- 15 mai 2016, 19:18
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Je crois en la véritable intuition (l'exercice de l'intelligence dans des univers conceptuels méta-verbaux, à données inconnues, à la logique non-aristotélicienne, ou d'abstraction pure). Pour dire les choses plus simplement, je crois dur comme fer en l'intuition mathématique, philosophique et même artistique, que je perçois simplement comme l'aspect particulier de l'intelligence profonde, celle qui n'est pas formatée par la logique formelle, et qui est une forme de sensibilité comme n'importe quelle autre.
Par exemple, et comme tout le monde, je peux "sentir" quand une situation est injuste, même si je manque d'arguments pour faire valoir ce point dans une logique juridique ou éthique valable. Avec autant de certitude que je peux sentir quand un résultat est faux, même si mes connaissances mathématiques ne me permettent pas d'isoler l'erreur de calcul qui a été faite. Je peux pressentir quand un bloc de code va bugger avant d'avoir déniché mon erreur, et je peux être choqué par une ombre ou un reflet mal peints dans une toile, sans savoir comment le peintre aurait dû s'y prendre pour les restituer correctement.
Voilà ce que j'appelle l'intuition et ce en quoi je crois : la capacité à pénétrer des systèmes de manière holistique, immédiate et complète, au-delà de ses capacités d'analyse formelle, séquentielle et communicables. C'est une zone de l'esprit qui n'est étrangère ni à la synthèse logique, ni à l'esthétique, en celà qu'elle s'attache à restituer l'essentiel de ce qui résiste au langage et aux autres modes d'appropriation formelle. Elle a porté beaucoup de noms différents dans des traditions différentes à travers les âges, et a nourri une infinité de gens, des pythies chamaniques aux maîtres de corps-à-corps, des marins aux traducteurs : tous ceux qui ont eu à saisir vite et bien des situations complexes qui résistaient à la lettre et au chiffre. Pour ma part, je l'appelle tout bêtement "vision large", parce que c'est simple et dit bien ce que c'est, et je ne dédaigne jamais de m'appuyer dessus quand la situation le permet ou l'exige.
Maintenant, quid en matière amoureuse ? Eh bien, il est certain que l'intuition s'applique et peut fournir des aperçus vraisemblables et fins de différents scenarii possibles, quand on sait l'écouter. Autant que dans n'importe quelle autre domaine. De là à en conclure qu'on sait à l'avance si l'on va se remettre avec tel ex, il y a un pas que je me garderai bien de franchir pour plusieurs raisons :
- cela revient en partie à nier le libre-arbitre de l'autre et la puissance de son "chaos interne". Ce qui me semble toujours une mauvaise politique, éthiquement et techniquement : sortir l'autre de l'équation dans une relation à deux, ça avilit et ça rend con.
- les ruptures, de par leur côté violent, en particulier chez les nanas (souvent plus prônes à user de leur intuition que les hommes), tendent à "saturer" un peu l'intelligence et la sensibilité. Lesquelles sont indissociables, telles que je les comprends, du détachement réel.
- je me méfie de la perception dissymétrique et de ses effets de "parallaxe mentale". Quand les enjeux s'alourdissent, on se rend volontiers aveugle et sourd à certains signes, ce qui dérègle facilement la balance de l'avenir.
Je terminerai en disant que l'esprit humain, même l'esprit d'une femme ou d'un autre primate peu intelligent, est chose miraculeuse. De la même manière qu'on peut mesurer objectivement l'effet placebo, je suis convaincu que la certitude d'une gonzesse peut suffire à la driver à faire l'effort nécessaire pour reconquérir un ex qui se serait éloigné d'elle en toute autre occasion. Le destin pèse peu à côté de la volonté pure, même chez les primitifs.