Voilà, voilà, Djeckelle !
Bon, les amis de la saga du
FildAakon, et les autres, je ne sais même pas par où commencer.
Ces derniers temps, j'avais pris du recul par rapport au forum : vacances obligent, d'abord, puis une vague crainte, alors que je me sentais bien mieux et détachée par rapport à mon ex, que JRME ne me tire un peu en arrière, et ne me replonge dans le souvenir des souffrances passées. Ce qui, bien sûr, ne m'a pas empêchée de penser souvent à vous, Aakon, Djeckelle, Crevette, mes compagnons de rupture, de souffrance et d'avancée, Kharma, Spook, Kitty, Albane, Karen, JoliDragon, Puppis, Frogger, Becca, Eloïs, Biquette … qui nous ont rejoints ou croisés sur ce fil, et tous les autres de JRME — ils se reconnaîtront, ce serait trop long de les citer tous — avec qui j'ai si souvent échangé, ri et pleuré, de fil en fil, de jour en jour.
Par où commencer, donc ?
D'abord examinons la situation
sur le front de l'Est … De l'Ex, pardon.
En dépit de la demande que je lui fis fin mai, de ne plus me contacter, et à laquelle il avait répondu (en pleurant, comme à son habitude depuis la rupture) qu'il respecterait ma volonté (
ce qui m'avait alors fait tiquer, c'était qu'il l'avait répété 6 fois, — soit 5 de trop — 
) l'Ex m'a, bien sûr recontactée. Il a tenté à plusieurs reprises de m'appeler, sur tous mes téléphones et dans tous les pays où je pouvais me trouver. Sans laisser de message,
oeuf corse, ce qui lui ressemble bien (car pourquoi faire les choses en entier, alors qu'on peut les faire à moitié, mmmm ?

)
De mon côté, fin août, sans savoir qu'il avait tenté de me contacter (j'étais loin en vacances et mon portable n'a miraculeusement pas fonctionné en dépit de mon "option monde" qui avait jusqu'ici fonctionné jusqu'aux îles Samoa …

) je lui ai envoyé un mail d'une ligne pour son anniversaire où j'ai dit exactement ce que je voulais dire, et rien de plus : ("
cher X, je te souhaite un très bon anniversaire"). Sobre et de bon goût, n'est-il pas ?
A la suite de cela, j'ai reçu plusieurs mails de lui, toujours tristes, les mails, et me disant que je lui manquais, qu'il savait qu'il devait être patient, qu'il attendait des jours meilleurs, qu'il récoltait ce qu'il avait semé, qu'il pensait à moi chaque jour … et tout ce genre de choses parfaitement inutiles, quand, par ailleurs, on ne lève pas le petit doigt pour revenir.
Une amie commune qui a passé une semaine chez mon ex fin août m'a dit en septembre — sans que je demande rien — qu'elle avait énormément observé, pendant son séjour et que, d'après elle, la seule chose qui empêchait mon ex de prendre un avion et de venir se jeter à mes genoux, — croyez bien qu'en cas de retour je n'aurais pas l'inélégance d'en demander autant — c'était qu'il était trop réglo : il avait extrêmement peur de me faire du mal à nouveau. Que peut-être, à son avis, il attendait que ce soit moi qui revienne vers lui.
A quoi j'ai répondu, après quelques secondes de réflexion, que je ne voyais pas bien comment on pouvait "revenir" quand on n'était pas partie.
Ce qui est tout con, je sais bien, mais vrai aussi. Pour revenir, il faut une condition minimum, un truc super basique : il faut être parti. Enfin, il me semble.
Call me Simplet.
Je précise que mon ex ne lui a rien dit, qu'il ne s'agit que d'une impression personnelle de cette amie (qui le connaît bien néanmoins, mais qui vit un renouveau dans son couple actuellement, alors elle a très bien pu projeter sa situation sur M. L'ex).
Cela m'a fait beaucoup gamberger, prise de tête durant 4 ou 5 jours, et remis dans une vague attente d'une sorte de cataclysme imminent dans ma vie (sauf que je ne savais plus du tout ce que je voulais au fond …

).
Mais j'ai résolu la chose en me disant qu'il était urgent que je ne fasse rien, nihil, nothing, nada, que dalle. Car :
1) je ne savais plus ce que je voulais au fond,
2) s'il a eu le courage de partir clairement, il aura celui de revenir, clairement aussi,
3) il ne s'agissait que d'une impression de la part de cette amie,
4) s'il veut revenir, il reviendra. S'il ne le fait pas, c'est donc qu'il n'y est pas prêt (je sais, je sais … plus basique que moi, tu meurs !
Mais parfois, le bon sens, c'est bien utile !).
5) Même si cette amie a raison, elle a pu percevoir quelque chose que l'Ex (car, oui, les ex sont très lents

) n'a pas encore compris lui-même. Il le comprendra peut-être dans 6 mois, peut-être dans un an, mais s'il n'a pas fait le déclic tout seul comme un grand, ce n'est pas à moi de tenter de le hisser à mains nue vers un autre niveau de conscience

