- 08 févr. 2018, 11:59
#1273376
Bonjour à tous,
comme certains d'entre vous, je suis tout sauf un habitué des posts sur les forums. En général, je préfère les confrontations dans la "vraie vie" comme diraient Bigflo et Oli , et je ne manque pas de soutien pour m'épauler. Surtout que je ne connais que trop bien les effets cocotte-minute que couvent les pensées refoulées. Mais je trouve que les gens ici font un réel travail de salubrité publique et j'ai envie de partager mon histoire, parce que chaque histoire est unique, que je cherche encore des résonances et du soutien. Et aussi parce que j'en ai marre de saouler mon entourage avec un truc qui les dépasse un peu tant tout ça est caricatural : j'aurais dû, selon eux, envoyer péter depuis bieeen longtemps. Amour + peur du vide + très forte projection/idéalisation (surtout ça) m'ont conduit à me battre pour la relation que je vais décrire. Ah oui, je suis de ceux qui estiment que toute relation est par essence daubée, et qu'il faut lui apporter beaucoup de soin au quotidien pour l'entretenir. J’en rajoute volontairement mais à tous nous lire, j’ai quand même l’impression que ce qui fait défaut dans nos histoires, c’est toujours ce soin mutuel volontaire. Enfin le truc qui fonctionne dans les bonnes. Bref. Faut aussi donner l'impression que tout se fait naturellement pour garder la spontanéité intacte, le désir et le mystère, m'voyez ? La paillasse de chimie quoi. Enfin j'avais l'impression de pas trop mal m'en tirer.
J'ai 26 ans et plus toutes mes dents suite à un accident. Oui ça rime. Mon ex (j'ai encore du mal à le dire, preuve que je ne suis pas guéri) en a bientôt 22. Je suis son premier amour. Nous sommes restés ensemble pendant 1 an et avons rompu de manière plus ou moins nette il y a deux mois. Je dis plus ou moins nette parce qu'à l'origine nous avions parlé de pause, qui s'est subrepticement transformée en rupture. C'est arrivé dans le contexte d'un Erasmus pour elle au premier semestre (depuis fin septembre). On connaît, c'est le yolo : la distance et les stimulations hormonales, ma méfiance et mes doutes, les envies de liberté et de séduire qui la caractérisent - en même temps à 21 ans - sa culpabilité et nos engueulades, finalement la tromperie et la rencontre d'un nouveau zigoto, auront eu raison de nous. A partir du moment où on a parlé de pause, je suis devenu super froid et austère, pour bien marquer le coup parce que je pensais qu'il n'y avait pas de raison que je lui donne tout ce que j'ai et qu'elle s'amuse avec d'autres types à côté. Un peu d'orgueil pardi. Mais ça a contribué à bien envenimer les choses. Enfin je lui ai déjà dit tout ça. Jusque-là histoire classique d'un couple qui vit mal la distance me direz-vous. C'est moi qui l'ai dans l'os, plus mûr sentimentalement. Elle semble m'oublier, je souffre. On passe à autre chose, fin de l'histoire. Oui mais.
A savoir que pendant tout ce temps, et encore aujourd'hui je vais y venir, on s'est toujours parlé. De manière plus ou moins habile.
Ma maladie à moi, sûrement une partie de ce qui a causé notre perte, c'est l’hyper-lucidité. Qu'est-ce qu'il raconte ce type, il se la donne grave... Non, c'est tout sauf une bénédiction je vous rassure. Peut-être que certains d'entre vous se reconnaissent ? Si vous voulez, beaucoup sont ici en quête de signes éventuels de leur ex, à interpréter désormais, en disant qu'ils regrettent ne pas avoir vu les failles plus tôt. Comme je l'ai dit, je ne vois que ça : je vois l'immense bonheur que je vivais au quotidien, par éclairs, un truc presque surhumain, mais aussi et surtout les détails qui me montraient que c'était précaire. Je voyais le magnifique château de cartes, en permanence. L'hyper-lucidité, en couple, ça vous fait faire les plus belles choses du monde et ça vous fragilise, parce que vous savez que tout ça ne repose sur rien d'autre qu'un sentiment assez banal, toujours à protéger. Surtout si comme moi, vous avez énormément de mal à tomber amoureux, ça peut faire de vous une guimauve au pire des moments, quand il faut savoir gueuler. Si vous voulez guérir d'ailleurs, je vous conseille d'analyser l'amour pour ce qu'il est, à savoir une stratégie de l'évolution pour nous faire croire que l'être visé est le bon, c'est cynique mais ça a le mérite d'aider. Voyez-vous comme un Homo Sapiens primitif, pas comme un individu créé ex-nihilo et totalement libre. L'âme-sœur, what a joke. (Je fais de la dissociation à but provocateur parce qu'en ce qui me concerne je crois quand même avoir trouvé la mienne, sinon je ne serais pas ici).
