Bonjour!
Suite à toute l’aide apportée ici, je reviens vous donner des nouvelles. Et j’ai fait les séances avec la travailleuse sociale, oui ben inutile. J’ai eu l’impression de suivre un cours sur l’anxiété. Passons.
Sandstorm, je viens de relire nos derniers échanges, tu avais vu juste, le break nous a fait du bien et le temps a apporté des réponses et tout est plus clair. D’ailleurs, du côté de ma relation, tout va bien! Les derniers mois ont été mouvementés, mais ça ne concerne pas notre couple
Tout d’abord, il y a eu un avant et un après le break. Je ne me sens plus en insécurité. Cette « séparation » m’a confrontée à mes peurs, je l’ai traversée, et je n’en suis pas morte. En plus, le dénouement est heureux. Alors oui, ça peut se terminer un jour, ça fera mal si ça arrive. Je pleurerai, je serai toute petite et misérable. Puis je me relèverai. Un jour à la fois. La douleur m’effraie moins, c’est que je retiens de positif dans ce break.
Le départ de mes insécurités a aussi amené de la sérénité entre nous. On progresse en communication! Ce n’est pas parfait mais on a compris qu’on était du même côté, ça désamorce tout. Je le sens beaucoup plus attaché à moi, je le vois dans tout. L’expression de ses sentiments n’est plus un souci.
Alors en 7 mois :
- Je me suis fracturé le dos en octobre suite à une chute de cheval (Dieu merci, juste avant de sauter un obstacle, ça aurait pu être pire). La veille de Thanksgiving en plus, grrrr. Il a TOUT fait, de m’amener aux urgences à me conduire partout, en passant par m’aider à faire pipi (oui glamour hein), être là quand je me réveillais la nuit en larmes à crier, et à m’aider à marcher un moment quand je me levais. On s’est beaucoup rapprochés suite à ça, jamais on ne s’était occupé de moi comme ça.
- J’avais une conférence en novembre en Europe. Sympa l’avion 1 mois après une fracture d’ailleurs. Il est venu avec moi, puis dans ma famille en Suisse et voir mes amis à Paris. 3 semaines non stop ensemble, rien à dire, c’était génial. Il a même survécu à ma mère (qui n’a fait aucun effort avec l’anglais, on s’entend) et à mon frère
Il a rencontré ma chère grande sœur et ses enfants. Ce qui avec du recul prend une importance considérable pour moi. Je vais l’expliquer.
- Fêtes de Noël avec toute sa famille sur une île. Super aussi! Par contre, c’est débile à dire vu que j’en peux plus de l’hiver et de la neige là, mais Noël sans neige mouais… Il partage mon avis, donc parfait!
- Retour des vacances. Le drame. On chargeait la voiture avec ses parents, prêts à rentrer dans le Nord depuis l’aéroport, 9-10h de route en hiver. Ma mère m’appelle. Ma sœur a eu un problème cardiaque le matin-même, elle s’est écroulée par terre, 50 mn de réanimation. Elle est dans le coma. Impossible de reprendre l’avion directement, je n’ai que des robes d’été dans mes bagages. Retour dans le Nord, trouver des billets d’avion, repartir le lendemain.
Ma sœur est morte un jeudi, peu après minuit.
Je lui ai tenu la main jusqu’au bout. Ma mère et deux de ses amies étaient là aussi. Elle est partie en douceur. Elle ne fêtera jamais ses 39 ans, ni aucun autre anniversaire. Je vais bien, mais elle me manque viscéralement. J’ai perdu ma grande sœur, le premier amour de ma vie.
