Lectures, sorties, films... Et toutes ces choses dignes d'intérêt...
BY kailash
#1182866
salut tout le monde
je profite des cinq minutes qu 'il me reste avant de mourir pour la douzième fois cette semaine
(pas la peine de péter le champagne, je ressuscite à chaque fois..) et de ta présence sur ce fil élieza pour poster ce poème.

c'est très largement inspiré de "femmes qui courent avec les loups" (pour ne pas dire plagié ^^)
je t'en avais parlé un jour...

du fin fond des déserts,
de la rivière sous la rivière,
des sept mers de l'univers,
des larmes de l'océan,
et de l'éther d'avant,
elle vient de là, du bout des temps.

Elle vit là où les morts viennent pour qu'on les enlace,
Elle vit là où l'âme du loup et de la femme s'embrassent,
Elle vit dans le futur et vient à reculons
nous dire tous les secrets, nous les dire en chansons.
Elle est la source, la chaleur, la mémoire,
Elle aussi trace de boue et pattes de renard;
Elle est femme araignée, tissant les destinées
des hommes, des animaux, des plantes et des rochers.

Pour unir l'infini, et l'histoire de l'humain,
Elle donne forme et rend vie,
et ressert tous les liens
de deux mondes éloignés:
le vieux monde divin,
la jeune humanité.

Tambour, sifflet, appel, cri, mot;
esprit-papillon, ou bien femme-oiseau;
créature déguisée en herbe ou en fumée,
c'est "el duende" le vent sacré.

Son esprit plus âgé que les pierres
sa voix plus ancienne que la prière,
se nourrissent de tonnerre et d'éclairs.

Et la vertu exaltante de ces sons invisibles,
traverse nos deux mondes immenses et terribles;
pour que notre squelette démantelé, gisant quelque part,
soit reconstruit par le chant de la Loba tous les soirs.

Troubadours,bardes, griots, cantores, personnes sacrées,
voyageurs, poètes, sorcières, esprits dérangés,
toutes les vérités que nous dirons
feront la chanson...
BY Elieza
#1182880
kailash a écrit :salut tout le monde
je profite des cinq minutes qu 'il me reste avant de mourir pour la douzième fois cette semaine
(pas la peine de péter le champagne, je ressuscite à chaque fois..) et de ta présence sur ce fil élieza pour poster ce poème.

c'est très largement inspiré de "femmes qui courent avec les loups" (pour ne pas dire plagié ^^)
je t'en avais parlé un jour...

du fin fond des déserts,
de la rivière sous la rivière,
des sept mers de l'univers,
des larmes de l'océan,
et de l'éther d'avant,
elle vient de là, du bout des temps.

Elle vit là où les morts viennent pour qu'on les enlace,
Elle vit là où l'âme du loup et de la femme s'embrassent,
Elle vit dans le futur et vient à reculons
nous dire tous les secrets, nous les dire en chansons.
Elle est la source, la chaleur, la mémoire,
Elle aussi trace de boue et pattes de renard;
Elle est femme araignée, tissant les destinées
des hommes, des animaux, des plantes et des rochers.

Pour unir l'infini, et l'histoire de l'humain,
Elle donne forme et rend vie,
et ressert tous les liens
de deux mondes éloignés:
le vieux monde divin,
la jeune humanité.

Tambour, sifflet, appel, cri, mot;
esprit-papillon, ou bien femme-oiseau;
créature déguisée en herbe ou en fumée,
c'est "el duende" le vent sacré.

Son esprit plus âgé que les pierres
sa voix plus ancienne que la prière,
se nourrissent de tonnerre et d'éclairs.

Et la vertu exaltante de ces sons invisibles,
traverse nos deux mondes immenses et terribles;
pour que notre squelette démantelé, gisant quelque part,
soit reconstruit par le chant de la Loba tous les soirs.

Troubadours,bardes, griots, cantores, personnes sacrées,
voyageurs, poètes, sorcières, esprits dérangés,
toutes les vérités que nous dirons
feront la chanson...

Besos ma belle! J'apprécie la dédicace a sa juste valeur!
Avatar du membre
BY louma
#1185048
Moi, comme les chiens, j’éprouve le besoin de l’infini… Je ne puis, je ne puis contenter ce besoin ! Je suis fils de l’homme et de la femme, d’après ce qu’on m’a dit. Ça m’étonne… je croyais être davantage ! Au reste, que m’importe d’où je viens [...]
Chaque matin, quand le soleil se lève pour les autres, en répandant la joie et la chaleur dans toute la nature, tandis qu’aucun de mes traits ne bouge, en regardant fixement l’espace plein de ténèbres, accroupi vers le fond de ma caverne aimée, dans un désespoir qui m’enivre comme le vin, je meurtris de mes puissantes mains ma poitrine en lambeaux. Pourtant, je sens que je ne suis pas atteint de la rage ! Pourtant, je sens que je ne suis pas le seul qui souffre ! Pourtant, je sens que je respire ! Comme un condamné qui essaie ses muscles, en réfléchissant sur leur sort, et qui va bientôt monter à l’échafaud.

Lautréamont
BY kailash
#1186277
Nul ne comprenait le parfum
du magnolia sombre de ton ventre.
Nul ne savait que tu martyrisais
un colibri d’amour entre tes dents.
Mille petits chevaux perses s’endormaient
sur la place baignée de lune de ton front,
tandis que moi, quatre nuits, j’enlaçais
ta taille, ennemie de la neige.
Entre plâtre et jasmins, ton regard
était un bouquet pâle de semences.
Dans mon cœur je cherchais pour te donner
les lettres d’ivoire qui disent toujours,
toujours, toujours : jardin de mon agonie,
ton corps fugitif pour toujours,
le sang de tes veines dans ma bouche,
ta bouche sans lumière déjà pour ma mort.

Federico Garcia Lorca
BY -Numéro 7
#1189205
Le grand marin - par Catherine Poulain

Il faudrait toujours être en route pour l'Alaska. Mais y arriver à quoi bon. J'ai fait mon sac. C'est la nuit. Un jour je quitte Manosque-les-Plateaux, Manosque-les-Couteaux, c'est février, les bars ne désemplissent pas, la fumée et la bière, je pars, le bout du monde, sur la Grande Bleue, vers le cristal et le péril, je pars. Je ne veux plus mourir d'ennui, de bière, d'une balle perdue. De malheur. Je pars. Tu es folle. Ils se moquent. Ils se moquent toujours - toute seule sur des bateaux avec des hordes d'hommes, tu es folle... Ils rient.
Riez. Riez. Buvez. Défoncez-vous. Mourez si vous voulez.
Pas moi. Je pars pêcher en Alaska. Salut.
BY -Numéro 7
#1189387
DICTS A LA MORT

Parchemin replié dans nos brumeux tiroirs,
O mort! fusée, soleil nocturne, diamant,
Où te dérobes-tu par les chemins de menthe
Qui s'ouvrent à nos voix et dévalent nos tempes
Quand nous traquons le cri sous les combes des lampes?

J'entends, d'un promeneur, les pas dans ma poitrine.

C'est à toi que j'écris, séduisante sanie,
Avec les mots du feu, les syllabes de l'eau,
Mais tu ne lis jamais que la stance silence,
Le clapotis du sec, des pierres et des os.

J'entends, d'un promeneur, les pas dans ma poitrine.

De mon âme à ton nom, comme il est peu de place!
Tant de déserts pour récompense de la soif.
Tes sources, tes cascades, tes arides glaces
Me fascinent, serpent sous la magie des sons...

J'entends, d'un promeneur, les pas dans ma poitrine.