Quid de mon histoire alors ? Avant son départ, nous étions fusionnels et lucides au point d'être capable de dire que ça allait merder, connaissant nos caractères, moi ayant des valeurs morales à toute épreuve et elle ayant des mœurs plus « libertaires » dirons-nous, mais incapables de nous arrêter, incapables d'être raisonnables en disant qu'on se retrouvera malgré tout. Une drogue dure, et qui plus est le pari sur l'avenir est parfois osé. L'un comme l'autre étions fous amoureux. Pas de doute là-dessus. Je l'ai aidé à s'installer là-bas au départ, mais je n'avais pas confiance, j'avais un mauvais pressentiment, et elle l'a senti aussi. Et le cercle vicieux s'est enclenché. Je l’ai aussi sentie partir assez tôt (j'ai appris plus tard qu'elle s'était retrouvée avec un type nue dans son lit la toute première semaine), elle me « rassurait » comme elle pouvait, mais j'étais en demande et c'est devenu nul. Moi amoureux transit et mort de trouille, elle laissant libre cours à ses « pulsions » sans m'en parler. Ou me conseillant même d’aller voir ailleurs, que ça ne la dérangerait pas et que ça me rendrait plus attirant et lumineux d’aller draguer. Elle faisait ça parce qu’elle culpabilisait. J’en suis même arrivé à me dire qu’on était en 2018 et que l’exclusivité physique c’était has-been et rétrograde pour essayer de vivre tout ça plus facilement… Elle reste persuadée que c'est elle qui a mal fait les choses et que je n'y suis pour rien, même si je reconnais avoir pu paraître étouffant. (Off : enfin franchement c'était abusé de me dire ça, je lui disais quand même de s'amuser, mais quand tu rentres tous les soirs à 5 du mat' que tu dis t'être faite draguée par 4 types, en être fière et être ambiguë, faut pas s'étonner de déclencher un peu de ressentiment). La distance, c'était vraiment pas top. C’était dur à gérer parce que je me la représentais comme la tchoin d’Erasmus, vraiment pas cool pour sa copine. On était devenu une caricature.
Je suis retourné la voir deux fois plus tard, post-vraie-tromperie, que j'avais pardonnée parce que finalement quand on y pense l’amour c’est plus que ça blablabla. Début novembre d'abord. Bon enfin je m'étais fait ma soupe, et ça a marché. Et puis je l'aim(e)ais vraiment c’te gourde. J'avais quand même été bien ferme hein, pas une victime, je lui avais dit que c'était à elle de faire des efforts et ça a marché quelques temps jusqu'à décembre. Ça a recommencé, la distance verbale toussa toussa, j’ai pensée qu’elle se foutait à nouveau de moi et j'avais surestimé mes capacités à être totalement réglo connaissant le contexte ailleurs : j'ai fini une soirée avec une autre fille. Si j'avais un truc à me reprocher dans le futur, ce serait peut-être ça. Il ne s'est pas passé grand-chose, et je n'ai rien dit quand j'ai fait ça, mais à ce moment-là j'ai provoqué en moi une espèce de montée dans les tours et il fallait que ça pète. Je l'ai amenée à dire qu'il fallait qu'on fasse une pause, que je sentais qu'elle m'échappait encore et que je souffrais. En fait elle commençait à ressentir des trucs pour un mec là-bas, donc elle passait déjà à autre chose et ça l’a peut-être confortée. Peut-être mon erreur, j'aurais dû ne rien dire et continuer à souffrir comme un pigeon, on serait restés ensemble. En tous cas, ma « rencontre » a conduit à notre perte. Mais ça se serait passé quoi qu’il arrive, donc pas de regrets.
