- 06 nov. 2019, 18:05
#1307833
Bonjour à toutes et à tous,
Une fois n’est pas coutume : je me trouve actuellement en pleine rupture sentimentale…
Quelle plaie...
C’était une relation de seulement trois mois et nous ne voyions en moyenne qu’une à deux fois par semaine. Pourtant, en dépit de mes expériences passées et de la raison, cette histoire me laisse un goût d’inachevé.
Mon récit est assez long. Je remercie par avance celles et ceux qui auront eu le courage de tout lire.
La rencontre
Au mois de juillet dernier, une amie m’avait demandé de venir l’aider pour son déménagement. Il faut bien reconnaître que son organisation pouvait surprendre : aucun camion de déménagement n’avait été prévu et tous les cartons n’étaient pas encore emballés…
Elle comptait sur l’aide de deux personnes : moi (je me cite en premier mais ce n’est que dans un souci de rhétorique) et une très bonne amie à elle qu’elle connaissait de longue date. Le plan était le suivant : déménager dans la journée tout son appartement à l’aide de nos deux voitures. Je ne vous raconte pas le nombre de trajets…
Je suis arrivé en début d’après-midi sur les lieux, où j’ai retrouvé mon amie et cette jeune femme, vraisemblablement plus âgée que moi, qui portait deux cartons et semblait peu disposée à décrocher un sourire. Elle paraissait plutôt froide et sèche de prime abord mais non moins impliquée dans la mission qui lui avait été confiée : le genre de personne qui donne le sentiment de tout vouloir gérer avec perfectionnisme.
Mon amie a dû s’absenter à cause d’un mauvais concours de circonstances. Résultat : je me suis retrouvé à devoir assurer la besogne avec cette personne que je venais de rencontrer.
Les déménageurs de l’extrême
Je venais d’avoir 36 ans et ma comparse de déménagement était dans sa 43ème année. Outre la différence d’âge et vraisemblablement aussi de caractères, tout pouvait sembler nous opposer : je suis célibataire, sans enfants et désireux d’en avoir un jour, tandis que la jeune femme, divorcée de longue date, a déjà fondé une famille il y a longtemps. Elle est ordonnée ; je ne le suis pas. Je suis plutôt sociable et spontané ; elle est davantage pudique et réservée.
À ce stade-là, il n’était pas question ne serait-ce que de m’interroger sur le fait qu’elle puisse me plaire ou non. Mais à quelques moments de la journée, je me suis surpris à lui trouver du charme, sans pour autant nourrir la moindre ambition de séduction : nous étions bien trop occupés.
Nous avons passé la journée à œuvrer pour la même cause et fatalement, des moments de complicité ont fait leur apparition. C’est son sourire qui m’a interpelé lorsque je l’ai vu pour la première fois à la suite d’une plaisanterie que venais de faire. Il avait ce pouvoir de transformer ce faciès glacial en un visage rayonnant. À ce moment-là, j’ai dû me dire : « Tiens, elle est jolie ».
Le déménagement était presque achevé. Mais il restait un dernier voyage à faire pour lequel une seule voiture était suffisante. J’avais réussi à trouver une place près du nouveau logement de notre amie commune, tandis que la quadragénaire au sourire ravageur était mal garée. Cela m’ennuyait de la laisser faire le dernier voyage seule. Spontanément et avec son sourire, elle m’a dit : « Toi tu as trouvé une place. Ne t’inquiète pas, je m’en charge ».
Et là, quelque chose a dû se passer en moi : c’est à ce moment-là que j’ai dû comprendre qu’elle me plaisait bien. J’étais touché par son initiative qui me paraissait aussi pragmatique que généreuse : voilà une fille qui ne laisse pas un homme la servir ! Je déplore souvent le machisme qui demeure dans notre société encore grandement phallocrate. Cette fille semblait en être exempte et cela me plaisait
La soirée
Après avoir achevé le déménagement, notre amie commune a organisé une soirée dans son nouveau logement. Des invités sont arrivés… mais toujours pas ma quadragénaire qui n’était pas encore revenue de son dernier voyage. Secrètement, j’espérais qu’elle revienne et qu’elle passe la soirée avec nous.
Et… elle est revenue ! Quelle bonne surprise. Je me souviens lui avoir dit : « Oh, mais tu es là ! »
Après quelques verres bien mérités, nous avons pu échanger longuement et nous trouver de nouvelles affinités. C’était une soirée très sympathique. Des groupes se formaient, mais chacun circulait de l’un à l’autre. Jusqu’à la fin, elle et moi étions presque inséparables et ses sourires n’étaient désormais plus aussi rares qu’au début de cette journée.
Je suis parti le dernier. Tandis que j’aidais mon amie, fraichement installée dans sa nouvelle demeure, à ranger et à nettoyer, je lui ai demandé si la belle avait quelqu’un dans sa vie… Et la réponse a été négative. Youpie !
J’étais assez ivre et épuisé mais moralement réjoui. Je n’en ai plus vraiment de souvenirs (j’en confesse ma faute), mais pendant la nuit, j’ai envoyé quelques SMS à la belle quadragénaire et apparemment… cela ne m’a pas desservi, bien au contraire (l’abus d’alcool est dangereux pour la santé).
Le lendemain
Le lendemain matin (à 14h), j’ai découvert un SMS d’elle sur mon téléphone : « Boire un verre cet après-midi serait possible ? » Dans la suite de ce message, elle reprenait également une plaisanterie dont j’avais été à l’initiative. Elle m’avait également lancé une invitation sur un célèbre réseau social.
« Yes ! » me suis-je dit ! Elle est venue chez moi : nous avons bu un verre de rhum, discuté pendant une bonne paire d’heures et nous nous sommes rendus à la plage qui se trouve non loin de mon domicile.
Après une baignade et quelques applications de crème solaire sur son dos, nous avons fini par nous embrasser.
J’étais invité par des amis le soir, alors nous avons dû partir chacun de notre côté. Je me sentais bien, curieux, enthousiasmé, charmé et je me disais : « J’aime bien cette fille ».
L’ennui, c’est qu’elle devait prendre l’avion dès le lendemain pour partir en vacances pendant deux semaines avec une amie à elle. Zut… Que faire ?
Le jour de son départ
Que faire ? Je venais de rencontrer cette jeune femme à un moment de ma vie où je ne m’y attendais pas et elle allait partir. Voulait-elle me revoir après ? Peut-être n’en aurait-elle plus rien à cirer de moi à son retour. Je voulais qu’elle sache que de mon côté, j’avais le désir de la revoir et qu’il ne s’était pas agi d’un simple moment de partage d’affection. Pas de quoi se projeter dans un avenir à deux, mais ce désir de la découvrir m’habitait.
Alors qu’elle était sur le point de s’envoler (elle me tenait au courant par SMS des différentes étapes précédant son voyage), je lui ai envoyé le SMS suivant : « Un type au tempérament désinvolte (mais non moins adorable) est en voiture et a prévu d’atterrir au Terminal 2 l’aéroport (côté parking s’entend). Parviendras-tu à lui accorder quelques instants avant de monter dans le grand oiseau de fer ? ».
Et elle a accepté !
J’avais cueilli deux pauvres fleurs dans mon jardin (les fleuristes étaient fermés) et rédigé un petit mot que j’avais inséré dans une enveloppe : « C’est en compagnie de gens comme toi que les choses que l’on aime deviennent encore meilleures ».
Je me suis rendu sur le parking de l’aéroport où elle m’attendait. Je me suis longtemps demandé comment elle avait réussi à venir me rejoindre sans le dire avec cette amie avec qui elle partait en vacances ; je n’ai su que plus tard qu’elle lui avait immédiatement montré mon SMS, toute réjouie.
Je lui ai donné les fleurs et l’enveloppe. Surprise mais apparemment charmée, elle m’a dit : « Je n’avais pas été habituée à ça ». Nous ressemblions à deux adolescents. Nous nous enlacions, nous embrassions et nous badions. Je l’ai accompagnée jusqu’à la porte d’embarquement puis elle est partie.
Oui, l’on pourrait trouver ça mièvre, mais… J’avais choisi de ne pas brider mon instinct du moment.
Pendant ses vacances à l’étranger
Pendant ces deux semaines, nous avons échangé quotidiennement via la messagerie d’un célèbre réseau social. De mon côté, je suis parti quelques jours voir de la famille et des amis. J’en avais profité pour faire une escale dans un lieu dont elle m’avait parlé et qui la passionnait. Nous nous envoyions des photos et une véritable relation épistolaire s’était développée entre nous. Aucun appel : uniquement des messages. Tantôt en direct, tantôt en différé, nous soignions nos écrits qui, accompagnés de multiples émoticônes, témoignaient d’une tendresse naissante et d’une envie mutuelle de nous retrouver. Ces échanges n’ont cessé pendant ces deux semaines.
Les retrouvailles
Nous nous sommes revus dès le lendemain de son retour. Une brève fenêtre de tir s’offrait à nous car elle devait repartir trois jours après (ses vacances étaient déjà programmées depuis bien longtemps). Le jour de nos retrouvailles, c’est elle qui est venue chez moi le midi. Nous sommes allés manger en bord de mer : c’était la première fois que nous discutions depuis quinze jours.
Après le repas, nous nous sommes retrouvés chez moi ; notre première relation intime était sur le point de s’engager.
