- 19 mars 2023, 19:48
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Hello tout le monde !
Je voulais vous écrire hier, vous parler un peu de ma vie, vous dire à quel point elle était chouette et à quel point j'étais fière de la vivre.
Ma thèse avance, c'est ma priorité absolue et même si c'est très stressant cela remplit ma vie de joie et d'épanouissement. Je grimpe toujours deux à fois par semaine avec mon petit groupe et c'est complètement fou d'avoir trouvé ça à ce moment de ma vie. Quand je suis sur le bloc ou sur la paroi en falaise, il n'y a plus de place pour les pensées négatives, pour l'angoisse existentielle ou la tristesse, il n'y a que la paroi sous mes doigts, mes pieds qui tiennent, qui poussent, qui sautent, et tout mon être est tendu vers la prochaine prise, et je suis toute entière à ce que je fais, dans le moment présent - c'est très nouveau pour moi, et je ne savais pas jusque là que j'en avais autant besoin.
Et puis... et puis j'ai rencontré quelqu'un à la salle. On a grimpé ensemble, on est allé boire des coups entre copains et puis on a commencé à se voir tous les deux et on a fini par se sauter dessus. C'était très surprenant, doux, tendre, hyper safe mais j'ai commencé à angoisser. J'ai fait une nuit d'insomnie, et je savais que quelque chose n'allait pas trop. Je le comparais souvent dans ma tête à mon ex, et j'avais peur que ça soit aussi rapide après ma rupture. Mais j'ai mis tout ça sous le tapis, et chaque moment qu'on passait ensemble était plus doux et éloignait le souvenir de mon ex. Je pensais que je ne cherchais rien de sérieux, juste de la douceur et de la tendresse, et ça me convenait. Et puis... hier il m'a appelée pour me dire qu'il avait rencontré quelqu'un et qu'il fallait qu'on arrête, qu'il était désolé, qu'il connaissait cette nana d'avant, qu'elle venait de se séparer et qu'elle était revenue vers lui, que ça avait tout chamboulé parce que c'était elle qu'il avait en tête maintenant. Que nos moments étaient géniaux, que j'étais une fille géniale, mais qu'il ne voulait pas jouer sur deux tableaux.
C'était si soudain, si inattendu, j'étais sous le choc. On a réglé ça au téléphone comme deux adultes, j'ai dit que j'étais hyper déçue et dégoûtée mais que c'était comme ça. Il a dit que c'était une question de timing, que c'est toujours une question de timing et ça me fait doucement grincer des dents mais bon. Peut-être que des fois c'est vraiment ça. Je me suis dit que j'étais tombée sur un mec bien, qui fait ça correctement, j'ai mal mais ça passera. Et puis... Il m'a écrit pour me dire que j'étais une fille exceptionnelle, qu'il se souviendrait de chacun de nos moments et que je méritais d'être heureuse avec quelqu'un qui serait vraiment avec moi. Et là j'ai vrillé. Parce que c'était mot pour mot le message de rupture de mon ex, il y a trois mois jour pour jour. Ça m'a mise en colère. Je ne te demande pas de gérer ma peine, ne me demande pas de gérer ta culpabilité. Parce que ce message c'est pour que lui se sente mieux par rapport à ce qu'il fait. Y'a rien pour moi là-dedans, que des miettes de culpabilité. Ma politique c'est ne rien répondre, ne rien donner. Cette fois j'ai répondu à chaud que c'était les mêmes mots que chaque mec qui m'avait jetée m'avait dit ou écrit et que j'y croyais pas une seule seconde. Garde ta pitié pour toi quoi.
J'étais patraque hier soir mais ça allait. Et là aujourd'hui, en rentrant de l'escalade, je n'ai fait que pleurer pendant 3 heures. Ce n'est pas tant ce truc de 3 semaines qui me rend triste, mais ça a rouvert toutes les blessures qui n'étaient pas pansées, tout ce que j'avais foutu sous le tapis, et c'est mon ex que je pleure encore. J'essaie d'être douce avec moi, de me dire que je n'avais rien cherché, qu'il m'est tombé dessus et que c'était hyper chouette, que ce n'est pas de ma faute, mais je m'en veux quand même de m'être ENCORE lancée dans un truc alors que je n'étais pas solide sur mes appuis. J'ai presque honte de revenir écrire ça, d'être toujours la Janysse qui galère avec les mecs et qui se fait jeter, qui fait n'importe quoi alors qu'elle n'est pas guérie.
Je me juge énormément alors que j'aurais besoin d'être douce avec moi. J'ai des projets plein la tête, je me vois vivre seule dans ma maison dans les Cévennes, je me vois faire un enfant seule, deux peut-être, sans mec, dans un chemin de vie qui n'est peut-être pas celui dont on m'a inculqué que c'était le seul valable. Mais dans ces moments-là, quand j'ai vécu autant de tendresse, aussi simple, c'est difficile de rêver de ça, parce que je veux cette tendresse-là, je veux ce truc-là tous les jours, et je ne veux pas vivre sans, vraiment.
J'essaie de prendre du recul, de rester lucide sur le fait que j'étais de toute façon angoissée quelque part donc que ça n'était pas bon pour moi, mais je ne sais plus si c'est un vrai soulagement parce que je n'étais pas prête, ou le soulagement de souffrir maintenant et d'éviter la grande douleur qui vient plus tard parce que tous les hommes finissent toujours par me quitter. C'est très confus dans ma tête, tout ce que je sais c'est que j'ai passé une heure à pleurer par terre sur mon carrelage et que je n'en peux plus de vivre ça. Je ne comprends pas pourquoi c'est aussi compliqué pour moi. Je ne comprend pas pourquoi ça ne marche pas. Est-ce que quelque chose cloche autant que ça chez moi ? Est-ce que je joue vraiment de malchance à chaque fois ?
Je veux garder en tête toute la montagne que j'ai déjà gravie, tout ce qui est acquis pour de bon, mais c'est vrai que ce soir c'est un peu difficile de rester positive et sereine.