Les premiers temps de la rupture, elle a été infecte. Je passerai sur des trucs horribles qu'elle m'a dits ou faits. Horribles je vous dis. Mais en même temps, c'était de la haine-amour. Je vous jure que je n'essayais pas de trop interpréter, c'est le premier conseil qu'on se donne, mais là c'était évident. En même temps, elle était déjà avec son nouveau mec. Mais elle disait ne plus m'aimer. Jusqu'aux vacances de Noël où elle revient en France, me retombent dans les bras en me disant qu'en fait si, elle m'aime toujours. Puis en repartant qu'elle se demandait si on allait se remettre ensemble quand elle rentrerait. Puis une semaine après être repartie que c'était le clap de fin, qu'elle ne ressentait plus rien. Moi j'arrive à gérer le silence parce que j'ai un peu de haine, et elle revient toujours à la charge en disant que je lui manque, en voulant me rendre jaloux, en me demandant des choses banales. En bref, c'est moi qui dois faire des efforts pour qu'elle puisse passer à autre chose. Jusqu'à il y a deux semaines où après trois jours de silence, elle m'envoie une magnifique photo de nous deux en me disant que je lui manque terriblement, mais qu'elle ne sait pas si elle court après moi ou un souvenir de moi. Formule à la Marc Lévy. Je fais un pas vers elle, elle me dit d’arrêter d’espérer. Mais le soir même, on skype et elle me fait un de ces petits sourires, vous savez ceux qui sont imprimés au cœur de votre crâne quand vous êtes avec quelqu’un, et dont vous connaissez parfaitement la symbolique. Putain de cerveau.
Donc qu’est-ce que tu veux que j’arrête d’espérer ! Et puis après une semaine où elle m’appelle presque tous les jours pour me raconter sa vie, ce week-end je craque, en lui disant que je l'aime toujours, malgré tout ce qu'elle a fait.
Bah oui parce que moi je me suis vachement attaché à ses défauts à cette saleté. Je sais que c'est dément, parce qu’elle se fout clairement de moi en ce moment, mais mon intuition me dit que c'est la bonne. Ni de l'orgueil, ni de la fierté mais simplement le sentiment d'une connexion vraiment profonde. Illusion ? Je m'interroge. Comme notre histoire a été très chaotique - je n’ai pas tout dit mais y’avait des indices contradictoires pendant toute notre relation : un côté super sain et durable, et un côté totalement malsain, je me suis forcé à accepter le deuxième - je m'imaginais bien en martyr pour la gloire finale, une fois qu’elle aurait évolué. Parce que oui, je m’étais fait à l’idée que son Erasmus la ferait grandir et qu’on pourrait repartir sur des bases plus saines à son retour. Ça me ferait crever qu’elle ait changé, qu’elle soit devenue plus « sérieuse » sans moi, alors que j’attendais que ça. Je vis dans mon imaginaire, voilà le blème. Et j'ai toujours pensé que si on donnait 10 à l'amour, il en rendait 100. J'ai très (trop?) vite imaginé que sa relation actuelle était un pansement : l'autre sortait aussi d'une rupture difficile, les deux vivent au jour le jour, sont très « indépendants » mais elle ne peut pas s'empêcher de m'écrire en étant vachement contradictoire, elle dit l'aimer (je la crois) mais c'est peut-être la première phase de la passion amoureuse et c'est aussi lié à la force de ce qu'elle ressentait pour moi au moment de la rupture parce que les deux ont coïncidé. Enfin bref je phase. Surtout parce qu'elle va revenir en France, dans ma ville, d'ici peu et que je lui en voudrai aussi vraiment si elle arrive à gérer une relation à distance alors qu'elle a complètement craqué pour la nôtre. M'enfin. Pour moi ce nouveau truc, passée la première passion, c'est du vent. Mais peut-être que je me goure. Ça m'aiderait à arrêter d'espérer. Et puis je m'en fous vous allez me dire. Mais elle fait quand même chier parce que y’a plein de reproches qu’elle me fait aujourd’hui - faut s’auto-justifier et se rassurer sur la rupture de son côté je crois - et qui sont quasi-imaginaires ou qu’elle grossit vachement, et ça m’emmerde de faire reposer la fracture sur des détails qu’on aurait pu changer facilement.
