- 10 nov. 2008, 18:37
#37731
Merci à tous ceux qui s'intéresseront à mon histoire. En échange, j'ai mis du cœur à vous confier que je ne pouvais même pas évoquer auparavant. C'est long comme un film au ciné, prenez du popcorn et un verre de ce qui vous plaira, je fournis les mouchoirs. Vous pouvez aussi sortir de la salle, il est encore temps. Il y a tant à dire... j'ai parfois la plume exubérante.
La rencontre.
Mon (ex) petite amie et moi-même nous connaissons depuis nos études supérieures. C'est là que je suis tombé amoureux d'elle. Etant trop timide à l'époque (je suis resté un grand sensible), nous sommes juste devenus amis pour me rapprocher en espérant je ne sais quoi.
Deux ans plus tard je n'en pouvais plus, j'ai pris tout ce que j'avais comme courage et je lui ai avoué mes sentiments. Elle était en couple (avec un blaireau...), ce que je savais parfaitement, m'a dit être flattée, puis m'a gentiment débouté en souhaitant que l'on reste amis. Ca ne m'a pas étonné, je voulais juste qu'elle sache, et il n'a jamais été dans mon intention de briser son couple. S'ils étaient mal ensemble, ca allait craquer tout seul (ça l'a d'ailleurs fait, après).
Nous nous sommes éloignés dès ce moment, de mon fait. Je voulais aimer et être aimé en retour, et ne plus perdre mon temps à souffrir après elle puisqu'il n'y avait aucun chance.
J'ai fait ma vie ailleurs.
Le bonheur.
Quelques années plus tard, les circonstances de la vie nous rapprochent. J'avais pas mal changé, et mûri en mieux (elle aussi) et elle s'en est aperçue. J'étais libre, et étant toujours très sensible à son charme et à sa classe (mais cette fois sans me laisser impressionner), j'ai multiplié les occasions de la revoir et après quelques mois d'un chassé-croisé savoureux car mutuellement intéressé, nous nous sommes rapprochés, puis embrassés.
La suite fut... magique. Les mots sont bien faibles pour décrire ce qui fut la plus merveilleuse période de mon existence : un coin de paradis sur terre qui me tombait dessus comme ça, juste parce que j'avais été le chercher et que par bonheur il m'avait été accordé. La vie souriait, il faisait magnifique, et pour une fois je me sentais à ma place. Chaque jour, chaque minute comptait, était vécue pleinement. Je ne crois pas que je connaitrai encore une telle chose.
On a bien pris le temps de s'apprivoiser, et après deux ans on s'est installés en appart. Nous y avons habité 4 ans. J'ai dû m'habituder à la vie à deux, ca faisait différent, parfois positif, parfois moins, mais on a pu trouver un rythme de croisière "post-passionnel" comme c'est un cap que tout couple est amené à franchir. Comment décrire notre relation ? Carpe diem. On s'aimait avant tout, avec une confiance totale l'un envers l'autre, on se faisait plaisir, on était complices, on partageait beaucoup de choses et faire l'amour ensemble était éblouissant. On se plaisait beaucoup. Ni elle ni moi n'avions jamais connu ça. On avait une vie sociale assez active avec différents cercles d'amis, tout en gardant notre intimité et nos moments à deux car on passait beaucoup (trop?) de temps ensemble. Sa famille, très accueillante, est devenue à peu de choses près la mienne.
Nous avions peu de disputes, et jamais eu de dispute "grave" qui aurait remis quelque chose en question. La seule ombre visible au tableau était nos situations professionnelles respectives qui n'ont pas toujours été faciles, de par leur nature artistique, induisant un problème récurrent d'accomplissement personnel et de possibilités financières pour nourrir nos projets, avec toute la pression et l'anxiété insidieuses que ca peut générer. Personne n'aime vivre dans l'insécurité, et elle supporte particulièrement mal d'avoir à subir les attentes des autres.
Le repli.
