Hello tout le monde
A quelques jours de mes 4 ans sur le forum, je reviens pour faire un petit bilan/point d'étape. C'était le genre de messages qui m'ont le plus aidée à l'époque, donc je trouve important d'apporter ma contribution.
Déjà, première chose : je souhaite remercier (pour qui je me prends ???) ce forum et ses membres, pour leurs contributions, sur mon fil et ailleurs, qui, avec le recul je peux le dire maintenant, ont été l'aide la plus utile, la plus honnête, la plus tolérante et bienveillante qui soit. Plus que famille, amis et psychologues. Avoir ce forum m'apportait un sentiment de sécurité et de confiance, car je savais que j'aurais toujours une réponse, par des gens qui ne me jugeaient pas et ne me demandaient rien en retour. Et en plus, j'ai énormément appris des histoires des autres. Donc pour ça, merci.
Maintenant, fini la séance larmichette
Bilan
1) La raison de ma venue sur le forum
Vous allez rire, mais cette partie va être courte. J'ai eu un déclic, en octobre dernier. En quelques jours, comme ça, je n'y pensais plus. J'ai "ressenti l'indifférence" tant recherchée. Pas d'amour, mais surtout pas de haine. Rien du tout. Je suis contente qu'on se soit séparée, ce fut une très bonne chose. J'ai beaucoup souffert et sûrement gâché quelques belles années, mais je ne regrette absolument rien. Je ne crois pas au destin, mais pour le coup j'aime me dire que "j'en suis là aujourd'hui grâce à ce que j'ai traversé". Donc voilà, c'est tout ce que j'ai à dire, car il n'y a rien à dire en fait. Je m'en fous de lui, j'ai coupé contact avec le peu d'amis qu'on avait en commun. Je n'ai aucune nouvelle (ok j'ai stalké son Linkedin il y a qq mois, je voulais savoir s'il vivait enfiiiiin sa vie taaaant rêvée de voyage à l'autre bout du monde)(spoiler : il a un boulot très basique, en banlieue d'une grosse ville)(en France, cocorico).
Cependant je pense que toutes mes ruminations pendant une année complète étaient nécessaires. Elles m'ont beaucoup appris, et j'ai la réelle sensation d'avoir grandi, mûri. D'avoir beaucoup appris sur moi même (ça se contredit avec ce que je vais dire ci dessous, mais pourtant les deux sont vrais...). C'est à ça que servent les "épreuves de la vie" de toute façon. Même si cette phrase fait philosophie de comptoir, c'est un fait. Quand on vit quelque chose de douloureux, quelle que soit l'échelle de douleur, forcément ça nous change, et si on réussit à aller mieux, alors on a gagné quelque chose. Du moins, c'est comme ça que je le vois.
J'ai un peu de peine pour la Agathe de 2017, 2018, 2019. Je m'en veux de ne pas m'être écoutée plus, de ne pas avoir eu la force de le quitter, moi qui étais si indépendante, si forte. Je m'en veux de ne pas avoir tenu mes positions, de ne pas m'être défendue. De m'être tue. Si je n'ai qu'un seul regret c'est celui ci : de m'être tue, de ne m'être jamais énervée, jamais crié. Je ne l'ai jamais confronté, jamais mis face à ses contradictions, face à ses actes. Je me suis énormément abandonnée, énormément pas respectée, et ça, j'ai du mal à me le pardonner.
2) Ma vision de l'amour
Aujourd'hui, en plus d'avoir du mal à faire confiance aux autres, c'est surtout à moi même que je ne fais plus confiance. Je ne me fais plus confiance pour me protéger. Je pense avoir compris la leçon, mais j'ai peur de recommencer. Peur que ça se reproduise. Peur de tout oublier si un jour j'ai à nouveau des sentiments forts pour quelqu'un. Peur de ne pas voir les signaux. Peur d'être bête, une nouvelle fois.
Oui, je peux me dire deux choses : 1) pourquoi ça se passerait mal ? et 2) si ça se passe mal, pourquoi je ne serais pas capable de m'en sortir mieux que la fois précédente ? Certes. Mais j'ai du mal avec l'échec. Je n'ai pas envie de développer ça ici car c'est trop personnel, mais j'ai un rapport assez mauvais avec l'échec. Je l'ai très peu vécu dans ma vie, car j'ai eu beaucoup de chance, mais par contre j'ai développé une énorme pression que je me mets, en permanence, pour que ça n'arrive jamais.
