Bon, j'avais dit que je laissais couler l'hiver en attendant de voir le printemps...
Le printemps est là, je commence à sortir doucement de ma dépression mais c'est encore très compliqué. Quelque part, ça me sert de garde fou... Je me dis qu'il est inutile d'espérer quoi que ce soit si ça ne va pas mieux.
Les amis ne peuvent pas faire grand-chose et en ont un peu marre, la famille n'a pas vraiment compris, autant dire que pour le soutien on repassera...et puis tout le monde est loin de où je vis
Je suis à la fois plus et moins triste. Moins démesurément triste, heureusement. À nouveau à peu près capable de dormir d'une traite la nuit. Moins de culpabilité, moins de sentiment d'humiliation. J'ai repris le sport assez intensivement et un petit régime (raisonnable), ça m'aide aussi à reconstruire un peu de l'estime qu'elle a complètement pulvérisé cet hiver.
J'ai retrouvé un peu de joie de vivre, mais rien à voir avec la tornade que je suis quand je vais bien. Le fait est que je ne vais pas bien.
Reste le manque. Elle me manque. À fond. Dès que quelque chose me rappelle elle (et en trois ans j'ai eu le temps d'accumuler des choses qui me rappellent elle). Même quand rien ne me rappelle spécialement elle. C'est comme une brûlure au ventre permanente, on s'habitue à vivre avec mais ça fait tout de même mal tout le temps, sourdement, en toile de fond, en permanence. Si j'étais un ordinateur ça serait une tâche en arrière plan, qui utilise une bonne partie de mes ressources émotionnelles et de mon énergie.
J'ai une autre relation en ce moment. Pansement et sans prise de tête, officieuse, on se voit, on ne cherche pas plus loin que le plaisir des sens et un peu de tendresse mutuelle. De toute façon, je suis incapable de voir au-delà, d'envisager de m'investir plus que ce stade incertain. Et puis je n'ai pas envie de chercher plus loin pour le moment.
Je m'ennuie un peu avec elle. On parle, mais pas tant que ça, et pour les frissons on repassera.
Alors pourquoi rester ?
Principalement parce que je ne fais pas confiance à mes ressentis actuels. Je suis trop triste pour être fiable. Ça ne sert à rien de se sonder soi-même pour chercher si on est amoureux, euphorique, sur un petit nuage et autres quand on est assez triste pour pleurer bêtement à deux heures du matin pour... Pour aucun événement nouveau, en fait.
Alors j'attends. Je me dis que si cette relation pansement me devient insupportable ce sera une bonne raison de partir.
Et puis, j'ai déjà pris une décision précipitée ces derniers mois et depuis je la regrette jour après jour, alors on va éviter de prendre une deuxième décision précipitée.
Globalement, ça du bien de voir quelqu'un même si j'ai un peu de culpabilité chaque fois que je pense à Elle en étant dans les bras de mon amie actuelle.
Ça arrive tout de même un peu trop souvent pour être honnête.
(je mets une majuscule pour des raisons pratiques, pas pour illustrer une quelconque vénération =P)
C'est triste à dire, mais ça me permet de percevoir la différence entre quelqu'un avec qui on veut vraiment faire un bout de chemin, et quelqu'un avec qui on est plus détaché.
On s'est parlé deux ou trois fois, par écrit, avec Elle. Échangé des nouvelles, des photos. Plaisanté. Elle a l'air très tranquille, très à l'aise dans cette situation qui moi me torture un peu, mais bon, pour ce qu'on peut juger de ça par l'écrit...
On n'a pas vraiment retrouvé la complicité d'avant mais bon, ça ne me surprend pas. Il n'y avait qu'elle pour espérer qu'on reste "aussi complices et avec notre bonne entente" alors qu'elle était en train de me plaquer...
Le pire, ou le meilleur, c'est que si demain elle me disait : "Viens, on se remet ensembles, tu me manques trop" je lui dirais non. Je lui dirais que je ne ferme pas la porte mais qu'on a tous les deux grandi et qu'on doit d'abord se revoir et renouer un vrai contact avant de savoir si on se plaît encore.
Et ça me laisse un sentiment de gâchis inouï...et d'un autre côté, avoir cette seule petite certitude à mon sujet, c'est déjà ça.
Je vais probablement la revoir via quelques jours chez des amis communs (un grand groupe) à la fin du printemps. Une partie de moi en a envie et l'autre partie en a vraiment peur. Mais je vais devoir y passer si je veux continuer à fréquenter mes amis, on a hélas fort peu d'occasions.