Un jour, comme ça, elle m'annonce que pour le moment elle vit dans sa bulle, qu'elle ne ressent plus de désir, et elle m'invite, en larmes, à vivre pour moi, mais précise bien qu'elle ne souhaite pas de séparation. Je m'inquiète car je trouvais justement qu'elle était dans une période réfractaire ou elle coupait de plus en plus les ponts avec tout ce qui l'entourait, mais je la laisse faire. Nous n'avions jamais eu de crise de couple, il était possible que cela arrive à l'un ou à l'autre alors que nous approchions du cap des six ans. J'ai respecté son espace tout en la rassurant et j'ai gardé la tête froide tant que je pouvais. Il est vrai que nous avions traversé des moments éprouvants, mais je trouvais que nous étions en train de rebondir et à aucun moment notre attachement n'avait été mis en doute. Pour moi ça ressemblait à une sorte de dépression dont je pouvais deviner certaines causes. Ca a duré deux mois. Au fur et à mesure j'ai de moins en moins bien géré mon inquiétude, car le stress émotionnel s'accumulait et je ne savais que faire pour améliorer les choses. Mes rarissimes tentatives de câlins ont été reçues avec dégoût...
La rupture.
Un soir, au beau milieu du magnifique printemps passé...
"Je ne te désire plus. Je ne t'aime plus. C'est fini."
Des paroles qui scellent nos destins. Aucune explication. Elle ne savait pas elle même ce qui lui arrivait, elle a juste pu me dire qu'il n'y avait personne d'autre dans sa vie. Impossible de vous décrire ma douleur, mon ahurissement. C'était le drame, j'ai complètement perdu pied, je ne pouvais pas croire ce qui arrivait, j'en étais littéralement malade de chagrin. S'en est suivi un mois ou on a difficilement cohabité avant qu'elle se trouve un appart. Elle me fuyait, et je l'évitais au maximum pour lui laisser du répit. Je souffrais affreusement et elle aussi, dévorée par la culpabilité et le remords. Son regard.... a complètement changé. Il est devenu voilé, sombre et opaque, comme s'il n'y avait plus aucune étincelle de vie quand elle me regardait. Elle parlait de nous au passé. Il fallait "tourner la page, avancer". Des mots fous, invraisemblables, que je ne pouvais accepter. Qu'est-ce qui nous arrivait ? En peu de temps elle est devenue incapable du moindre geste de tendresse envers moi.
Quant à moi j'étais en plein choc. Ca bouillonnait dans ma tête, je ne pensais qu'à ça 24h/24. J'ai commis des interdits en lui réclamant des explications qu'elle était incapable de me fournir, ou en croyant pouvoir rallumer la flamme, ne serait-ce qu'une étincelle, ou en pleurant par désespoir, même si j'essayais de toutes mes forces de ne pas en rajouter. Je lui ai proposé une séance gratuite ensemble chez un psychologue, pas forcément pour recoller (éviter de la piéger) mais pour nous aider à comprendre. Elle a refusé, et a nié être en dépression. Je suis néanmoins resté sur une position nette : je l'aimais, et je ne serais pas son ami.
Elle a pris une bonne partie de ses affaires et elle a déménagé en me précisant bien qu'on se verrait pas souvent.
Ainsi je perdais l'étoile au centre de ma vie.
Ainsi je perdais celle qui me connaît le mieux sur cette terre.
Ainsi je perdais mon ange gardien qui rendait ce monde intéressant.
J'ai cru, littéralement, que j'allais en crever.
Aftermath.
Je m'en suis voulu, détesté, haï même. Il avait forcément fallu que je foire quelque chose dans les grandes largeurs pour qu'elle en arrive là, pour que je sois "puni" aussi violemment. Me culpabiliser servait aussi à diminuer l'absurdité des évènements en me trouvant des raisons. Et c'est vrai que j'en avais commis des erreurs, probablement en prenant son amour pour acquis, en ne lui fournissant pas le meilleur cadre de vie possible, en pliant parfois sous le poids de mes propres angoisses par rapport à la vie. J'ai cependant essayé de raisonner pour comprendre, me doutant bien qu'il y avait des soucis de son côté aussi et qu'en couple les torts sont souvent partagés. Je suis passé par toutes les humeurs. Et pourtant ne croyez pas que je ressemblais tout le temps à un zombie. Quand j'étais avec des gens j'arrivais à me contrôler pour donner le change. Je me donnais à fond au sport depuis quelques mois et ma silhouette était plutôt plaisante.
