lilydr a écrit :PDR a écrit :Oh, plutôt deux fois qu'une. Mais c'est, à la rigueur, un point de détail. La faute de raisonnement est encore en amont. La faute de raisonnement, c'est de dire que chacun a la chance de ne pas être pris dans les 80% puisque chacun peut essayer d'y échapper ... alors qu'il en faut toujours 80% qui coulent
Exacte. C'est ce que j'englobe par "Se faire entuber pour servir d'autres desseins" dans ma reponse a Tenbu.
C'est que tu préfères voir des idiots où je vois des stipendiés.
lilydr a écrit :J'ai un peu de mal à voir comment espérer que leur sort s'améliore alors qu'ils s'y résignent.
C'est le piège que nous tend tous les jours le système, en exploitant l'égoïsme (qui est un sous-produit de l'espoir privé du sens des valeurs transcendantes). Quand tu te sens père de famille responsable, mineur de la fosse 5B, prolétaire, auvergnat, français et homme, tu participes à une longue chaîne de courants transcendants (que les sirènes du DJ des chaises musicales diront plutôt "aliénants"). C'est cette superposition d'identités transcendantes qui brime ton égoïsme naturel et le subordonne à une conscience élargie de tes intérêts. Parce que tu es toi, tu n'as pas seulement intérêt à t'en sortir, il faut aussi que tes gamins s'en sortent. Pour que tes gamins s'en sortent, il faut que la mine s'en sorte. Pour que la mine s'en sorte, il faut que le prolétariat s'en sorte. Et l'Auvergne. Et la France. C'est ce qui te permet d'échapper au piège des chaises musicales et du "tout le monde a sa chance" en allant dans le sens bien compris des intérêts de toutes tes identités, et d'être efficace dans leur sauvegarde. C'est-à-dire nombreux. Appelle ça "instinct de classe", "oumma", ou comme tu veux selon ta perception identitaire, c'est là que tu commences à peser (si tout va bien), là et pas avant.
Comprends donc qu'il ne s'agit pas de choisir la résignation à la conscience. Je dis simplement que la vraie conscience, c'est comprendre qu'on fait partie d'une réalité holistique et transcendante. Et que la vraie résignation, c'est précisément de se dire que "chacun a la vie qu'il se fait", ou "qu'on peut toujours choisir de sortir des 80%, si on ne choisit pas d'y entrer". Parce que la vérité profonde de ta condition, quand tu es un être humain à peu près civilisé (pas contemporain, pas autiste, pas stupide), c'est les 80%, pas ton cul. C'est en acceptant de courir après les chaises, comme un chiot de Pavlov qui entend sa musique, que tu te résignes. La conscience utile, c'est de flinguer le joueur de flûtiau dans la régie-son.
lilydr a écrit :Ils attendent quoi au juste ? Que la minorité dominante s'inquiète de leur misère et se sépare d'elle meme de ses acquis ?
Non. Que la majorité dominée devienne moins con. Plus exactement, ils ne l'attendent plus.
lilydr a écrit :Lorsque je parle de conscience je ne la limite pas à la GPA ou au féminisme.
La GPA, c'est le féminisme du féminisme. Se dire féministe, défendre Beauvoir et conspuer la GPA est au mieux une naïveté, au pire une schizophrénie. La GPA (et tout le reste qui ne tardera pas), c'est simplement ce qui se passe quand les Bernays de ce monde reprennent la main qu'ils ont laissée aux Beauvoir de ce monde, le temps de préparer le terrain en faisant de la comm. Le plan du féminisme réel, c'est pas Beauvoir, c'est Bernays. C'était Bernays avant Beauvoir, et ce sera toujours lui après elle.
lilydr a écrit :Complètement ! Si la musique ne s'arrête pas, nul besoin de changer de chaise, logique implacable.
On en revient au meme point, la nécessité d'être conscient de sa condition. Je t'accorde le besoin de temps (d'où le fait que c'est pas mal de se mette a réfléchir avant de faire des gosses ) mais je ne m'explique toujours pas cette résignation.
La lucidité a son coût. Et elle prélève aussi sa taxe sur l'espoir. On s'y fait, avec le temps ...
lilydr a écrit :Pourtant, tu trouves encore le temps de réfléchir et d'être conscient. Comme quoi ça ne doit pas être si incompatible.
