenant plus du tout du tout. On papotait, je lui racontais ma semaine avec le club, il connaissait certaines des voies que j'avais faites, on était contents de se retrouver. Je ne vais pas souvent dans ce bar mais il menaçait de pleuvoir et ce soir-là j'ai eu envie d'y aller, tout en sachant très bien que mon ex y va de temps en temps. Je discutais avec mon ami et dans mon champ de vision, décalé sur la gauche, je voyais un couple, du moins un homme et une femme attablés face à face, lui de dos elle de face, et ils s'embrassaient de temps en temps. Au bout d'une heure, en plein milieu d'une phrase et de façon très brusque, j'ai compris que c'était mon ex. Que depuis une heure je regardais mon ex embrasser cette femme sous mon nez. L'ex qui m'a envoyé un pavé pour me dire que j'étais merveilleuse, pavé dont je ne sais toujours pas quoi faire.
J'en ai eu le coeur transpercé. Mon ami m'a dit, "mais en fait t'es pas du tout guérie". Il a proposé qu'on change de bar, il est allé payé pour m'éviter de passer devant eux, et puis on est partis.
Ce matin je me dis - que je ne veux plus m'humilier en couchant avec des garçons qui sont amoureux ou encore amoureux d'une autre. Que je ne veux plus courir après des mecs qui ne veulent pas de moi ou qui ne sont clairement pas pour moi. Que ne je veux plus faire semblant de vouloir juste du cul alors que je veux une vraie histoire, pas forcément de couple classique mais une vraie histoire qui dure. Que je vais revoir mon dernier amant, être honnête sur mes attentes, et si ça le fait pas, retourner dans mon abstinence, me concentrer sur mes projets à moi. C'est bon j'ai eu ma dose de tempête émotionnelle, j'en ai marre, j'aspire à la sérénité et j'en ai ma claque des hommes. Que je vais demander à revoir mon ex, pour lui dire en face que j'ai eu mal à en crever, me libérer de ce poids et passer à autre chose. Que je suis merveilleuse et que si aucun d'eux n'a été capable de le voir et le comprendre alors c'est tant mieux pour moi parce que je mérite d'être avec quelqu'un qui me trouve merveilleuse.
Je suis épuisée physiquement et mentalement, et reprendre le travail, l'écriture de la thèse me fait peur, mais je suis fermement résolue à avancer, laisser ces schémas horribles derrière moi, et trouver la paix.
J'espère que la reprise se passe au mieux pour vous toutes et tous, et je vous embrasse tendrement