Alerte message longuissime, mais il y a une histoire sympa à la fin
Bonjour Janysse,
J’ai été frappée par ta réaction à mon message et cela fait plusieurs jours que je cherche comment t’aider (modestement, à l’échelle d’un forum anonyme, bien sûr). En réalité, malgré notre différence d’âge et de parcours de vie, je me reconnais en nombre de tes doutes, de tes réactions justement, et je me suis dit que j’allais juste t’indiquer ce qui, moi, m’avait aidée. Qui sait si cela ne pourra pas t’être utile aussi.
- l’ « injonction » à être en couple durable et monogame. Je vois que tu te reproches non seulement de ne pas avoir su garder un homme, d’être seule, etc., mais aussi d’avoir encore et toujours envie de ce couple monogame, envie qui n’est pas très conforme aux entreprises déconstructionnistes auxquelles tu sembles t’intéresser. Et hop, nouvelle injonction : « ne désire pas être en couple monogame », etc. Ça fait un peu lourd pour une seule personne, tout ça... je crois que le problème n’est pas que tu aies cette envie. Tu as sans nul doute de bonnes raisons pour cela, par héritage familial, goût charnel ou même mimétisme social. Selon moi, le problème survient quand cela devient obsessionnel et/ou que cela vient peser sur les relations que tu engages. Dans le genre, mon psy m’a dit qu’il serait sans doute préférable de ne pas déballer mes angoisses tout de go à mes nouveaux partenaires, parce que le partenaire veut commencer une relation, mais pas nécessairement une thérapie de couple
. Dans ton cas (mais sans doute en a-t-il déjà été question sur ton fil, je ne m’en souviens plus), ton envie de couple doit être sensible (même si on croit donner le change, ça se voit comme le nez au milieu du visage, ce genre de choses), et l’autre sent peut-être qu’il n’est pas là pour lui-même, mais pour remplir un vide ou une aspiration impérieuse chez toi. Tu vas me dire, c’est le serpent qui se mord la queue : si j’ai tant besoin de couple, de la présence et du corps de l’autre, c’est précisément parce que je ne les ai pas ; si l’autre me les donne, je ne serai plus travaillée par ce manque, je ne le lui ferai pas sentir, et nous pourrons couler des jours tranquilles dans les bras l’un de l’autre. Sauf que, sauf que, malheureusement ou pas, ça ne se passe pas comme ça. D’une part parce que, donc, on a tous besoin d’être reconnus et appréciés pour nous-mêmes dans une relation, et le gars qui sent qu’il remplit une fonction qu’un autre pourrait plus ou moins assurer aussi bien à sa place, eh bien ça ne peut pas trop lui plaire ; et d’autre part parce que c’est juste trop lourd : si tu arrives trop pantelante, trop blessée, l’autre se sent investi d’une responsabilité écrasante et ne se pense pas nécessairement à la hauteur.
Ça, c’était pour le « je n’ai pas su garder un homme ». Ce n’est pas toi comme personne qui n’a pas su « garder » un homme (formulation qui a le grave défaut d’escamoter le libre arbitre du monsieur - je me permets de te le dire parce que, bien entendu, ça m’est arrivé un nombre incalculable de fois de l’utiliser) ; C’est éventuellement ta blessure qui a pu jouer lors de situations où le lien était trop fragile.
- alors, que faire? Aucune recette miracle chez moi (d’autant que je ne suis pas sortie de l’auberge, loin de là), mais des ptits trucs. S’obliger, à chaque pensée obsédante du type « je ne suis pas capable d’être en couple », « personne ne veut durablement de moi », à se contester soi-même, à rationaliser, inlassablement. Tu as été en couple. Des hommes ont voulu ta présence. Tu as des amis, etc. Et y revenir autant de fois que nécessaire. Tu sais, chacun sa névrose, moi la mienne c’était « on finit toujours par me quitter, je suis une personne dont on fait le tour et qu’on jette ensuite ». J’ai pris un poste un jour dans un endroit où je me suis fait un très bon ami. Je faisais beaucoup de sorties avec lui, on avait des grosses affinités, on riait énormément, je le considérais comme mon meilleur ami. Et puis un jour, paf, il me parle de sa meilleure amie (ah bon, donc pour lui, ce n’était pas moi :/) ; pendant de longues périodes, il rejetait mes propositions pour se voir, arguant du fait qu’il était débordé. C’était parti pour la petite moulinette dans ma tête, personne ne m’aime, je vais crever seule avec 10 chats de toute façon, etc. Et puis un jour, je me suis dit que je ne lui reproposerais plus rien jusqu’à ce qu’il fasse un geste vers moi. S’il ne faisait rien, je n’aurais rien perdu de toute façon, ce n’aurait pas été un véritable ami. Je suis sortie avec d’autres personnes. Puis le premier a pris l’initiative de me recontacter, et même de me gâter, à intervalles un peu éloignés, mais réguliers. Alors j’ai certes accepté de ne pas être la meilleure de ses amies (ce qui m’a, en fait, beaucoup apaisée en dissipant la frustration), mais ça m’a incroyablement renforcée de me dire que c’était, quand même, quelqu’un qui tenait sincèrement à moi. Petite expérience fondatrice !
