- 26 févr. 2015, 17:59
#1003561
Ce livre m'apaise en fait, je le vois à la fois comme un poison et un remède.
Mais je révise peu à peu mon jugement, je reste persuadé que cette échelle de valeur est et sera toujours subjective.
Pour certains Stravinsky était un bruitiste sans talent, qui méritait d'être hué. Pour moi c'est un artiste audacieux.
Alors quels repères fixer?
La modernité ? Nous n'avons pas assez de recul pour juger de l'impact qu'auront certaines oeuvres ]actuellesplus tard. On peut toujours gager que telle ou telle oeuvre laissera une marque et sera le chef de file qui en influencera bien d'autres. Bon, évidemment qu'Orelsan n'aura jamais l'envergure d'un grand compositeur, ou que Morandini n'aura pas sa place dans les livres d'Histoire, mais pour beaucoup d'autres artistes ça se discute beaucoup plus.
De mon côté j'écoute (enfin, moins maintenant) beaucoup de metal, et des groupes comme Atheist ou Deathspell Omega, pour prendre deux exemple très différents de mes écoutes récentes, sont inaudibles pour le commun des mortels. Pourtant le niveau technique est élevé, le feeling et l'ambiance sont travaillés, les compositions sont racées avec une identité très marquée.
Qu'est-ce que c'est la musique "digne d'intérêt"? Je crois que ça correspond simplement à ce qu'on y cherche. Un ptit gars ado un peu geek qui écoute Orelsan parce que ça lui parle, parce que c'est facile d'accès n'aura que faire de la septième de Ludwig. Tu peux même vouloir le convaincre que ça peut être cool, moderne pour l'époque, lui montrer Clockwork Orange et espérer qu'il soit séduit par le côté subversif, si il s'en fout, il s'en fout. Tu peux toujours tenter de convaincre la fan gothique transie d'Indochine qu'Une nuit sur le Mont Chauve est une oeuvre majeure et sombre, prenante et tonitruante, tu peux mais ça n'aura probablement pas d'impact, parce que son capital culturel ne sera pas le même que le tien, ce qui ne signifie pas qu'il n'a pas de raison d'être. La culture populaire peut satisfaire les gens, pour autant qu'ils aient quand même conscience qu'autre chose existe.
Moi par exmeple je me mets au rock plus mainstream ces temps-ci, j'écoute des trucs plus joyeux, plus rock'n'roll, parfois garage, souvent sucrés, souvent optimiste, plus simples niveau compo, plus accessibles. Et pourtant je sais que qualitativement je "régresse" mais je sais aussi que l'état dans lequel ce genre de musique me plonge est plus atrayant que si j'écoute le Kénôse de DSO dont j'ai parlé plus haut. Le feeling ça se mesure pas...
Au passage j'aime bien Odezenne, je connaissais pas.
Perdu de Recherche a écrit :J'ai commencé "Les Chants de Maldoror" et ça me botte bien.C'est évidemment plus jouissif et punchy à 15 ans qu'à ton âge. Mais ça reste une curiosité charmante.Voilà, c'est un cri de douleur très adolescent, un état que je pense ne pas avoir encore dépassé, manque de repère, peu de répit envers moi-même, et un manque de maturité évident. C'est aussi ça le but de mon sujet "Rendre le célibat plus supportable"; au delà de pouvoir vivre sans mon ex-copine, c'est aussi apprendre à vivre avec moi-même sur quoi je tente de travailler. Vivre avec soi ça veut dire me supporter mais aussi supporter l'absence de personne réconfortante. Bref je m'égare là, c'est pas le sujet, et ça vire au mélo
Ce livre m'apaise en fait, je le vois à la fois comme un poison et un remède.