Il y a des sentiers qui refusent l'espace,
Des vagues dont les seins ignorent les navires
Au creux des univers cachés sous ta paupière,
Et pas un pour mener au cristal mon délire.

J'entend, d'un promeneur, les pas dans ma poitrine.

Tous ces êtres, pourtant, perdus dans le décor
De leur propre chaleur, cèdent à la menace
Avec l'indifférence errante de la proie.
C'est ainsi que le sang s'éprend de son voyage,

Jette son balancier à la terre perfide
Et tend sa bouche enfin aux caresses du vide.

Marc Alyn - Le Temps des Autres, 1957.
BY -Numéro 7
#1189392
J'ai besoin de me protéger en ce moment miu, je t'envoie mon adresse mail.
Modifié en dernier par -Numéro 7 le 09 sept. 2016, 10:05, modifié 1 fois.
BY -Numéro 7
#1189394
louma a écrit :J'aime énormément..
louma, je suis ravie que ses mots t'aies touché. Et que tu " aime énormément ".
BY sandstorm
#1189397
Numéro 7 a écrit :
miu a écrit :Numéro 7, je peux t'envoyer un mess privé? Je n'arrive pas à te l'envoyer, il me semble que tu l'as désactivé ta boite message...

Je te remercie. Bonne nuit. Bisous.
J'ai besoin de me protéger en ce moment miu, je t'envoie mon adresse mail.
j'espère numéro 7 que personne ne t'embête en mp....
BY -Numéro 7
#1189398
sandstorm a écrit :
Numéro 7 a écrit :
miu a écrit :Numéro 7, je peux t'envoyer un mess privé? Je n'arrive pas à te l'envoyer, il me semble que tu l'as désactivé ta boite message...

Je te remercie. Bonne nuit. Bisous.
J'ai besoin de me protéger en ce moment miu, je t'envoie mon adresse mail.
j'espère numéro 7 que personne ne t'embête en mp....
Oh sandstorm, non, j'espère ne pas t'avoir inquiétée.
BY -Numéro 7
#1189422
:) bon, ça me fait bien plaisir de lire ça, et ma boîte mail et mon tél te sont toujours ouverts. Gros bisous énormes fabuleux. J'adore les gros bisous énormes fabuleux ^^
Modifié en dernier par -Numéro 7 le 09 sept. 2016, 11:25, modifié 1 fois.
BY -Numéro 7
#1190751
Ce n'est pas celui que j'allais poster, mais l'insecte gros, bruyant et volant m'a mise d'humeur bucolique ^^ - d'ailleurs je ne l'entends plus, ne le vois plus - et c'est là que je flippe ^^ il est pas sur le canapé déjà... et j'ai une petite coccinelle sur le bord de l'abat jour de la lampe en pied, alors une fleur c'est parfait - et une fleur qui parle beh, c'est comme toi ^^

LA FLEUR QUI PARLE

J’ai découvert la fleur qui parle
dans un grand champ de romarin
pas très loin de la route d’Arles
il était très tôt le matin.

Une pierre presque violette
la soutenait comme un écrin
elle perdait un peu la tête
et moi aussi, je le crois bien.

Elle m'a dit de jolies choses
et des mots tellement petits
que passereaux et passe-roses
étaient comme des ombellies.

Elle m'a dit l'une après l'autre
les paroles d'Evangélie
et les serments de Pierrelune
au bloncs rendez-vous d'Arcadie.

Les arcs en ciel d'offrefontaine
les misériers engoulevents
les martins-pêcheurs des fontaines
faisaient partie de son plain-chant.

Elle m'a dit battre frontière
l'opale pâle d'Amélie
les épineuses ombrières,
les grenats grenats d'Alvoisie.

Alors j'avais tant de vacances
à écouter parler ma fleur
que mon silence de silence
peut-être un instant lui fit peur.

Et j'ai perdu la fleur qui parle
dans le grand champ de romarin
pas très loin de la route d'Arles
un peu de terre dans mes mains.

Louis Amade
BY lilydr
#1190753
Oh merci Numero 7 !
J'espère que l'insecte restera tranquillement au salon ^^
J'ai réussis à grignoter un peu. Des baisers.
BY -Numéro 7
#1191754
PUISQUE NOS HEURES SONT REMPLIES

Puisque nos heures sont remplies
De trouble et de calamités ;
Puisque les choses que tu lies
Se détachent de tous côtés ;

Puisque nos pères et nos mères
Sont allés où nous irons tous,
Puisque des enfants, têtes chères,
Se sont endormis avant nous ;

Puisque la terre où tu t'inclines
Et que tu mouilles de tes pleurs,
A déjà toutes nos racines
Et quelques-unes de nos fleurs ;

Puisqu'à la voix de ceux qu'on aime
Ceux qu'on aima mêlent leurs voix ;
Puisque nos illusions même
Sont pleines d'ombres d'autrefois ;

Puisqu'à l'heure où l'on boit l'extase
On sent la douleur déborder,
Puisque la vie est comme un vase
Qu'on ne peut emplir ni vider ;

Puisqu'à mesure qu'on avance
Dans plus d'ombre on se sent flotter ;
Puisque la menteuse espérance
N'a plus de conte à nous conter ;

Puisque le cadran, quand il sonne,
Ne nous promet rien pour demain,
Puisqu'on ne connaît plus personne
De ceux qui vont dans le chemin,

Mets ton esprit hors de ce monde !
Mets ton rêve ailleurs qu'ici-bas !
Ta perle n'est pas dans notre onde !
Ton sentier n'est point sous nos pas !

Quand la nuit n'est pas étoilée,
Viens te bercer aux flots des mers ;
Comme la mort elle est voilée,
Comme la vie ils sont amers.

L'ombre et l'abîme ont un mystère
Que nul mortel ne pénétra ;
C'est Dieu qui leur dit de se taire
Jusqu'au jour où tout parlera !

D'autres yeux de ces flots sans nombre
Ont vainement cherché le fond ;
D'autres yeux se sont emplis d'ombre
A contempler ce ciel profond !

Toi, demande au monde nocturne
De la paix pour ton coeur désert !
Demande une goutte à cette urne !
Demande un chant à ce concert !

Plane au-dessus des autres femmes,
Et laisse errer tes yeux si beaux
Entre le ciel où sont les âmes
Et la terre où sont les tombeaux !

Victor Hugo
BY -Numéro 7
#1193242
JE NE SAIS PAS…

Je ne sais pas Lislei comment sera la mort
comment je passerai là-bas dessous les planches
avec ce corps de rire sur le satin muet
je ne sais pas Lislei si je pourrai dormir
ou si l'éternité nous offrira ses fêtes et ses supplices.

Ils sont silencieux les en-allés même les plus bavards
ils dodelinent comme un sable tassé
quand les chevaux s'en vont étonnés de plumets
dans l'étrange carrière où les trous sont comblés
par ces bagages vains que sont aux survivants
les bien-aimés d'hier.

Je ne sais pas Lislei ils ne nous diront rien
ils ne reviendront pas
nous irons voir Lislei dans l'apparat grotesque
au son des bêches et des jurons et des cordes aussi
et de l'eau qui sommeille avec les morts
sous les maisons tranquilles et les jonchées de fleurs.

Alain Borne
Avatar du membre
BY miu
#1193274
Moi aussi, j'aime bien ce poème d'Alain Borne. Merci à Numéro 7 de l'avoir partagé ;- ) Gros bisous fabuleux :x
BY -Numéro 7
#1193425
LES SOLEILS DE SEPTEMBRE

Sous ces rayons cléments des soleils de septembre
Le ciel est doux, mais pâle, et la terre jaunit.
Dans les forêts la feuille a la couleur de l’ambre ;
L’oiseau ne chante plus sur le bord de son nid.