J'ai bien compris son besoin d'éloignement, et j'ai totalement évité de la contacter, sauf rarement pour les choses pratiques essentielles. Après son déménagement qui a laissé l'appartement tel un champ de ruines insoutenables ou tout me rappelait des souvenirs et son absence, j'ai attendu un mois et demi pour qu'elle revienne me donner une explication. C'est long pour cogiter seul, sans repères. Plutôt violent comme silence radio, mais j'ai tenu sans faillir (et sans connaître le site).
Pour m'aider à réfléchir et à structurer une approche, minimiser nos souffrances et me donner des outils essentiels de reconquête (je me raccrochais à cette idée pour survivre), je me suis plongé dans des livres dédiés à la communication non-violente (CNV). Le jour ou elle a décidé de revenir m'expliquer ses raisons, elle était nouée par le stress bien que j'essayais de la mettre à l'aise, elle n'a même pas pu manger. J'ai appliqué les principes de la CNV autant que possible, et ça m'a permis de garder le contrôle de mes émotions pendant un temps, tout en faisant passer et en récoltant un maximum d'informations pertinentes sur nos ressentis respectifs. Elle a répété qu'elle n'avait plus de sentiments pour moi, mais qu'elle se sentait déjà nettement mieux... (su-per). J'ai déduit de ses explications que c'est bien son sentiment d'insécurité qui avait eu raison de son attraction envers moi. Toujours selon elle, nos défauts étaient trop semblables et elle ne le supportait plus.
Ensuite ce fut moins brillant, j'ai fini par craquer et j'ai sangloté devant elle. La CNV m'a donné de bon outils pour une communication non-biaisée, mais je n'avais aucune stratégie et j'ai encore commis quelques interdits. De toutes façons les stratégies je n'y crois pas vraiment dans des cas pareils. Ca ressemble à de la manipulation d'émotions primaires. Sur quoi ce genre de choses peut-elle déboucher entre deux êtres qui se connaissent profondément bien ?
Après notre entrevue, j'ai fait la dernière chose qui me restait à faire : une... lettre (vous pouvez applaudir !) qui synthétiserait ma réflexion, mes attentes et glorifierait la-beauté-de-notre-amour-qui-devait-sûrement-survivre-quelque-part (lol) avec la distance de l'écrit... et une belle somme d'erreurs une fois de plus. Au moins serais-je allé jusqu'au bout. J'ai pris du temps pour la faire, je ne voulais pas que ça ressemble à une demande désespérée. J'ai essayé de trouver l'équilibre entre réflexion et intentions. Je lui ai donné en main propre, simple, souriant et déterminé. Hélas, les sept pages issues de mon coeur n'ont pas trouvé le sien. Je me suis pris un mail de réponse assez bref, coupant tout espoir possible, qui m'a cloué au sol.
Je suis parti en voyage, j'ai rencontré des gens, j'ai fait une formation, j'ai continué le sport, j'ai trouvé un nouveau travail. J'ai tout fait pour garder la tête hors de l'eau, alors qu'intérieurement je me noyais sans rémission possible. Plus aucun contact. On s'est fait un restau deux mois plus tard pour les modalités de remise de l'appartement et se donner des nouvelles. J'étais à mon avantage et la première partie de la soirée s'est bien passée. Je crois avoir fait au mieux pour montrer sans frimer que je pouvais exister sans elle, qu'il y avait des avancées positives dans ma vie. On a parlé de tout, de rien, on a pu rire ensemble. La seconde nettement moins, on s'est pris la tête sur l'appart... et une fois que c'est parti en vrille je devais lutter violemment contre mes émotions. Prendre sur moi à tout prix alors qu'elle perdait le contrôle. Je voulais éviter à tout prix qu'il y ait des disputes entre nous pour des questions matérielles, pas besoin d'en rajouter. Apres la soirée elle m'a envoyé un mail me disant que c'était bien de s'être revus, et elle s'excusait de s'être emportée.
