Bidule a écrit :C'est moi, ou tu as ajouté un 5°) après coup ?
Les messages édités sont marqués "Edité X fois". Sauf dans un certain nombre de cas, sans intérêt au demeurant.
Bidule a écrit :En tout cas, je ne sais pas si c'est l'effet de la première séance d'acupuncture, mais ce soir j'avais vraiment FAIM, ce qui ne m'était pas arrivé depuis un certain nombre de semaines.
L'acupuncture bien pratiquée est rare. Mais si tu es tombée sur un bon, tant mieux.
Bidule a écrit :Je suis convaincue des bienfaits de la méditation.
Pourquoi ? Médite suffisamment et tu cesseras d'être convaincue a priori.
Bidule a écrit :Mais comment faire pour que cela arrête de parler dans la tête?
En cessant de refuser que ça parle dans la tête.
Bidule a écrit :Comment fais-tu?
Je me dis que tous les milieux de propagation ont un indice de réfraction qui déforme le passage de la lumière. J'essaie de faire tendre le mien vers 1 tout rond. Autrement dit, j'essaie de rester pur et libre (traduire : capable de me laisser traverser par n'importe quelle idée, sans la déformer, sans m'y attacher, sans la repousser). Le problème est que la majorité s'imagine que méditer est une manière de s'élever par la pensée. C'est une vision réductrice parce que simultanément trop basse et trop intellectuelle. La méditation est une manière de s'élever en cessant de penser, au sens occidental du terme. Il ne s'agit pas de repousser les bêtises, les pensées "viles" ou grotesques, ou porno. Il ne s'agit pas de se concentrer. Et il ne s'agit pas non plus de "faire le vide dans son esprit" comme on le lit et on l'entend trop souvent. Il s'agit de transformer ses pensées en non-pensées, c'est-à-dire de pouvoir évoquer sans projeter. Laisser venir à soi, et rien qu'à soi. Pas son ego, pas ses traumas, pas ses peurs ni ses attentes : à soi. Plus de passé, plus d'envie, plus de rancoeur, plus de concentration, plus de noblesse, plus de bon sentiment. Il y a une expression toute faite pour cet état (que tu peux traduire facilement par "conscience") : être ici et maintenant. Voilà pour les principes généraux et schématisés, que je ne te donne d'ailleurs que pour ton édification : comme toute non-pensée, la conscience est intransmissible. On peut te la faire vivre, si tu le désires, c'est tout. Te la raconter c'est déjà te fermer la porte à la gueule. J'ai autant de chances de t'expliquer comment marche la méditation que de faire parvenir l'essence d'une rencontre érotique à un puceau, l'extase religieuse à un agnostique ou le ressenti d'un shoot d'héro à qui n'en a pas pris. Si tu veux voir ce qu'est la méditation, fais-en. Le reste, c'est de la littérature et de la culture gé.
Bidule a écrit :Tu te concentres sur ta respiration?
Entre autres. Mais encore, en te laissant utiliser le mot de "concentration", je ne te rends sans doute pas service. "Se concentrer sur" c'est encore une forme de projection. C'est "refuser de faire autrement que", c'est "penser à". C'est extérioriser quelque chose en un mot : si c'est objectif, ce n'est pas nous. Il s'agit de la démarche inverse, pour laquelle il n'existe pas de mot satisfaisant en français. Je pourrais approcher la notion en déformant le sens de certains mots pour l'effleurer. Je pourrais dire "intégrer", je pourrais dire "se noyer dans". Mais encore une fois, cela ne t'apporterait pas grand-chose, car cela ne peut pas vraiment se raconter.
Bidule a écrit :Excuse mon ignorance, c'est quoi le "bardo"?
Une approche eschatologique de certains courants bouddhistes, tibétains en particuliers. Que tu pourrais assimiler aux enfers (le pluriel du mot est important ici). Le zen a ceci de séduisant qu'il s'affranchit de tout parti-pris idéologique, métaphysique et axiologique. On ne te demande pas ce que tu veux, ce en quoi tu crois, ni ce que sont tes valeurs. Tu viens et tu fais. Ou tu te tires. Enfin, je dis "séduisant" ... c'est ce qui m'a plu à moi, qui ne me sentais pas la conscience tranquille et ne pouvais (ni ne voulais) me justifier quand j'ai croisé le zen sur ma route. Mais les femmes ont souvent plus de goût pour des bouddhismes plus colorés comme le bouddhisme tibétain, que j'ai assez peu pratiqué et connais mal. Retiens simplement que le bouddhisme n'est pas une voie mais un faisceau d'écoles, que tu peux retrouver dans une infinité de traditions très diverses (quand elles ne sont pas opposées) et qu'il existe autant de modes de méditation que d'écoles.
Le zen m'a plu parce qu'il était compatible avec mon relativisme moral de l'époque, avec mon dégoût de moi et de l'autre, avec mon passé et mes penchants de l'époque. Mais surtout il m'a plu parce qu'il m'a laissé venir là où le reste voulait "me récupérer" et s'imposer à moi. La première fois que je suis arrivé au dojo (un dojo un peu particulier, très oldschool, même pour du soto zen), j'ai triché. Je les ai pris pour des cons. J'ai voulu feindre une adhésion de principe, mais il n'y avait pas de principes auxquels adhérer. J'ai voulu dire que j'étais content d'être là et que je cherchais la vérité. On m'a répondu, très justement, que je mentais et une ombre que je n'avais pas vu dans mon dos m'a mis un grand coup de bambou sur la nuque, puis les épaules. J'ai rigolé nerveusement, j'ai tremblé, j'ai fait du bruit pour les perturber, et je me suis barré avant la fin parce que j'avais mal aux jambes et que je me faisais chier. En gagnant la porte de sortie, un homme jeune et vieux m'a rendu spontanément les pauvres 2€ de participation à la séance. Et il m'a dit que je pouvais revenir quand je voulais en souriant. C'était celui qui m'avait latté le dos à coups de bambou 20 minutes plus tôt. Le lendemain à 8 heures et tous les jours de la semaine (et du mois) qui ont suivi, j'étais le premier à la porte du dojo. Voilà ce que ce fut pour moi. Si tu veux voir ce que ça peut être pour toi, vas-y.