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Lectures, sorties, films... Et toutes ces choses dignes d'intérêt...
par Elieza
#1299821
Quelques fois dans ma nuit, il m'arrive d'en avoir marre de tourner en rond sans avoir quelqu'un a serrer dans mes bras.
Je hais cette ordure ordinaire qui est ma seule compagnie alors que je saigne et que le monde saigne et qu'il s'en fout, vautré dans sa médiocrité.
J’exècre les gens normaux qui s'accommodent si bien de la banalité et des réflexes conditionnés de la conversation courtoise, ces gens qui peuvent parler comme je meurs-ou vis- sans y penser- ces gens me font douter l'espace d'un instant de toute l'humanité, l'espace d'un verre a moitié vide, alors que je me saoule de souffrance innommée (et ils seraient de ceux là? je ne peux y croire...)
Comme tout serait simple alors, et comme je les haïrais s'il n'y avait ces lueurs, perdues au fond de leurs yeux, sous ce soleil de plomb, dans ce désert surpeuplé.
Il m'arrive de penser que là bas il y aurait quelqu'un, et je me prendrais a haïr les habitudes de la routine et les caresses quotidiennes-le reste de l'ennui-
Quelques fois dans ma nuit, les montres s’arrêtent et le temps dure et s'étend comme une immortalité sereine et ennuyeuse.

Mais qui connait ma nuit? Qui connait la solitude de l'Autre?
Il aurait fallu qu'un jour bien au delà d'une simple étreinte on ait le temps de se dire le fond de nos pensées- 3 mots, 4 phrases, 1 sourire pour que nos vies fussent différentes. Mais celà n'a plus d'importance au soir.
J'oublie, je m'oublie et je deviens une abstraction-sous la neige qui fera demain la boue de nos jours ordinaires.
On en peut pas être grand tout le temps, même a 1m80 d'altitude humanoïde, on ne peut pas être la non plus tout le temps, c'est à ne plus plus savoir, pour cause d'arnaque, de fumisterie ambiante, c'est à se dire que le monde, en système cloitré, nous baise jusqu'au plus profond de nous même, c'est à se dire qu'on est de ce monde servile et répugnant qui a déja gagné.

"Désormais" j'attends le murissement des fruits sur l'arbre de nos jours qui s'écoulent, mais la pourriture est si tenace que je ne sais lequel de nous arrivera en premier.
Et je m’écœure à force d'attente, de repos forcé, de rencontres gâchées, de rencontres manquées.

Pourtant, il y a peut être un ou deux milliards d'êtres que j'aurais pu aimer.

Dans mon dos je sens les courants d'air glacés, mais je continue à marcher vers ce but improbable qui devrait me rendre a moi même, car le jour finit toujours par se lever, parfois hélas trop tôt.

Je suis dans le désert, quoi d'étonnant que je le peuple de fantasmes que le sommeil dissipe dans les vapeurs de l'acide.
Il y a foule d'images de vivants et de morts sur les parois de mon esprit et j'écris des pages de littérature hermétique (pléonasme) histoire d'être moins seule.
Quelques fois dans ma nuit, je vis mon fantasme jusqu'à sa limite, tellement il est facile de pleurer, tellement il est difficile, passées certaines heures, de démêler le rôle d'un appel au secours.
(Criez pour moi, mais criez pour moi, que je n'ai plus de doutes!)
L'ordure, la saloperie, c'est le doute de l'un, la certitude de l'autre, question de mots, de vocabulaire, de préjugés...
miu ont aimé ça
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par -Numéro 7
#1299836
Elieza a écrit : 20 mars 2019, 09:52
Numéro 7 a écrit : 20 mars 2019, 01:23 C’est de toi ?
oui, il y a très longtemps (1997)
Très longtemps, oui - on avait même pas 20 ans ! ^^

J’aime beaucoup ces mots que tu as écris
par Elieza
#1299840
Numéro 7 a écrit : 20 mars 2019, 14:31
Elieza a écrit : 20 mars 2019, 09:52
Numéro 7 a écrit : 20 mars 2019, 01:23 C’est de toi ?
oui, il y a très longtemps (1997)
Très longtemps, oui - on avait même pas 20 ans ! ^^