Donc ma vision de l'amour, pour l'instant, est plutôt inexistante. Ca m'intéresse sans m'intéresser. Je ne le cherche pas, pas du tout. Et ça me fait réaliser à quel point il monopolise les conversations. On me prend limite pour une meuf aigrie, voire une vieille fille. Et ça me désole de voir des relations nazes voir le jour sous mes yeux, seulement pour mourir quelques semaines plus tard, sans avoir servi à rien. Mais c'est mon point de vue, et je respecte celui des autres.
Bien sûr, que j'espère un tout petit peu. Mais la vérité c'est que ça me terrifie, pour les raisons citées ci dessus. Et puis j'ai peur, en plus, d'encore perdre du temps. J'ai sacrifié du temps avec mes amis, sacrifié des jobs, sacrifié des projets persos pour mon ex, et je ne veux plus de ça. Je me suis construit une vie, j'ai un boulot top, je fais du bénévolat, du tutorat, je me forme sur plusieurs sujets. J'ai plein d'idées, en permanence, et pas du tout la place, et surtout pas le temps, pour quelqu'un là dedans.
2) Mes ruminations incessantes
J'ai cru à un moment que j'étais dépressive. Puis bipolaire. Puis borderline.
Et puis j'ai essayé de me détacher des étiquettes, et surtout du fameux autodiag.
Je suis juste quelqu'un qui rumine beaucoup, qui réfléchit en permanence, et qui est extrêmement sensible à tout. Et c'est vrai, c'est épuisant, j'aimerais vraiment que mon cerveau s'éteigne, car il me rend folle. 99% de mes pensées ne se réalisent pas, et disons que 80% ne servent vraiment à rien. Ca m'épuise, pour rien.
Mais un petit déclic que j'ai eu un octobre, c'est ça : tout est temporaire. Alors ça paraît très con, mais vraiment je vous jure, ça m'a fait l'effet d'une petite bombe dans ma vie. Voilà, parfois, je suis mal, très mal, j'ai des idées extrêmements noires, je crois que tout va s'arrêter, je ne crois plus en rien, je crois que personne ne tient à moi, que personne ne réalisera si je meurs, que la vie n'a aucun sens. Mais je l'accepte. J'ai quelques techniques : j'essaie de m'isoler, de me changer les idées en regardant un truc sympa sur mon téléphone, j'essaie de discuter avec quelqu'un d'un truc qui n'a rien à voir, j'écris dans mon journal. Simplement, j'attends que ça passe. Je ne combats pas. Le pic dure au maximum quelques heures. L'état de déprime peut s'étendre sur plusieurs jours, mais ça se termine toujours.
Et je remonte. Comme ça, pouf. Mes idées s'éclairent, je vois les choses autrement. Encore mieux que de trouver réponse à mes questions : je ne me les pose plus, car je réalise qu'elles n'ont pas lieu d'être.
Je ne sais pas si je suis claire, mais vraiment, ça m'a aidée. On est encore loin de la méditation, du sport. Je suis encore quelqu'un de nerveux, j'ai encore des gestes rapides, brefs, je me tiens toujours courbée, je parle très vite, je m'essouffle, je m'emballe. Mais je vais continuer à m'apaiser avec le temps. Enfin je l'espère. Je pense que ma vingtaine n'est qu'un long moment à passer, mais nécessaire. Quand je prendrai de l'âge, je pense que j'irai mieux. J'essaie de ne pas me mettre de pression pour "vivre ma best life tant que je suis jeune". Je ne suis pas comme ça, c'est tout. Cette différence, j'ai du mal à l'accepter. Surtout qu'aujourd'hui, à l'heure où on essaie d'inclure toutes les minorités possibles, j'ai l'impression que se sentir "différent" est encore mal vu, parce que c'est vu comme prétentieux. Mais croyez moi, j'aimerais bien être comme mes amis, comme mes frères et soeur, comme mes parents. Voir les choses comme eux, avoir les mêmes envies qu'eux, les mêmes préoccupations qu'eux. J'aurais la sensation d'enfin appartenir à mon groupe. La sensation qu'ils m'aiment pour qui je suis.
3) Mes ruminations incessantes, partie 2
Je divague un peu.
Avec tout ce que j'ai appris, de nouvelles ruminations arrivent.
Et un motif que je retrouve un peu trop souvent, depuis bien longtemps, depuis bien avant ma rupture, c'ets le vide intérieur. Je sens ce vide en moi, toujours là, tapi quelque part. J'ai beau essayer de lire au maximum, de m'écouter, de me poser les bonnes questions, de me demander si "je fais ça pour moi ou pour les autres?", il est toujours là.