C’était beaucoup trop tôt. Bien sûr, de nos jours, cela se pratique, mais dans une telle phase de découverte mutuelle, je persiste à dire que cela est arrivé bien trop vite. Notre relation était jusqu’à lors essentiellement intellectuelle ; nous aurions dû prendre le temps de nous connaître davantage et ainsi faire monter le désir, la tendresse, et cette passion qui semblait être à notre portée.
Je n’étais pas très à l’aise. Elle me plaisait, et j’avais peur de la décevoir. Je me suis mis une pression incroyable. Résultat : j’ai fait l’objet d’une panne monstrueuse.
Dans son attitude, elle semblait offusquée et a refusé que l’on insiste, ce qui m’a bloqué davantage. Dans son discours en revanche, elle s’est montrée indulgente, mais une gêne s’était installée. C’est une fille qui envoie des signaux flous et exprime difficilement ce qu’elle ressent. Lorsque je lui ai dit : « C’est paradoxal, mais c’est parce que tu me plais vraiment beaucoup ». Elle m’a répondu : « Oui, ça s’entend ».
Elle est partie dans la soirée et nous devions nous retrouver le lendemain. Malgré la gêne, la situation ne semblait pas catastrophique pour autant.
Le lendemain soir, je suis allé la chercher chez elle pour que nous allions dîner dans un restaurant où j’avais réservé deux places. La malédiction s’acharnait contre nous : à cause d’une coupure de courant, le restaurant n’a pas pu nous recevoir…
Nous en avons trouvé un autre, puis nous sommes allés boire un verre sur une terrasse en fin de soirée. Pendant cette soirée, j’ai pu découvrir chez elle un côté très sombre et une certaine amertume en direction de la vie et des gens. Elle avait vraisemblablement souffert par le passé, mais plutôt que de vivre en paix avec ses douleurs, une certaine aridité semblait subsister en elle.
C’est très différent de ma manière de fonctionner, mais plutôt que d’être choqué par certaines de ses déclarations, j’ai davantage été touché, attendri et compatissant. Bien que lui témoignant mon désaccord total avec cette façon rancunière de concevoir le monde, je pensais qu’à mon contact, elle pourrait s’adoucir, sans pour autant vouloir la changer. Et à son contact, je pensais pouvoir acquérir un peu plus de discipline, celle-ci me faisant quand même parfois défaut dans tous les domaines de ma vie.
D’une façon ou d’une autre, je pense qu’elle a pu gagner en douceur à cette époque. Lorsque je la complimentais sur son sourire, elle me disait : « Mais tu sais, c’est toi qui le provoques. Habituellement, je souris très peu ».
Nous avons beaucoup échangé ce soir-là. Au moment de la raccompagner chez elle, elle m’a dit timidement : « Bon, je voudrais te proposer quelque chose. Tu sais, cela fait longtemps que je n’ai pas eu de relation. Cela fait des années que je n’ai pas ramené un homme chez moi, mais… si tu le veux bien, il ne se passera rien, mais j’aimerais beaucoup que tu dormes avec moi cette nuit. »
J’ai donc passé la nuit là-bas. Le soir, il ne s’est effectivement rien passé, mais le matin… Nous avons tenté de faire l’amour, mais je me suis retrouvé dans le même état de stress que la veille. Nous sommes parvenus à nous donner du plaisir mutuellement, mais c’était bien insuffisant… Je craignais vraiment qu’elle ne pense que je ne la désirais pas…
Je suis rentré chez moi avec un sentiment très ambivalent. Heureux de la relation, peu fier de mes prouesses sexuelles… Mais ce qui prenait le pas était l’attachement naissant que je ressentais pour cette fille. Elle s’apprêtait à aller passer une semaine dans sa famille. Il fallait que je profite de ce temps pour me détendre et être prêt pour son retour.
Une semaine pour se remettre en forme
Nos relations intellectuelles ne semblaient pas avoir souffert de la médiocrité de mes performances sexuelles.
Pendant une semaine, j’ai cherché à comprendre d’où venait le problème. Seul chez moi, la mécanique était intacte et elle seule animait mes pensées intimes. Pourquoi étais-je alors aussi mauvais en sa présence ? J’ai contacté un sexologue, lu beaucoup d’articles à ce sujet… J’ai fini par comprendre que mon stress pouvait être dû à l’une de mes anciennes relations dans laquelle mon ex compagne avait pu se montrer très exigeante et parfois blessante. Nous les hommes, contrairement à ce que bien des femmes pensent, pouvons être très cérébraux…
Une brève retrouvaille
Après avoir passé une semaine chez sa famille et juste avant de repartir en vacances (avec ses enfants cette fois-ci), ma quadragénaire m’a fait la surprise de venir passer une nuit chez moi. Elle avait tout prévu : le pique-nique, les boissons et tout ce qui peut accompagner une soirée en amoureux sur la plage en plein mois d’août. La soirée a été plutôt jolie. La nuit aussi. Je veux dire par là que ma semaine de réflexion n’avait pas servi à rien… Enfin, nous pouvions commencer une vie sexuelle ! Très maladroit, je parvenais tout de même, du moins je le croyais, à la satisfaire tout en prenant du plaisir également. Notre relation semblait pouvoir commencer à nous offrir des jours heureux.
Deux nouvelles semaines de séparation
Le lendemain matin, elle s’en est allée. Elle devait partir en vacances avec ses enfants.
Nos échanges se sont poursuivis de la même manière que la première fois où nous avions été séparés : messages quotidiens, photos, et des « tu me manques » réguliers. Une complicité semblait naître : nos messages témoignaient progressivement d’une tendresse réciproque qui était en train de naître. Il n’était pas encore question de nous considérer comme un couple, mais inexorablement, nous débutions quelque chose.
Retour et fin des congés
À son retour, alors que ma « virilité » était manifestement revenue nous avons recommencé à nous revoir. C’était chouette. Nous nous parlions de manière très affectueuse et nous semblions heureux de nous revoir.
Un soir, une légère dispute a éclaté. J’étais sorti, et à mon retour, j’ai engagé la conversation sur la messagerie de ce réseau social sur lequel elle était connectée. Là, j’ai senti une froideur plus importante que celle qu’elle manifestait habituellement : « Il faut me laisser tranquille, je suis bien tranquille sur mon lit en train de lire ». Alors que je lui montrais mon mécontentement, tout en respectant sa décision, elle m’a appelé et la conversation s’est poursuivie par téléphone.
En réalité, elle venait de se brouiller avec notre amie commune. Je suppose qu’elle me reprochait d’avoir passé la soirée chez cette fameuse amie… J’ai beau être gentil, j’ai tout de même tenu à lui démontrer que je n’acceptais pas d’être traité injustement : « Lorsque je m’adresse à toi, c’est toujours dans la douceur, alors je te demande d’en faire autant ».
Elle a fini par s’excuser. Elle m’avait déjà affirmé qu’elle pouvait être une « vraie chieuse ». Je venais de m’en apercevoir, mais il n’était pas question de jeter le bébé avec l’eau du bain, alors j’ai naturellement accepté ses excuses. Personne n’est parfait, après tout.
Elle était le plus souvent discrète et pudique, mais plutôt câline et agréable. C’est une fille qui dit avoir souvent été déçue par les hommes, mais ma ma gentillesse l’aurait faite « chavirer ».
Des paroles de cette nature ont continué à faire leur apparition dans son vocabulaire. Un soir, alors que je devais la rejoindre et passer la nuit avec elle, un terrible incendie m’en a empêché. Nous nous téléphonions régulièrement pendant tout mon périple, jusqu’à ce que l’heure tardive de mon éventuelle arrivée nous conduise à renoncer à cette rencontre. Le lendemain, déçue que nous n’ayons pu nous retrouver, elle m’a dit cette phrase : « Ce soir-là, lorsque j’ai su que tu n’allais pas pouvoir venir, j’ai réalisé à quel point je tenais à toi, je l’ai ressenti dans mes entrailles.
Reprise du travail
Nous sommes enseignants tous les deux et le mois de septembre était arrivé. Nous avons continué à nous voir : tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, tantôt en dehors.. Mais lorsque je me rendais chez elle pour y passer là nuit, si son accueil était des plus chaleureux, j’avais toujours l’impression de la déranger le lendemain matin. J’avais déjà pu m’apercevoir de ça pendant les vacances, mais j’avais choisi de l’attribuer à son côté rigide ; en effet, dès le réveil, elle est du style à s’activer et à se livrer à toutes sortes de tâches ménagères.
Il y a un peu plus d’un mois, je me suis rendu chez elle avant de rejoindre des amis à elles qu’elle devait me présenter ce soir-là. Mais avant de partir, alors que je venais d’arriver, elle m’a littéralement sauté dessus ! C’était surprenant. Loin d’être désagréable, mais très étonnant venant d’elle. En rentrant de la soirée, nous nous sommes couchés mais… pas de sexe. Idem le lendemain matin.