Malgré les efforts déployés dans ma reconstruction et la personne en devenir que je lui ai donné à voir, elle ne semble avoir aucunement changé d'avis. Zéro espoir, aucune faille. Je la connais, et je crois qu'elle s'est refermée, retranchée derrières des murailles d'une épaisseur titanesque pour se protéger, comme elle le fait quand elle est blessée. J'ai régressé devant ce qui m'a semblé être un échec immérité qui sonnait le glas de mes espoirs. J'ai mis un mois à m'en remettre, j'ai arrêté le sport et je me suis plongé à fond dans le travail.
Ensuite il y eut le déménagement final, j'ai traîné bien trop longtemps dans ces lieux de douleur. Je lui ai envoyé des mails neutres à caractère informatif. Elle a été assez agressive par mail, croyant que je ne l'aiderais pas... les contacts indirects y a pas mieux pour flipper sans raison. Alors plutôt que de rentrer dans une guéguerre avec miss parano à qui je n'ai pourtant jamais refusé un service, je m'étais même spontanément proposé pour l'aider à déménager au tout début, je me suis occupé de ce qui restait et je lui ai envoyé un sms comme quoi c'était fait. Action plutôt que paroles, me suis-je dit.
Aujourd'hui.
Ce fut notre dernier contact. Ca fait un an que je n'ai plus de nouvelles et 1 an et demi qu'elle m'a quitté. Bien souvent j'ai pensé à la recontacter, mais je m'en suis tenu au silence, car je ne voyais plus ce qu'un contact pouvait nous apporter. Je devais montrer que j'étais autonome et je considérais que c'était le meilleur moyen de respecter ses choix et sa liberté. D'autre part je n'en pouvais plus et la perspective de la revoir me faisait trop souffrir. Il fallait que je me préserve, me reconstruise, j'en ai trop pris dans la gueule. Son absence était une torture, sa présence aussi...
Je sais avec certitude qu'elle pense que je suis quelqu'un de bon, qu'elle trouve que j'ai mûri, et plus récemment j'ai appris qu'elle n'a pas donné de nouvelles car elle ne savait pas si c'était une bonne idée. Je ne sais plus quoi faire. De l'extérieur j'ai l'air ok, je peux rire, plaire, j'ai des atouts... mais à l'intérieur je me sens souvent démuni, comme si j'errais sans but dans une vie terne, comme si je n'avais plus rien à offrir. Je ne jalouse pas les modèles sociaux classiques, mais à l'âge ou les gens font des projets, achètent un bien, se marient ou fondent une famille, j'ai l'impression que ma vie m'a été volée, qu'elle n'a plus rien d'authentique. Que la seule chose en laquelle je croyais vraiment est morte devant mes yeux de manière incompréhensible. Que notre histoire se termine comme ça, c'est un gâchis invraisemblable, impardonnable. Je n'ai jamais eu la moindre chance de nous donner un second souffle malgré mes efforts. Et je ne crois pas vivre dans l'illusion, je la connais depuis assez longtemps, y compris ses défauts, pour savoir tout ce que je perds.
Le mois passé ma mission s'est terminée alors que le boulot avait pris une place prépondérante dans mon existence et occupait mes pensées. Du coup, j'ai plein de temps pour me morfondre sur ma situation professionnelle et sur la rupture, sans compter que ma situation familiale est déprimante à souhait... Je dois l'avouer : actuellement je n'ai plus la force d'être fort, le moral en dents de scie, et je sais pertinemment que ce n'est pas me laisser aller qui me mènera quelque part. La recontacter dans ma situation actuelle me paraît une bien mauvaise idée, surtout si je dois apprendre combien elle est heureuse je ne sais ou, avec je ne sais qui.