J'ai toujours cette sensation d'imposture. Cette sensation que je suis fausse, que je n'existe pas, que je ne suis personne. Je ressens un manque d'amour tellement grand, tellement infini, que j'ai l'impression d'avoir construit toute ma vie, en totale conscience, pour plaire aux autres et essayer de gratter les moindres miettes d'amour, d'admiration. Je me vois, je le fais tout le temps.
Je ne sais pas si mes goûts sont mes vrais goûts, ou si je m'invente ces goûts pour plaire et être admirée, et donc aimée ? Même chose pour absolument tout : mon travail, mes passions, jusqu'à mes activités, mon style vestimentaire. Jusqu'à mes plans d'avenir, mes désirs. J'avais l'impression de m'être trouvée, et en fait je n'ai aucune idée de qui je suis. Comment être s^re ? Vous voyez, là, j'aimerais ne pas me poser ces questions. Me dire que oui, j'aime mon travail, j'aime mon bénévolat, je suis alignée avec ce que je fais. Mais je me dis toujours, est ce que je suis dans le faux ? Est ce que je vais pas me réveiller à la moitié de ma vie, et réaliser que j'ai menti, à tout le monde et surtout à moi même ?
J'adore mon travail. Vraiment, tu l'adores ? Ou tu l'adores parce que c'est un poste ultra haut placé pour ton âge, et que tu aimes l'admiration que ça suscite chez les gens ? Je fais du bénévolat. Vraiment, pour aider ? Ou pour pouvoir te la raconter, et susciter l'admiration ? J'aime les sciences. Vraiment ? Ou c'est pour pouvoir te la raconter de maîtriser un domaine d'élite ?
Un détail qui m'a fait pleurer aujourd'hui. Je suis en vacance chez mes parents. Je vidais le lave vaisselle. Et je me suis dit, je vide le ave vaisselle, je fais plein de lessive, j'aide à ranger, j'aide à faire les courses, je répare l'imprimante, j'aide pour les devoirs, j'aide pour la lettre de motivation. Parce que j'aime aider, parce que ça me fait plaisir. Vraiment, Agathe ? Ou parce que tu crois que l'amour de tes parents est conditionné au fait que tu les aides, que tu excelles partout, que tu sois parfaite, comme tu l'as toujours été ? Mon frère et ma soeur ne font rien à la maison, et pourtant mes parents les aiment autant. Voire plus, car eux ils sont cools, ils sortent, ils sont drôles, ils ont plein d'amis. Ils sont sans prises de tête, ils sont sympas, ils ne sont pas aussi prout prout et parfaits que toi. Ils sont tout ce que je ne serai jamais.
Voilà, voilà où j'en suis dans mes questionnements aujourd'hui. Parfois ça part, parce que je pense à autre chose, mais ça revient toujours.
Qu'est ce que je ferais, si personne ne me regardait ? Je ne sais pas. Je ne comprends pas le concept d'égoisme, de vivre pour soi. J'ai besoin des autres pour me sentir vivante. Qu'est ce que ça veut dire, puiser l'amour en soi ? Comment être sûre que je ne suis pas dans le déni, que je ne suis pas une coquille vide ?
Je change de cap, tout le temps, pour m'adapter à tout le monde. Je le sens au fond et je me déteste pour ça. Mais en vrai je ne sais pas, je ne sais pas ! Si les sciences ne sont pas ma passion, alors quelle est elle ? Si mon métier ne me plaît pas vraiment, alors quel métier me conviendra ?
Existe t il vraiment un monde où je suis alignés ? Apaisée ? Vais je un jour moi aussi ressentir cette plénitude, ou suis je condamnée à écouter mon cerveau ruminer en boucle et douter de tout, même de lui même, jusqu'à la fin de mes jours ? Si cette plénitude existe, que dois je faire pour l'atteindre ? Où aller ? A qui parler ? Par où commencer ?
Voilà, voilà où j'en suis. Je garde la face la plupart du temps, comme je le dis souvent ici, j'ai un toit, des gens qui m'aiment (enfin...), de l'argent, la santé. Je suis chanceuse, tout va bien. Je me déteste, juste, mais c'est presque anecdotique.
Voilà, du coup ce post est un énorme paradoxe, je commence en vous disant que tout va mieux et que j'ai vu la lumière céleste, et je termine en vous disant qu'à chaque instant j'ai envie de crever.
En vérité, inquiétez vous plutôt si un jour je vous dit que tout va bien
Des gros gros gros gros bisous à tous <3