En tous cas, après ces grandes déclarations, j'ai donc le malheur de refaire un pas dans sa direction, elle me met un taquet des familles en disant que je lui manque, mais pas de la manière que j'imagine. Qu'elle est toujours en couple, qu'elle aime son nouveau Don Juan. Mais qu'elle ne peut pas s'empêcher de me parler, qu'elle ne peut physiquement pas, qu'elle ne veut pas me voir continuer avec quelqu'un d'autre, et qu'elle m'aime toujours mais sur un mode spécial. Entre temps moi j'ai essayé autre chose, mais son spectre est encore là : on n'a pas coupé les ponts me direz-vous. Moi je suis son nouveau mec, je m'interroge quand même... Mais elle lui dit simplement qu'on est en contact. Il ne doit pas être très attaché pour l’instant…
Pour ce qui est de moi, j’oscille aujourd’hui entre essayer de me battre pour un truc très passionnel et toxique, je m’en rends bien compte, et abandonner pour de bon. Je capitalise sur tous les bons moments qu'on a passés ensemble et je rêve de pleins de trucs à faire avec elle encore. Mais je sais que je me berce d'illusions et que son fond n'aura pas changé. J'ai été le premier fusible en fait. D’un côté ou de l’autre ce sera dur et intense mentalement. J’ai l’impression que notre histoire ne peut se terminer que comme ça. Elle me demande d’être son ami, qu’elle est certaine de vouloir ça désormais, mais je sais qu’il y aura de l’attirance mutuelle si on se revoit, qu’elle me fait encore des reproches sur mon caractère ou sur mon attitude pendant notre relation comme si on était encore ensemble… Enfin elle veut le beurre (son boyfriend trop indépendant) et l’argent du beurre (moi qui suis sa caution morale, son confident et qui l’ai comprise comme personne).
Voilà pourquoi j’en fais appel à votre sollicitude, vous qui aurez eu la bonté de lire mon petit bout de vie . Je ne demande pas spécialement de conseils, mais ça m’a fait du bien d’écrire tout ça. J’en suis à la phase où c’est moi qui ai eu tout faux, et qui aurais pu/dû agir autrement pour sauver les meubles. J’essaye de me regarder objectivement : ai-je été trop étouffant, ai-je été un repoussoir, une victime ? Je ne sais plus. Je ne pense pas parce que je voulais vraiment qu’elle s’éclate et s’épanouisse. Je veux grandir alors j’ai besoin de réponses. Je ne les aurai pas tout de suite. En attendant j’aimerais tellement rencontrer quelqu’un qui me fasse vibrer de la même manière, sans le tas de fumier qui jonche chacun de ses pas. Les principes ça existe encore ?
comme certains d'entre vous, je suis tout sauf un habitué des posts sur les forums. En général, je préfère les confrontations dans la "vraie vie" comme diraient Bigflo et Oli , et je ne manque pas de soutien pour m'épauler. Surtout que je ne connais que trop bien les effets cocotte-minute que couvent les pensées refoulées. Mais je trouve que les gens ici font un réel travail de salubrité publique et j'ai envie de partager mon histoire, parce que chaque histoire est unique, que je cherche encore des résonances et du soutien. Et aussi parce que j'en ai marre de saouler mon entourage avec un truc qui les dépasse un peu tant tout ça est caricatural : j'aurais dû, selon eux, envoyer péter depuis bieeen longtemps. Amour + peur du vide + très forte projection/idéalisation (surtout ça) m'ont conduit à me battre pour la relation que je vais décrire. Ah oui, je suis de ceux qui estiment que toute relation est par essence daubée, et qu'il faut lui apporter beaucoup de soin au quotidien pour l'entretenir. J’en rajoute volontairement mais à tous nous lire, j’ai quand même l’impression que ce qui fait défaut dans nos histoires, c’est toujours ce soin mutuel volontaire. Enfin le truc qui fonctionne dans les bonnes. Bref. Faut aussi donner l'impression que tout se fait naturellement pour garder la spontanéité intacte, le désir et le mystère, m'voyez ? La paillasse de chimie quoi. Enfin j'avais l'impression de pas trop mal m'en tirer.