Voilà, je suis moi, avec mes qualités, mes défauts, manque de confiance en moi, sûrement trop sensible, parfois trop gentil. Et elle, belle, intelligente, talentueuse et, disons le, chieuse de première, elle est toute ma vie amoureuse ayant vraiment compté, je ne peux ni vivre sans elle ni avec elle, et je l'aime désormais sans espoir.
La rencontre.
Mon (ex) petite amie et moi-même nous connaissons depuis nos études supérieures. C'est là que je suis tombé amoureux d'elle. Etant trop timide à l'époque (je suis resté un grand sensible), nous sommes juste devenus amis pour me rapprocher en espérant je ne sais quoi.
Deux ans plus tard je n'en pouvais plus, j'ai pris tout ce que j'avais comme courage et je lui ai avoué mes sentiments. Elle était en couple (avec un blaireau...), ce que je savais parfaitement, m'a dit être flattée, puis m'a gentiment débouté en souhaitant que l'on reste amis. Ca ne m'a pas étonné, je voulais juste qu'elle sache, et il n'a jamais été dans mon intention de briser son couple. S'ils étaient mal ensemble, ca allait craquer tout seul (ça l'a d'ailleurs fait, après).
Nous nous sommes éloignés dès ce moment, de mon fait. Je voulais aimer et être aimé en retour, et ne plus perdre mon temps à souffrir après elle puisqu'il n'y avait aucun chance.
J'ai fait ma vie ailleurs.
Le bonheur.
Quelques années plus tard, les circonstances de la vie nous rapprochent. J'avais pas mal changé, et mûri en mieux (elle aussi) et elle s'en est aperçue. J'étais libre, et étant toujours très sensible à son charme et à sa classe (mais cette fois sans me laisser impressionner), j'ai multiplié les occasions de la revoir et après quelques mois d'un chassé-croisé savoureux car mutuellement intéressé, nous nous sommes rapprochés, puis embrassés.
La suite fut... magique. Les mots sont bien faibles pour décrire ce qui fut la plus merveilleuse période de mon existence : un coin de paradis sur terre qui me tombait dessus comme ça, juste parce que j'avais été le chercher et que par bonheur il m'avait été accordé. La vie souriait, il faisait magnifique, et pour une fois je me sentais à ma place. Chaque jour, chaque minute comptait, était vécue pleinement. Je ne crois pas que je connaitrai encore une telle chose.
On a bien pris le temps de s'apprivoiser, et après deux ans on s'est installés en appart. Nous y avons habité 4 ans. J'ai dû m'habituder à la vie à deux, ca faisait différent, parfois positif, parfois moins, mais on a pu trouver un rythme de croisière "post-passionnel" comme c'est un cap que tout couple est amené à franchir. Comment décrire notre relation ? Carpe diem. On s'aimait avant tout, avec une confiance totale l'un envers l'autre, on se faisait plaisir, on était complices, on partageait beaucoup de choses et faire l'amour ensemble était éblouissant. On se plaisait beaucoup. Ni elle ni moi n'avions jamais connu ça. On avait une vie sociale assez active avec différents cercles d'amis, tout en gardant notre intimité et nos moments à deux car on passait beaucoup (trop?) de temps ensemble. Sa famille, très accueillante, est devenue à peu de choses près la mienne.
Nous avions peu de disputes, et jamais eu de dispute "grave" qui aurait remis quelque chose en question. La seule ombre visible au tableau était nos situations professionnelles respectives qui n'ont pas toujours été faciles, de par leur nature artistique, induisant un problème récurrent d'accomplissement personnel et de possibilités financières pour nourrir nos projets, avec toute la pression et l'anxiété insidieuses que ca peut générer. Personne n'aime vivre dans l'insécurité, et elle supporte particulièrement mal d'avoir à subir les attentes des autres.
Le repli.