Du toit des laboureurs ont fui les hirondelles ;
La faucille a passé sur l’épi d’or des blés ;
On n’entend plus dans l’air des frémissements d’ailes :
Le merle siffle seul au fond des bois troublés.

La mousse est sans parfum, les herbes sans mollesse ;
Le jonc sur les étangs se penche soucieux ;
Le soleil, qui pâlit, d’une tiède tristesse
Emplit au loin la plaine et les monts et les cieux.

Les jours s’abrègent ; l’eau qui court dans la vallée
N’a plus ces joyeux bruits qui réjouissaient l’air :
Il semble que la terre, et frileuse et voilée,
Dans ses premiers frissons sente arriver l’hiver.

Ô changeantes saisons ! ô lois inexorables !
De quel deuil la nature, hélas ! va se couvrir !
Soleils des mois heureux, printemps irréparables,
Adieu ! ruisseaux et fleurs vont se taire et mourir.

Mais console-toi, terre ! ô Nature ! ô Cybèle !
L’hiver est un sommeil et n’est point le trépas :
Les printemps reviendront te faire verte et belle ;
L’homme vieillit et meurt, toi, tu ne vieillis pas !

Tu rendras aux ruisseaux, muets par la froidure,
Sous les arceaux feuillus leurs murmures chanteurs ;
Aux oiseaux tu rendras leurs nids dans la verdure ;
Aux lilas du vallon tu rendras ses senteurs.

Ah ! des germes captifs quand tu fondras les chaînes,
Quand, de la sève à flots épanchant la liqueur,
Tu feras refleurir les roses et les chênes,
Ô Nature ! avec eux fais refleurir mon cœur !

Rends à mon sein tari les poétiques sèves,
Verse en moi les chaleurs dont l’âme se nourrit,
Fais éclore à mon front les gerbes de mes rêves,
Couvre mes rameaux nus des fleurs de mon esprit.

Sans l’ivresse des chants, ma haute et chère ivresse,
Sans le bonheur d’aimer, que m’importent les jours !
Ô soleils! ô printemps ! je ne veux la jeunesse
Que pour toujours chanter, que pour aimer toujours !

Auguste Lacaussade, Poèmes et Paysages
BY -Numéro 7
#1193428
ROSES D'AUTOMNE

Aux branches que l’air rouille et que le gel mordore,
Comme par un prodige inouï du soleil,
Avec plus de langueur et plus de charme encore,
Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.

Dans sa corbeille d’or, août cueillit les dernières :
Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
Mais voici que, soudain, les touffes printanières
Embaument les matins de l’arrière-saison.

Les bosquets sont ravis, le ciel même s’étonne
De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir,
Malgré le vent, la pluie et le givre d’automne,
Les boutons, tout gonflés d’un sang rouge, fleurir.

En ces fleurs que le soir mélancolique étale,
C’est l’âme des printemps fanés qui, pour un jour,
Remonte, et de corolle en corolle s’exhale,
Comme soupirs de rêve et sourires d’amour.

Tardives floraisons du jardin qui décline,
Vous avez la douceur exquise et le parfum
Des anciens souvenirs, si doux, malgré l’épine
De l’illusion morte et du bonheur défunt.

Nérée Beauchemin
BY pab
#1193430
Il aimait la mort, elle aimait la vie


Il aimait la mort, et ses sombres promesses,
Avenir incertain d'un garcon en détresse,
Il voulait mourir, laisser partir sa peine,
Oublier tous ces jours à la même rengaine...

Elle aimait la vie, heureuse d'exister,
Voulait aider les gens et puis grandir en paix,
C'était un don du ciel, toujours souriante,
Fleurs et nature, qu'il pleuve ou qu'il vente.

Mais un beau jour, la chute commenca,
Ils tombèrent amoureux, mauvais choix,
Elle aimait la vie et il aimait la mort,
Qui d'entre les deux allait être plus fort?

Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifié,
Amis et famille, capables de tout renier,
Tout donner pour s'aimer, tel était leur or,
Mais elle aimait la vie et il aimait la mort...
Si différents et pourtant plus proches que tout,
Se comprenant pour protéger un amour fou,
L'un ne rêvait que de mourir et de s'envoler,
L'autre d'une vie avec lui, loin des atrocités...

Fin de l'histoire : obligés de se séparer,
Ils s'étaient promis leur éternelle fidélité.
Aujourd'hui, le garcon torturé vit pour elle,
Puisque la fille, pour lui, a rendu ses ailes...

Il aimait la mort, elle aimait la vie,
Il vivait pour elle, elle est morte pour lui.
W. Shakespear ( desolé je trouve magnifique ce poeme meme si ici sa pince :) )
BY pab
#1193434
Baudelaire : L'Albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

allé un petit dernier alors!!
BY -Numéro 7
#1193480
ARRIERE-SAISON

La couleur verte
tremble
entre les mains
de l’automne
La mort maquille
les feuilles
pour leurs noces
avec le givre
Un silence très ancien
se loge
dans la lumière
qui se tait
et le Temps jette
les heures insouciantes
dans un feu sans mémoire

Kamal Zerdoumi

Non, je ne suis pas tombée du lit ^^
BY lilydr
#1194030
Mox Nox a écrit :Empereur sans laurier, dans ma pourpre ternie,
Lambeaux d'une chlamyde sur mes lambeaux de flancs,
J'arpente les allées de mon jardin honni,
Où le silence même ricane en persiflant.

J'y promène ma honte, de rubrique en rubrique,
De sujet en sujet, quand trop le vin me lasse,
Et toute ma livrée, et tous mes domestiques,
S'esclaffent en me guettant : "Un quasi-roi qui passe !"




Pour filtrer mon courtil, en lieu de tamisat,
On a laissé courir la valériane en fuite* :
Une "herbe-à-la-meurtrie", une rose Elieza,
En mitige les sols depuis soixante-dix-huit.

Au centre du verger, le cerisier vivace,
Hasarde sur chacun sa pénombre aigre-douce,
Et sous ses blanches fleurs**, les oisillons bavassent,
Qui goûtant ses fruits noirs**, étouffent et meurent. Tous.

Je ne sais plus sa race, mais je la crois nippone,
Mon arboriculteur le surnommait "Tenbu",
Il goûtait comme moi l'humeur un rien friponne,
De cet arbre de vie dont la mort est tribut**.

Mais il ne serait rien sans mes folles tonnelles,
Charmilles débridées, plus féroces que l'hydre :
De chaque fleur tombée, trois boutures nouvelles,
Cet ornement des rois, la liliale lilydr ...***




Il se fait tard déjà, et voilà qu'immature,
Tout au fol excès de cette étrange douma****,
Je manquais d'oublier et ma triste posture,
Et mon frère de malheur, l'infortuné Louma :

Un bonzai torturé, contre une croix de pierre.

[... susssssssspense ...]

Puisse-t-il me veiller, alors que la nuit tombe !
Et pour lui, et pour moi, une courte prière,
Près de la croix, un trou. Et Louma sur ma tombe.
Juste, parce que je n'ai jamais pris le temps de te remercier pour tes compositions...

Tu manques à ce forum.
BY sandstorm
#1194829
A Litany For Survival

For those of us who live at the shoreline
standing upon the constant edges of decision
crucial and alone
for those of us who cannot indulge
the passing dreams of choice
who love in doorways coming and going
in the hours between dawns
looking inward and outward
at once before and after
seeking a now that can breed
futures
like bread in our children's mouths
so their dreams will not reflect
the death of ours;

For those of us
who were imprinted with fear
like a faint line in the center of our foreheads
learning to be afraid with our mother's milk
for by this weapon
this illusion of some safety to be found
the heavy-footed hoped to silence us
For all of us
this instant and this triumph
We were never meant to survive.