Quelques révélations
Une semaine plus tard, je suis retourné dormir chez elle. Elle m’a invité au restaurant ce soir-là et nous avons discuté. Je sentais quelques unes de ses réticences et elle avait compris que je les avais senties. Et là, elle m’a dit quelque chose : « Tu sais, parfois, tu me vois distante quand tu es chez moi. Je ne suis plus habituée à me réveiller auprès d’un homme, mais tu sais, ce n’est pas contre toi. La vie de couple me terrifie, et c’est ce qui pourrait se profiler devant nous. Mais si je devais à nouveau être en couple, ce serait avec quelqu’un comme toi. »
J’étais perplexe. Je constatais ses craintes, mais j’étais honoré par la fin de cette déclaration. Après tout, nous avons tous des craintes. Cependant, lorsque nous sommes rentrés nous coucher… nous nous sommes tout simplement couchés…
Nous nagions en plein paradoxe : tantôt élogieuse à mon endroit, en vertu de la confiance qu’elle affirmait m’accorder, tantôt froide et distante…
The end… ou presque
Dernièrement, j’ai pu constater de manière aléatoire qu’elle tardait à répondre à mes messages. Je ne me suis pas inquiété pour autant, d’autant que ces derniers étaient toujours aussi chaleureux qu’auparavant, mais tout de même…
Les jours qui ont suivi, nos échanges se sont espacés. J’ai bien senti cet éloignement. Il y a deux semaines, nous nous sommes appelés. Alors que nous allions être tous deux en congés, je lui ai proposé que nous nous voyions à cette occasion. Ses congés étaient déjà programmés… sans moi. Famille, amis, mais rien pour nous deux. Elle m’a dit : « Écoute, programme ce que tu vas faire, et en fonction, je m’organiserai pour que l’on puisse se voir ». Hum…
Avant de raccrocher, j’ai formulé un timide : « Tu me manques, j’aimerais être avec toi »… Pas de réponse franche, un simple : « Bisous ».
Ça sentait mauvais.
Trois jours plus tard, j’ai décidé de crever l’abcès. Je lui ai demandé si je pouvais l’appeler et elle a accepté. Je lui ai dit que j’avais bien senti son éloignement et que je voulais savoir où nous en étions de notre relation. Sans paranoïa, je m’étais légitimement demandé si un autre homme n’avait pas fait son apparition dans sa vie. Après tout, cela était absolument probable et ça aurait expliqué cet éloignement progressif :
« Où en sommes-nous ? Je vois bien que tu t’éloignes. Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Oui, tu as bien vu… Cela me travaille depuis plusieurs jours, j’y pense sans arrêt.
- Oui, je me doute, je pense avoir deviné… »
Je pensais qu’elle allait me dire qu’elle avait rencontré quelqu’un. Mais là, j’ai eu droit à une annonce tout-à-fait inattendue :
« En fait, c’est… physiquement, je ne peux plus…
- Physiquement ? Mais quoi… Je ne te plais pas ??? Dis-le-moi, je ne me vexerai pas !
- Non, pas du tout. Tu me plais beaucoup, au contraire. Mon corps m’a envoyé des signaux. C’est sexuellement, je n’y arrive pas. ».
Un véritable choc. J’ai donc pensé que mes médiocres performances des débuts étaient en cause. Je lui en ai fait part et elle m’a répondu :
« Non, au contraire ! Je préférais encore cette époque car tu étais bien plus tendre. Ensuite, il y a des fois où je t’ai trouvé trop brutal.
- Mais… C’est souvent toi qui as été à l’initiative de nos rapports les plus fougueux. La dernière fois, tu te souviens ? C’est toi qui t’es jetée sur moi.
- Oui, mais je faisais ça parce que je croyais que c’était ce que tu voulais. J’ai fait ces choses pour te plaire ».
J’étais consterné. Comment avons-nous pu nous trouver dans une telle incompréhension ? C’est une fille secrète, elle peut avoir tendance à formuler son désir de manière floue. Je m’en suis voulu : la brutalité dans les rapports charnels ne me convient pas non plus ! J’aime la tendresse avant tout, mais je pensais qu’elle exigeait de moi plus de fougue, plus d’initiatives…
Elle est moi avons imaginé des désirs chez l’autre qui n’existaient pas…
La conversation s’est poursuivie. Je lui ai dit :
« Mais alors, en réalité, tout n’est que malentendus et incompréhensions. T’en rends-tu compte ??? Je suis vraiment désolé du mal que j’ai pu te faire contre mon gré… Le simple fait de t’avoir entre mes bras me comble déjà de bonheur ! Tout ce que nous avons vécu, même si c’était court… Moi je pense à toi, tu me manques lorsque tu n’es pas là.
- Mais toi aussi tu me manques. Je pense souvent à toi. Il y a deux jours, je me disais avec tendresse : « Tiens, là il doit être en train de faire ceci et cela avec ses élèves ».
- Je suis consterné par ce que tu viens de me dire. Je n’arrive pas à croire que nous puissions nous perdre à cause d’un malentendu. S’il y avait un autre homme, tu me le dirais ? Je t’assure, je comprendrais…
- Oh non, je n’en ai pas envie. Il va surtout y avoir mon psy. Il faut que je comprenne pourquoi, alors que j’ai la chance de t’avoir, toi qui me corresponds en tous points, je finis par tout gâcher.
- Rien n’est gâché. Au début de notre conversation, j’étais prêt à ce que notre relation se termine, mais à présent, j’ai envie de dire… Ce qui ressemblait à une fin pourrait tout aussi bien avoir posé les bases d’un début plus sain, avec une vraie communication possible »
L’appel a duré plus de deux heures. Quelques pleurs, quelques rires… Et au gré de la conversation, je mesurais à quel point je n’avais pas envie de perdre ces moments de complicité… Je lui ai dit que s’il existait une chance sur des millions pour que cette histoire puisse se poursuivre, nous devions la saisir.
Et la conversation s’est terminée par : « Laisse-moi du temps, je vais réfléchir ».
Le lendemain, je lui ai envoyé une jolie lettre, dans laquelle je lui disais que j’étais prêt à la comprendre et que je trouvais inepte que nous nous perdions à cause d’un tel malentendu… Je lui ai annoncé que je tenais à elle et que j’étais prêt… à l’aimer. Je crois qu’elle était bien écrite, cette lettre… Mais elle n’y a pas répondu. C’était il y a deux semaines.
« [Son Prénom],
Ma grande, je t’ai connue à un moment de ma vie où je ne cherchais pas spécialement une compagnie régulière. Puis je suis tombé sur toi.
Tu m’as plu. Mû par un élan de désir que j’avais choisi de ne pas réfréner, je suis venu t’adresser ce fameux baiser à l’aéroport le jour de ton départ, avec deux pauvres fleurs presque fanées en guise de cadeau.
La suite, on la connait. Relation épistolaire, retrouvailles, escapades nocturnes, confidences, prudence, pudiques échanges, conversations légères et érudites, maladresses, rires, sourires, tendresse…
À cette période, bien que relativement détaché, je demeurais ouvert à ce que nous vivions et je me surprenais parfois à ressentir pour toi une profonde et parfaite tendresse. Autant s’y abandonner sagement.
Et puis un jour, sans que je ne m’en aperçoive, quelque chose m’avait rattrapé.
J’ai ressenti ce quelque chose au plus profond de mes entrailles et c’est relativement récent. Intrusif et inattendu, illogique et peu compatible avec le style de vie que je menais, il aurait été couard de l’ignorer ou de le fuir. Je me devais de l’assumer.
Une pensée aussi indicible qu’évidente et qui pourrait s’énoncer de la manière suivante s’est logée en moi : « Je pourrais un jour éprouver bien davantage pour cette fille ». Ça s’est très naturellement imposé à moi et rien ne pouvait être aussi clair et limpide. La raison et la volonté avaient dépassé l’instinct : c’était un sentiment ferme et doux à la fois.
Véritablement. Durablement. Aimer le simple fait que tu sois. Aussi sûr que le soleil se lève à l’Est et au mépris des obstacles qui ne deviendraient que bagatelles. Toi, dans ton plus simple habit et avec tout ce que cela implique, sans aucune condition, sans aucun jugement. Passionnément mais assurément, dans les moments heureux comme face à l’adversité. Que de la complicité naisse et perdure la passion charnelle et intellectuelle.
Prêt à t’accueillir telle que tu es et avec tout ton bagage, aussi chargé puisse-t-il être. Toi, chaque parcelle de ta personne et de ton corps. Toi, au sens de cet être humain de chair et d’âme, avec ses failles, ses atouts et sa complexité. Accepter que tu occupes une partie de ma vie sans jamais te contraindre. Bousculer délicatement ton quotidien pour l’égayer. Être attentif à ton bien-être et à l’écoute de tes désirs. Apaiser tes contrariétés dans la discrétion et la pudeur, tout en partageant la candeur de ce bonheur de vivre dont je déborde. »
Ça, c’était le début de la lettre que j’avais commencé à t’écrire avant d’entendre ce que tu avais à m’annoncer et dans laquelle je m’apprêtais à décrire mon renoncement. Mais cet appel est venu bouleverser l’entièreté du regard que je portais à notre relation. Il te sera demandé d’accorder une attention particulière à chaque mot des quelques lignes qui suivent si tu le veux bien.
J’ai entendu tes craintes et j’en prends la pleine mesure.
Mais laisse-moi te dire qu’il serait absurde, inepte, paradoxal et inenvisageable que nous nous perdions pour les raisons que tu es parvenue à m’annoncer avec une rare honnêteté qui m’invite à éprouver une profonde gratitude à ton endroit. Je n’étais pas habitué à ça.
Ce que tu nous as offerts là est bien plus précieux en réalité. La voie a été ouverte à une communication sans complexes qui nous faisait défaut jusqu’à lors et que d’aucuns ne parviennent jamais à pratiquer. Elle est, je le crois, une source inépuisable de complicité et un véritable ciment pour les relations. Je veux croire qu’elle n’arrive pas trop tard.
Il faut bien le reconnaître : cette communication entre nous était loin d’être idéale et celle-ci était bien entravée par la distance temporelle qui séparait chacune de nos rencontres. Si une confiance et une estime réciproques semblaient incontestablement naître, il demeurait une méconnaissance mutuelle de nos désirs respectifs.
