Cambiare,
T'as de la chance je suis en vacances, et mes marmots sont chez leur père, donc j'ai du temps (enfin j'ai des trucs à faire, mais là je suis en mode procrastination...).
En ce qui concerne ta non envie de sortir ce week-end. Elle est normale.
Si tu savais le nombre de week-end que j'ai passé sur mon canapé, enveloppée dans une couverture, une boite de kleenex dans une main, et un pot de glace dans l'autre, à regarder des films d'amour en pleurant sur mon sort, en maudissant la terre entière de m'infliger une si grande douleur, en maudissant mon ex, et sa next.
Ce qui m'a fait reprendre pied, c'est avant tout le temps que je me suis accordé, c'est d'être à l'écoute de mes sentiments, c'est de me poser la question, chaque jour "De quoi j'ai envie là maintenant tout de suite?" une glace à la vanille, regarder un film drôle, dormir, me légumer dans mon canapé, écrire dans mon journal...
Au fur et à mesure, ses envies sont devenues différentes et elles ont concerné ma maison et non les sorties: Ah tien j'ai envie de repeindre le mur du salon, de ce beau marron que j'avais vu chez castorama, ah tien j'ai envie de mettre une étagère là pour ranger mes livres, ah tien le lustre de ma chambre il est super moche je vais en mette un nouveau...
Et puis ça a encore évoluer, ah tien j'irais bien me faire une petite promenade dans les bois, il fait beau, et ça me fait très envie, ah tien, si j'appelais ma copine rigolote, ça fait longtemps qu'on s'est pas vues, ah tien, si je voyais avec mes amis du sud s'il sont dispo bientôt, je pourrais aller changer d'air et passer un week-end au bord de la mer, ah tien il y a un film que je veux voir au cinéma, je vais y aller seule ou alors j'appelle j'appelle mon super pote cinéphile, divorcé lui aussi, qui a les même week-end libres que moi...
Et encore plus tard, ah tien si j'allais chez le coiffeur, j'ai une tête affreuse, je me ferait bien une coupe et une couleur, ah tien, si j'allais me racheter des fringues, ah tiens faudrait que je passe chez l’esthéticienne.
Et encore beaucoup plus tard ah tien j'ai envie d'aller danser, je vais aller dans ce bar, ou ils passent de la bonne musique, ah tien j'ai envie de reprendre une activité que je faisais avant de me marier, je vais aller m'inscrire...
Donc tout ne s'est pas fait en 1 jour, mais petit à petit... et tout cela n'a pas été linéaire non plus.
Au milieu, il y a eu des baisses de morale, et des moment ou je me disais Ouin.... je suis malheureuse... Je vais me rouler en boule dans ma couverture et finir mon pot de glace "chocolate cookies", et le rendez vous chez le coiffeur attendra, et la peinture du salon attendra, et la ballade attendra...
Il y a eu aussi des tensions, avec mon ex mari (sur des problèmes avec les enfants, des problèmes d'argent, des problèmes administratifs), il y a eu les petits et grands aléas de l'existence, les pannes de voitures, les accidents, les maladies, le robinet qui fuit, le lait qui déborde sur le feu, les tensions au boulot, les problèmes avec l'école. Il y a eu également la fatigue, le sentiment d'injustice (parce que mes enfants sont tous les deux handicapés, et que je n'avais pas prévu qu'en plus de ça je devrais les élever seule, et me débrouiller, pour les prises en charges médicales, le suivi).