Ca l'est rigoureusement. J'ai le temps de réfléchir et d'être conscient pour trois raisons :
1°) Parce que mes privilèges de naissance me garantissaient d'entrée une jeu une place dans le 1%
2°) Parce qu'à cet avantage considérable, mes modestes talents et qualités personnels m'ont permis d'exploiter à vil prix des volontés plus fortes que la mienne propre
3°) Parce que je ne suis pas un homme, au sens où j'entends le terme dans la discussion. Je n'ai plus de classe, sinon sur un plan strictement matériel qui m'indiffère relativement. Plus de famille non plus. Et plus de projet "dans le siècle". Je suis détaché, avec ce que cela comporte de "résignation" et que j'assume pleinement.
lilydr a écrit :C'est pourtant l'objet de mon post initial.
Je me ferai un devoir de te laisser disserter avec toi-même de l'objet de ton post initial si c'est là ton désir. Mais comme une discussion se fait à deux, la dynamique d'un dialogue nous échappe toujours un peu. Au moment où nous en parlions, ce n'était déjà plus le sujet. Cet aspect que tu évoquais est d'une autre nature.
lilydr a écrit :Les faits sont ce qu'ils sont. On peut débattre de leur sens mais pas de leur existence.
Vision optimiste. Encore faudrait-il que tout le monde voie ce qui est ...
lilydr a écrit :Ce qui est une suite logique de leur negation de la femme en tentant d'en faire un homme. Ne peut on pas partir du principe qu'elles ne sont pas représentatives des femmes (malgre le battage médiatique) bien qu'elles le revendiquent ?
On peut partir de ce principe SSI. on prend le féminisme pour ce qu'il est. C'est-à-dire non pas un "mouvement d'émancipation des femmes détourné par une société marchande qui ne respecte pas le sacré", mais une "essentialisation contre-nature de la femme (et partant, de l'homme, son complémentaire), qui faute de comprendre le sacré ne peut aboutir qu'à sa marchandisation". Le but premier de mon post, qui rebondissait sur les backflips de Beauvoir, c'est précisément de te faire comprendre que la GPA n'est pas "un accident du féminisme", c'est son aboutissement naturel, son terme logique. Parler de féminisme, c'est déjà transformer un sexe en projet sociétal et politique. En genre. En ce que tu veux qui n'est pas le sacré. Et dès que ce n'est pas sacré, ça se vend. Ce qui pourrait d'ailleurs être une définition du sacré : le sacré est ce qui n'a pas de prix, l'inestimable irréductible. Si être une femme est un choix, une idéologie ("on ne naît pas femme, on le devient"); si être une mère est un projet philosophique, une visée de développement personnel (toutes tes phrases sur la conscience avant la maternité), la conclusion s'impose d'elle-même : la maternité n'est pas sacrée. Parce qu'elle n'est plus naturelle et transcendante, mais artificielle et immanente. Donc vendable. La première idée (je ne dis pas "une idée", ou "l'une des premières idées") qui vient à l'esprit d'un féministe cohérent, c'est que s'il n'a pas décidé de faire le choix de l'enfant, d'autres le feront qui n'ont pas le choix. Parce que c'est déjà comme ça qu'on détermine qui va récupérer les poubelles, vendre son cul, ramasser les merdes de chiens, désamianter les banlieues, ou sauter sur des mines antipersonnelles à l'autre bout du monde. Nous ne parlons pas d'un "effet secondaire" du féminisme mais de sa raison d'être.
lilydr a écrit :Est il si inconcevable que je puisse apprécier avoir le choix, y comprit de me marier et d'avoir des enfants, sans pour autant cracher dessus ?
Mais tu n'as ni plus ni moins le choix qu'avant. L'Histoire regorge de femmes qui avaient les moyens de leur indépendance et n'ont pas voulu se marier ou faire des enfants. Sur ce plan rien n'a changé : celles qui se marient sont d'abord et surtout celles qui se conditionnent parce qu'elles n'ont pas le choix. De la même façon et pour les mêmes raisons que le congolais qui va ramasser les merdes de chiens pour la mairie du XVIème se conditionne pour faire le choix de pointer au taf : parce qu'il n'a pas le choix d'être marchand d'armes, physicien quantique, ou producteur chez Canal.
lilydr a écrit :Tiens ça me rappel vaguement un truc que j'ai lu récemment, une citation sur la perversion de la Cité et la fraude des mots.
Bien vu.
lilydr a écrit :Libre à toi de limiter la femme à sa féminité.