Il faut dire que les messages envoyés par votre sévérité apparente, très chère, n’incitent pas vraiment à venir vous bousculer dans votre petit confort, de surcroit lorsque l’on en est rendu à souhaiter vous découvrir et vous connaître davantage. Alors que je souhaitais m’ouvrir à toi, tu paraissais te refermer. Je faisais alors de même et j’étais frustré, en colère contre moi-même de ne pas parvenir à te donner suffisamment confiance en moi.
À cette prudence que tu affichais, je répondais maladroitement par de la réserve et n’osais ainsi aborder certains sujets avec toi par crainte de te braquer, te déranger ou te déplaire. Un insidieux malaise s’était stupidement installé. Stupide car infondé : il était en réalité le reflet d’un miroir qui tentait pourtant de nous montrer que nous étions sur la même longueur d’ondes à bien des égards.
À la suite de nos premiers rendez-vous intimes, lorsque mes corps caverneux avaient décidé de fermer boutique à l’afflux sanguin qui s’était invité, un sentiment épouvantable était venu m’envahir. Je n’étais pas vexé par la médiocrité de mes performances qui n’avaient pas lieu d’être : j’étais terrorisé à l’idée de te perdre à cause de ça. Après tout, une dame d’une telle élégance est en droit d’avoir de hautes exigences en la matière... J’avais peur que tu me juges mais pire encore : j’étais terrifié à l’idée que tu puisses croire que je ne te désirais pas. Horrifié par l’éventualité que tu puisses penser que par le biais du langage corporel ne te soit annoncée une absence de considération de ma part.
Je maudissais le monde moderne qui nous oblige à nous livrer à de tels ébats dès le deuxième rendez-vous, bridant ainsi le fascinant cheminement qui conduit deux êtres à se connaître dans ce qu’ils ont de plus intime. Cela fonctionne peut-être ainsi chez beaucoup de gens, mais pas chez nous, et nous l’ignorions tous deux.
Si tu pouvais savoir tout ce que j’ai entrepris à cette époque afin de ne pas te décevoir… Je suis allé très loin ! Je n’avais jamais été habitué à bénéficier d’une telle indulgence, ni à me trouver face à quelqu’un pour qui prime la tendresse.
Les causes et les conséquences s’entremêlent. Nos expériences passées nous ont donné des idées fausses sur ce que l’on doit être pour l’autre. J’ai toujours pensé qu’une vie sexuelle épanouie ne pouvait qu’être le fruit de la tendresse issue de la complicité entre deux êtres qui apprennent à se connaître et non l’inverse. L’expression « faire l’amour » n’est pas dénuée de sens.
J’étais à des lieues de pouvoir imaginer que de ton côté, un autre scénario s’était dessiné, me prêtant des intentions et attentes qui n’étaient pas les miennes. J’ai stupidement fait exactement la même chose de mon côté.
Pourtant, ma [Son Prénom], si tu savais combien en réalité il me suffit que tu te blottisses dans mes bras pour être le plus heureux des hommes, si par ailleurs je puis avoir accès à la délicieuse sensibilité qui émane de toi. C’est tout ce qui compte pour moi : être avec toi.
Nous avons chacun fantasmé chez l’autre des exigences démesurées qui n’existaient pas, et nous étions prêts à nous travestir pour satisfaire ces attentes chimériques. Tous ça parce que les adultes que nous ne sommes pas vraiment avons été incapables d’exprimer ce que nous ressentions.
Ce que tu m’as dit par téléphone m’a fait mal : c’était un véritable choc pour moi.Je voudrais implorer ton pardon pour l’offense que j’ai pu occasionner chez toi contre mon gré. Je voudrais t’adresser mes plus sincères excuses. Sincères parce que je ne voudrais pas me contenter d’un simple pardon de circonstances qui ne t’apporterait rien et te laisserait exactement dans le même état. Je voudrais réparer de tout mon amour ce qui a pu se briser en toi. J’entreprendrais n’importe quoi pour y parvenir. Je ressens tes douleurs. J’ai mal à ton être.
« Je ne passerai pas mon temps à chercher mes erreurs. La vie est trop brève pour ça. Ça ne peut plus durer (cf : In The Mood for Love) ».
Cela aurait pu devenir une blessure, mais je crois que mon ego a décidé de s’absenter durablement pour laisser place à autre chose. Je préfère de loin en comprendre les leçons qu’il y a à en tirer. En me confiant la réelle nature de ce qui t’avait meurtrie, tu nous as offerts un cadeau inestimable : tu as brisé la glace qui nous empêchait de nous connaître. En mesures-tu la valeur ?
Depuis des mois, je désespérais que tu ne parviennes à te confier. Cela m’attristait, mais je nourrissais l’espoir que tu décides d’ôter cette barrière qui nous empêchait de nous découvrir et de nous accepter mutuellement tels que nous sommes.
Pour la première fois après quelques mois de cette relation épisodique, je parviens enfin à accéder à une partie de ce qu’il y a en toi, et ce que j’ai pu y entrevoir me comble d’affection et de tendresse. Je découvre cette fragilité dont je soupçonnais l’existence mais dont tu t’évertuais à me dissimuler de quoi elle était faite. Elle ne m’effraie point : j’éprouve le désir de l’accueillir, à l’instar de chaque recoin de ta personne que tu daignerais me dévoiler. J’y accorderais la plus grande considération et serais honoré d’en avoir reçu la confidence.
En ce qui me concerne, l’estime que j’avais pour toi et qui était déjà immense n’a fait que s’accroître depuis cet appel.
Je tiens à toi, [Son Prénom]. Je veux me mettre à ta portée. Je veux être ce type, incorrigiblement maladroit, qui sera là, prêt à t’écouter et t’épauler quelles que soient les circonstances, si tu veux bien de moi dans ta vie.
Rien n’est gâché, rien n’est irréparable : crois-le. Il n’y a pas de fatalité. Bien au contraire : ce qui pouvait ressembler à une fin pourrait en réalité avoir enfin placé entre nos mains tous les éléments nécessaires au véritable début d’une belle histoire qui nous faisaient défaut jusqu’à présent.
Parce qu’elle est vraiment jolie, notre histoire. La rencontre est insolite, le début est touchant et mignon, et la suite n’a été que bienveillance, légèreté et connivence intellectuelle.
Écoute cette part de toi, celle qui s’était exprimée le soir de ce fameux incendie qui m’a empêché de te rejoindre. Cette voix qui te dit qu’il est possible de simplement savourer un tel bonheur que je désire plus que tout au monde contribuer à éveiller en toi. Les signaux envoyés par ton corps ne sont que peurs, traumatismes et incompréhensions. Nous pouvons désormais en avoir la certitude. Ne les laisse pas guider ta conduite.
Je n’insisterais pas si je n’étais pas convaincu de mes dires.
Quelles que soient les démarches que tu entreprendras par la suite, je suis prêt à être là. Je veux être là. Sans m’imposer, sans te juger. Juste être là et te soutenir.
Je veux encore pouvoir te faire rire et te raconter mon quotidien tandis que tu me relates le tien. Pouvoir me confier auprès de toi et entendre tes conseils. Je ne veux pas perdre ces moments simples et pourtant si bons : ils me sont désormais très précieux.
S’il existe une chance sur des milliers pour que nous puissions vivre cela, faisons-la tomber à une chance sur des centaines, des dizaines… c’est de la probabilité mathématique, ça devrait te parler… Et saisissons cette chance.
Je tiens tellement à toi, [Son Prénom]. Bien au-delà de ce que tu pourrais envisager. Jamais je n’avais rencontré quelqu’un comme toi. Jamais je n’avais ressenti un sentiment aussi adulte et passionné à la fois. Tu ne le mesures sans doute pas, mais tu m’apportes beaucoup. Ta simple présence suffit à faire en sorte que toutes les choses que j’aime deviennent encore meilleures.
Tu dois entendre qu’il y a un être sur cette Terre un être qui est prêt à t’aimer pour de bon et qu’aucun obstacle ne saurait lui être impossible à surmonter pour t’offrir tout son amour. Ne laisse pas s’envoler une telle opportunité.
Je t’embrasse du fond de mon cœur et avec toute ma tendresse.
James
Depuis lors, nos échanges se sont brutalement stoppés. Plus rien.
Que faire à présent ?
Je n’ai plus grand espoir. Je sais que cette relation est certainement irrattrapable. Mais parfois, un goût d’inachevé vient m’envahir.
Je n’ai pas cessé de vivre. J’envisage de ne plus lui écrire, mais ce « Laisse-moi du temps pour réfléchir » me plonge dans le doute.
Si la seule raison à ce détachement est celle invoquée, alors c’est trop bête puisque tout repose sur un malentendu.
Que feriez-vous à ma place ? A-t-elle vraiment besoin de temps ou bien est-elle seulement incapable d’acter la rupture ?
Je me suis d’ores et déjà détaché de cette histoire, mais j’aimerais au moins pouvoir la clore proprement, faute de pouvoir la poursuivre.
Un sale espoir vient régulièrement m’envahir… Existe-t-il une possibilité, même infime, pour qu’elle soit réellement perdue et que notre histoire puisse avoir un avenir ?
Pensez-vous qu’il serait judicieux que je lui propose que nous nous rencontrions afin de clore dignement cette histoire ?
Je nage en pleine confusion…
Je devrais me détacher. Avec une telle fille, je renoncerais à beaucoup de choses, mais les sentiments...