. Ca doit venir de lui. En outre, il se trouve que je ne suis pas sa psy. Ni sa mère.
6) On verra bien. ( A traduire par "j
e fais une telle confiance à la vie que … eh bien je lui fais confiance, voilà. Qu'elle fasse ce qu'elle veut pour moi").
Sur le front de l'Ouest, à présent (c'est moi, le front de l'Ouest.
Le premier qui fait une association douteuse, genre que je serais 'achté à l'ouest, comme nana, je lâche mon ami Aakon et sa chèvre de combat sur lui … )
Je vais bien.
J'ai passé des vacances absolument géniales, à l'étranger. J'y ai rencontré des gens nouveaux, des tas, j'y ai suivi une université d'été le matin, me suis baladée entre expo, musées, nature, shopping, ciné, dîners avec des potes. J'ai appris plein de choses, (j'adore ça), et ai réalisé à quel point, seule, j'étais infiniment plus "au monde" qu'en couple.
J'allais bien plus vers les autres, avec une grande curiosité pour qui ils étaient, je communiquais à un niveau … à la fois plus immédiat et plus profond avec ceux qui m'entouraient.
Un couple, c'est bien. Mais quelque part, on est dans une bulle. Même si la bulle est transparente, c'est une bulle. On va moins spontanément vers les autres êtres, que ce soit parce qu'on se sent bien à deux, que ce soit parce que l'autre, quelque part, nous inhibe un peu, qu'on craint vaguement de le faire souffrir en ayant envie de connaître d'autres personnes, que ce soit parce que le bonheur ça endort un peu, ou bien, plus simplement, qu'étant en couple, on éprouve moins le besoin de "plaire" (au sens large, je ne parle pas de séduction, ici) et moins de curiosité vers les autres.
Là, j'avais une immense envie de parler, d'échanger, de rire, avec d'autres êtres humains. Et, je crois que cela se sentait, car les autres venaient vers moi très facilement. Vous ne pouvez même pas imaginer le nombre de choses gentilles que des inconnus (ou quasi, d'autres étudiants que j'avais croisés, par exemple, des gens avec qui j'avais parlé autour d'un café, des amis d'amis d'amis …) m'ont dites. Que j'étais quelqu'un de spécial, que cela se sentait immédiatement, qu'ils ne me connaissaient pas vraiment, mais que ça allait leur manquer, curieusement, de ne plus me croiser … Bref … j'étais comme ça :
Et aussi comme ça :

Et un peu aussi (
vanité quand tu nous tiens …) comme ça :
Cela m'a permis de réaliser à quel point j'avais besoin … de regards sur moi, de regards bienveillants, indulgents, simples, gentils, aimant (au sens le plus large possible) qui reconnaissaient, quelque part, ma valeur.
C'est très étrange, parce que, même au pires moments de cette rupture, j'ai toujours su qui j'étais, où j'étais. Je n'ai jamais perdu (m'a-t-il semblé) la conscience que je valais quelque chose. Apparemment, ces regards d'inconnus ou de presque inconnus, ces choses gentilles qu'ils m'ont dites sans que je demande rien, ont comblé un besoin que je ne me savais pas porter.
Cerise sur le gâteau … J'ai fait connaissance, réellement, avec un ami de mon ex-ex-ex (chez qui je passais mes vacances, donc), et j'ai pu voir que je lui plaisais beaucoup. Et j'ai surtout pu voir qu'il réussissait à m'attirer, que je pensais à lui souvent, que mon coeur n'était plus le tas de cendre qu'il était encore il y a quelques mois. Et ça, les amis, pour moi, ce fut comme un miracle. Un vrai. C'est-à-dire quelque chose de totalement inattendu qui se produit au moment où on en a besoin.
Je n'ai pas poussé cette attirance, je ne l'ai pas creusée, ni encouragée. Pour moi, l'essentiel, c'est que mon coeur s'est remis à battre. Bien plus tôt que je l'avais prévu. Enfin, la rupture date tout de même de plus de 10 mois, mais 11 ans ensemble … c'est long à oublier.
En rentrant de ces vacances, je me sentais comme à 20 ans … comme si TOUT pouvait m'arriver. Comme si la vie me réservait des miracles à la chaîne, mais pas pour dans deux ans, non, tout de suite, là, bientôt. Tout me semblait facile, tout se mettait en place tout seul, même les métros à Paris s'ouvraient devant moi, même le bus arrivait au moment précis où j'arrivais à l'arrêt, même les feux passaient au rouge quand je voulais traverser une rue …