And when the sun rises we are afraid
it might not remain
when the sun sets we are afraid
it might not rise in the morning
when our stomachs are full we are afraid
of indigestion
when our stomachs are empty we are afraid
we may never eat again
when we are loved we are afraid
love will vanish
when we are alone we are afraid
love will never return
and when we speak we are afraid
our words will not be heard
nor welcomed
but when we are silent
we are still afraid

So it is better to speak
remembering
we were never meant to survive


Audre Lorde
BY -Numéro 7
#1197008
Vis dans ma vie ;
Quand je suis triste, sois triste ;
Retire de notre chaos
Quelques-uns de tes sourires sagaces,
Car j'ai de la gaieté pour deux,
Beaucoup trop pour moi seul,
Et si nous en faisons un rire cruel,
Nous aurons du temps,
Un espace de mensonges,
Pour montrer que nous pouvons êtres bons.
Voici ta poitrine,
Et voici la mienne ;
Voici ton pied
Et voici le mien ;
Mais vis dans ma vie,
J'offre si peu contre
Si peu que tu ne peux que le rendre.

Dylan Thomas - Visions et Prières - Poëmes de jeunesse - Trad. d'Alain Suied

Laisse-moi fuir,
Être libre (Du vent pour mon arbre !
De l'eau pour ma fleur !)
Vivre de soi à soi
Et noyer les dieux en moi
Où écraser leurs têtes vipérines sous mon pied.
Pas d'espace, dis-tu, pas d'espace,
Mais tu ne m'y incluras pas
Même si ta cage est robuste.
Ma force sapera ta force ;
Je déchirerai l'obscur nuage
Pour voir moi-même le soleil
Pâle et déclinant, pousse atroce.

Dylan Thomas - Visions et Prières - Poëmes de jeunesse - Trad. d'Alain Suied
BY -Numéro 7
#1197551
" Yeki Bood, Yeki Nabood, il y avait quelqu’un, il n’y avait personne, comme s’enclenchent d’ordinaire les contes en Persan. "

Victoire de Changy
Avatar du membre
BY miu
#1197553
Numéro 7 a écrit :" Yeki Bood, Yeki Nabood, il y avait quelqu’un, il n’y avait personne, comme s’enclenchent d’ordinaire les contes en Persan. "

Victoire de Changy
Bonne nuit ma belle ^^ Même s'il y a personne. Gros bisous fabuleux ;)
BY lilydr
#1197573
L'ancienne gloire

Dans le silence et la grandeur des cathédrales,
La cité, riche avait jadis, dressé vers Dieu
De merveilleux autels,, tordus comme des feux
Cuivres, bronzes, argents, cartels, rinceaux, spirales.

Les chefs vainqueurs et leurs soldats
Y suspendaient les vieux drapeaux de guerre ;
Et les autels décorés d'or,
Aux yeux de ceux qui sortaient des combats,
Apparaissaient alors
Comme un arrière immense de galère.
D'entre les hauts piliers, jaillissaient les buccins ;
Des archanges farouches
Y appuyaient leur bouche
Et dans un gonflement de la gorge et des seins
Sonnaient vers les vents de la Gloire
La vie ardente et la victoire.

Sur les marbres des escaliers,
Les bras géants des chandeliers
Dressaient leurs cires enflammées.
Les encensoirs volaient dans les fumées ;

Les ex-votos luisaient comme un fourmillement
D'yeux et de coeurs, dans l'ombre ;
L'orgue, ainsi qu'une marée, immensément
Grondait ; des rafales de voix sans nombre
Sortaient du temple et résonnaient jusqu'au beffroi
Et le prêtre vêtu d'orfroi
Au milieu des pennons brandis et des bombardes,
Levait l'épée et lentement traçait avec la garde
Sur le front des héros, le signe de la croix.

Oh ! ces autels pareils à des brasiers sculptés,
Avec leur flore énorme et leurs feux tourmentés ;
Massifs et violents, exorbitants et fous,
Ils demeurent encor, parmi les villes mortes.
Debout
Alors qu'on n'entend plus les chefs et leurs escortes
Sabres, clairons, soleils, lances, drapeaux, tambours,
Rentrer par les remparts et passer les faubourgs
Et revenir, comme autrefois, au coeur des places,
Planter leur étendard dont s'exalta l'espace.

La gloire est loin et son miracle :
Les Archanges qui couronnent le tabernacle,
Comme autant d'énormes Renommées,
Ne sonnent plus pour les armées.
Avec prudence, on a réfugié
L'emblématique et colossal lion,
Dans le blason de la cité ;
Et, vers midi, le carillon,
Avec ses notes lasses
Ne laisse plus danser
Sur la grand'place
Et s'épuiser,
Qu'un petit air estropié.

Émile VERHAEREN (1855-1916)
BY lilydr
#1197578
Chaque heure, où je songe à ta bonté

Chaque heure, où je songe à ta bonté
Si simplement profonde,
Je me confonds en prières vers toi.

Je suis venu si tard
Vers la douceur de ton regard,
Et de si loin vers tes deux mains tendues,
Tranquillement, par à travers les étendues!

J'avais en moi tant de rouille tenace
Qui me rongeait à dents rapaces,
La confiance
J'étais si lourd, j'étais si las
J'étais si vieux de méfiance,
J'étais si lourd, j'étais si las
Du vain chemin de tous mes pas.

Je méritais si peu la merveilleuse joie
De voir tes pieds illuminer ma voie,
Que j'en reste tremblant encore et presque en pleurs
Et humble à tout jamais, en face du bonheur.

Émile VERHAEREN (1855-1916)
BY lilydr
#1197580
Eperdument

Bien que flasque et geignant et si pauvre ! si morne !
Si las! Redresse-toi, de toi-même vainqueur ;
Lève ta volonté qui choit contre la borne
Et sursaute, debout, rosse à terre, mon cœur !

Exaspère sinistrement ta toute exsangue
Carcasse et pousse au vent, par des chemins rougis
De sang, ta course ; et flaire et lèche avec ta langue
Ta plaie, et lutte et butte et tombe - et ressurgis !

Tu n'en peux plus et tu n'espères plus ; qu'importe !
Puisque ta haine immense encor hennit son deuil,
Puisque le sort t'enrage et que tu n'es pas morte
Et que ton mal cinglé se cabre en ton orgueil.

Et que ce soit de la torture encore ! encore !
Et belle et folle et rouge et soûle - et le désir
De se boire de la douleur par chaque pore,
Et du vertige et de l'horreur - et le plaisir,

O ma rosse de soufre et d'os que je surmène
Celui, jadis, là-bas, en ces minuits du Nord,
Des chevaliers d'éclair, sur leurs chevaux d'ébène,
Qui s'emballaient, fougueux du vide et de la mort.

Émile VERHAEREN (1855-1916)
BY -Numéro 7
#1197856
Je pense à l’orage qui nous lie,

Je pense à l’orage qui nous lie, celui qui éclaire à quelques secondes d’intervalle seulement la pièce dans laquelle je me trouve et puis tout ce qui t’entoure. Je pense à la pluie déferlante et aux rivières qui se façonnent une place de choix entre les tuiles des toits, je pense à la pluie et aux tressaillements qui s’emparent de toi. Je pense au jour où nous n’aurons pas cette idée là, à l’instant où je regarderai la neige céder sous mes pas lorsque tu apercevras les prémisses d’un Printemps chez toi. Il faudra une corde soigneusement nouée autour de nos tailles respectives, un lien puissant qui ne craindra pas le bout du monde, les nuits et les jours transposés, puis l’océan. Je pense à l’orage qui nous lie, celui qui éclaire à quelques secondes d’intervalle seulement la pièce dans laquelle je me trouve et puis tout ce qui t’entoure.