J’aime beaucoup ces mots que tu as écris
J' y étais presque :) à mes 20 ans

Merci :bisou:
par -Numéro 7
#1310429
GRACIAS A LA VIDA

Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me dio dos luceros que cuando los abro
Perfecto distingo lo negro del blanco
Y en el alto cielo su fondo estrellado
Y en las multitudes el hombre que yo amo
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me ha dado el oído que en todo su ancho
Cada noche y días
Grillos y canarios, martillos, turbinas
Ladridos, chubascos
Y la voz tan tierna de mi bien amado
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me ha dado el sonido y el abecedario
Con el las palabras que pienso y declaro
Madre, amigo, hermano y luz alumbrando
La ruta del alma del que estoy amando
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me ha dado la marcha de mis pies cansados
Con ellos anduve ciudades y charcos
Playas y desiertos, montañas y llanos
Y la casa tuya, tu calle y tu patio
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me dio el corazón que agita su marco
Cuando miro el fruto del cerebro humano
Cuando miro el bueno tan lejos del malo
Cuando miro el fondo de tus ojos claros
Gracias a la vida que me ha dado tanto
Me ha dado la risa y me ha dado el llanto
Así yo distingo dicha de quebranto
Los dos materiales que forman mi canto
Y el canto de ustedes que es el mismo canto
Y el canto de todos que es mi propio canto

Violeta Parra
Avatar du membre
par miu
#1333568
Vu que ma jolie Numéro 7 en parle souvent de ce sujet dont on a arrêté de poster depuis un bon bout de temps, je le ressuscite.

Je poste ici un de mes poèmes écrits en vietnamien à l'origine, publié dans un journal du pays il y a plus de 10 ans, et traduit en anglais par une amie vietnamienne car elle a adoré le poème en vietnamien.

Tout le remerciement à elle. Et je vous partage sa version en anglais ; )


Guitara Espana

(from poem by LTV)

Where to go on Sunday?
The street down there in the sun so sad
For me to sip this loneliness
By this balcony

A flower branch waving in the wind
A bird flying
Made a dark sign in the sky
A kiss
Like a perished cigarette, like winter’s jacinthe

I am not sad
Just leaning on the window
Like leaning on a shoulder
Just sitting on the floor
Moving the feet
And miss the Flamenco away away

Don’t be bother, I can’t express out
Neither compose a tragedy gitane
Where the bohémienne girl met the son of wind
And the story has been told by the brown guitar
In the eyes of old guitarist from Andalousia

Darling, tell me if
Love is an orange
Love is honey suney

In the deep deep nights
Horse feet sound the hill.

Under the palace’s chapels
From green olive garden
Paintings lay quietly in the wood frame
The sculptures seems never smile
Dusted canons craved with flowers in museum
The benches in odyssey waiting for watchers
The bridge blooming yellow flower
On the hill side sheep eating slowly
Riverside lovers date and separate

All tell me that

Love is
The church’s bell
In the rain
Broken quietly

My dear, let’s turn back to the sea
Horizon sunset doesn’t reply your pray
For the red sails
Waiting hurts faith

Let’s go, no need to be far
Just walk so slowly, slowly in the old temple
Behind the wall are music frames
In each frame, we have a gift

Violin, you please be, for a smile
like Blue Danube in Gaudi garden
And me, I will be a guitara
Black and bitter as Vietnamese girl’s eyes
Silently dump in the story
About the love
Of the bohémienne girl and the wind’s son

Ate tapas in Santa Cruz
Drank sangria in a late bar
Climed up hills
Went down to the sea
Experienced all rain and sunny
Did…
Oh come on, I am not sad

It’s just because this noon the sunny is so blue
Just because the bell on Sunday suddenly sings
In the old time, Pauxtopxki taught me to recognize
The life time beauty in seemingly short normal things
But he forgot to tell
How did characters live after the most beautiful things have really gone?

March 2011, Vietnamese poème by Lan. Traduction of Huong Bi.
Janysse ont aimé ça
par -Numéro 7
#1333574
AUTOMNE

Automne, automne, automne, oh,
La saison de l’ancolie
La saison où les tonneaux
Se remplissent de folie,

Saison du blaireau, du loir
Et des premiers doigts du froid,
Bords de la Loire ou du Loir
— Monte la fumée des rois —

Automne, automne, automne, oh,
Un maigre fagot de bois
Des paraphes infernaux
Sur le ciel glacé de droit,

Puis des brumes ravigotes,
Des écharpes de velours,
Des guivres, des matelotes
Des rumeurs et des tambours

Automne, automne, automne, oh.
C’est la rentrée des écoles,
C’est la rentrée des tonneaux
Des rouliers de Picrochole.

La poix des matins des soirs.
Jeux brutaux et têtes-bêches,
Le morne ennui des dortoirs.
Les souliers et les bobèches.

Automne, automne, oh, chenu
Mon coeur se fond d’amertume
Les bois, les taillis sont nus
Le givre aux lampes s’allume.

Mon enfance vous évoque
Tandis qu’un soleil léger
Pâle comme oeuf à la coque
S’élève sur les vergers.

