- 10 août 2016, 03:45
#1182718
Allez, comme Louminet a fait l'effort, je me jette à l'eau. Je reprends donc sur le bonzaï, qui m'a inspiré.
Empereur sans laurier, dans ma pourpre ternie,
Lambeaux d'une chlamyde sur mes lambeaux de flancs,
J'arpente les allées de mon jardin honni,
Où le silence même ricane en persiflant.
J'y promène ma honte, de rubrique en rubrique,
De sujet en sujet, quand trop le vin me lasse,
Et toute ma livrée, et tous mes domestiques,
S'esclaffent en me guettant : "Un quasi-roi qui passe !"
Pour filtrer mon courtil, en lieu de tamisat,
On a laissé courir la valériane en fuite* :
Une "herbe-à-la-meurtrie", une rose Elieza,
En mitige les sols depuis soixante-dix-huit.
Au centre du verger, le cerisier vivace,
Hasarde sur chacun sa pénombre aigre-douce,
Et sous ses blanches fleurs**, les oisillons bavassent,
Qui goûtant ses fruits noirs**, étouffent et meurent. Tous.
Je ne sais plus sa race, mais je la crois nippone,
Mon arboriculteur le surnommait "Tenbu",
Il goûtait comme moi l'humeur un rien friponne,
De cet arbre de vie dont la mort est tribut**.
Mais il ne serait rien sans mes folles tonnelles,
Charmilles débridées, plus féroces que l'hydre :
De chaque fleur tombée, trois boutures nouvelles,
Cet ornement des rois, la liliale lilydr ...***
Il se fait tard déjà, et voilà qu'immature,
Tout au fol excès de cette étrange douma****,
Je manquais d'oublier et ma triste posture,
Et mon frère de malheur, l'infortuné Louma :
Un bonzai torturé, contre une croix de pierre.
[... susssssssspense ...]
Puisse-t-il me veiller, alors que la nuit tombe !
Et pour lui, et pour moi, une courte prière,
Près de la croix, un trou. Et Louma sur ma tombe.
* Ouais, je suis d'accord, la valériane "court pas en fuite". Merci de péter mon flow, ducon, je suis déjà au courant. En même temps, comme rime riche avec "78", il ne me venait rien de plus facile. Allez, hop ! Licence poétique dans ton cul : je fais pousser de la valériane en grappes, et puis c'est tout.
** Putain, comment je gère ! "L'arbre de vie et de mort", "les blanches fleurs et les fruits noirs" ... J'me kiffe, franchement, on dirait la légende des siècles.
*** Je suis assez content de mon assonance super-combo, là, par contre. Si la poésie se jouait comme Street Fighter IV, t'aurais mangé cher dessus.
**** En même temps, avec "Louma", c'est pas compliqué : c'était tout connement la seule rime riche possible ! J'ai même vérifié dans le dico du scrabble par pure frustration. Et puis bon, "un parlement de fleurs", ça se joue encore à peu près, même si je mords un peu sur la ligne. Faîtes pas chier, quoi ... c'est déjà classe que je m'en souvienne depuis les cours de quatrième, de cette foutue douma.
Empereur sans laurier, dans ma pourpre ternie,
Lambeaux d'une chlamyde sur mes lambeaux de flancs,
J'arpente les allées de mon jardin honni,
Où le silence même ricane en persiflant.
J'y promène ma honte, de rubrique en rubrique,
De sujet en sujet, quand trop le vin me lasse,
Et toute ma livrée, et tous mes domestiques,
S'esclaffent en me guettant : "Un quasi-roi qui passe !"
Pour filtrer mon courtil, en lieu de tamisat,
On a laissé courir la valériane en fuite* :
Une "herbe-à-la-meurtrie", une rose Elieza,
En mitige les sols depuis soixante-dix-huit.
Au centre du verger, le cerisier vivace,
Hasarde sur chacun sa pénombre aigre-douce,
Et sous ses blanches fleurs**, les oisillons bavassent,
Qui goûtant ses fruits noirs**, étouffent et meurent. Tous.
Je ne sais plus sa race, mais je la crois nippone,
Mon arboriculteur le surnommait "Tenbu",
Il goûtait comme moi l'humeur un rien friponne,
De cet arbre de vie dont la mort est tribut**.
Mais il ne serait rien sans mes folles tonnelles,
Charmilles débridées, plus féroces que l'hydre :
De chaque fleur tombée, trois boutures nouvelles,
Cet ornement des rois, la liliale lilydr ...***
Il se fait tard déjà, et voilà qu'immature,
Tout au fol excès de cette étrange douma****,
Je manquais d'oublier et ma triste posture,
Et mon frère de malheur, l'infortuné Louma :
Un bonzai torturé, contre une croix de pierre.
[... susssssssspense ...]
Puisse-t-il me veiller, alors que la nuit tombe !
Et pour lui, et pour moi, une courte prière,
Près de la croix, un trou. Et Louma sur ma tombe.
* Ouais, je suis d'accord, la valériane "court pas en fuite". Merci de péter mon flow, ducon, je suis déjà au courant. En même temps, comme rime riche avec "78", il ne me venait rien de plus facile. Allez, hop ! Licence poétique dans ton cul : je fais pousser de la valériane en grappes, et puis c'est tout.
** Putain, comment je gère ! "L'arbre de vie et de mort", "les blanches fleurs et les fruits noirs" ... J'me kiffe, franchement, on dirait la légende des siècles.
*** Je suis assez content de mon assonance super-combo, là, par contre. Si la poésie se jouait comme Street Fighter IV, t'aurais mangé cher dessus.
**** En même temps, avec "Louma", c'est pas compliqué : c'était tout connement la seule rime riche possible ! J'ai même vérifié dans le dico du scrabble par pure frustration. Et puis bon, "un parlement de fleurs", ça se joue encore à peu près, même si je mords un peu sur la ligne. Faîtes pas chier, quoi ... c'est déjà classe que je m'en souvienne depuis les cours de quatrième, de cette foutue douma.