Je viens de voir un film. C'est le dernier du petit Spike JONZE, à qui on devait déjà le très honorable Being John Malkovich. Le film m'a évidemment attiré puisqu'obsédé depuis toujours par les questions d'intelligences artificielles, d'interactions homme-machine, de conlangs et autres métalangages (post-langages ?), de finalités et d'entropies, de dépassements et de régressions sans cesse plus inhumaines et plus abstraites ... j'avais déjà exploré dans ma tête des scenarios possibles partant d'une situation analogue à celle de l'incipit.
La bande, à maint égard, fut pour moi une déception. Et, plus profondément, un non-film. L'idée intelligente du début est gâchée par le fait que tout le film se déroule et s'analyse d'un point de vue humain (et plus précisément du point de vue d'êtres humains braillards et mous, de lavettes à moitié hystériques et incapables de la moindre transcendance). En celà, il est à la fois confortable et frustrant : c'est une oeuvre anthropocentrée sur la déshumanisation (ou le transhumanisme, selon le point de vue) qui pourrait avoir écrit par une Marquise de Sévigné ou un Benjamin CONSTANT, et qui s'obstine à traiter sur un mode superficiel et psychopop une question qui me hante philosophiquement et intellectuellement. Un peu à la manière de ces ados érotomanes et souffreteux, qui ne semblent voir les êtres et les choses que comme des "boules d'amour" à gober dans un labyrinthe infini et absurde, ce qui n'est pas sans me rappeler PacMan.
Je me suis donc demandé quels ados érotomanes et souffreteux obsédés par l'amour et trop versés dans le psychosexualisme névrotique je pouvais bien connaître, et à qui ce film, remarquablement réalisé et joué au demeurant, serait susceptible de plaire. La réponse s'imposait d'elle-même : les bras cassés de JRME. C'est pourquoi j'ai décidé de prendre sur ma nuit déjà courte, afin de vous conseiller à toutes et tous cette petite bande, astucieuse et fine (sans jamais solliciter trop de concept ou de capacité de détachement), qui saura en émouvoir beaucoup à n'en pas douter, et donnera aux plus cons l'impression d'être bougrement n'intelligents. Un genre de "Fleurs pour Algernon", en petit avec des bretelles, et un côté plus "philosophie magazine"-compatible.
C'est mignon, ça parle de vrais sentiments, personne n'a le mauvais goût d'être salaud ou le moins du monde égoïste, y'a le beau Joaquin Phoenix qui pleure tout le long, déguisé en hipster, la voix de Scarlett Johansson qui parle de communion sexuelle, et une BO minimaliste d'Arcade Fire qui donne envie avec 3 notes de se tailler les veines, recroquevillé devant un coucher de soleil en position foetale sur une plage abandonnée. Si avec tout ça je remonte pas dans les sondages JRME, vous pouvez vous faire mettre. Je vous propose cette oeuvre au prix exceptionnel de 0€ (à débattre au bord d'un
torrent qui vous bottera le cul et se jette dans une
baie remplie de pirates, dans la limite illimitée des stocks disponibles).
Sinon ... je voulais juste vous dire qu'avec vos défauts irrémissibles et vos maigres qualités, je vous aime quand même tous. Parce que chacun de vous est unique et m'a apporté quelque chose d'inestimable, que j'essaie tant bien que mal de rembourser par cette modeste offrande. J'espère que ce film, qui m'a pas mal plu, saura vous toucher aussi, et que quelque part nous en sortirons un peu rapprochés, dans cette toile sans fin où nous nous engluons à longueur de journée.
Non, je déconne. Vous êtes des abrutis et je vous méprise. Mais c'est sans doute ce que cette fiottasse de Pheonix dirait dans le film, mis à ma place. C'est vous dire si c'est mellow, tendre et dégoulinant tout plein. Enjoy, bitches.