Un jour, comme ça, elle m'annonce que pour le moment elle vit dans sa bulle, qu'elle ne ressent plus de désir, et elle m'invite, en larmes, à vivre pour moi, mais précise bien qu'elle ne souhaite pas de séparation. Je m'inquiète car je trouvais justement qu'elle était dans une période réfractaire ou elle coupait de plus en plus les ponts avec tout ce qui l'entourait, mais je la laisse faire. Nous n'avions jamais eu de crise de couple, il était possible que cela arrive à l'un ou à l'autre alors que nous approchions du cap des six ans. J'ai respecté son espace tout en la rassurant et j'ai gardé la tête froide tant que je pouvais. Il est vrai que nous avions traversé des moments éprouvants, mais je trouvais que nous étions en train de rebondir et à aucun moment notre attachement n'avait été mis en doute. Pour moi ça ressemblait à une sorte de dépression dont je pouvais deviner certaines causes. Ca a duré deux mois. Au fur et à mesure j'ai de moins en moins bien géré mon inquiétude, car le stress émotionnel s'accumulait et je ne savais que faire pour améliorer les choses. Mes rarissimes tentatives de câlins ont été reçues avec dégoût...
La rupture.
Un soir, au beau milieu du magnifique printemps passé...
"Je ne te désire plus. Je ne t'aime plus. C'est fini."
Des paroles qui scellent nos destins. Aucune explication. Elle ne savait pas elle même ce qui lui arrivait, elle a juste pu me dire qu'il n'y avait personne d'autre dans sa vie. Impossible de vous décrire ma douleur, mon ahurissement. C'était le drame, j'ai complètement perdu pied, je ne pouvais pas croire ce qui arrivait, j'en étais littéralement malade de chagrin. S'en est suivi un mois ou on a difficilement cohabité avant qu'elle se trouve un appart. Elle me fuyait, et je l'évitais au maximum pour lui laisser du répit. Je souffrais affreusement et elle aussi, dévorée par la culpabilité et le remords. Son regard.... a complètement changé. Il est devenu voilé, sombre et opaque, comme s'il n'y avait plus aucune étincelle de vie quand elle me regardait. Elle parlait de nous au passé. Il fallait "tourner la page, avancer". Des mots fous, invraisemblables, que je ne pouvais accepter. Qu'est-ce qui nous arrivait ? En peu de temps elle est devenue incapable du moindre geste de tendresse envers moi.
Quant à moi j'étais en plein choc. Ca bouillonnait dans ma tête, je ne pensais qu'à ça 24h/24. J'ai commis des interdits en lui réclamant des explications qu'elle était incapable de me fournir, ou en croyant pouvoir rallumer la flamme, ne serait-ce qu'une étincelle, ou en pleurant par désespoir, même si j'essayais de toutes mes forces de ne pas en rajouter. Je lui ai proposé une séance gratuite ensemble chez un psychologue, pas forcément pour recoller (éviter de la piéger) mais pour nous aider à comprendre. Elle a refusé, et a nié être en dépression. Je suis néanmoins resté sur une position nette : je l'aimais, et je ne serais pas son ami.
Elle a pris une bonne partie de ses affaires et elle a déménagé en me précisant bien qu'on se verrait pas souvent.
Ainsi je perdais l'étoile au centre de ma vie.
Ainsi je perdais celle qui me connaît le mieux sur cette terre.
Ainsi je perdais mon ange gardien qui rendait ce monde intéressant.
J'ai cru, littéralement, que j'allais en crever.
Aftermath.
Je m'en suis voulu, détesté, haï même. Il avait forcément fallu que je foire quelque chose dans les grandes largeurs pour qu'elle en arrive là, pour que je sois "puni" aussi violemment. Me culpabiliser servait aussi à diminuer l'absurdité des évènements en me trouvant des raisons. Et c'est vrai que j'en avais commis des erreurs, probablement en prenant son amour pour acquis, en ne lui fournissant pas le meilleur cadre de vie possible, en pliant parfois sous le poids de mes propres angoisses par rapport à la vie. J'ai cependant essayé de raisonner pour comprendre, me doutant bien qu'il y avait des soucis de son côté aussi et qu'en couple les torts sont souvent partagés. Je suis passé par toutes les humeurs. Et pourtant ne croyez pas que je ressemblais tout le temps à un zombie. Quand j'étais avec des gens j'arrivais à me contrôler pour donner le change. Je me donnais à fond au sport depuis quelques mois et ma silhouette était plutôt plaisante.
