Gillesdharma a écrit :Oui Lily. On dira qu' Eckhart (Descartes ahahah) a un ressenti qui va à l'essentiel dans la forme.
Oula, il n'y à de commun entre ces hommes qu'une vague sonorité, on est quand même très loin de la rigueur du Discours sur la méthode ou de ses méditations métaphysiques pour rester dans le thème, on pourrait même les opposer. Quant à Eckhart, ce type me fait l'effet d'un être particulièrement vulgaire. Je vois en lui un gourou menteur et intéressé. Je n’adhère pas du tout à sa philosophie.
Il est vrai cependant que je ne connais que très peu de sa bibliographie. Mais lorsque je lis : "la seule fonction d’un tel enseignant est de vous aider à enlever ce qui vous sépare de la vérité… Les mots ne sont rien que des panneaux de signalisation" et qu'il faut considérer son livre comme une "reformulation actualisée d’un enseignement spirituel intemporel, l’essence de toutes les religions", j'ai surtout l'impression que nul n'est plus éloigné de la vérité que cet homme qui prétend l'enseigner. Il ne "reformule" pas l'enseignement des religions, il le dénature et de toute évidence, ne le comprend même pas.
Les MOTS, dans la religion et tout particulièrement dans les religions abrahamiques (et y compris dans la Kabbale) ne sont pas des "panneaux de signalisation". Le VERBE divin, créateur, unique y est une constante, il n'est pas un panneau de signalisation, il EST. De la Genèse aux écrits de la Kabbale en passant par les Évangiles on retrouve ces références. "
Et Dieu dit que la lumière soit, et la lumière fut" (la Genèse). C'est l'incarnation des idées. Ce n'est pas pour rien que l'on pèche en parole, que "ce qui souille un homme n'est pas ce qui entre dans sa bouche mais ce qui en sort" (Évangiles), les mots tissent un lien entre le monde d'en haut et celui d'en bas. C'est un concept tellement basique et omniprésente qu'en passant à côté, je vois mal comment il pourrait prétendre "enseigner" quoi que ce soit sur "l'essence des religions".
Idem lorsqu'il dit que " la chose la plus importante qui puisse arriver à un être humain est le processus de séparation entre la pensée et la conscience" et que "La première cause de malheur n’est jamais la situation mais vos pensées à son sujet", je ne prétends même pas que cela est faux, mais que cela est tout bonnement monstrueux.
Tu pourras me parler à nouveau de ma conception basiquement dualiste du monde, je te répondrais qu'à partir du moment où un être sensible arrive à ce stade de détachement, il y laisse son humanité.
Le processus de séparation entre la pensée et la conscience n'est pas la "la chose la plus importante" qu'il puisse arriver à un homme mais
la pire. La pensée est le moteur de l'acte et le but à atteindre (s'il doit y en avoir un) est la pleine conscience et non l'inconscience. Qu'il puisse il y avoir un bénéfice à prendre du recul face à ses émotions, comme certains le font en méditation ou dans la prière, certes, mais si séparation il doit y avoir c'est uniquement avec le ressenti et non avec la conscience.
Quant à son autre phrase: "la première cause de malheur n’est jamais la situation mais vos pensées à son sujet", elle ne vaut pas mieux.Ce genre de message ne libère pas, il emprisonne la pensée, il est même négation de la pensée. Donc pour lui, des gosses qui meurent sous des bombes afin qu'un pays déjà richissime s'assure de maintenir sa super-puissance ce n'est pas une cause de malheur justifiée mais le véritable malheur résiderait en ce que cette situation nous touche ? Mais c'est quoi cette philosophie inhumaine ?! De plus, encore une fois, il passe à côté des principes fondamentaux religieux. Si l'un des commandement les plus sacré est: Tu ne tueras point, l'un des commandement de vie les plus sacré pour un Chrétien (et un musulman aussi d'ailleurs) est de ne pas laisser commettre d'injustice sans réagir (ouaip après avoir laissé crucifier le fils de Dieu et que Pierre eut renié 3 fois le Christ, on en a tiré quelques leçons) et de combattre le mal. Comment se type peut prétendre s'inspirer de l'Ancien Testament, de la Bible et du soufisme alors même qu'il fait abstraction de l'idée du mal, du bien, du juste, de l'injuste ? Il en fait quoi de l'âme dans son infâme medley religieux ? Il dit s'inspirer du Bouddhisme Zen il ne prend que ce qui lui plait, quid du Karma dans son apologie de la passivité (alors que le mot lui-même signifie action) ? Eux aussi ont leur 10 Kai quand nous avons nos 10 commandements, à quoi servent-ils finalement si il n'y a ni bien ni mal ?
Gillesdharma a écrit :L'application à grande échelle est illusoire de toute façon.
A partir du moment où l'on prétend détenir la vérité et la diffuser, qu'elle devient donc dicible, elle constitue un Dogme. Le but de cet Eckhart étant de répandre la Vérité ou plutôt SA vérité, il cherche obligatoirement une application à grande échelle. Le problème principal c'est que lorsque l'on recherche à diffuser une soit-disant Vérité à créer un nouveau Dogme, mais que l'on ne s'inquiète pas des répercutions à grandes échelles, du bien commun, on en vient vite à jouer pour le camp adverse. Ça arrive quand on s'inquiète plus du nombre de bouquins vendus que de l'avenir (tout en prônant le dénuement mais en vendant une fortune le temps passé en sa compagnie, sinon c'est pas drôle).
Krishnamurti semble penser différemment puisque selon lui il n'y à pas qu'un chemin vers la Vérité mais chacun peut trouver le sien. Malheureusement pour lui, l'ONU et les USA en on décidés autrement et après l'avoir décoré se sont largement inspirés de ses œuvres pour les remanier et les diffuser. Il faut dire que sa vision de la Nation comme étant la source de tous les conflits puisqu'elle divise l'humanité leur plait pas mal. Un peu comme sa conception de l'individualité : "L’individualité est le nom, l’apparence et la culture superficielle qu’on acquiert par la tradition et par le milieu." qu'il faudrait détruire pour arriver à la Vérité c'est pourquoi il prône une "éducation alternative". Je vois bien ce qu'on peut détruire en faisant cela, un peu moins ce que l'on peut créer et/ou transmettre. Je vois surtout des conséquences désastreuses à ces éducations alternatives.
Gillesdharma a écrit :Krishnamurti a une approche plus technique me semble t-il.
Je dirais qu'il à une approche plus tangible, il s'appuie sur des textes et s'il les critique ou s'en inspire, il ne les dénature pas (du moins de ce que j'ai pu en voir). De plus, il à l'intelligence de combattre une portée Dogmatique de ses œuvres, dommage qu'il n'ai pas su s'entourer.
Gillesdharma a écrit :C'est un débat intéressant malgré tout.
Assez, oui ^^
Gillesdharma a écrit :Ils prônent effectivement, l'observation de soi-même, les mécaniques parfois inconscientes, qui, parfois sont rigolotes à observer justement.
Oui, mais pas que. Et j'ai comme ma petite idée que c'est justement parce que sa vision est complexe, qu'elle à été diffusée. Pour que beaucoup finissent par voir justement "l'observation de soi-même" alors que le but premier était le "dépassement de l'égo". Dans notre société de consommation auto-centrée, il était inévitable qu'on finisse par ne retenir que ça, qu'on le simplifie de cette manière.
Gillesdharma a écrit :L'idée de l'idée ça use la réflexion.
Non, ça la fausse.