Coucou Karen,
Voilà, j'ai lu la vingtaine de pages. J'ai pu suivre ton évolution, depuis les débuts pleins de détresse, jusqu'aux écrits qui laissent transparaître ta force d'aujourd'hui. Même si tout n'est pas gagné, même s'il y a des hauts et des bas, rien de plus normal. J'ai été particulièrement sensibilisé par la thématique de la maladie partiellement vécue en même temps que la rupture. Voilà assurément la configuration d'une épreuve dont l'âpreté soumet tout notre être. Je comprends tout à fait la colère que tu as pu ressentir, la sensation d'avoir été abandonnée dans un moment difficile, même si par bonheur je n'ai pas eu à affronter la même chose.
Je vais me permettre de parler un peu de mon expérience pour faire un parallèle avec la tienne, même si elles sont très différentes, sous l'angle de la maladie comme facteur de déstabilisation dans une relation. Dans mon cas, c'est moi qui ait soutenu mon ex qui a souffert d'une maladie potentiellement grave et donc anxiogène qu'on a découverte un peu par hasard, même si peu invalidante au quotidien à ce stade de développement. Je me souviens encore avec émotion de lui tenir la main à l'hôpital lors de l'examen, de m'endormir sur le siège à côté de son lit. Quelques mois plus tard, après avoir commencé le traitement, elle a commencé à s'éloigner, et finalement c'est elle qui m'a quitté, alors que j'apprenais que ma maman tombait gravement malade (diagnostic long et complexe, invalidité partielle...), que j'avais perdu des amis, que j'avais perdu mon associé et ma société... C'était dur, car tant que je vivais à la lumière de notre amour je croyais pouvoir tout affronter. Je sais qu'elle a ressenti de la culpabilité pour m'avoir abandonné dans un tel moment car elle l'a exprimée, mais ce n'est pas ça qui fait revenir. Je me pose encore des questions sur l'influence qu'a pu avoir sa maladie (dont elle a très bien guéri par la suite) sur l'amour qu'elle éprouvait pour moi. Comme je l'explique dans mon histoire, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte, mais cette piste m'intrigue.
Donc, que ce soit comme ton homme qui te quitte malade, ou elle qui me quitte alors qu'elle l'a été, j'ai l'impression que dans les deux cas, la maladie est une sorte de confrontation avec l'humiliation de la décadence physique et la mort. Que l'amour est mis face à face avec notre (apparente) finitude, qu'il s'agisse de la nôtre ou de celle de notre partenaire. Qu'il s'agit là d'un test de solidité redoutable et apeurant. Et que peut-être des idées nouvelles commencent à affluer dans les têtes face à cette épreuve, comme si l'on réalisait dans sa chair ou par empathie que tout pourrait s'arrêter demain. Le temps nous est compté. Cette connaissance bouleversante pourrait parfaitement être perturbatrice, et source de nouveaux tourments émotionnels qui conduisent à un éloignement psychique, physique, et in fine à une fuite ou un désamour.
Courage, et félicitations pour ta force de vie. Je souhaite sincèrement que les bonnes nouvelles qui montrent bien le bout de leur nez se multiplient par toi, pour toi et autour de toi.