J'ai bien compris son besoin d'éloignement, et j'ai totalement évité de la contacter, sauf rarement pour les choses pratiques essentielles. Après son déménagement qui a laissé l'appartement tel un champ de ruines insoutenables ou tout me rappelait des souvenirs et son absence, j'ai attendu un mois et demi pour qu'elle revienne me donner une explication. C'est long pour cogiter seul, sans repères. Plutôt violent comme silence radio, mais j'ai tenu sans faillir (et sans connaître le site).
Pour m'aider à réfléchir et à structurer une approche, minimiser nos souffrances et me donner des outils essentiels de reconquête (je me raccrochais à cette idée pour survivre), je me suis plongé dans des livres dédiés à la communication non-violente (CNV). Le jour ou elle a décidé de revenir m'expliquer ses raisons, elle était nouée par le stress bien que j'essayais de la mettre à l'aise, elle n'a même pas pu manger. J'ai appliqué les principes de la CNV autant que possible, et ça m'a permis de garder le contrôle de mes émotions pendant un temps, tout en faisant passer et en récoltant un maximum d'informations pertinentes sur nos ressentis respectifs. Elle a répété qu'elle n'avait plus de sentiments pour moi, mais qu'elle se sentait déjà nettement mieux... (su-per). J'ai déduit de ses explications que c'est bien son sentiment d'insécurité qui avait eu raison de son attraction envers moi. Toujours selon elle, nos défauts étaient trop semblables et elle ne le supportait plus.
Ensuite ce fut moins brillant, j'ai fini par craquer et j'ai sangloté devant elle. La CNV m'a donné de bon outils pour une communication non-biaisée, mais je n'avais aucune stratégie et j'ai encore commis quelques interdits. De toutes façons les stratégies je n'y crois pas vraiment dans des cas pareils. Ca ressemble à de la manipulation d'émotions primaires. Sur quoi ce genre de choses peut-elle déboucher entre deux êtres qui se connaissent profondément bien ?
Après notre entrevue, j'ai fait la dernière chose qui me restait à faire : une... lettre (vous pouvez applaudir !) qui synthétiserait ma réflexion, mes attentes et glorifierait la-beauté-de-notre-amour-qui-devait-sûrement-survivre-quelque-part (lol) avec la distance de l'écrit... et une belle somme d'erreurs une fois de plus. Au moins serais-je allé jusqu'au bout. J'ai pris du temps pour la faire, je ne voulais pas que ça ressemble à une demande désespérée. J'ai essayé de trouver l'équilibre entre réflexion et intentions. Je lui ai donné en main propre, simple, souriant et déterminé. Hélas, les sept pages issues de mon coeur n'ont pas trouvé le sien. Je me suis pris un mail de réponse assez bref, coupant tout espoir possible, qui m'a cloué au sol.
Je suis parti en voyage, j'ai rencontré des gens, j'ai fait une formation, j'ai continué le sport, j'ai trouvé un nouveau travail. J'ai tout fait pour garder la tête hors de l'eau, alors qu'intérieurement je me noyais sans rémission possible. Plus aucun contact. On s'est fait un restau deux mois plus tard pour les modalités de remise de l'appartement et se donner des nouvelles. J'étais à mon avantage et la première partie de la soirée s'est bien passée. Je crois avoir fait au mieux pour montrer sans frimer que je pouvais exister sans elle, qu'il y avait des avancées positives dans ma vie. On a parlé de tout, de rien, on a pu rire ensemble. La seconde nettement moins, on s'est pris la tête sur l'appart... et une fois que c'est parti en vrille je devais lutter violemment contre mes émotions. Prendre sur moi à tout prix alors qu'elle perdait le contrôle. Je voulais éviter à tout prix qu'il y ait des disputes entre nous pour des questions matérielles, pas besoin d'en rajouter. Apres la soirée elle m'a envoyé un mail me disant que c'était bien de s'être revus, et elle s'excusait de s'être emportée.