Une fois n’est pas coutume : je me trouve actuellement en pleine rupture sentimentale…
Quelle plaie...
C’était une relation de seulement trois mois et nous ne voyions en moyenne qu’une à deux fois par semaine. Pourtant, en dépit de mes expériences passées et de la raison, cette histoire me laisse un goût d’inachevé.
Mon récit est assez long. Je remercie par avance celles et ceux qui auront eu le courage de tout lire.
La rencontre
Au mois de juillet dernier, une amie m’avait demandé de venir l’aider pour son déménagement. Il faut bien reconnaître que son organisation pouvait surprendre : aucun camion de déménagement n’avait été prévu et tous les cartons n’étaient pas encore emballés…
Elle comptait sur l’aide de deux personnes : moi (je me cite en premier mais ce n’est que dans un souci de rhétorique) et une très bonne amie à elle qu’elle connaissait de longue date. Le plan était le suivant : déménager dans la journée tout son appartement à l’aide de nos deux voitures. Je ne vous raconte pas le nombre de trajets…
Je suis arrivé en début d’après-midi sur les lieux, où j’ai retrouvé mon amie et cette jeune femme, vraisemblablement plus âgée que moi, qui portait deux cartons et semblait peu disposée à décrocher un sourire. Elle paraissait plutôt froide et sèche de prime abord mais non moins impliquée dans la mission qui lui avait été confiée : le genre de personne qui donne le sentiment de tout vouloir gérer avec perfectionnisme.
Mon amie a dû s’absenter à cause d’un mauvais concours de circonstances. Résultat : je me suis retrouvé à devoir assurer la besogne avec cette personne que je venais de rencontrer.
Les déménageurs de l’extrême
Je venais d’avoir 36 ans et ma comparse de déménagement était dans sa 43ème année. Outre la différence d’âge et vraisemblablement aussi de caractères, tout pouvait sembler nous opposer : je suis célibataire, sans enfants et désireux d’en avoir un jour, tandis que la jeune femme, divorcée de longue date, a déjà fondé une famille il y a longtemps. Elle est ordonnée ; je ne le suis pas. Je suis plutôt sociable et spontané ; elle est davantage pudique et réservée.
À ce stade-là, il n’était pas question ne serait-ce que de m’interroger sur le fait qu’elle puisse me plaire ou non. Mais à quelques moments de la journée, je me suis surpris à lui trouver du charme, sans pour autant nourrir la moindre ambition de séduction : nous étions bien trop occupés.
Nous avons passé la journée à œuvrer pour la même cause et fatalement, des moments de complicité ont fait leur apparition. C’est son sourire qui m’a interpelé lorsque je l’ai vu pour la première fois à la suite d’une plaisanterie que venais de faire. Il avait ce pouvoir de transformer ce faciès glacial en un visage rayonnant. À ce moment-là, j’ai dû me dire : « Tiens, elle est jolie ».
Le déménagement était presque achevé. Mais il restait un dernier voyage à faire pour lequel une seule voiture était suffisante. J’avais réussi à trouver une place près du nouveau logement de notre amie commune, tandis que la quadragénaire au sourire ravageur était mal garée. Cela m’ennuyait de la laisser faire le dernier voyage seule. Spontanément et avec son sourire, elle m’a dit : « Toi tu as trouvé une place. Ne t’inquiète pas, je m’en charge ».
Et là, quelque chose a dû se passer en moi : c’est à ce moment-là que j’ai dû comprendre qu’elle me plaisait bien. J’étais touché par son initiative qui me paraissait aussi pragmatique que généreuse : voilà une fille qui ne laisse pas un homme la servir ! Je déplore souvent le machisme qui demeure dans notre société encore grandement phallocrate. Cette fille semblait en être exempte et cela me plaisait
La soirée
Après avoir achevé le déménagement, notre amie commune a organisé une soirée dans son nouveau logement. Des invités sont arrivés… mais toujours pas ma quadragénaire qui n’était pas encore revenue de son dernier voyage. Secrètement, j’espérais qu’elle revienne et qu’elle passe la soirée avec nous.
Et… elle est revenue ! Quelle bonne surprise. Je me souviens lui avoir dit : « Oh, mais tu es là ! »
Après quelques verres bien mérités, nous avons pu échanger longuement et nous trouver de nouvelles affinités. C’était une soirée très sympathique. Des groupes se formaient, mais chacun circulait de l’un à l’autre. Jusqu’à la fin, elle et moi étions presque inséparables et ses sourires n’étaient désormais plus aussi rares qu’au début de cette journée.
Je suis parti le dernier. Tandis que j’aidais mon amie, fraichement installée dans sa nouvelle demeure, à ranger et à nettoyer, je lui ai demandé si la belle avait quelqu’un dans sa vie… Et la réponse a été négative. Youpie !
J’étais assez ivre et épuisé mais moralement réjoui. Je n’en ai plus vraiment de souvenirs (j’en confesse ma faute), mais pendant la nuit, j’ai envoyé quelques SMS à la belle quadragénaire et apparemment… cela ne m’a pas desservi, bien au contraire (l’abus d’alcool est dangereux pour la santé).
Le lendemain
Le lendemain matin (à 14h), j’ai découvert un SMS d’elle sur mon téléphone : « Boire un verre cet après-midi serait possible ? » Dans la suite de ce message, elle reprenait également une plaisanterie dont j’avais été à l’initiative. Elle m’avait également lancé une invitation sur un célèbre réseau social.
« Yes ! » me suis-je dit ! Elle est venue chez moi : nous avons bu un verre de rhum, discuté pendant une bonne paire d’heures et nous nous sommes rendus à la plage qui se trouve non loin de mon domicile.
Après une baignade et quelques applications de crème solaire sur son dos, nous avons fini par nous embrasser.
J’étais invité par des amis le soir, alors nous avons dû partir chacun de notre côté. Je me sentais bien, curieux, enthousiasmé, charmé et je me disais : « J’aime bien cette fille ».
L’ennui, c’est qu’elle devait prendre l’avion dès le lendemain pour partir en vacances pendant deux semaines avec une amie à elle. Zut… Que faire ?
Le jour de son départ
Que faire ? Je venais de rencontrer cette jeune femme à un moment de ma vie où je ne m’y attendais pas et elle allait partir. Voulait-elle me revoir après ? Peut-être n’en aurait-elle plus rien à cirer de moi à son retour. Je voulais qu’elle sache que de mon côté, j’avais le désir de la revoir et qu’il ne s’était pas agi d’un simple moment de partage d’affection. Pas de quoi se projeter dans un avenir à deux, mais ce désir de la découvrir m’habitait.
Alors qu’elle était sur le point de s’envoler (elle me tenait au courant par SMS des différentes étapes précédant son voyage), je lui ai envoyé le SMS suivant : « Un type au tempérament désinvolte (mais non moins adorable) est en voiture et a prévu d’atterrir au Terminal 2 l’aéroport (côté parking s’entend). Parviendras-tu à lui accorder quelques instants avant de monter dans le grand oiseau de fer ? ».
Et elle a accepté !
J’avais cueilli deux pauvres fleurs dans mon jardin (les fleuristes étaient fermés) et rédigé un petit mot que j’avais inséré dans une enveloppe : « C’est en compagnie de gens comme toi que les choses que l’on aime deviennent encore meilleures ».
Je me suis rendu sur le parking de l’aéroport où elle m’attendait. Je me suis longtemps demandé comment elle avait réussi à venir me rejoindre sans le dire avec cette amie avec qui elle partait en vacances ; je n’ai su que plus tard qu’elle lui avait immédiatement montré mon SMS, toute réjouie.
Je lui ai donné les fleurs et l’enveloppe. Surprise mais apparemment charmée, elle m’a dit : « Je n’avais pas été habituée à ça ». Nous ressemblions à deux adolescents. Nous nous enlacions, nous embrassions et nous badions. Je l’ai accompagnée jusqu’à la porte d’embarquement puis elle est partie.
Oui, l’on pourrait trouver ça mièvre, mais… J’avais choisi de ne pas brider mon instinct du moment.
Pendant ses vacances à l’étranger
Pendant ces deux semaines, nous avons échangé quotidiennement via la messagerie d’un célèbre réseau social. De mon côté, je suis parti quelques jours voir de la famille et des amis. J’en avais profité pour faire une escale dans un lieu dont elle m’avait parlé et qui la passionnait. Nous nous envoyions des photos et une véritable relation épistolaire s’était développée entre nous. Aucun appel : uniquement des messages. Tantôt en direct, tantôt en différé, nous soignions nos écrits qui, accompagnés de multiples émoticônes, témoignaient d’une tendresse naissante et d’une envie mutuelle de nous retrouver. Ces échanges n’ont cessé pendant ces deux semaines.
Les retrouvailles
Nous nous sommes revus dès le lendemain de son retour. Une brève fenêtre de tir s’offrait à nous car elle devait repartir trois jours après (ses vacances étaient déjà programmées depuis bien longtemps). Le jour de nos retrouvailles, c’est elle qui est venue chez moi le midi. Nous sommes allés manger en bord de mer : c’était la première fois que nous discutions depuis quinze jours.
Après le repas, nous nous sommes retrouvés chez moi ; notre première relation intime était sur le point de s’engager.
C’était beaucoup trop tôt. Bien sûr, de nos jours, cela se pratique, mais dans une telle phase de découverte mutuelle, je persiste à dire que cela est arrivé bien trop vite. Notre relation était jusqu’à lors essentiellement intellectuelle ; nous aurions dû prendre le temps de nous connaître davantage et ainsi faire monter le désir, la tendresse, et cette passion qui semblait être à notre portée.