Oh garde-moi ma présence
Là-bas près des figuiers bleus
J’y reconnais mon enfance
Mon petit sarrau de serge

Sous le regard des persiennes
Où dorment ceux que j’aimais
J’y entends des voix anciennes
Qui ne se tairont jamais.

(Maurice Fombeure)
Georges I. Abdamiaou ont aimé ça
par -Numéro 7
#1333602
Le temps passe, et il est implacable, et il lave avec lui les souvenirs jusqu'a en faire des cartes postales aux couleurs un peu ternes, mais tendres.
Ca doit être ça, grandir.

De la poëtesse Elieza... - Sagesse in progress ^^
miu ont aimé ça
par -Numéro 7
#1333603
LORSQUE L'ENFANT PARAÎT

Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d'un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l'appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.

Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l'âme
Qui s'élève en priant ;
L'enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poètes saints ! la grave causerie
S'arrête en souriant.

La nuit, quand l'homme dort, quand l'esprit rêve, à l'heure
Où l'on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L'onde entre les roseaux,
Si l'aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d'oiseaux.

Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez ;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S'emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !

Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies,
N'ont point mal fait encor ;
Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange,
Tête sacrée ! enfant aux cheveux blonds ! bel ange
À l'auréole d'or !

Vous êtes parmi nous la colombe de l'arche.
Vos pieds tendres et purs n'ont point l'âge où l'on marche.
Vos ailes sont d'azur.
Sans le comprendre encor vous regardez le monde.
Double virginité ! corps où rien n'est immonde,
Âme où rien n'est impur !

Il est si beau, l'enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !

Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j'aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l'été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !

Victor Hugo
par -Numéro 7
#1333640
LA MER

Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt.
 
La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage,
Au profond de son lit de nacre inviolé
Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage,
Sous le seul regard pur du doux ciel étoilé.
 
La mer aime le ciel : c’est pour mieux lui redire,
À l’écart, en secret, son immense tourment,
Que la fauve amoureuse, au large se retire,
Dans son lit de corail, d’ambre et de diamant.
 
Et la brise n’apporte à la terre jalouse,
Qu’un souffle chuchoteur, vague, délicieux :
L’âme des océans frémit comme une épouse
Sous le chaste baiser des impassibles cieux.

Nérée Beauchemin
par -Numéro 7
#1333641
À L’OCÉAN

Océan, que vaux-tu dans l'infini du monde ?
Toi, si large à nos yeux enchaînés sur tes bords,
Mais étroit pour notre âme aux rebelles essors,
Qui, du haut des soleils te mesure et te sonde ;

Presque éternel pour nous plus instables que l'onde,
Mais pourtant, comme nous, œuvre et jouet des sorts,
Car tu nous vois mourir, mais des astres sont morts,
Et nulle éternité dans les jours ne se fonde.

Comme une vaste armée où l'héroïsme bout
Marche à l'assaut d'un mur, tu viens heurter la roche,
Mais la roche est solide et reparaît debout.

Va, tu n'es cru géant que du nain qui t'approche :
Ah ! Je t'admirais trop, le ciel me le reproche,
Il me dit : « Rien n'est grand ni puissant que le Tout !

René-François Sully Prudhomme
par Janysse
#1333659
there is nothing wrong with you
this is growth
this is transformation
protecting yourself
getting lost in the noise
figuring it out
feeling used
uncared for
losing hope
burning out
this is fear
this is processing
this is surviving
this is being alive

journey - rupi kaur
Avatar du membre
par Georges I. Abdamiaou
#1333662
Numéro 7 a écrit : 04 août 2022, 14:25 Ah ! merci de Janysse de déposer un poème... et j'espère d'autres...
OK,
Je n'ai aucune originalité dans ce domaine, donc:


Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d’imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l’abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d’une éternelle cause,
Le Temps scintille et le Songe est savoir.

Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,

Eau sourcilleuse, Œil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous un voile de flamme,
Ô mon silence !… Édifice dans l’âme,
Mais comble d’or aux mille tuiles, Toit !

Temple du Temps, qu’un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m’accoutume,
Tout entouré de mon regard marin ;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l’altitude un dédain souverain.

Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l’âme consumée
Le changement des rives en rumeur.

Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change !
Après tant d’orgueil, après tant d’étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m’abandonne à ce brillant espace,
Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m’apprivoise à son frêle mouvoir.


L’âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié !
Je te rends pure à ta place première :
Regarde-toi !… Mais rendre la lumière
Suppose d’ombre une morne moitié.