Mais il y a eu également des choses positives, les petites et les grandes, qui m'ont boostée, des amis qui étaient là pour moi, l'impression de reprendre le contrôle de ma vie, l'euphorie quand je me suis faite draguée pour la première fois après ma séparation, le plaisir de redécouvrir les avantages d'une vie de célibataire, faire les courses en achetant que ce que j'aime manger moi, (après 18 années, à ne cuisiner que les plats qui plaisait à mon mari ça m'a donné l'impression d'être la reine du monde!), avoir du temps pour moi sans les enfants, pour lire sortir, me faire plaisir, pouvoir décider de partir une nuit, prendre le petit déjeuné au bord de la mer, comme ça en claquant des doigts, juste parce que ce week-end là j'ai pas les enfants, les prises de conscience chez le psy, les victoires de mes enfants sur leurs difficultés, le jour où j'ai moi même changé toute seule la roue de ma voiture, le jour ou je me suis acheté seule une voiture, le jour ou j'ai repris mes études, je jour ou j'ai obtenu mon diplôme (après un arrêt de mes études juste après le bac)...
Il y a eu aussi cet homme, a qui je me suis accrochée comme une moule à son rocher. C'était trop tôt, j'avais pas fait le deuil de mon mariage, je ne l'aimais pas vraiment, mais j'avais besoin d'être aimée, j'avais besoin d'être choisie, j'avais besoin de compter à nouveau pour un homme. J'ai pris des vessies pour des lanternes, je me suis bercée d'illusions, je me suis menti. Il fallait que ça aille vite, vite qu'il me dise qu'il m'aime, vite que je reforme cette vie de couple perdue avec un autre, vite une nouvelle famille (mon ex mari m'avait quitter pour une femme et il était lui en train de reconstruire). Je voulais une histoire avec une fin hollywoodienne, alors je n'ai pas écouter, pas écouter cette petite voix qui me disait que cette relation ne menait à rien. il m'a quitté, puis repris, puis quitté, puis repris... Mais je me suis berçais d'illusions, j'ai souffert à nouveau, et mon incapacité à reconnaitre que je m'étais mise avec lui pour de mauvaises raison, m'a entrainer dans deux années de souffrances, qui ont effectivement retardées le deuil de ma première relation. Il y a eu aussi ce moment ou mon ex mari s'est séparé (temporairement) de sa next, et ou j'ai voulu croire qu'il voulait reconstruire avec moi, ou j'ai interprété ses actions en fonction de ce prisme, pour mieux me retrouver au fond du gouffre en me rendant compte qu'il s'était finalement remis avec. Et il y eu d'autres homme, je courrais après l'amour, échec, échec, échec et mat, les même causes ont les même conséquences... Retour à la case départ, couverture, canapé, glace, une vraie Bridget Jones...
Aujourd'hui je vais bien. J'ai évolué, balayé mes certitudes indéboulonnables, appris à m'écouter, appris a voir quand je me mentais à moi même, appris à ne pas accepter n'importe qui dans ma vie à n'importe quelle condition, pris confiance en moi, changé de boulot, me suis fait de nouveau amis, découvert de nouvelles choses. Je suis célibataire depuis presque un an, mais ça n'a plus d'importance. Un jour je reconstruirais avec quelqu'un ou peut être jamais. Je n'ai plus peur de la solitude, plus peur de ne pas être aimée, plus peur d'être heureuse.
Et ce qui est sûr c'est que j'ai bien plus appris sur moi, pendant cette période trouble qui a durée plus de 6 ans que pendant toute ma vie d'avant.
Tu vois tout cela a pris du temps, et si je te dis ça ce n'est pas pour te fiche le moral à zéro, mais au contraire pour te dire que tu vas avoir un marathon à courir, et non un sprint, et que comme tout effort sur le long terme il faut t'y préparer, être doux avec toi même, être à ton écoute, et garder espoir (non pas que ton ex va revenir, car rien ne dit que ce serait bon pour toi), mais que tu as le droit d'être heureux.
Et je fini ce long post avec ces mots d'Elif shafak:
“Ne tente pas de résister aux changements qui s’imposent à toi. Au contraire, laisse la vie continuer en toi. Et ne t’inquiète pas que ta vie soit sens dessus dessous. Comment sais-tu que le sens auquel tu es habitué est meilleur que celui à venir ?”