Je n’étais pas très à l’aise. Elle me plaisait, et j’avais peur de la décevoir. Je me suis mis une pression incroyable. Résultat : j’ai fait l’objet d’une panne monstrueuse.
Dans son attitude, elle semblait offusquée et a refusé que l’on insiste, ce qui m’a bloqué davantage. Dans son discours en revanche, elle s’est montrée indulgente, mais une gêne s’était installée. C’est une fille qui envoie des signaux flous et exprime difficilement ce qu’elle ressent. Lorsque je lui ai dit : « C’est paradoxal, mais c’est parce que tu me plais vraiment beaucoup ». Elle m’a répondu : « Oui, ça s’entend ».
Elle est partie dans la soirée et nous devions nous retrouver le lendemain. Malgré la gêne, la situation ne semblait pas catastrophique pour autant.
Le lendemain soir, je suis allé la chercher chez elle pour que nous allions dîner dans un restaurant où j’avais réservé deux places. La malédiction s’acharnait contre nous : à cause d’une coupure de courant, le restaurant n’a pas pu nous recevoir…
Nous en avons trouvé un autre, puis nous sommes allés boire un verre sur une terrasse en fin de soirée. Pendant cette soirée, j’ai pu découvrir chez elle un côté très sombre et une certaine amertume en direction de la vie et des gens. Elle avait vraisemblablement souffert par le passé, mais plutôt que de vivre en paix avec ses douleurs, une certaine aridité semblait subsister en elle.
C’est très différent de ma manière de fonctionner, mais plutôt que d’être choqué par certaines de ses déclarations, j’ai davantage été touché, attendri et compatissant. Bien que lui témoignant mon désaccord total avec cette façon rancunière de concevoir le monde, je pensais qu’à mon contact, elle pourrait s’adoucir, sans pour autant vouloir la changer. Et à son contact, je pensais pouvoir acquérir un peu plus de discipline, celle-ci me faisant quand même parfois défaut dans tous les domaines de ma vie.
D’une façon ou d’une autre, je pense qu’elle a pu gagner en douceur à cette époque. Lorsque je la complimentais sur son sourire, elle me disait : « Mais tu sais, c’est toi qui le provoques. Habituellement, je souris très peu ».
Nous avons beaucoup échangé ce soir-là. Au moment de la raccompagner chez elle, elle m’a dit timidement : « Bon, je voudrais te proposer quelque chose. Tu sais, cela fait longtemps que je n’ai pas eu de relation. Cela fait des années que je n’ai pas ramené un homme chez moi, mais… si tu le veux bien, il ne se passera rien, mais j’aimerais beaucoup que tu dormes avec moi cette nuit. »
J’ai donc passé la nuit là-bas. Le soir, il ne s’est effectivement rien passé, mais le matin… Nous avons tenté de faire l’amour, mais je me suis retrouvé dans le même état de stress que la veille. Nous sommes parvenus à nous donner du plaisir mutuellement, mais c’était bien insuffisant… Je craignais vraiment qu’elle ne pense que je ne la désirais pas…
Je suis rentré chez moi avec un sentiment très ambivalent. Heureux de la relation, peu fier de mes prouesses sexuelles… Mais ce qui prenait le pas était l’attachement naissant que je ressentais pour cette fille. Elle s’apprêtait à aller passer une semaine dans sa famille. Il fallait que je profite de ce temps pour me détendre et être prêt pour son retour.
Une semaine pour se remettre en forme
Nos relations intellectuelles ne semblaient pas avoir souffert de la médiocrité de mes performances sexuelles.
Pendant une semaine, j’ai cherché à comprendre d’où venait le problème. Seul chez moi, la mécanique était intacte et elle seule animait mes pensées intimes. Pourquoi étais-je alors aussi mauvais en sa présence ? J’ai contacté un sexologue, lu beaucoup d’articles à ce sujet… J’ai fini par comprendre que mon stress pouvait être dû à l’une de mes anciennes relations dans laquelle mon ex compagne avait pu se montrer très exigeante et parfois blessante. Nous les hommes, contrairement à ce que bien des femmes pensent, pouvons être très cérébraux…
Une brève retrouvaille
Après avoir passé une semaine chez sa famille et juste avant de repartir en vacances (avec ses enfants cette fois-ci), ma quadragénaire m’a fait la surprise de venir passer une nuit chez moi. Elle avait tout prévu : le pique-nique, les boissons et tout ce qui peut accompagner une soirée en amoureux sur la plage en plein mois d’août. La soirée a été plutôt jolie. La nuit aussi. Je veux dire par là que ma semaine de réflexion n’avait pas servi à rien… Enfin, nous pouvions commencer une vie sexuelle ! Très maladroit, je parvenais tout de même, du moins je le croyais, à la satisfaire tout en prenant du plaisir également. Notre relation semblait pouvoir commencer à nous offrir des jours heureux.
Deux nouvelles semaines de séparation
Le lendemain matin, elle s’en est allée. Elle devait partir en vacances avec ses enfants.
Nos échanges se sont poursuivis de la même manière que la première fois où nous avions été séparés : messages quotidiens, photos, et des « tu me manques » réguliers. Une complicité semblait naître : nos messages témoignaient progressivement d’une tendresse réciproque qui était en train de naître. Il n’était pas encore question de nous considérer comme un couple, mais inexorablement, nous débutions quelque chose.
Retour et fin des congés
À son retour, alors que ma « virilité » était manifestement revenue nous avons recommencé à nous revoir. C’était chouette. Nous nous parlions de manière très affectueuse et nous semblions heureux de nous revoir.
Un soir, une légère dispute a éclaté. J’étais sorti, et à mon retour, j’ai engagé la conversation sur la messagerie de ce réseau social sur lequel elle était connectée. Là, j’ai senti une froideur plus importante que celle qu’elle manifestait habituellement : « Il faut me laisser tranquille, je suis bien tranquille sur mon lit en train de lire ». Alors que je lui montrais mon mécontentement, tout en respectant sa décision, elle m’a appelé et la conversation s’est poursuivie par téléphone.
En réalité, elle venait de se brouiller avec notre amie commune. Je suppose qu’elle me reprochait d’avoir passé la soirée chez cette fameuse amie… J’ai beau être gentil, j’ai tout de même tenu à lui démontrer que je n’acceptais pas d’être traité injustement : « Lorsque je m’adresse à toi, c’est toujours dans la douceur, alors je te demande d’en faire autant ».
Elle a fini par s’excuser. Elle m’avait déjà affirmé qu’elle pouvait être une « vraie chieuse ». Je venais de m’en apercevoir, mais il n’était pas question de jeter le bébé avec l’eau du bain, alors j’ai naturellement accepté ses excuses. Personne n’est parfait, après tout.
Elle était le plus souvent discrète et pudique, mais plutôt câline et agréable. C’est une fille qui dit avoir souvent été déçue par les hommes, mais ma ma gentillesse l’aurait faite « chavirer ».
Des paroles de cette nature ont continué à faire leur apparition dans son vocabulaire. Un soir, alors que je devais la rejoindre et passer la nuit avec elle, un terrible incendie m’en a empêché. Nous nous téléphonions régulièrement pendant tout mon périple, jusqu’à ce que l’heure tardive de mon éventuelle arrivée nous conduise à renoncer à cette rencontre. Le lendemain, déçue que nous n’ayons pu nous retrouver, elle m’a dit cette phrase : « Ce soir-là, lorsque j’ai su que tu n’allais pas pouvoir venir, j’ai réalisé à quel point je tenais à toi, je l’ai ressenti dans mes entrailles.
Reprise du travail
Nous sommes enseignants tous les deux et le mois de septembre était arrivé. Nous avons continué à nous voir : tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, tantôt en dehors.. Mais lorsque je me rendais chez elle pour y passer là nuit, si son accueil était des plus chaleureux, j’avais toujours l’impression de la déranger le lendemain matin. J’avais déjà pu m’apercevoir de ça pendant les vacances, mais j’avais choisi de l’attribuer à son côté rigide ; en effet, dès le réveil, elle est du style à s’activer et à se livrer à toutes sortes de tâches ménagères.
Il y a un peu plus d’un mois, je me suis rendu chez elle avant de rejoindre des amis à elles qu’elle devait me présenter ce soir-là. Mais avant de partir, alors que je venais d’arriver, elle m’a littéralement sauté dessus ! C’était surprenant. Loin d’être désagréable, mais très étonnant venant d’elle. En rentrant de la soirée, nous nous sommes couchés mais… pas de sexe. Idem le lendemain matin.
