- 02 août 2017, 18:04
#1250119
Bonjour à vous,
D'abord, merci Allys pour ton témoignage. J'imagine combien tu as du en baver (à juste titre) mais ton récit à eu pour effet de me faire "sourire". Car oui, toutes nos expériences sont plus ou moins terribles, et destructrices, mais la note d'humour que tu y ajoutes démontre un point important: celui du relativisme et de l'analyse objective.
Avec le temps, et le recul, on prend beaucoup de hauteur sur nos expériences et on se refait l'histoire comme dans un film, avec la caméra embarquée, les effets spéciaux, les flashback et flashforward qui vont avec! Et tout cela nous permet de voir l'histoire sous l'angle de l'objectivité, et l'objectivité c'est un outil indispensable à l'acceptation.
On se rend compte de nos comportements (auto)destructeurs et de la malveillance et de la nocivité (volontaire ou inconsciente) de celui qui nous a piétiné(e). Et là on se dit: "non mais, comment ai-je pu me comporter ainsi? A devenir le plus grand stratège de tous les koh lanta réunis, à laisser mon cerveau se nourrir de tant de manipulations afin de faire "revenir" l'autre? Comment ai-je pu être aussi bête pour trouver de l'espoir là où j'aurais du trouver de la résilience?..."
Bref! Anonyme2017, ne te laisse pas piéger par la magnifique capacité de notre cerveau à se voiler la face et à interpréter des comportements humains qui sont (souvent) bien plus complexes que "il me sourit alors il m'aime", "il répond à mon message aujourd'hui en 2 minutes 31 secondes au lieu de 2 minutes 33 secondes hier, ça veut dire qu'il regrette"...
En somme, tous les comportements peuvent être sujets à toutes les interprétations possibles, et oui! la vie n'est pas si binaire qu'elle n'y paraît.
Je vais te donner mon exemple: j'ai été à la place de ton "ex". Oui, j'ai quitté mon premier copain au bout de 8 ans parce-que je ne l'aimais plus. Je vivais avec, mais au bout de 7 ans environ je ne ressentais plus "d'amour" pour lui. Je l'aimais toujours (amour dans son acception la plus naturelle) mais je ne voulais plus partager sa vie. J'avais perdu mon attirance, mon désir pour lui. Je me retrouvais même à faire 10 fois le tour du quartier le soir en rentrant pour repousser mon retour à la maison. Puis à dormir sur le canapé, prétextant que je regardais vraiment trop la télé le soir pour arriver à m'endormir devant (méchante télé va!). Et pourquoi? Il ne m'avait jamais rien fait de mal, jamais blessée, jamais trompée, jamais tourmentée.
Et justement, c'est là que ça se complique. Car comme toute personne qui n'est pas sociopathe, j'ai commencé à culpabiliser: pourquoi je faisais subir ce genre choses à un type qui m'aimait plus que tout et qui ne m'avait absolument jamais rien fait de mal? Et comment dire...ce genre de culpabilité engendre des comportements particuliers. Je culpabilisais tellement de le faire souffrir que j'en venais à lui "faire plaisir", pas pour le satisfaire lui, mais pour calmer un peu ce sentiment de culpabilité qui me rendait littéralement malade et me rongeait de l'intérieur.
Alors si un jour j'avais été un peu "dure" avec, si monsieur avait pleuré ou s'était un peu trop aperçu de mon éloignement, je glissais discrétos un "mon coeur, mon amour" au détour d'une conversation, et comme toute personne qui crève littéralement la dalle, ben il se jetait sur le pauvre crouton de pain que je lui balançais à la figure. Lui l'interprétait comme le signe que finalement j'étais pas sûre de vouloir le quitter, que les choses allaient s'arranger... Et bien non! dans ma tête j'étais sûre de vouloir partir mais comme dit, la personne qui quitte a également besoin de temps pour accepter la rupture qui s'annonce et, sous couvert de gentillesses, d'attentions, j'étais juste en train de me préparer MOI à partir! Sous couvert d'altruisme, j'étais en fait totalement égoiste!
Je donnais juste à manger à quelqu'un qui avait soif...
Mais un jour, tous ces faux-semblants sautent. Moi ils ont sauté quand j'ai rencontré un autre homme, lors d'un job d'été. Là j'ai réalisé que si je restais avec mon ex ce n'était pas par amour, c'était par peur! Peur de quitter quelqu'un au bout de 8 années, du regard des autres, de la famille, des comptes à clôturer, de la voiture à vendre, des personnes à prévenir, du chat à faire garder... Et la peur est bien mauvaise conseillère. En séduisant (et en me laissant séduire par) un autre homme j'ai eu le déclic que j'attendais et l'impulsion (le courage!) nécessaire qu'il me manquait pour dire stop, et le quitter définitivement.
Alors oui, comme ton ex, je ne suis pas partie "comme ça". Le coup du break, "j'ai besoin de respirer, je vais dormir chez une telle, un tel"... je connais par coeur. Tout comme le coup du "je m'assure qu'il va bien, je téléphone vite fait pour savoir si le chat va bien mais s'il répond au tél c'est qu'il n'est pas mort donc ouf, je peux reprendre ma vie de largueuse sans remords"... Puis tout ça s'espace, les attentions se font moins présentes, pour au final laisser totalement partir l'autre. Un jour je prenais le parfum que j'avais laissé dans la SDB, puis le lendemain je décidais de récupérer mes livres, puis...puis... j'ai vidé la maison de mes affaires!
Pour résumer, ne te fais pas trop d'illusions!
Ah oui, pour les AD, moi mon ex disait à tous que c'était ma pilule qui me provoquait une baisse de libido et qui provoquait mon éloignement/ma froideur (alors qu'en fait je m'envoyais en l'air avec beaucoup d'aisance avec l'autre). La libido ce n'est pas que chimique, c'est aussi psychologique, et le manque de désir n'est pas le (seul) fruit d'un dysfonctionnement chimique du cerveau.
Mais si toutes ces considérations techniques/scientifiques te rassurent, et bien SUPER! Si tu trouves ton réconfort dans la rationalisation, et bien SUPER! Mais fais gaffe au retour du bâton... ou à l'atterrissage sur la planète REALITE!
Désolée pour ce pavé! Je reste à ta disposition si tu veux davantage développer ou si tu souhaites rebondir!
Bon courage, je sais que cela va être dur mais plus vite tu seras raisonnable (et non rationnel), plus vite tu y verras clair! Mais pour être honnête, ton ciel va être quelques temps très gris, je ne te cache pas la mauvaise météo qui s'annonce!
Kinder