- pour la peur du futur (et crois-moi que passé la quarantaine, tu as d’autres raisons de te dire que tu ne trouveras plus jamais personne - et pourtant, même là, c’est faux), et les petites phrases dangereuses comportant le mot jamais ou toujours, ce qui m’a aidée, ce sont d’autres petites phrases, qui m’ont atteintes en pleine tête et qui y sont restées fichées, pas seulement concernant la peur du futur, d’ailleurs. Je t’en donne une, enfin elle ne vient pas de moi, elle est incluse dans une histoire que tu connais peut-être et que l’on m’a transmise dans une séquence de 21 jours de méditation quotidienne. Je la trouve assez puissante, à vrai dire. J’espère qu’elle pourra servir
L’HISTOIRE ANNONCÉE
Un jour, un roi dit aux sages de sa cour:
"Je veux créer une bague très particulière. J'ai acheté l'un des plus beaux diamants du monde, je veux cacher dans l'anneau un message qui puisse servir dans les moments de désespoir. Cela sera mon héritage. Ce doit être une phrase courte, que je placerai sous le diamant de la bague."
Tous ceux qui écoutaient, étaient des sages.
Ils réfléchirent longtemps mais en vain: s’ils pouvaient écrire des essais, ils n’étaient pas capables d’écrire un message court, ne contenant pas plus de deux ou trois mots, qui puisse aider dans les moments difficiles ...
Le roi fut élevé par un vieux serviteur. Lorsque la mère du roi mourut prématurément, c’est ce serviteur qui prit soin de lui. Il fut donc traité comme un membre de la famille. Le roi éprouvait un grand respect pour le vieil homme et décida d’aller le consulter.
Le vieil homme lui dit:
"Je ne suis ni sage, ni instruit, ni académique, mais je connais un message. On me l’a transmis petit et cela m’a beaucoup aidé durant ma vie au palais.”
Le vieil homme écrivit quelque chose sur un morceau de papier, le plia et le tendit au roi. "Mais ne le lisez pas. Gardez-le caché et ne l'ouvrez que lorsqu'il n'y aura pas d'autre choix."
Des années plus tard, il y eut une invasion du royaume et le roi perdit la bataille. Il s'enfuit sur son cheval mais ses ennemis le suivirent. Il était seul et les ennemis étaient nombreux. Il atteignit l'endroit où la route se terminait. Il n’y avait plus d’issue. Devant lui, un abîme donnant sur une vallée profonde. La chute serait fatale. Il ne pouvait pas revenir en arrière car les ennemis avaient traversé le chemin. Il pouvait entendre le bruit de leurs chevaux. Il n'y avait pas moyen de s'en sortir.
C’est à ce moment qu’il se souvint de la bague.
Il l'ouvrit, sortit le morceau de papier et lut le message court mais précieux:
"Cela passera aussi".
Lorsqu'il lu le message, il sentit un grand silence l'envelopper.
Les ennemis qui le poursuivaient s’étaient peut être perdus dans la forêt ou bien étaient-ils partis dans la mauvaise direction. On n’entendait plus les chevaux.
Le roi fut reconnaissant envers le serviteur. Ces mots étaient merveilleux! Il plia le morceau de papier et le remit sous la bague en diamant. Il rassembla son armée dispersée et rentra au royaume.
Il retourna au palais avec un sentiment de triomphe, on lui organisa une grande fête avec chants et danses, il se sentait très bien.
Le vieux domestique se tenait à côté de lui et lui dit:
"Ce moment aussi est approprié, regardez à nouveau le message.”
"Mais je viens de gagner, les gens célèbrent mon retour, je ne suis pas désespéré, je ne suis pas dans une impasse."
Et le vieux serviteur dit: "Écoutez-moi, ce message est utile lorsque vous êtes battu, mais également lorsque vous gagnez.”
Le roi ouvrit la bague et lut le message:
"Cela passera aussi".
De nouveau, il ressentit la même chose, un silence qui l’enveloppa, bien qu’il fût dans une foule qui célébrait et dansait. Sa fierté et son ego avaient disparu. Le roi avait compris le message. Il était éclairé.
Puis le vieil homme dit:
"Vous souvenez-vous de tout ce qui vous est arrivé dans votre vie ? Rien ni aucune émotion ne sont fixes, il existe le jour et nuit, il y a des moments de bonheur et des moments difficiles, acceptez-les comme une partie naturelle des choses parce qu'elles font partie de la vie. C'est la grande respiration qui développe en nous l'humilité et le contact avec la puissance de notre vulnérabilité."
À méditer, vraiment... Courage, je t’embrasse.