Quelques révélations
Une semaine plus tard, je suis retourné dormir chez elle. Elle m’a invité au restaurant ce soir-là et nous avons discuté. Je sentais quelques unes de ses réticences et elle avait compris que je les avais senties. Et là, elle m’a dit quelque chose : « Tu sais, parfois, tu me vois distante quand tu es chez moi. Je ne suis plus habituée à me réveiller auprès d’un homme, mais tu sais, ce n’est pas contre toi. La vie de couple me terrifie, et c’est ce qui pourrait se profiler devant nous. Mais si je devais à nouveau être en couple, ce serait avec quelqu’un comme toi. »
J’étais perplexe. Je constatais ses craintes, mais j’étais honoré par la fin de cette déclaration. Après tout, nous avons tous des craintes. Cependant, lorsque nous sommes rentrés nous coucher… nous nous sommes tout simplement couchés…
Nous nagions en plein paradoxe : tantôt élogieuse à mon endroit, en vertu de la confiance qu’elle affirmait m’accorder, tantôt froide et distante…
The end… ou presque
Dernièrement, j’ai pu constater de manière aléatoire qu’elle tardait à répondre à mes messages. Je ne me suis pas inquiété pour autant, d’autant que ces derniers étaient toujours aussi chaleureux qu’auparavant, mais tout de même…
Les jours qui ont suivi, nos échanges se sont espacés. J’ai bien senti cet éloignement. Il y a deux semaines, nous nous sommes appelés. Alors que nous allions être tous deux en congés, je lui ai proposé que nous nous voyions à cette occasion. Ses congés étaient déjà programmés… sans moi. Famille, amis, mais rien pour nous deux. Elle m’a dit : « Écoute, programme ce que tu vas faire, et en fonction, je m’organiserai pour que l’on puisse se voir ». Hum…
Avant de raccrocher, j’ai formulé un timide : « Tu me manques, j’aimerais être avec toi »… Pas de réponse franche, un simple : « Bisous ».
Ça sentait mauvais.
Trois jours plus tard, j’ai décidé de crever l’abcès. Je lui ai demandé si je pouvais l’appeler et elle a accepté. Je lui ai dit que j’avais bien senti son éloignement et que je voulais savoir où nous en étions de notre relation. Sans paranoïa, je m’étais légitimement demandé si un autre homme n’avait pas fait son apparition dans sa vie. Après tout, cela était absolument probable et ça aurait expliqué cet éloignement progressif :
« Où en sommes-nous ? Je vois bien que tu t’éloignes. Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Oui, tu as bien vu… Cela me travaille depuis plusieurs jours, j’y pense sans arrêt.
- Oui, je me doute, je pense avoir deviné… »
Je pensais qu’elle allait me dire qu’elle avait rencontré quelqu’un. Mais là, j’ai eu droit à une annonce tout-à-fait inattendue :
« En fait, c’est… physiquement, je ne peux plus…
- Physiquement ? Mais quoi… Je ne te plais pas ??? Dis-le-moi, je ne me vexerai pas !
- Non, pas du tout. Tu me plais beaucoup, au contraire. Mon corps m’a envoyé des signaux. C’est sexuellement, je n’y arrive pas. ».
Un véritable choc. J’ai donc pensé que mes médiocres performances des débuts étaient en cause. Je lui en ai fait part et elle m’a répondu :
« Non, au contraire ! Je préférais encore cette époque car tu étais bien plus tendre. Ensuite, il y a des fois où je t’ai trouvé trop brutal.
- Mais… C’est souvent toi qui as été à l’initiative de nos rapports les plus fougueux. La dernière fois, tu te souviens ? C’est toi qui t’es jetée sur moi.
- Oui, mais je faisais ça parce que je croyais que c’était ce que tu voulais. J’ai fait ces choses pour te plaire ».
J’étais consterné. Comment avons-nous pu nous trouver dans une telle incompréhension ? C’est une fille secrète, elle peut avoir tendance à formuler son désir de manière floue. Je m’en suis voulu : la brutalité dans les rapports charnels ne me convient pas non plus ! J’aime la tendresse avant tout, mais je pensais qu’elle exigeait de moi plus de fougue, plus d’initiatives…
Elle est moi avons imaginé des désirs chez l’autre qui n’existaient pas…
La conversation s’est poursuivie. Je lui ai dit :
« Mais alors, en réalité, tout n’est que malentendus et incompréhensions. T’en rends-tu compte ??? Je suis vraiment désolé du mal que j’ai pu te faire contre mon gré… Le simple fait de t’avoir entre mes bras me comble déjà de bonheur ! Tout ce que nous avons vécu, même si c’était court… Moi je pense à toi, tu me manques lorsque tu n’es pas là.
- Mais toi aussi tu me manques. Je pense souvent à toi. Il y a deux jours, je me disais avec tendresse : « Tiens, là il doit être en train de faire ceci et cela avec ses élèves ».
- Je suis consterné par ce que tu viens de me dire. Je n’arrive pas à croire que nous puissions nous perdre à cause d’un malentendu. S’il y avait un autre homme, tu me le dirais ? Je t’assure, je comprendrais…
- Oh non, je n’en ai pas envie. Il va surtout y avoir mon psy. Il faut que je comprenne pourquoi, alors que j’ai la chance de t’avoir, toi qui me corresponds en tous points, je finis par tout gâcher.
- Rien n’est gâché. Au début de notre conversation, j’étais prêt à ce que notre relation se termine, mais à présent, j’ai envie de dire… Ce qui ressemblait à une fin pourrait tout aussi bien avoir posé les bases d’un début plus sain, avec une vraie communication possible »
L’appel a duré plus de deux heures. Quelques pleurs, quelques rires… Et au gré de la conversation, je mesurais à quel point je n’avais pas envie de perdre ces moments de complicité… Je lui ai dit que s’il existait une chance sur des millions pour que cette histoire puisse se poursuivre, nous devions la saisir.
Et la conversation s’est terminée par : « Laisse-moi du temps, je vais réfléchir ».
Le lendemain, je lui ai envoyé une jolie lettre, dans laquelle je lui disais que j’étais prêt à la comprendre et que je trouvais inepte que nous nous perdions à cause d’un tel malentendu… Je lui ai annoncé que je tenais à elle et que j’étais prêt… à l’aimer. Je crois qu’elle était bien écrite, cette lettre… Mais elle n’y a pas répondu. C’était il y a deux semaines.
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« [Son Prénom],
Ma grande, je t’ai connue à un moment de ma vie où je ne cherchais pas spécialement une compagnie régulière. Puis je suis tombé sur toi.
Tu m’as plu. Mû par un élan de désir que j’avais choisi de ne pas réfréner, je suis venu t’adresser ce fameux baiser à l’aéroport le jour de ton départ, avec deux pauvres fleurs presque fanées en guise de cadeau.
La suite, on la connait. Relation épistolaire, retrouvailles, escapades nocturnes, confidences, prudence, pudiques échanges, conversations légères et érudites, maladresses, rires, sourires, tendresse…
À cette période, bien que relativement détaché, je demeurais ouvert à ce que nous vivions et je me surprenais parfois à ressentir pour toi une profonde et parfaite tendresse. Autant s’y abandonner sagement.
Et puis un jour, sans que je ne m’en aperçoive, quelque chose m’avait rattrapé.
J’ai ressenti ce quelque chose au plus profond de mes entrailles et c’est relativement récent. Intrusif et inattendu, illogique et peu compatible avec le style de vie que je menais, il aurait été couard de l’ignorer ou de le fuir. Je me devais de l’assumer.
Une pensée aussi indicible qu’évidente et qui pourrait s’énoncer de la manière suivante s’est logée en moi : « Je pourrais un jour éprouver bien davantage pour cette fille ». Ça s’est très naturellement imposé à moi et rien ne pouvait être aussi clair et limpide. La raison et la volonté avaient dépassé l’instinct : c’était un sentiment ferme et doux à la fois.
Véritablement. Durablement. Aimer le simple fait que tu sois. Aussi sûr que le soleil se lève à l’Est et au mépris des obstacles qui ne deviendraient que bagatelles. Toi, dans ton plus simple habit et avec tout ce que cela implique, sans aucune condition, sans aucun jugement. Passionnément mais assurément, dans les moments heureux comme face à l’adversité. Que de la complicité naisse et perdure la passion charnelle et intellectuelle.
Prêt à t’accueillir telle que tu es et avec tout ton bagage, aussi chargé puisse-t-il être. Toi, chaque parcelle de ta personne et de ton corps. Toi, au sens de cet être humain de chair et d’âme, avec ses failles, ses atouts et sa complexité. Accepter que tu occupes une partie de ma vie sans jamais te contraindre. Bousculer délicatement ton quotidien pour l’égayer. Être attentif à ton bien-être et à l’écoute de tes désirs. Apaiser tes contrariétés dans la discrétion et la pudeur, tout en partageant la candeur de ce bonheur de vivre dont je déborde. »
Ça, c’était le début de la lettre que j’avais commencé à t’écrire avant d’entendre ce que tu avais à m’annoncer et dans laquelle je m’apprêtais à décrire mon renoncement. Mais cet appel est venu bouleverser l’entièreté du regard que je portais à notre relation. Il te sera demandé d’accorder une attention particulière à chaque mot des quelques lignes qui suivent si tu le veux bien.
J’ai entendu tes craintes et j’en prends la pleine mesure.
Mais laisse-moi te dire qu’il serait absurde, inepte, paradoxal et inenvisageable que nous nous perdions pour les raisons que tu es parvenue à m’annoncer avec une rare honnêteté qui m’invite à éprouver une profonde gratitude à ton endroit. Je n’étais pas habitué à ça.
Ce que tu nous as offerts là est bien plus précieux en réalité. La voie a été ouverte à une communication sans complexes qui nous faisait défaut jusqu’à lors et que d’aucuns ne parviennent jamais à pratiquer. Elle est, je le crois, une source inépuisable de complicité et un véritable ciment pour les relations. Je veux croire qu’elle n’arrive pas trop tard.
Il faut bien le reconnaître : cette communication entre nous était loin d’être idéale et celle-ci était bien entravée par la distance temporelle qui séparait chacune de nos rencontres. Si une confiance et une estime réciproques semblaient incontestablement naître, il demeurait une méconnaissance mutuelle de nos désirs respectifs.