J'ai 26 ans et plus toutes mes dents suite à un accident. Oui ça rime. Mon ex (j'ai encore du mal à le dire, preuve que je ne suis pas guéri) en a bientôt 22. Je suis son premier amour. Nous sommes restés ensemble pendant 1 an et avons rompu de manière plus ou moins nette il y a deux mois. Je dis plus ou moins nette parce qu'à l'origine nous avions parlé de pause, qui s'est subrepticement transformée en rupture. C'est arrivé dans le contexte d'un Erasmus pour elle au premier semestre (depuis fin septembre). On connaît, c'est le yolo : la distance et les stimulations hormonales, ma méfiance et mes doutes, les envies de liberté et de séduire qui la caractérisent - en même temps à 21 ans - sa culpabilité et nos engueulades, finalement la tromperie et la rencontre d'un nouveau zigoto, auront eu raison de nous. A partir du moment où on a parlé de pause, je suis devenu super froid et austère, pour bien marquer le coup parce que je pensais qu'il n'y avait pas de raison que je lui donne tout ce que j'ai et qu'elle s'amuse avec d'autres types à côté. Un peu d'orgueil pardi. Mais ça a contribué à bien envenimer les choses. Enfin je lui ai déjà dit tout ça. Jusque-là histoire classique d'un couple qui vit mal la distance me direz-vous. C'est moi qui l'ai dans l'os, plus mûr sentimentalement. Elle semble m'oublier, je souffre. On passe à autre chose, fin de l'histoire. Oui mais.
A savoir que pendant tout ce temps, et encore aujourd'hui je vais y venir, on s'est toujours parlé. De manière plus ou moins habile.
Ma maladie à moi, sûrement une partie de ce qui a causé notre perte, c'est l’hyper-lucidité. Qu'est-ce qu'il raconte ce type, il se la donne grave... Non, c'est tout sauf une bénédiction je vous rassure. Peut-être que certains d'entre vous se reconnaissent ? Si vous voulez, beaucoup sont ici en quête de signes éventuels de leur ex, à interpréter désormais, en disant qu'ils regrettent ne pas avoir vu les failles plus tôt. Comme je l'ai dit, je ne vois que ça : je vois l'immense bonheur que je vivais au quotidien, par éclairs, un truc presque surhumain, mais aussi et surtout les détails qui me montraient que c'était précaire. Je voyais le magnifique château de cartes, en permanence. L'hyper-lucidité, en couple, ça vous fait faire les plus belles choses du monde et ça vous fragilise, parce que vous savez que tout ça ne repose sur rien d'autre qu'un sentiment assez banal, toujours à protéger. Surtout si comme moi, vous avez énormément de mal à tomber amoureux, ça peut faire de vous une guimauve au pire des moments, quand il faut savoir gueuler. Si vous voulez guérir d'ailleurs, je vous conseille d'analyser l'amour pour ce qu'il est, à savoir une stratégie de l'évolution pour nous faire croire que l'être visé est le bon, c'est cynique mais ça a le mérite d'aider. Voyez-vous comme un Homo Sapiens primitif, pas comme un individu créé ex-nihilo et totalement libre. L'âme-sœur, what a joke. (Je fais de la dissociation à but provocateur parce qu'en ce qui me concerne je crois quand même avoir trouvé la mienne, sinon je ne serais pas ici).
Quid de mon histoire alors ? Avant son départ, nous étions fusionnels et lucides au point d'être capable de dire que ça allait merder, connaissant nos caractères, moi ayant des valeurs morales à toute épreuve et elle ayant des mœurs plus « libertaires » dirons-nous, mais incapables de nous arrêter, incapables d'être raisonnables en disant qu'on se retrouvera malgré tout. Une drogue dure, et qui plus est le pari sur l'avenir est parfois osé. L'un comme l'autre étions fous amoureux. Pas de doute là-dessus. Je l'ai aidé à s'installer là-bas au départ, mais je n'avais pas confiance, j'avais un mauvais pressentiment, et elle l'a senti aussi. Et le cercle vicieux s'est enclenché. Je l’ai aussi sentie partir assez tôt (j'ai appris plus tard qu'elle s'était retrouvée avec un type nue dans son lit la toute première semaine), elle me « rassurait » comme elle pouvait, mais j'étais en demande et c'est devenu nul. Moi amoureux transit et mort de trouille, elle laissant libre cours à ses « pulsions » sans m'en parler. Ou me conseillant même d’aller voir ailleurs, que ça ne la dérangerait pas et que ça me rendrait plus attirant et lumineux d’aller draguer. Elle faisait ça parce qu’elle culpabilisait. J’en suis même arrivé à me dire qu’on était en 2018 et que l’exclusivité physique c’était has-been et rétrograde pour essayer de vivre tout ça plus facilement… Elle reste persuadée que c'est elle qui a mal fait les choses et que je n'y suis pour rien, même si je reconnais avoir pu paraître étouffant. (Off : enfin franchement c'était abusé de me dire ça, je lui disais quand même de s'amuser, mais quand tu rentres tous les soirs à 5 du mat' que tu dis t'être faite draguée par 4 types, en être fière et être ambiguë, faut pas s'étonner de déclencher un peu de ressentiment). La distance, c'était vraiment pas top. C’était dur à gérer parce que je me la représentais comme la tchoin d’Erasmus, vraiment pas cool pour sa copine. On était devenu une caricature.