Victoire de Changy - 26 04 2012
BY -Numéro 7
#1197863
Et notre folie sera grande et notre mémoire sera longue

quand j'aurai l'amant sur le coeur

Victoire de Changy - 28 04 2013
BY -Numéro 7
#1198217
Ecorcée

Je suis nue. Déshabillée depuis un instant indéterminé de cette fine pellicule, de ce manteau serré qui atténuait certaines de mes réactions, sourdine comportementale qui me poussait à extérioriser avec parcimonie, prudemment. Aujourd’hui si j’ai peur je crie fort je pleure très souvent les épaules secouées par un ressac puissant quand je suis triste ou transie ou émue ou nostalgique ou déçue, je ris aussi, je danse n’importe comment, change de face, de couleur. Mais pourquoi tu cries, mais pourquoi tu pleures ? – Je suis transparente, on peut lire sur mon visage et sur ma peau, on peut voir le sang me battre aux tempes ou les cyclones dans mes yeux sombres, deviner l’amour que je porte, l’indifférence ou le fugace mépris s’il en est. Mes répliques sont parfois si intenses que je peine à leur attribuer la juste origine : ces gros sanglots, sont-ce du chagrin, de la joie, de l’envie peut-être ou encore autre chose qui ne porte pas de nom ?
J’avance désormais résolument à vif, sans écorce, c’est ça, écorcée vive, sans peau, toute nue, impudique, partout, seule, en société, face à lui, face à vous, pour le meilleur et sans doute le pire, pourquoi, pour combien de temps, je ne sais pas, voilà.

Victoire de Changy - 22 09 2014
BY -Numéro 7
#1198223
4,5

Dans la nuit de mardi à mercredi, à minuit dix-neuf, le cœur sous Montréal s’est mis à battre la chamade. Un séisme de magnitude 4,5 et dix secondes de palpitations hors norme. Engourdie de sommeil entre mes draps, je me suis mise à songer aux origines de cet esclandre, au petit monde sous mon monde qui s’activait à faire frissonner la ville de la sorte. J’ai alors pensé au rythme de mon propre pouls, accéléré, qui sait, par la grandeur des choses que je vis depuis que je suis ici. Je me suis alors égarée à imaginer que les pulsations dans ma poitrine auraient tout aussi bien pu s’infiltrer entre les lattes du plancher de ma chambre bleue pâle, avoir traversé les couches de ciment et de terre jusqu’à atteindre le ventre du Canada. L’espace d’un instant nous aurions eu, le pays et moi, la même sève dans nos veines. Tomber en amour de cet endroit aurait d’un même tenant fait trembler les murs de Montréal et vaciller mes propres fondations.

Victoire de Changy - O8 O4 2013
BY -Numéro 7
#1198229
je finirai par te rencontrer quelque part

Je suis paralysée, depuis la rentrée, dans un chagrin inexplicable; un état engourdi qui me soulève le cœur dès le réveil et ne m’oublie qu’à de brefs instants par la suite. Je suis, je pense, dans cette fameuse période charnière dont on m’a parlé si souvent : celle des grands doutes, quand on n’a aucune idée de ce qu’on fera de sa propre personne. Quelque part dans cet océan d’incertitudes, j’ai égaré mon sens du merveilleux, j’ai perdu mon ombre. Si l’un de vous l’aperçoit avant moi, qu’il me le ramène, avec de la colle qui sent bon l’amande, et me l’attache solidement aux semelles.

(...)

Quelque part dans cet océan d’incertitudes, j’ai égaré mon sens du merveilleux, j’ai perdu mon ombre. Heureusement, sous mon ciel ou sous le leurs, il y a ces évidences personnifiées, du merveilleux distillé ça et là, avec un cœur qui bat.

Victoire de Changy -29 09 2013
BY lilydr
#1198264
Merci de continuer à alimenter ce thread, c'est chouette de venir y découvrir de nouveaux posts.
BY -Numéro 7
#1198284
Je suis un peu beaucoup à la folie passionnément tombée amoureuse de Victoire ^^

Voilà un Poëme un peu mieux " rangé " ^^

LES SOIRS ORANGE

En bas, il y a une jolie mésange
Avec un ver en bec ; la voici qui le mange
Dans l’air bleu. Les fantômes blancs sonnent de sons
Lumineux ; la sombre complainte des bassons

Ensoleille les murs, égaye les maisons.
Avec ce son résonne le ban des vendanges ;
La terre est colorée et nos soirs sont orange,
L’astrée tourbillonne au goulot des oraisons.

Ces territoires peints m’emporteront en eux,
La marée des couleurs s’accrochera aux nœuds
Des arbres, des épis, des mains des paysans.

Je contemplerai l’air, et je verrai bien loin.
Au gré du paysage en me dépaysant,
J’irai, et reviendrai poèmes à la main.

Thibault Desbordes
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BY louma
#1198290
Je suis un peu beaucoup à la folie passionnément tombée amoureuse de Victoire ^^
Il y a de quoi..
BY -Numéro 7
#1198292
louma a écrit :
Je suis un peu beaucoup à la folie passionnément tombée amoureuse de Victoire ^^
Il y a de quoi..
Poste un Poëme pour lilydr louma - moi je crois que je vais me faire bannir du fil ^^
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BY louma
#1198761
Bientôt, bientôt.. Je suis charrette depuis un bon moment à travailler jusqu'à pas d'heure,
Un petit tour sur le forum pour suivre quelques fils, et un détour sur ce petit quai des brumes,
ce frais bazar où claquent les voiles sous des vents porteurs, et les jurons des portefaix que la mer avale à grands bouillons.
Dans les halos du débarcadère je reconnais toujours ta casquette de capitaine, Numéro 7, et quand les mouettes veulent bien fermer leur clapet, on entend (avec la ponctualité d'un coucou suisse) un carillon de verres dans le rade poisseux d'écailles et de grand large, c'est Lilydr qui régale l'assemblée..
Modifié en dernier par louma le 13 oct. 2016, 18:07, modifié 1 fois.
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BY louma
#1201792
Georges et Jeanne



Moi qu'un petit enfant rend tout à fait stupide,
J'en ai deux ; George et Jeanne ; et je prends l'un pour guide
Et l'autre pour lumière, et j'accours à leur voix,
Vu que George a deux ans et que Jeanne a dix mois.
Leurs essais d'exister sont divinement gauches ;
On croit, dans leur parole où tremblent des ébauches,
Voir un reste de ciel qui se dissipe et fuit ;
Et moi qui suis le soir, et moi qui suis la nuit,
Moi dont le destin pâle et froid se décolore,
J'ai l'attendrissement de dire : Ils sont l'aurore.
Leur dialogue obscur m'ouvre des horizons ;
Ils s'entendent entr'eux, se donnent leurs raisons.
Jugez comme cela disperse mes pensées.
En moi, désirs, projets, les choses insensées,
Les choses sages, tout, à leur tendre lueur,
Tombe, et je ne suis plus qu'un bonhomme rêveur.
Je ne sens plus la trouble et secrète secousse
Du mal qui nous attire et du sort qui nous pousse.
Les enfants chancelants sont nos meilleurs appuis.
Je les regarde, et puis je les écoute, et puis
Je suis bon, et mon coeur s'apaise en leur présence ;
J'accepte les conseils sacrés de l'innocence,
Je fus toute ma vie ainsi ; je n'ai jamais
Rien connu, dans les deuils comme sur les sommets,
De plus doux que l'oubli qui nous envahit l'âme
Devant les êtres purs d'où monte une humble flamme ;
Je contemple, en nos temps souvent noirs et ternis,
Ce point du jour qui sort des berceaux et des nids.