Ô pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
Auprès d’un cœur, aux sources du poème,
Entre le vide et l’événement pur,
J’attends l’écho de ma grandeur interne,
Amère, sombre, et sonore citerne,
Sonnant dans l’âme un creux toujours futur !

Sais-tu, fausse captive des feuillages,
Golfe mangeur de ces maigres grillages,
Sur mes yeux clos, secrets éblouissants,
Quel corps me traîne à sa fin paresseuse,
Quel front l’attire à cette terre osseuse ?
Une étincelle y pense à mes absents.

Fermé, sacré, plein d’un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d’or, de pierre et d’arbres sombres,

Où tant de marbre est tremblant sur tant d’ombres ;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux !

Chienne splendide, écarte l’idolâtre !
Quand, solitaire au sourire de pâtre,
Je pais longtemps, moutons mystérieux,
Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes,
Éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux !

Ici venu, l’avenir est paresse.
L’insecte net gratte la sécheresse ;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l’air
À je ne sais quelle sévère essence…
La vie est vaste, étant ivre d’absence,
Et l’amertume est douce, et l’esprit clair.

Les morts cachés sont bien dans cette terre
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même…
Tête complète et parfait diadème,
Je suis en toi le secret changement.

Tu n’as que moi pour contenir tes craintes !

Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
Sont le défaut de ton grand diamant…
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres,
Un peuple vague aux racines des arbres
A pris déjà ton parti lentement.

Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L’argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs !
Où sont des morts les phrases familières,
L’art personnel, les âmes singulières ?
La larve file où se formaient des pleurs.

Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu !

Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
Qui n’aura plus ces couleurs de mensonge
Qu’aux yeux de chair l’onde et l’or font ici ?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse ?
Allez ! Tout fuit ! Ma présence est poreuse,

La sainte impatience meurt aussi !

Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse !
Qui ne connaît, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel !

Pères profonds, têtes inhabitées,
Qui sous le poids de tant de pelletées,
Êtes la terre et confondez nos pas,
Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N’est point pour vous qui dormez sous la table,
Il vit de vie, il ne me quitte pas !

Amour, peut-être, ou de moi-même haine ?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir !
Qu’importe ! Il voit, il veut, il songe, il touche !
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d’appartenir !

Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Élée !
M’as-tu percé de cette flèche ailée

Qui vibre, vole, et qui ne vole pas !
Le son m’enfante et la flèche me tue !
Ah ! le soleil… Quelle ombre de tortue
Pour l’âme, Achille immobile à grands pas !

Non, non !… Debout ! Dans l’ère successive !
Brisez, mon corps, cette forme pensive !
Buvez, mon sein, la naissance du vent !
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme… Ô puissance salée !
Courons à l’onde en rejaillir vivant !

Oui ! Grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l’étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil,

Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs !

Paul Valéry - Le cimetière marin
par -Numéro 7
#1333663
" OK,
Je n'ai aucune originalité dans ce domaine, donc: "

Poste ceux que tu aimes... moi ça me fera plaisir de les découvrir... et je suis certaine qu'ils sauront " trouver leur public " pour reprendre l'expression de Lilydr...
Modifié en dernier par -Numéro 7 le 04 août 2022, 15:24, modifié 2 fois.
par Janysse
#1333664
Numéro 7 a écrit : 04 août 2022, 14:25 Ah ! merci de Janysse de déposer un poème... et j'espère d'autres...
C'est une poétesse toute jeune qui écrit sur l'amour, la perte, le traumatisme, la migration, la féminité, la violence, la reconstruction, etc. Je lis ce poème tous les jours, il m'aide à me rappeler que je ne suis pas seule à traverser cette souffrance, et qu'elle prendra fin un jour.

Bisous :bisou:
par -Numéro 7
#1333665
Janysse a écrit : 04 août 2022, 15:23
Numéro 7 a écrit : 04 août 2022, 14:25 Ah ! merci de Janysse de déposer un poème... et j'espère d'autres...
C'est une poétesse toute jeune qui écrit sur l'amour, la perte, le traumatisme, la migration, la féminité, la violence, la reconstruction, etc. Je lis ce poème tous les jours, il m'aide à me rappeler que je ne suis pas seule à traverser cette souffrance, et qu'elle prendra fin un jour.

Bisous :bisou:
:bisou:
Avatar du membre
par Georges I. Abdamiaou
#1333666
Numéro 7 a écrit : 04 août 2022, 15:14 " OK,
Je n'ai aucune originalité dans ce domaine, donc: "

Poste ceux que tu aimes... moi ça me fera plaisir de les découvrir... et je suis certaine qu'ils sauront " trouver leur public " pour reprendre l'expression de Lilydr...
C'est mon préféré, pour "le vent se lève, il faut tenter de vivre"
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