Je ne m'octroie aucun monopole sur le bon goût et n'ai jamais refusé d'écouter la contradiction, sur ce sujet comme sur les autres. Le truc avec Olivia était d'une autre nature : j'ai beaucoup de mal à supporter la mauvaise foi et le réductionnisme solipsiste. Le plan "Hugo ou Morandini, c'est pareil, affaire de goûts", "Orelsan et Bach sont deux artistes de divertissement objectivement égaux", ce genre de conneries, sur mon barème, ça vaut une balle dans la gueule. Non pas parce que c'est crétin ou sacrilège (j'endure avec bonhommie les idiots et les blasphémateurs depuis assez longtemps), mais parce que ça illustre le pire usage possible de la mauvaise foi : générer de la laideur et abîmer le sens et la valeur des choses, en ciblant les plus belles. Ca ne grandit ni Orelsan ni Morandini, mais par contre, ça fait croire à ceux qui n'auraient pas pris la peine de les rencontrer que Hugo ou Bach n'ont rien de plus à offrir que les autres "animateurs". C'est donc selon ma grille de lecture une fraude, au sens vrai du terme. Faire croire aux naïfs que la merde vaut l'or, ça ne rend pas la merde plus désirable, mais ça abîme l'or. J'ai du mal à croire que la connerie ou le mauvais goût suffisent à défendre ce genre d'inepties, et qu'ils ne cachent pas de mauvaises intentions ou la haine du beau. Ce qui fait la différence entre une erreur et une faute.J'ai souvent tenu ce discours, en plus concis par contre ( ), ça ne m'a pas apporté que du bien tu t'en doutes. Je considère aussi que si il n'y a pas d'échelle de valeur claire et objective, si on ne se réfère pas à certains artistes qui ont fait leurs preuves, on se perd dans un relativisme qui fait dire tout et n'importe quoi.
En ce qui me concerne, j'écoute beaucoup de choses, y compris du rap. Je trouve ça assez mauvais, de manière générale, mais je continue à faire l'effort d'aller voir ce qui se fait, régulièrement. Et de temps en temps je trouve un truc rigolo, comme ça. Ca n'a rien de sensationnel, mais ça s'écoute sans douleur, déjà.
Mais je révise peu à peu mon jugement, je reste persuadé que cette échelle de valeur est et sera toujours subjective.
Pour certains Stravinsky était un bruitiste sans talent, qui méritait d'être hué. Pour moi c'est un artiste audacieux.
Alors quels repères fixer?
La modernité ? Nous n'avons pas assez de recul pour juger de l'impact qu'auront certaines oeuvres ]actuellesplus tard. On peut toujours gager que telle ou telle oeuvre laissera une marque et sera le chef de file qui en influencera bien d'autres. Bon, évidemment qu'Orelsan n'aura jamais l'envergure d'un grand compositeur, ou que Morandini n'aura pas sa place dans les livres d'Histoire, mais pour beaucoup d'autres artistes ça se discute beaucoup plus.
De mon côté j'écoute (enfin, moins maintenant) beaucoup de metal, et des groupes comme Atheist ou Deathspell Omega, pour prendre deux exemple très différents de mes écoutes récentes, sont inaudibles pour le commun des mortels. Pourtant le niveau technique est élevé, le feeling et l'ambiance sont travaillés, les compositions sont racées avec une identité très marquée.
Qu'est-ce que c'est la musique "digne d'intérêt"? Je crois que ça correspond simplement à ce qu'on y cherche. Un ptit gars ado un peu geek qui écoute Orelsan parce que ça lui parle, parce que c'est facile d'accès n'aura que faire de la septième de Ludwig. Tu peux même vouloir le convaincre que ça peut être cool, moderne pour l'époque, lui montrer Clockwork Orange et espérer qu'il soit séduit par le côté subversif, si il s'en fout, il s'en fout. Tu peux toujours tenter de convaincre la fan gothique transie d'Indochine qu'Une nuit sur le Mont Chauve est une oeuvre majeure et sombre, prenante et tonitruante, tu peux mais ça n'aura probablement pas d'impact, parce que son capital culturel ne sera pas le même que le tien, ce qui ne signifie pas qu'il n'a pas de raison d'être. La culture populaire peut satisfaire les gens, pour autant qu'ils aient quand même conscience qu'autre chose existe.
Moi par exmeple je me mets au rock plus mainstream ces temps-ci, j'écoute des trucs plus joyeux, plus rock'n'roll, parfois garage, souvent sucrés, souvent optimiste, plus simples niveau compo, plus accessibles. Et pourtant je sais que qualitativement je "régresse" mais je sais aussi que l'état dans lequel ce genre de musique me plonge est plus atrayant que si j'écoute le Kénôse de DSO dont j'ai parlé plus haut. Le feeling ça se mesure pas...
Au passage j'aime bien Odezenne, je connaissais pas.