Le soir je vais les voir dormir. Sur leurs fronts calmes,
Je distingue ébloui l'ombre que font les palmes
Et comme une clarté d'étoile à son lever,
Et je me dis : À quoi peuvent-ils donc rêver ?
Georges songe aux gâteaux, aux beaux jouets étranges,
Au chien, au coq, au chat ; et Jeanne pense aux anges.
Puis, au réveil, leurs yeux s'ouvrent, pleins de rayons.

Ils arrivent, hélas ! à l'heure où nous fuyons.

Ils jasent. Parlent-ils ? Oui, comme la fleur parle
À la source des bois ; comme leur père Charle,
Enfant, parlait jadis à leur tante Dédé ;
Comme je vous parlais, de soleil inondé,
Ô mes frères, au temps où mon père, jeune homme,
Nous regardait jouer dans la caserne, à Rome,
À cheval sur sa grande épée, et tout petits.

Jeanne qui dans les yeux a le myosotis,
Et qui, pour saisir l'ombre entr'ouvrant ses doigts frêles,
N'a presque pas de bras ayant encor des ailes,
Jeanne harangue, avec des chants où flotte un mot,
Georges beau comme un dieu qui serait un marmot.
Ce n'est pas la parole, ô ciel bleu, c'est le verbe ;
C'est la langue infinie, innocente et superbe
Que soupirent les vents, les forêts et les flots ;
Les pilotes Jason, Palinure et Typhlos
Entendaient la sirène avec cette voix douce
Murmurer l'hymne obscur que l'eau profonde émousse ;
C'est la musique éparse au fond du mois de mai
Qui fait que l'un dit : J'aime, et l'autre, hélas : J'aimai ;
C'est le langage vague et lumineux des êtres
Nouveau-nés, que la vie attire à ses fenêtres,
Et qui, devant avril, éperdus, hésitants,
Bourdonnent à la vitre immense du printemps.
Ces mots mystérieux que Jeanne dit à George,
C'est l'idylle du cygne avec le rouge-gorge,
Ce sont les questions que les abeilles font,
Et que le lys naïf pose au moineau profond ;
C'est ce dessous divin de la vaste harmonie,
Le chuchotement, l'ombre ineffable et bénie
Jasant, balbutiant des bruits de vision,
Et peut-être donnant une explication ;
Car les petits enfants étaient hier encore
Dans le ciel, et savaient ce que la terre ignore.
Ô Jeanne ! Georges ! voix dont j'ai le coeur saisi !
Si les astres chantaient, ils bégaieraient ainsi.
Leur front tourné vers nous nous éclaire et nous dore.
Oh ! d'où venez-vous donc, inconnus qu'on adore ?
Jeanne a l'air étonné ; Georges a les yeux hardis.
Ils trébuchent, encore ivres du paradis.


Victor Hugo
BY lilydr
#1225097
François-René de CHATEAUBRIAND (1768-1848)

Le départ

Paris, 1827.

Compagnons, détachez des voûtes du portique
Ces dons du voyageur, ce vêtement antique,
Que j'avais consacrés aux dieux hospitaliers.
Pour affermir mes pas dans la course prochaine,
Remettez dans ma main le vieil appui de chêne
Qui reposait à mes foyers.

Où vais-je aller mourir ? Dans les bois des Florides ?
Aux rives du Jourdain, aux monts des Thébaïdes ?
Ou bien irai-je encore à ce bord renommé,
Chez un peuple affranchi par les efforts du brave,
Demander le sommeil que l'Eurotas esclave
M'offrit dans son lit embaumé ?

Ah ! qu'importe le lieu ? Jamais un peu de terre,
Dans le champ du potier, sous l'arbre solitaire,
Ne peut manquer aux os du fils de l'étranger.
Nul ne rira du moins de ma mort advenue ;
Du pèlerin assis sur ma tombe inconnue
Du moins le pas sera léger.
BY -Numéro 7
#1259950
Entrée dans l'exil

J'ai fait en arrivant dans l'île connaissance
Avec un frais vallon plein d'ombre et d'innocence,
Qui, comme moi, se plaît au bord des flots profonds.
Au même rayon d'or tous deux nous nous chauffons ;
J'ai tout de suite avec cette humble solitude
Pris une familière et charmante habitude.
Là deux arbres, un frêne, un orme à l'air vivant,
Se querellent et font des gestes dans le vent
Comme deux avocats qui parlent pour et contre ;
J'y vais causer un peu tous les jours, j'y rencontre
Mon ami le lézard, mon ami le moineau ;
Le roc m'offre sa chaise et la source son eau ;
J'entends, quand je suis seul avec cette nature,
Mon âme qui lui dit tout bas son aventure ;
Ces champs sont bonnes gens, et j'aime, en vérité,
Leur douceur, et je crois qu'ils aiment ma fierté.

Victor Hugo - Extrait des Quatre Vents de l'esprit.
BY -Numéro 7
#1295486
Déjà posté... mais...

Instants

Si je pouvais de nouveau vivre ma vie,
dans la prochaine je tâcherais de commettre plus d’erreurs.
Je ne chercherais pas à être aussi parfait, je me relaxerais plus.
Je serais plus bête que je ne l’ai été,
en fait je prendrais très peu de choses au sérieux.
Je mènerais une vie moins hygiénique.
Je courrais plus de risques,
je voyagerais plus,
je contemplerais plus de crépuscules,
j’escaladerais plus de montagnes, je nagerais dans plus de rivières.
J’irais dans plus de lieux où je ne suis jamais allé,
je mangerais plus de crèmes glacées et moins de fèves,
j’aurais plus de problèmes réels et moins d’imaginaires.

J’ai été, moi, l’une de ces personnes qui vivent sagement
et pleinement chaque minute de leur vie ;
bien sûr, j’ai eu des moments de joie.
Mais si je pouvais revenir en arrière, j’essaierais
de n’avoir que de bons moments.

Au cas où vous ne le sauriez pas, c’est de cela qu’est faite la vie,
seulement de moments ; ne laisse pas le présent t’échapper.

J’étais, moi, de ceux qui jamais
ne se déplacent sans un thermomètre,
un bol d’eau chaude,
un parapluie et un parachute ;
si je pouvais revivre ma vie, je voyagerais plus léger.

Si je pouvais revivre ma vie
je commencerais d’aller pieds nus au début
du printemps
et pieds nus je continuerais jusqu’au bout de l’automne.
Je ferais plus de tours de manège,
je contemplerais plus d’aurores,
et je jouerais avec plus d’enfants,
si j’avais encore une fois la vie devant moi.

Mais voyez-vous, j’ai 85 ans…
et je sais que je me meurs.

Jorge Luis Borges traduit par E. Dupas.
BY Elieza
#1295487
Déja posté aussi...mais si beau.