Je suis retourné la voir deux fois plus tard, post-vraie-tromperie, que j'avais pardonnée parce que finalement quand on y pense l’amour c’est plus que ça blablabla. Début novembre d'abord. Bon enfin je m'étais fait ma soupe, et ça a marché. Et puis je l'aim(e)ais vraiment c’te gourde. J'avais quand même été bien ferme hein, pas une victime, je lui avais dit que c'était à elle de faire des efforts et ça a marché quelques temps jusqu'à décembre. Ça a recommencé, la distance verbale toussa toussa, j’ai pensée qu’elle se foutait à nouveau de moi et j'avais surestimé mes capacités à être totalement réglo connaissant le contexte ailleurs : j'ai fini une soirée avec une autre fille. Si j'avais un truc à me reprocher dans le futur, ce serait peut-être ça. Il ne s'est pas passé grand-chose, et je n'ai rien dit quand j'ai fait ça, mais à ce moment-là j'ai provoqué en moi une espèce de montée dans les tours et il fallait que ça pète. Je l'ai amenée à dire qu'il fallait qu'on fasse une pause, que je sentais qu'elle m'échappait encore et que je souffrais. En fait elle commençait à ressentir des trucs pour un mec là-bas, donc elle passait déjà à autre chose et ça l’a peut-être confortée. Peut-être mon erreur, j'aurais dû ne rien dire et continuer à souffrir comme un pigeon, on serait restés ensemble. En tous cas, ma « rencontre » a conduit à notre perte. Mais ça se serait passé quoi qu’il arrive, donc pas de regrets.
Les premiers temps de la rupture, elle a été infecte. Je passerai sur des trucs horribles qu'elle m'a dits ou faits. Horribles je vous dis. Mais en même temps, c'était de la haine-amour. Je vous jure que je n'essayais pas de trop interpréter, c'est le premier conseil qu'on se donne, mais là c'était évident. En même temps, elle était déjà avec son nouveau mec. Mais elle disait ne plus m'aimer. Jusqu'aux vacances de Noël où elle revient en France, me retombent dans les bras en me disant qu'en fait si, elle m'aime toujours. Puis en repartant qu'elle se demandait si on allait se remettre ensemble quand elle rentrerait. Puis une semaine après être repartie que c'était le clap de fin, qu'elle ne ressentait plus rien. Moi j'arrive à gérer le silence parce que j'ai un peu de haine, et elle revient toujours à la charge en disant que je lui manque, en voulant me rendre jaloux, en me demandant des choses banales. En bref, c'est moi qui dois faire des efforts pour qu'elle puisse passer à autre chose. Jusqu'à il y a deux semaines où après trois jours de silence, elle m'envoie une magnifique photo de nous deux en me disant que je lui manque terriblement, mais qu'elle ne sait pas si elle court après moi ou un souvenir de moi. Formule à la Marc Lévy. Je fais un pas vers elle, elle me dit d’arrêter d’espérer. Mais le soir même, on skype et elle me fait un de ces petits sourires, vous savez ceux qui sont imprimés au cœur de votre crâne quand vous êtes avec quelqu’un, et dont vous connaissez parfaitement la symbolique. Putain de cerveau.
Donc qu’est-ce que tu veux que j’arrête d’espérer ! Et puis après une semaine où elle m’appelle presque tous les jours pour me raconter sa vie, ce week-end je craque, en lui disant que je l'aime toujours, malgré tout ce qu'elle a fait.