Malgré les efforts déployés dans ma reconstruction et la personne en devenir que je lui ai donné à voir, elle ne semble avoir aucunement changé d'avis. Zéro espoir, aucune faille. Je la connais, et je crois qu'elle s'est refermée, retranchée derrières des murailles d'une épaisseur titanesque pour se protéger, comme elle le fait quand elle est blessée. J'ai régressé devant ce qui m'a semblé être un échec immérité qui sonnait le glas de mes espoirs. J'ai mis un mois à m'en remettre, j'ai arrêté le sport et je me suis plongé à fond dans le travail.
Ensuite il y eut le déménagement final, j'ai traîné bien trop longtemps dans ces lieux de douleur. Je lui ai envoyé des mails neutres à caractère informatif. Elle a été assez agressive par mail, croyant que je ne l'aiderais pas... les contacts indirects y a pas mieux pour flipper sans raison. Alors plutôt que de rentrer dans une guéguerre avec miss parano à qui je n'ai pourtant jamais refusé un service, je m'étais même spontanément proposé pour l'aider à déménager au tout début, je me suis occupé de ce qui restait et je lui ai envoyé un sms comme quoi c'était fait. Action plutôt que paroles, me suis-je dit.
Aujourd'hui.
Ce fut notre dernier contact. Ca fait un an que je n'ai plus de nouvelles et 1 an et demi qu'elle m'a quitté. Bien souvent j'ai pensé à la recontacter, mais je m'en suis tenu au silence, car je ne voyais plus ce qu'un contact pouvait nous apporter. Je devais montrer que j'étais autonome et je considérais que c'était le meilleur moyen de respecter ses choix et sa liberté. D'autre part je n'en pouvais plus et la perspective de la revoir me faisait trop souffrir. Il fallait que je me préserve, me reconstruise, j'en ai trop pris dans la gueule. Son absence était une torture, sa présence aussi...
Je sais avec certitude qu'elle pense que je suis quelqu'un de bon, qu'elle trouve que j'ai mûri, et plus récemment j'ai appris qu'elle n'a pas donné de nouvelles car elle ne savait pas si c'était une bonne idée. Je ne sais plus quoi faire. De l'extérieur j'ai l'air ok, je peux rire, plaire, j'ai des atouts... mais à l'intérieur je me sens souvent démuni, comme si j'errais sans but dans une vie terne, comme si je n'avais plus rien à offrir. Je ne jalouse pas les modèles sociaux classiques, mais à l'âge ou les gens font des projets, achètent un bien, se marient ou fondent une famille, j'ai l'impression que ma vie m'a été volée, qu'elle n'a plus rien d'authentique. Que la seule chose en laquelle je croyais vraiment est morte devant mes yeux de manière incompréhensible. Que notre histoire se termine comme ça, c'est un gâchis invraisemblable, impardonnable. Je n'ai jamais eu la moindre chance de nous donner un second souffle malgré mes efforts. Et je ne crois pas vivre dans l'illusion, je la connais depuis assez longtemps, y compris ses défauts, pour savoir tout ce que je perds.
Le mois passé ma mission s'est terminée alors que le boulot avait pris une place prépondérante dans mon existence et occupait mes pensées. Du coup, j'ai plein de temps pour me morfondre sur ma situation professionnelle et sur la rupture, sans compter que ma situation familiale est déprimante à souhait... Je dois l'avouer : actuellement je n'ai plus la force d'être fort, le moral en dents de scie, et je sais pertinemment que ce n'est pas me laisser aller qui me mènera quelque part. La recontacter dans ma situation actuelle me paraît une bien mauvaise idée, surtout si je dois apprendre combien elle est heureuse je ne sais ou, avec je ne sais qui.
Voilà, je suis moi, avec mes qualités, mes défauts, manque de confiance en moi, sûrement trop sensible, parfois trop gentil. Et elle, belle, intelligente, talentueuse et, disons le, chieuse de première, elle est toute ma vie amoureuse ayant vraiment compté, je ne peux ni vivre sans elle ni avec elle, et je l'aime désormais sans espoir.