Mon coeur,
Je me permets de t'appeler encore par ce surnom, après presque 5 mois que l'on s'est séparés.
Avant hier, j'ai fait un rêve de toi, dans lequel tu viens d'avoir un fils, qui s'appelle Lucien.
C'est fou, que je rêve toujours, et souvent de toi pendant tout ce temps. Et après chaque rêve, je me sens immensément triste, je m'enfonce plus bas que le sol. Les larmes aux yeux chaque matin dans ma salle de bain, dans cet appartement que nous deux, on a jamais connu, avec son balcon s'ouvre à un ciel tropical brumeux.
Hier nuit, en plein de sommeil, j'ai reçu un message simple de toi. Tu m'as tenu au courant de ma nouvelle carte mutuelle attachée encore à la tienne, payée par ton entreprise, pour l'année 2019. Tu m'a parlé aussi de la "Dernière edf" 2018 de notre appartement, à nos noms. L'adjectif "Dernière" me semble humble, clair, facile, mais oh qui sait, c'est comme une petite aïgue qui me fait saigner le coeur. Enfin, tu m'as souhaité d'avoir plusieurs belles cartes postales durant mes voyages en Asie. Comme la carte postale d'Angkor que j'ai envoyée à ma meilleure copine à Arles, qu'elle a reçue et publiée sur mon fb hier après-midi pour me remercier.
Oui, je sais que tu regardes mon fb. Tu likes plusieurs photos de mes périples. Tu m'admires ce côté bohémien et courageux qui n'a pas peur des imprévus, qui se lance dans le vent et se laisse emporter par les vagues du monde inconnu. Tu likes mes status, comme ce que t'as fait sur le mur de fb de tes ex copines, tes milles ex copines à plusieurs leurs posts.
Quand j'étais avec toi, j'ai essayé de te comprendre, de te lire les pensées, de ressentir tes ressentis en te suivant secrètement par ci et par là virtuellement, sans presque jamais te piquer une crise de jalousie.
J'ai essayé de me placer à ta place pour partager avec toi les principes, les valeurs ou les vécus d'amour qui sont différents de les miens. T'es extrêmement contraire à moi, à la fois on se rejoint dans un bout de cet extrême. Je réserve toujours une grande admiration envers toi, pour ton libertinage dans le passé, au sens de prendre l'amour à la légèreté, au sens d'aimer ton ex Elodie pour toute ta vie (même si personnellement j'ai vraiment du mal à votre histoire, la tromperie, et franchement, son apparence n'est trop pas à mon goût
).
J'aurais tant préféré que tu me quittais pour de bon au mois de Mars cette année, au lieu de fin Juillet. Car en mars, à notre premier grand signe de séparation, t'aurais dû me quitter pour notre différence de vision de vie, pour la distance qu'on vivrait pendant mon stage, pour mon apparence négligente... Je t'aurais trouvé courageux à ce moment là, d'oser faire face à ce qui ne te convient plus, et renoncer. Mais la rupture en Juillet avec l'ingrédient étant ta nouvelle copine a "sali" notre histoire d'amour dans quelque sorte, si j'ose utiliser ce mot "salir", car j'y ai goûté en quelque sorte une trahison, même si toi et tes amis affirment toujours que NON, Tu m'as pas trahie. T'as rencontré cette fille, t'es tombé amoureux d'elle et m'a quittée quelques jours après.
C'est ici que le noeud s'emmêle. Tu étais avec moi mais tu n'étais pas complètement avec moi. C'est toujours très délicat la limite entre "Fidélité" et "Enfermé", "la liberté" et "le libertinage", "Trahison" et "Ouverture d'esprit"...
A chacun de placer son angle de vue. Et pour moi, jusqu'à maintenant, je vois encore la fin de notre histoire sous la vision d'une trahison. Mais qui sait, dans l'avenir, je pourrais changer mon point de vue, et serai plus sereine qu'actuel.
Il y a à peu près 10 jours, j'ai discuté avec Numéro 7, elle m'a dévoilé mon égoisme, mon incapacité de communiquer avec toi (avec d'autres personnes aussi), mon grand égo, mon fond de ne pas vouloir devenir un adulte malgré l'âge de 30 ans, mon non - écoute vers le monde...Malgré mes efforts, je suis un Etre grandement Solitaire et Enfermée.
De là, j'ai compris que notre rupture n'était pas soudaine, mais tes sentiments se sont dégradés petit à petit.
Je voulais t'écrire un long mail en t'exposant mes réflexions, en dévoilant mes souffrances, mes longs séjours sombres loin de notre vécu, loin d'Aix-en-Provence, mon trou en esprit, ma perte de goût à tous, mes pensées interminables à toi...
Mais ma copine a raison de me conseiller d'écrire tout ça dans un carnet afin de me défouler.
A quoi bon, de t'envoyer ce long mail dans lequel je suis justement une fille misérable, faible comme une feuille fanée avant l'arrivée de l'hiver froid. A quoi bon, de venir te perturber ton choix, ton train train de vie, et ton nouvel amour pour quelqu'un. Tu lui racontes surement de moi, que je suis une fille géniale, mais tes sentiments ne sont plus au rendez-vous.
Ta tendresse et ta froideur terrible. Ton attention et ton extrême égoisme. Ta sensibilité profonde et ta superficie. Ta sincérité et ta manipulation.
Quand j'étais avec toi, au fond de moi, je reconnaissais tous chez toi. Et j'ai accepté.
Folle étais - je?
Avant de t'amener dans ma petite campagne dans le Nord du Viet Nam, je me suis inquiétée de cette présentation à mes parents. Car j'avais peur que ton côté "charmeur ""Donjuan" pourrait être capté par ma famille, ils s'en soucieraient bien sûr pour moi. J'ai habitude d'assumer mes choix, et je m'en plains jamais auprès d'eux pour ne pas les perturber.