1

Pourquoi pas simplement les désespérés
d’avoir parfois
répandu un flot de mots

ne vaut-il pas mieux avorter que d’être stérile

les heures qui suivent ton départ sont à tel point de plomb
elles commenceront toujours trop tôt à traîner
les grappins ratissant aveuglément le lit du manque
ramenant à la surface les os les vieilles amours
orbites qu’habitaient jadis des yeux semblables aux tiens
tout toujours vaut-il mieux trop tôt que jamais
la boue noire du manque éclaboussant leurs visages
disant encore
jamais neuf jours n’ont rejeté l’être aimé à flot perdu
ni neuf mois
ni neuf vies

2

disant encore
si ce n’est toi qui m’enseignes je n’apprendrai pas
disant encore il y a une dernière fois
de toutes les dernières fois
dernières fois que l’on supplie
dernières fois que l’on aime
que l’on sait qu’on ne sait faisant semblant
une toute dernière des dernières fois que l’on dit
si ce n’est toi qui m’aimes je ne serai pas aimé
si ce n’est toi que j’aime je n’aimerai pas

le barattage des mots rances dans le coeur encore
amour amour amour bruit sourd du vieux pilon
broyant les inaltérables
grumeaux de mots

terrifié encore
de ne pas aimer
d’aimer mais pas toi
d’être aimé mais pas de toi
de savoir qu’on ne sait faisant semblant
semblant

moi et tous les autres qui t’aimeront
s’ils t’aiment

3

à moins qu’ils ne t’aiment

***
S.Beckett
BY lilydr
#1296090

Le commencement de l'année



Recueil : Mes heures perdues (1833).

Écoutez bien : l'heure est sonnée ;
La dernière du dernier jour,
Le dernier adieu d'une année
Qui vient de s'enfuir sans retour !
Encore une étoile pâlie ;
Encore une page remplie
Du livre immuable du Temps !
Encore un pas fait vers la tombe,
Encore une feuille qui tombe
De la couronne de nos ans !

Et toi qui viens à nous, jeune vierge voilée,
Dis-nous, dois-tu passer joyeuse ou désolée ?
Apprends-nous les secrets enfermés dans ta main :
Quels dons apportes-tu dans les plis de ta robe,
Vierge ; et qui nous dira le mot que nous dérobe,
Le grand mystère de demain ?

Dois-tu, comme la bien-aimée
Au souffle du vent matinal,
Passer rieuse et parfumée
Des senteurs du lit virginal ?
Dois-tu nous apparaître amère
Comme la douleur d'une mère
Au tombeau de ses enfans morts.
Ou, comme un lamentable drame,
Laisser pour adieu dans notre âme
Le désespoir et le remords ?

Mais qu'importe, mon Dieu, ce que ta main enserre
De pluie ou de soleil, de joie ou de misère !
Pourquoi tenter si loin le muet avenir ?
Combien, dans cette foule à la mort destinée.
Qui voyant aujourd'hui commencer cette année.
Ne doivent pas la voir finir !

Moi-même, qui fais le prophète.
Que sais-je, hélas ! si ce flambeau
Qui m'éclaire dans une fête
Ne luira pas sur mon tombeau ?
Peut-être une main redoutable
M'entraînera hors de la table
Avant le signal de la fin.
Comme une marâtre inhumaine
Qui guette un enfant, et l'emmène
Sans qu'il ait assouvi sa faim.

Et l'homme cependant, si pauvre et si fragile.
Passager d'un moment dans sa maison d'argile,
Misérable bateau sur l'Océan jeté,
Dans cet amas confus de rumeurs incertaines,
Sent au fond de son cœur comme des voix lointaines
Qui lui parlent d'éternité.

Et quoiqu'un terrible mystère
Lui laisse ignorer pour toujours
Si sa part d'avenir sur terre
Se compte par ans ou par jours,
Il croit, dans sa pensée altière.
Que pour jamais à la matière
Ce rayon de l'âme est uni :
Il cherche un but insaisissable :
Pour le rocher prenant le sable.
Et l'inconnu pour l'infini.

Mais regarde en arrière, et compte tes années,
Si promptes à fleurir et si vite fanées :
Celles-là ne devaient non plus jamais finir :
Qu'à des rêves moins longs ton âme s'abandonne,
Imprudent ! et du moins que le passé te donne
La mesure de l'avenir.

Toutefois de l'an qui commence
Saluons la nativité,
Cet anneau de la chaîne immense
Qui se perd dans l'éternité ;
Et s'il est vrai que cette année
Par grâce encor nous soit donnée,
N'usons pas nos derniers instans
A chercher si de son visage
Ce voile épais est le présage
De la tempête ou du beau temps.

Et vous tous, mes amis, vous qui sur cette terre
Semez d'ombre et de fleurs mon sentier solitaire,
Des biens que je n'ai pas puisse Dieu vous doter ;
Sitôt que la clarté doive m'être ravie,
Puisse-t-il ajouter aux jours de votre vie
Ceux qu'il lui plaira de m'ôter !

Félix Arvers.
BY -Numéro 7
#1296092
Pour les amis du passé, du présent - et tous ceux à venir...

« Je ne vous souhaite pas n’importe quoi,
Je vous souhaite quelque chose de très rare,
Je vous souhaite du Temps pour rire et vous réjouir,
Je vous souhaite du Temps pour faire ce que vous voulez,
Et pour penser aussi aux autres,
Je vous souhaite du Temps pour ne plus courir,
Du Temps pour être heureux,
Je vous souhaite du Temps et de la confiance en vous-même,
Je vous souhaite du Temps et des surprises,
Je vous souhaite du Temps
Et pas seulement pour regarder les heures passer,
Je vous souhaite du Temps pour toucher les étoiles,
Et du Temps pour grandir, pour mûrir,
Je vous souhaite du Temps pour espérer
Et pour Aimer sans plus jamais reporter,
Je vous souhaite du Temps pour vous Retrouver ,
Pour comprendre que chaque jour est un cadeau,
Je vous souhaite du Temps aussi pour pardonner,
Je vous souhaite du Temps pour Vivre. »

– Poème des Natifs Américains des tribus Dakota
BY Elieza
#1299821
Quelques fois dans ma nuit, il m'arrive d'en avoir marre de tourner en rond sans avoir quelqu'un a serrer dans mes bras.
Je hais cette ordure ordinaire qui est ma seule compagnie alors que je saigne et que le monde saigne et qu'il s'en fout, vautré dans sa médiocrité.
J’exècre les gens normaux qui s'accommodent si bien de la banalité et des réflexes conditionnés de la conversation courtoise, ces gens qui peuvent parler comme je meurs-ou vis- sans y penser- ces gens me font douter l'espace d'un instant de toute l'humanité, l'espace d'un verre a moitié vide, alors que je me saoule de souffrance innommée (et ils seraient de ceux là? je ne peux y croire...)
Comme tout serait simple alors, et comme je les haïrais s'il n'y avait ces lueurs, perdues au fond de leurs yeux, sous ce soleil de plomb, dans ce désert surpeuplé.
Il m'arrive de penser que là bas il y aurait quelqu'un, et je me prendrais a haïr les habitudes de la routine et les caresses quotidiennes-le reste de l'ennui-
Quelques fois dans ma nuit, les montres s’arrêtent et le temps dure et s'étend comme une immortalité sereine et ennuyeuse.

Mais qui connait ma nuit? Qui connait la solitude de l'Autre?
Il aurait fallu qu'un jour bien au delà d'une simple étreinte on ait le temps de se dire le fond de nos pensées- 3 mots, 4 phrases, 1 sourire pour que nos vies fussent différentes. Mais celà n'a plus d'importance au soir.
J'oublie, je m'oublie et je deviens une abstraction-sous la neige qui fera demain la boue de nos jours ordinaires.
On en peut pas être grand tout le temps, même a 1m80 d'altitude humanoïde, on ne peut pas être la non plus tout le temps, c'est à ne plus plus savoir, pour cause d'arnaque, de fumisterie ambiante, c'est à se dire que le monde, en système cloitré, nous baise jusqu'au plus profond de nous même, c'est à se dire qu'on est de ce monde servile et répugnant qui a déja gagné.