sisisisisi, je vous jure, c'est vrai. J'avais le sentiment …
well, I was playing with life. Et la vie aussi s'amusait avec moi, et on riait ensemble. J'avançais avec les yeux ouverts. Mais alors … grand, grand, grand ouverts. Et j'avais tout le temps envie de rire et de pleurer à la fois, d'émotion, et de reconnaissance envers la vie, qui fait des cadeaux si on n'arrête jamais de croire en elle. Envers, et parfois contre tout.
Sans rire, ces périodes là, je les re-connais, j'en ai déjà vécu quelques-unes, comme par exemple les mois qui ont précédé la rencontre avec mon ex.
C'est là, en général que … bref. Quand on sent que tout peut arriver, c'est que tout arrive. Cela s'appelle une renaissance. Je prendrai tout ce qui va arriver, et je dirai merci.
Revenue ici, et au boulot, ce fut un peu plus difficile, d'autant que j'ai dû parler à mon ex (impôts obligent, et comme j'étais en pleine forme, j'ai décroché quand il m'a appelée). Même si j'étais apaisée, que j'ai pu lui dire que dans mon coeur, à présent, j'étais prête à le laisser partir, qu'il n'était coupable de rien, qu'il n'avait pas mal agi, que je lui souhaitais d'être heureux avec sa nouvelle amie … Et même si j'en pensais et ressentais chaque mot, la semaine après la conversation était plus triste pour moi.
Conclusion : seul le silence … ce que je sais depuis longtemps. Je lui ai dit qu'il faudrait encore bien du temps avant que je le revois, qu'il était lié à la pire souffrance de ma vie et que, du coup, j'avais un peu peur de souffrir à nouveau si je le voyais. Que j'attendais pour cela d'être en couple avec quelqu'un que j'aime et qui m'aime, et que là, je le reverrai avec un grand plaisir, en ami.
J'arrête avec mon pavé. Juste une chose cependant, que j'ose à peine écrire car … je ne sais pas si elle va durer … hier, pour la première fois … j'ai eu le sentiment … que je n'aimais plus mon ex.
J'ai du respect et de l'affection pour qui il est. Mais je crois … que je ne l'aime plus "amoureusement". Cela m'étonne tellement, que je n'ose pas encore y croire. On verra bien …
Je profite de ce post pour vous dire merci.
D'abord, bien sûr, et ils savent pourquoi, MERCI à Aakon, Djeckelle et Crevette. Nous avons fait nos "premières armes" ensemble, compagnons de souffrance, d'une souffrance si intense qu'elle n'était partageable qu'avec ceux qui la vivaient. Une communion, c'est ainsi que je vois les choses, avec du recul. Pour m'avoir aidée, accompagnée, soutenue, secouée parfois, encouragée, fait rire et fait comprendre que non, on n'est pas tout à fait tout seul au fond du désespoir … merci à eux, tout spécialement.
J'ai une gratitude particulière envers vous trois.
Pour remercier aussi toutes celles et tous ceux avec qui j'ai échangé ici, sur JRME, qui pour moi … sont quelque part des amis. A quelques exceptions près (et ce furent de vrais moments) vous êtes des amis que je n'ai jamais vus et dont je ne connais même pas la voix. C'est bizarre, hein, des amis comme ça ? Vies croisées, derrière nos écrans, avec juste nos mots pour dire une souffrance plus grande que nous, et puis, pour dire aussi, pas à pas, jour après jour, notre relèvement et notre renaissance.
Je sais ce que je vous dois.
Merci aussi à celui ou celle, ou ceux qui a/ont eu l'idée de créer JRME.
Merci à Antoine, le modérateur, d'en faire un espace où tant de choses se disent qui normalement sont indicibles, dans la vie. Un espace où la pire des souffrance est chez elle, et où elle finit par croiser des éclats de rires. Des éclats de vie.
Et puis … une chose m'a toujours frappée ici. C'est de voir à quel point, même depuis le fond de leur souffrance (qui normalement pourrait bien rendre égoïste), même au milieu des pires montagnes russes, même surfant comme ils le peuvent sur des vagues-à-l'âme plus hautes qu'eux, ceux qui peuplent ce forum dans leur grande majorité, trouvent encore la force, la gentillesse, la compassion (au sens étymologique, pour le coup) de venir en aide aux autres. Et ça …
Et ça, c'est très beau, je trouve. L'âme humaine …
Merci enfin aux nouveaux, que je ne connais pas encore, mais qui par leur immense désarroi, leur chagrin, l'intensité terrible de ce qu'ils vivent (et que nous avons vécu) nous rappellent, à nous qui avons quelques mois de rupture derrière nous, à quel point nous avons progressé, sans même, parfois, en être bien conscients.
A ces nouveaux je voudrais dire qu'on guérit. Qu'on va mieux. Que la joie de vivre revient. Que l'envie - l'"en vie" - de vivre renaît. Que le coeur se remet à battre. Qu'il ne faut pas perdre espoir, même au plus profond du plus profond de la souffrance.
Et que la vie, c'est quelque chose de vachement fort.
Merci à tous, donc. Nous sommes, d'une étrange façon, une famille.
Je reviendrai régulièrement pour vous lire, et pour aider, comme je le peux, ceux qui souffrent encore.
Théo.