Tu as été accueilli chez nous, les paysans vietnamiens honnêtes, attentionnés, humbles et pauvres. Je ne sais pas ce que mes parents se représentent pour toi, sûrement pas en terme "Beaux Parents", comme ce que j'ai considéré envers les tiens: ta maman avec son accueil chaleureux, ses chocolats au lait très bon pour le goûter, son côté enfantin, même très chiant, et sa possessivité envers ses enfants. Ton papa, l'homme intelligent, généreux, brillant mais j'ai du mal avec ses jugements derrière et ses moqueries envers les gens qui sont moins intelligents que lui, moins réussissent que lui dans "la vie matérielle".
Pendant 4 ans avec toi, je t'ai suivi à tel point que j'ai oublié moi même. Ayant l'envie de te comprendre, j'ai oublié de te faire plaisir, ainsi de me faire plaisir.
Peut-être notre histoire n'a pas été une histoire d'amour. On a été peut -être deux colocataires sympas qui ont passé assez souvent de bon temps ensemble. Car l'amour, pour moi, ça résonne quelque chose "entière". Quand t'es avec quelqu'un, t'es avec cette personne totalement. Tu ne penses plus à tes ex, tu ne rêves plus aux autres filles "plus jolies, plus coquines, plus belles parleuses, plus intelligentes". Et je ne pense plus à mon coup de foudre à mon âge de 25 ans....Mais pendant notre vécu, la présence de toutes ces personnes étaient là, avaient des marques.
Puis - je alors classer notre histoire dans un tiroir d'amitié, pansement ou colocation masquée?
Hier t'as vu la carte postale d'Angkor, là où tu avais tellement envie d'y aller. Là où on s'est dit d'y aller l'année prochaine, de nous balader parmi les ruines, les belles statues d'Apsara et nous baigner dans les songes bouddhistes, pour nous ressentir sereines, en paix et aimants.
Finalement j'y suis allée toute seule, en novembre cette année, sans y être prête du tout.
Je me suis promenée sur le chemins de terre, sous les grands ombres d'arbres vieux, vécus depuis des décennies. Au milieu d'un temple ancien, j'ai entendu un mec français dire à sa copine: "Viens, mon coeur". Punais, cette phrase m'a mis en pleur direct.
Je me suis dit que plus jamais quelqu'un me le dit cette phrase, avec de tendresse et de protection. Plus jamais quelqu'un qui m'appelle Mon Coeur.
Et je suis allée à la poste de Siem Reap pour envoyer les cartes postales à la France. Je me suis interdite de t'envoyer une carte d'Angkor à ton atelier, car je ne me permets pas de te demander la peine, l'attendrissement, ni le lien entre nous.
Tout est fini, s'est écroulé.
Je n'arrive toujours pas à te reconnaitre dans ta nouvelle coiffure. Tu me sembles devenir quelqu'un d'autre. Tes courts cheveux te donnent l'apparence d'un ado de 25 ans, froid, dur, rajouté par une sorte de gel que tu ne faisais jamais quand tu étais avec moi, heureusement!
Je sais que je t'ai perdu, ma grande destinée.
Grâce à cette séparation, j'ai l'occasion de savoir c'est quoi le chagrin d'amour souffrant. Grâce à cette séparation, je commence à comprendre c'est quoi le vrai amour, ce qui demande d'être construit et de grandir ensemble. Et j'ai pu finalement me libérer de mon coup de foudre il y a 5 ans, que j'ai considéré comme un vrai amour inachevé.
Peut être un jour, tu seras libéré de ton amour avec Elodie aussi. En tout cas, je te le souhaite.
A ton message hier, je t'ai pas répondu. Je te répondrai tout à l'heure par un simple Merci, et un souhait de bonne fête. Par la politesse.
On n'a jamais laissé une porte ouverte l'un à l'autre. Ni toi. Ni moi. Une détermination apparente.
Mais qui sait, au fond de toi, de moi, je sais pas, qui sait.
Quand je t'ai vu t'éclater les larmes et tu tenais ta poitrine, comme si un morceau de toi a été arraché par ta décision de me quitter.
Et si tu me voyais dans la salle de bain, sangloter et me replier en deux, en plein de douleur et de pleurs.
Cette douleur va s'apaiser avec du temps.
Cette nuit, j'ai vu que tu sembles connecter souvent sur fb. Etrangement. Peut être ta montre capte automatiquement, ou tu viens de t'installer dans ta nouvelle maison avec ta belle. Ou t'es sur la route d'aller à quelque part pour le Noel, dans une station de ski qu'on est jamais allé ensemble, ou aller chez ta petite maman en Bourgogne. Elle te boude depuis certains temps car tu as fait vraiment de la merde avec Cloé, ta demi soeur depuis cet été. Elle te boude car tu lui accordes pas suffisamment d'attention comme un enfant peut accorder à sa famille.
J'ai réconcilié plus ou moins avec ta maman depuis 2 mois. Cela m'a enlevé un poids lourd sur la rancune et le désamour.
Ce Noel, ta grande mère maternelle aura 80 ans. Ton papi qui m'a adorée et qui m'a regardé avec de tendresse et m'a souri souvent.
A tout cela. Je souhaite à toi, et à ta famille un Joyeux Noel.
Et à toi avec ta nouvelle copine aussi. Laisse ton choix devenir un bon choix qui dure longtemps, plus longtemps possible. Plus que nos 4 ans, plus que toutes tes anciennes histoires de coeur.
Des gros bisous fabuleux de ta chéwie.
De Lan.