"Désormais" j'attends le murissement des fruits sur l'arbre de nos jours qui s'écoulent, mais la pourriture est si tenace que je ne sais lequel de nous arrivera en premier.
Et je m’écœure à force d'attente, de repos forcé, de rencontres gâchées, de rencontres manquées.

Pourtant, il y a peut être un ou deux milliards d'êtres que j'aurais pu aimer.

Dans mon dos je sens les courants d'air glacés, mais je continue à marcher vers ce but improbable qui devrait me rendre a moi même, car le jour finit toujours par se lever, parfois hélas trop tôt.

Je suis dans le désert, quoi d'étonnant que je le peuple de fantasmes que le sommeil dissipe dans les vapeurs de l'acide.
Il y a foule d'images de vivants et de morts sur les parois de mon esprit et j'écris des pages de littérature hermétique (pléonasme) histoire d'être moins seule.
Quelques fois dans ma nuit, je vis mon fantasme jusqu'à sa limite, tellement il est facile de pleurer, tellement il est difficile, passées certaines heures, de démêler le rôle d'un appel au secours.
(Criez pour moi, mais criez pour moi, que je n'ai plus de doutes!)
L'ordure, la saloperie, c'est le doute de l'un, la certitude de l'autre, question de mots, de vocabulaire, de préjugés...
BY -Numéro 7
#1299836
Elieza a écrit : 20 mars 2019, 09:52
Numéro 7 a écrit : 20 mars 2019, 01:23 C’est de toi ?
oui, il y a très longtemps (1997)
Très longtemps, oui - on avait même pas 20 ans ! ^^

J’aime beaucoup ces mots que tu as écris
BY Elieza
#1299840
Numéro 7 a écrit : 20 mars 2019, 14:31
Elieza a écrit : 20 mars 2019, 09:52
Numéro 7 a écrit : 20 mars 2019, 01:23 C’est de toi ?
oui, il y a très longtemps (1997)
Très longtemps, oui - on avait même pas 20 ans ! ^^

J’aime beaucoup ces mots que tu as écris
J' y étais presque :) à mes 20 ans

Merci :bisou:
BY -Numéro 7
#1310429
GRACIAS A LA VIDA

Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me dio dos luceros que cuando los abro
Perfecto distingo lo negro del blanco
Y en el alto cielo su fondo estrellado
Y en las multitudes el hombre que yo amo
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me ha dado el oído que en todo su ancho
Cada noche y días
Grillos y canarios, martillos, turbinas
Ladridos, chubascos
Y la voz tan tierna de mi bien amado
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me ha dado el sonido y el abecedario
Con el las palabras que pienso y declaro
Madre, amigo, hermano y luz alumbrando
La ruta del alma del que estoy amando
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me ha dado la marcha de mis pies cansados
Con ellos anduve ciudades y charcos
Playas y desiertos, montañas y llanos
Y la casa tuya, tu calle y tu patio
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me dio el corazón que agita su marco
Cuando miro el fruto del cerebro humano
Cuando miro el bueno tan lejos del malo
Cuando miro el fondo de tus ojos claros
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me ha dado la risa y me ha dado el llanto
Así yo distingo dicha de quebranto
Los dos materiales que forman mi canto
Y el canto de ustedes que es el mismo canto
Y el canto de todos que es mi propio canto

Violeta Parra
Avatar du membre
BY miu
#1333568
Vu que ma jolie Numéro 7 en parle souvent de ce sujet dont on a arrêté de poster depuis un bon bout de temps, je le ressuscite.

Je poste ici un de mes poèmes écrits en vietnamien à l'origine, publié dans un journal du pays il y a plus de 10 ans, et traduit en anglais par une amie vietnamienne car elle a adoré le poème en vietnamien.

Tout le remerciement à elle. Et je vous partage sa version en anglais ; )


Guitara Espana

(from poem by LTV)

Where to go on Sunday?
The street down there in the sun so sad
For me to sip this loneliness
By this balcony

A flower branch waving in the wind
A bird flying
Made a dark sign in the sky
A kiss
Like a perished cigarette, like winter’s jacinthe

I am not sad
Just leaning on the window
Like leaning on a shoulder
Just sitting on the floor
Moving the feet
And miss the Flamenco away away

Don’t be bother, I can’t express out
Neither compose a tragedy gitane
Where the bohémienne girl met the son of wind
And the story has been told by the brown guitar
In the eyes of old guitarist from Andalousia

Darling, tell me if
Love is an orange
Love is honey suney

In the deep deep nights
Horse feet sound the hill.

Under the palace’s chapels
From green olive garden
Paintings lay quietly in the wood frame
The sculptures seems never smile
Dusted canons craved with flowers in museum
The benches in odyssey waiting for watchers
The bridge blooming yellow flower
On the hill side sheep eating slowly
Riverside lovers date and separate

All tell me that

Love is
The church’s bell
In the rain
Broken quietly

My dear, let’s turn back to the sea
Horizon sunset doesn’t reply your pray
For the red sails
Waiting hurts faith

Let’s go, no need to be far
Just walk so slowly, slowly in the old temple
Behind the wall are music frames
In each frame, we have a gift

Violin, you please be, for a smile
like Blue Danube in Gaudi garden
And me, I will be a guitara
Black and bitter as Vietnamese girl’s eyes
Silently dump in the story
About the love
Of the bohémienne girl and the wind’s son

Ate tapas in Santa Cruz
Drank sangria in a late bar
Climed up hills
Went down to the sea
Experienced all rain and sunny
Did…
Oh come on, I am not sad

It’s just because this noon the sunny is so blue
Just because the bell on Sunday suddenly sings
In the old time, Pauxtopxki taught me to recognize
The life time beauty in seemingly short normal things
But he forgot to tell
How did characters live after the most beautiful things have really gone?

March 2011, Vietnamese poème by Lan. Traduction of Huong Bi.
BY -Numéro 7
#1333574
AUTOMNE

Automne, automne, automne, oh,
La saison de l’ancolie
La saison où les tonneaux
Se remplissent de folie,

Saison du blaireau, du loir
Et des premiers doigts du froid,
Bords de la Loire ou du Loir
— Monte la fumée des rois —

Automne, automne, automne, oh,
Un maigre fagot de bois
Des paraphes infernaux
Sur le ciel glacé de droit,

Puis des brumes ravigotes,
Des écharpes de velours,
Des guivres, des matelotes
Des rumeurs et des tambours

Automne, automne, automne, oh.
C’est la rentrée des écoles,
C’est la rentrée des tonneaux
Des rouliers de Picrochole.

La poix des matins des soirs.
Jeux brutaux et têtes-bêches,
Le morne ennui des dortoirs.
Les souliers et les bobèches.

Automne, automne, oh, chenu
Mon coeur se fond d’amertume
Les bois, les taillis sont nus
Le givre aux lampes s’allume.

Mon enfance vous évoque
Tandis qu’un soleil léger
Pâle comme oeuf à la coque
S’élève sur les vergers.

Oh garde-moi ma présence
Là-bas près des figuiers bleus
J’y reconnais mon enfance
Mon petit sarrau de serge

Sous le regard des persiennes
Où dorment ceux que j’aimais
J’y entends des voix anciennes
Qui ne se tairont jamais.

(Maurice Fombeure)
BY -Numéro 7
#1333602
Le temps passe, et il est implacable, et il lave avec lui les souvenirs jusqu'a en faire des cartes postales aux couleurs un peu ternes, mais tendres.
Ca doit être ça, grandir.

De la poëtesse Elieza... - Sagesse in progress ^^
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