Les 2 semaines qui ont suivis ont été éprouvantes, entre les enfants à s’occuper, l’enterrement, le caractère ignoble de ma super famille. Mon père (auquel je n’avais pas parlé depuis 10 ans) qui ne vient pas à l’enterrement parce qu’il ne veut pas voir ma mère. 34 ans de séparation hein.. Une vieille tante méchante qui me dit juste « Donne-toi de la peine hein, c’est important » alors que ma sœur est dans un cercueil à 2 mètres. Même pas de condoléances, rien. Je n’ai pas compris sa phrase de m***. Mon frère qui ne vient pas, ah ben oui c’est trop dur pour lui vous comprenez. Rester dans l’appartement de ma sœur, parce que les enfants y habitent. Y rentrer le soir de son décès, sans autre personne hormis les enfants qui dorment, la voir partout, dormir dans son lit. Et sourire le matin, jouer, sauter, parce que les enfants ne savent pas encore. Mon cousin le soir de l’enterrement au téléphone qui ne me demande même pas comment ça va, me parle de lui pendant 1h. Aucune condoléances non plus.
Et j’en passe. J’aime avoir un océan entre moi et eux!
Mais beaucoup de beauté aussi. Énormément d’amour de mes amis. Ma meilleure amie d’enfance est venue au plus vite, elle a été la seule après le décès à rester avec les enfants et moi, dormir sur place, faire à manger, tout. Ses parents ont aidé. Mon copain voulait venir, je lui ai dit non, j’avais besoin de régler tout ça moi-même. Il a compris, a été d’un soutien sans faille. Toujours disponible pour un appel, peu importe le décalage horaire. Répondait en 3 mn à mes messages, même la nuit. M’a aidé à payer mes billets d’avion, les funérailles. Énorme soutien de sa famille, ma famille aussi maintenant comme dit sa maman.
Et le plus important. Les enfants. Des jumeaux de 3 ans, une princesse de 4 ans. Le père absent, en prison la plupart du temps.
J’ai toujours promis à ma sœur de prendre soin d’eux, quoiqu’il advienne. Le moment est venu. Je suis la seule personne fiable qu’ils ont, et qui les aime. La nuit de son décès, quand j’ai eu mon copain au téléphone, je lui disais en larmes que je ne pouvais pas les laisser, que je ferai tout pour les garder avec moi. Et que je comprendrais que ce soit trop pour lui, que jamais je ne lui en voudrai s’il préférait arrêter là. Il n’a rien répondu ce soir-là. C’est un côté que j’apprécie tellement chez lui, il ne va jamais dire les mots qu’il n’est pas sûr d’assumer. Même dans de telles circonstances.
Et effectivement, deux jours plus tard, au détour d’une conversation lambda, il me dit que c’est posé, réfléchi, assumé. Il sera là pour eux et pour moi. Qu’on peut y arriver ensemble, que m’aimer implique également d’aimer le reste de ma vie. Que les enfants, ils font déjà partie du tableau. J’ai pleuré.
Depuis lors, il reste dans cette même idée. On vient d’acheter une maison, enfin surtout lui parce que mes finances ne sont pas glorieuses avec tout ça. On a emménagé cette semaine. Pour les enfants, il faut attendre la fin des enquêtes sociales en Suisse et ici pour que je devienne leur tutrice. Le côté international n’arrange pas les choses niveau timing. J’espère que la Suisse nous autorisera à les prendre. Je n’ai aucune confiance dans les services sociaux vu mon histoire personnelle. Ils espèrent que la situation fera changer le père de comportement, blablabla (je le connais depuis 20 ans, aucune chance), donc hésitent à laisser les enfants partir. Et en même temps, ils savent que nous serions un meilleur foyer, et ça respecterait aussi les volontés de ma sœur.
La famille de mon copain, lui, et moi-même attendons les petits loups avec impatience, on croise les doigts
Voici le résumé des 7 derniers mois. Donc au milieu de tout ça, ben ça va. J’espère ne pas avoir la même pathologie cardiaque que ma sœur, des tests vont être faits ces prochaines semaines. Si c’est connu et suivi, pas de problème en principe.
Merci pour les courageux qui auront été au bout de la lecture (longue). Merci à ceux qui m’ont beaucoup aidée depuis plus de 2 ans maintenant. J’ai beaucoup progressé en partie grâce à vous!
Lola