En fait, c'est encore beaucoup plus simple que ça : je vis dans un monde où les mots ont un sens. Et je parle le français. Pas la novlang, tu sais, le truc d'avant, le patois des grand-pères. Et bien dans cette langue où "le genre" servait plus souvent à parler de livres ou de films que des pédés, on ne peut même pas "réduire la femme à sa féminité". Même quand on est un gros enculé de sale macho misogyne qui voudrait bien, parce que réduire la femme, c'est toujours rigolo. Tout connement parce qu'on définit la féminité (et un peu comme l'étymologie même du mot le suggère) comme "l'ensemble des propriétés fondamentales de la femme". Du coup, essayer de "réduire la femme à sa féminité" reviendrait un peu à essayer de limiter l'eau à son caractère aqueux, ou les télés plasma à leur nature de télés plasma : Ca a l'air salaud sur le papier, mais ça donne pas grand-chose. A l'époque où les langues existaient encore, on appelait ça "l'ontologie descriptive", et ça marchait bien.
Déjà, ce qui était pratique, c'est que ça évitait de devoir créer autant de définitions de "femme" qu'il y avait de modes chez les escrocs de la pensée. Parce que du coup, quand un auteur décrit la femme en précisant bien qu'il ne la limite pas à sa féminité, celui qui veut lui répondre qu'il est pas d'accord ne sait pas s'il doit désigner par "féminité" ce que le premier appelle "la féminité" ou "la femme (non limitée à la féminité du couillon auquel répondait le premier auteur)".
Pour finir sur une note plus sérieuse, il me semble évident que Thatcher (dans une certaine mesure) et Merkel (totalement, pour le coup) ne sont pas des femmes, pour des raisons qui dépassent très largement la cosmétique malheureuse de leur carrosserie, si c'est ce que tu appelles féminité.
lilydr a écrit :Bah tu vois que t'es pas si obtus, on y vient.
Ah mais avec assez de mots nouveaux, ou de sens nouveaux aux mots anciens, on peut venir à tout. Tiens, le jour où "pédophile" voudra dire "amateur de nanars de séries B", je suis sûr que beaucoup de hipsters seront très fiers de se dire pédophiles. Mais je ne suis pas sûr que parler de nos idées respectives puisse avoir grand sens tant qu'on ne se met pas d'accord sur une langue préalablement. Alors réglons la question tout de suite : dans ma langue, le gros pédé était un gros pédé et pas un "transgenre hétéro", et Merkel n'est pas une femme. Après ... si tu parles ma langue et que le sujet t'intéresse, je peux essayer de définir ce qui fait la femme à mon sens. Ce qui pourrait nous aider à explorer la question et à mettre le doigt sur nos lignes de fracture. Ou réciproquement, tu peux m'apprendre ta langue et me dire ce que tu appelles "le genre". Ca marche aussi. Mais tant que je parle de "femmes" (comme objets naturels philosophiquement, physiquement, chimiquement, intellectuellement reconnaissables à leur féminité) et que tu me réponds "genre" (aspiration idéologique nébuleuse qui engloberait tout ce qui a une chatte ou pas, y compris Merkel, et ne se limite pas à la féminité comprise comme expression parodique de la femme archétype des décades passées) ... on risque de piétiner un peu.
lilydr a écrit :Si c'est pour repeupler le paysage politique avec des femmes voulant nier leur condition effectivement ca ne servirait pas à grand chose. Sinon, il y a la possibilité d'élire des femmes souhaitant représenter les femmes et non une idéologie.
D'abord si on les élit, on n'en "met pas 50%". Le propre d'une élection sérieuse, c'est qu'on choisit pas à l'avance le sexe de qui gagne, déjà. Ensuite, je veux bien admettre la possibilité pour une femme de se faire élire sur la base de son envie de représenter les femmes, sans idéologie ... si tu admets celle pour un goyim blanc de souche française et catholique de se faire élire au nom de sa capacité à représenter les mâles blancs, certifiés sans sang juif, d'arrière-grand-parents tous français et cathos ... sans idéologie bien sûr. On fait un deal, comme ça ? Et puis dès qu'Anne Hidalgo a dégagé pour laisser la place de Maire de Paris au candidat du "Parti Universaliste Républicain ... des fils d'aryens blonds aux yeux bleus" (Oui, oui, le PUR, ça fait plus court), je discuterai avec plaisir de toutes ces magnifiques femmes qui viennent "représenter les femmes en politique sans idéologie".
lilydr a écrit :La famille et le foyer se porte bien mieux en Suède depuis la parité
... Tu rigoles ou t'as jamais mis les pieds en Suède ? Les deux cas sont possibles et comme je suis pas doué pour sentir l'humour ...
lilydr a écrit :PS: merci pour ton joli passage sur Rousseau.
Tant mieux. Ca fait longtemps qu'il me gonfle, elle aussi ...