Bah oui parce que moi je me suis vachement attaché à ses défauts à cette saleté. Je sais que c'est dément, parce qu’elle se fout clairement de moi en ce moment, mais mon intuition me dit que c'est la bonne. Ni de l'orgueil, ni de la fierté mais simplement le sentiment d'une connexion vraiment profonde. Illusion ? Je m'interroge. Comme notre histoire a été très chaotique - je n’ai pas tout dit mais y’avait des indices contradictoires pendant toute notre relation : un côté super sain et durable, et un côté totalement malsain, je me suis forcé à accepter le deuxième - je m'imaginais bien en martyr pour la gloire finale, une fois qu’elle aurait évolué. Parce que oui, je m’étais fait à l’idée que son Erasmus la ferait grandir et qu’on pourrait repartir sur des bases plus saines à son retour. Ça me ferait crever qu’elle ait changé, qu’elle soit devenue plus « sérieuse » sans moi, alors que j’attendais que ça. Je vis dans mon imaginaire, voilà le blème. Et j'ai toujours pensé que si on donnait 10 à l'amour, il en rendait 100. J'ai très (trop?) vite imaginé que sa relation actuelle était un pansement : l'autre sortait aussi d'une rupture difficile, les deux vivent au jour le jour, sont très « indépendants » mais elle ne peut pas s'empêcher de m'écrire en étant vachement contradictoire, elle dit l'aimer (je la crois) mais c'est peut-être la première phase de la passion amoureuse et c'est aussi lié à la force de ce qu'elle ressentait pour moi au moment de la rupture parce que les deux ont coïncidé. Enfin bref je phase. Surtout parce qu'elle va revenir en France, dans ma ville, d'ici peu et que je lui en voudrai aussi vraiment si elle arrive à gérer une relation à distance alors qu'elle a complètement craqué pour la nôtre. M'enfin. Pour moi ce nouveau truc, passée la première passion, c'est du vent. Mais peut-être que je me goure. Ça m'aiderait à arrêter d'espérer. Et puis je m'en fous vous allez me dire. Mais elle fait quand même chier parce que y’a plein de reproches qu’elle me fait aujourd’hui - faut s’auto-justifier et se rassurer sur la rupture de son côté je crois - et qui sont quasi-imaginaires ou qu’elle grossit vachement, et ça m’emmerde de faire reposer la fracture sur des détails qu’on aurait pu changer facilement.
En tous cas, après ces grandes déclarations, j'ai donc le malheur de refaire un pas dans sa direction, elle me met un taquet des familles en disant que je lui manque, mais pas de la manière que j'imagine. Qu'elle est toujours en couple, qu'elle aime son nouveau Don Juan. Mais qu'elle ne peut pas s'empêcher de me parler, qu'elle ne peut physiquement pas, qu'elle ne veut pas me voir continuer avec quelqu'un d'autre, et qu'elle m'aime toujours mais sur un mode spécial. Entre temps moi j'ai essayé autre chose, mais son spectre est encore là : on n'a pas coupé les ponts me direz-vous. Moi je suis son nouveau mec, je m'interroge quand même... Mais elle lui dit simplement qu'on est en contact. Il ne doit pas être très attaché pour l’instant…
Pour ce qui est de moi, j’oscille aujourd’hui entre essayer de me battre pour un truc très passionnel et toxique, je m’en rends bien compte, et abandonner pour de bon. Je capitalise sur tous les bons moments qu'on a passés ensemble et je rêve de pleins de trucs à faire avec elle encore. Mais je sais que je me berce d'illusions et que son fond n'aura pas changé. J'ai été le premier fusible en fait. D’un côté ou de l’autre ce sera dur et intense mentalement. J’ai l’impression que notre histoire ne peut se terminer que comme ça. Elle me demande d’être son ami, qu’elle est certaine de vouloir ça désormais, mais je sais qu’il y aura de l’attirance mutuelle si on se revoit, qu’elle me fait encore des reproches sur mon caractère ou sur mon attitude pendant notre relation comme si on était encore ensemble… Enfin elle veut le beurre (son boyfriend trop indépendant) et l’argent du beurre (moi qui suis sa caution morale, son confident et qui l’ai comprise comme personne).
Voilà pourquoi j’en fais appel à votre sollicitude, vous qui aurez eu la bonté de lire mon petit bout de vie . Je ne demande pas spécialement de conseils, mais ça m’a fait du bien d’écrire tout ça. J’en suis à la phase où c’est moi qui ai eu tout faux, et qui aurais pu/dû agir autrement pour sauver les meubles. J’essaye de me regarder objectivement : ai-je été trop étouffant, ai-je été un repoussoir, une victime ? Je ne sais plus. Je ne pense pas parce que je voulais vraiment qu’elle s’éclate et s’épanouisse. Je veux grandir alors j’ai besoin de réponses. Je ne les aurai pas tout de suite. En attendant j’aimerais tellement rencontrer quelqu’un qui me fasse vibrer de la même manière, sans le tas de fumier qui jonche chacun de ses pas. Les principes ça existe encore ?
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