Il faut dire que les messages envoyés par votre sévérité apparente, très chère, n’incitent pas vraiment à venir vous bousculer dans votre petit confort, de surcroit lorsque l’on en est rendu à souhaiter vous découvrir et vous connaître davantage. Alors que je souhaitais m’ouvrir à toi, tu paraissais te refermer. Je faisais alors de même et j’étais frustré, en colère contre moi-même de ne pas parvenir à te donner suffisamment confiance en moi.
À cette prudence que tu affichais, je répondais maladroitement par de la réserve et n’osais ainsi aborder certains sujets avec toi par crainte de te braquer, te déranger ou te déplaire. Un insidieux malaise s’était stupidement installé. Stupide car infondé : il était en réalité le reflet d’un miroir qui tentait pourtant de nous montrer que nous étions sur la même longueur d’ondes à bien des égards.
À la suite de nos premiers rendez-vous intimes, lorsque mes corps caverneux avaient décidé de fermer boutique à l’afflux sanguin qui s’était invité, un sentiment épouvantable était venu m’envahir. Je n’étais pas vexé par la médiocrité de mes performances qui n’avaient pas lieu d’être : j’étais terrorisé à l’idée de te perdre à cause de ça. Après tout, une dame d’une telle élégance est en droit d’avoir de hautes exigences en la matière... J’avais peur que tu me juges mais pire encore : j’étais terrifié à l’idée que tu puisses croire que je ne te désirais pas. Horrifié par l’éventualité que tu puisses penser que par le biais du langage corporel ne te soit annoncée une absence de considération de ma part.
Je maudissais le monde moderne qui nous oblige à nous livrer à de tels ébats dès le deuxième rendez-vous, bridant ainsi le fascinant cheminement qui conduit deux êtres à se connaître dans ce qu’ils ont de plus intime. Cela fonctionne peut-être ainsi chez beaucoup de gens, mais pas chez nous, et nous l’ignorions tous deux.
Si tu pouvais savoir tout ce que j’ai entrepris à cette époque afin de ne pas te décevoir… Je suis allé très loin ! Je n’avais jamais été habitué à bénéficier d’une telle indulgence, ni à me trouver face à quelqu’un pour qui prime la tendresse.
Les causes et les conséquences s’entremêlent. Nos expériences passées nous ont donné des idées fausses sur ce que l’on doit être pour l’autre. J’ai toujours pensé qu’une vie sexuelle épanouie ne pouvait qu’être le fruit de la tendresse issue de la complicité entre deux êtres qui apprennent à se connaître et non l’inverse. L’expression « faire l’amour » n’est pas dénuée de sens.
J’étais à des lieues de pouvoir imaginer que de ton côté, un autre scénario s’était dessiné, me prêtant des intentions et attentes qui n’étaient pas les miennes. J’ai stupidement fait exactement la même chose de mon côté.
Pourtant, ma [Son Prénom], si tu savais combien en réalité il me suffit que tu te blottisses dans mes bras pour être le plus heureux des hommes, si par ailleurs je puis avoir accès à la délicieuse sensibilité qui émane de toi. C’est tout ce qui compte pour moi : être avec toi.
Nous avons chacun fantasmé chez l’autre des exigences démesurées qui n’existaient pas, et nous étions prêts à nous travestir pour satisfaire ces attentes chimériques. Tous ça parce que les adultes que nous ne sommes pas vraiment avons été incapables d’exprimer ce que nous ressentions.
Ce que tu m’as dit par téléphone m’a fait mal : c’était un véritable choc pour moi.Je voudrais implorer ton pardon pour l’offense que j’ai pu occasionner chez toi contre mon gré. Je voudrais t’adresser mes plus sincères excuses. Sincères parce que je ne voudrais pas me contenter d’un simple pardon de circonstances qui ne t’apporterait rien et te laisserait exactement dans le même état. Je voudrais réparer de tout mon amour ce qui a pu se briser en toi. J’entreprendrais n’importe quoi pour y parvenir. Je ressens tes douleurs. J’ai mal à ton être.
« Je ne passerai pas mon temps à chercher mes erreurs. La vie est trop brève pour ça. Ça ne peut plus durer (cf : In The Mood for Love) ».
Cela aurait pu devenir une blessure, mais je crois que mon ego a décidé de s’absenter durablement pour laisser place à autre chose. Je préfère de loin en comprendre les leçons qu’il y a à en tirer. En me confiant la réelle nature de ce qui t’avait meurtrie, tu nous as offerts un cadeau inestimable : tu as brisé la glace qui nous empêchait de nous connaître. En mesures-tu la valeur ?
Depuis des mois, je désespérais que tu ne parviennes à te confier. Cela m’attristait, mais je nourrissais l’espoir que tu décides d’ôter cette barrière qui nous empêchait de nous découvrir et de nous accepter mutuellement tels que nous sommes.
Pour la première fois après quelques mois de cette relation épisodique, je parviens enfin à accéder à une partie de ce qu’il y a en toi, et ce que j’ai pu y entrevoir me comble d’affection et de tendresse. Je découvre cette fragilité dont je soupçonnais l’existence mais dont tu t’évertuais à me dissimuler de quoi elle était faite. Elle ne m’effraie point : j’éprouve le désir de l’accueillir, à l’instar de chaque recoin de ta personne que tu daignerais me dévoiler. J’y accorderais la plus grande considération et serais honoré d’en avoir reçu la confidence.
En ce qui me concerne, l’estime que j’avais pour toi et qui était déjà immense n’a fait que s’accroître depuis cet appel.
Je tiens à toi, [Son Prénom]. Je veux me mettre à ta portée. Je veux être ce type, incorrigiblement maladroit, qui sera là, prêt à t’écouter et t’épauler quelles que soient les circonstances, si tu veux bien de moi dans ta vie.
Rien n’est gâché, rien n’est irréparable : crois-le. Il n’y a pas de fatalité. Bien au contraire : ce qui pouvait ressembler à une fin pourrait en réalité avoir enfin placé entre nos mains tous les éléments nécessaires au véritable début d’une belle histoire qui nous faisaient défaut jusqu’à présent.
Parce qu’elle est vraiment jolie, notre histoire. La rencontre est insolite, le début est touchant et mignon, et la suite n’a été que bienveillance, légèreté et connivence intellectuelle.
Écoute cette part de toi, celle qui s’était exprimée le soir de ce fameux incendie qui m’a empêché de te rejoindre. Cette voix qui te dit qu’il est possible de simplement savourer un tel bonheur que je désire plus que tout au monde contribuer à éveiller en toi. Les signaux envoyés par ton corps ne sont que peurs, traumatismes et incompréhensions. Nous pouvons désormais en avoir la certitude. Ne les laisse pas guider ta conduite.
Je n’insisterais pas si je n’étais pas convaincu de mes dires.
Quelles que soient les démarches que tu entreprendras par la suite, je suis prêt à être là. Je veux être là. Sans m’imposer, sans te juger. Juste être là et te soutenir.
Je veux encore pouvoir te faire rire et te raconter mon quotidien tandis que tu me relates le tien. Pouvoir me confier auprès de toi et entendre tes conseils. Je ne veux pas perdre ces moments simples et pourtant si bons : ils me sont désormais très précieux.
S’il existe une chance sur des milliers pour que nous puissions vivre cela, faisons-la tomber à une chance sur des centaines, des dizaines… c’est de la probabilité mathématique, ça devrait te parler… Et saisissons cette chance.
Je tiens tellement à toi, [Son Prénom]. Bien au-delà de ce que tu pourrais envisager. Jamais je n’avais rencontré quelqu’un comme toi. Jamais je n’avais ressenti un sentiment aussi adulte et passionné à la fois. Tu ne le mesures sans doute pas, mais tu m’apportes beaucoup. Ta simple présence suffit à faire en sorte que toutes les choses que j’aime deviennent encore meilleures.
Tu dois entendre qu’il y a un être sur cette Terre un être qui est prêt à t’aimer pour de bon et qu’aucun obstacle ne saurait lui être impossible à surmonter pour t’offrir tout son amour. Ne laisse pas s’envoler une telle opportunité.
Je t’embrasse du fond de mon cœur et avec toute ma tendresse.
James
Depuis lors, nos échanges se sont brutalement stoppés. Plus rien.
Que faire à présent ?
Je n’ai plus grand espoir. Je sais que cette relation est certainement irrattrapable. Mais parfois, un goût d’inachevé vient m’envahir.
Je n’ai pas cessé de vivre. J’envisage de ne plus lui écrire, mais ce « Laisse-moi du temps pour réfléchir » me plonge dans le doute.
Si la seule raison à ce détachement est celle invoquée, alors c’est trop bête puisque tout repose sur un malentendu.
Que feriez-vous à ma place ? A-t-elle vraiment besoin de temps ou bien est-elle seulement incapable d’acter la rupture ?
Je me suis d’ores et déjà détaché de cette histoire, mais j’aimerais au moins pouvoir la clore proprement, faute de pouvoir la poursuivre.
Un sale espoir vient régulièrement m’envahir… Existe-t-il une possibilité, même infime, pour qu’elle soit réellement perdue et que notre histoire puisse avoir un avenir ?
Pensez-vous qu’il serait judicieux que je lui propose que nous nous rencontrions afin de clore dignement cette histoire ?
Je nage en pleine confusion…
Je devrais me détacher. Avec une telle fille, je renoncerais à beaucoup de choses, mais les sentiments...